Tombé dans le siècle du lsd et de la guerre froide en mangeant un morceau de «pain maudit» un jour de 1951 à Pont-Saint-Esprit, un jeune mitron, Antoine, entame un improbable et convulsif voyage au terme duquel, après diverses escales dans la rade de Toulon et le désert algérien, hanté par des rêves de Madones, il échoue, à Paris, en 1969, dans le sex-shop de Lucy Diamond, ex-junkie américaine.
De la France profonde au Paris post-révolutionnaire, en passant par «l'été de l'amour» californien, Tous les diamants du ciel dévoile, sur fond de sexe, drogue et rock'n'roll et à l'heure où l'homme marche enfin sur la Lune, la face cachée de l'utopie psychédélique et le rôle qu'y joua la cia.
Dans ce roman tout en chausse-trapes que travaille une écriture violente, amoureuse des vertiges, Claro chorégraphie les distorsions et les ténèbres du psychisme, emportant le lecteur, de la Terreur à la Pitié, dans une expérience d'une inquiétante et bouleversante intensité.
Orphelin recueilli par une tante qui cuisine du matin au soir des plats extravagants, le jeune Benoit aimerait donner un sens à sa vie mais comment y parvenir quand on doute de tout et qu'on se demande si l'on est vivant ou mort, si l'on n'a pas été un légume avant de naître, et que faire de ce don étrange qui vous permet de communiquer avec l'au-delà ? Perdu dans la forêt des ectoplasmes, Benoit tente d'échapper à ses cauchemars en fricotant avec les morts, mais sa rencontre avec Marguerite, plusieurs fois enlevée par des extraterrestres, va l'obliger à s'aventurer au bout de sa propre nuit. Entre vertige de l'indécidable et farce funéraire, «Substance» entraîne le lecteur de "l'autre côté", à moins que ce ne soit dans le cruel secret des choses.
A travers la figure de l'aventurier et naturaliste russe Nikolaï Miklouho-Maclay, premier homme blanc à avoir vécu au contact des papous de Nouvelle-Guinée, Claro livre un nouveau roman dans lequel biographie et autobiographie se mêlent. Au terme de ces étonnants allers-retours Claro questionne la machine romanesque. Sous ses coups de boutoir, la figure de l'auteur vacille et tombe de son piédestal.
Un employé affecté aux «crash-tests» chez un constructeur automobile, une strip-teaseuse se jouant de ses voyeurs mâles, un adolescent qui échappe à la cellule familiale en découvrant l'auto-érotisme dans des BD pour adultes : trois personnages en quête d'un point de rupture, d'une forme d'accident, et qui tous dansent sur le fil du rasoir au centre du sanctuaire que Claro édifie ici à Eros et Thanatos.
Ils l'ont d'abord expérimentée sur des chiens, des singes, des morses et des éléphanteaux : un carnage.
Puis ils l'ont essayée sur un condamné à mort :
Court-circuit. finalement edison a remporté le marché et tout le monde ou presque s'y est mis. et voilà plus d'un siècle que la chaise électrique remplit outre-atlantique son office. howard hordinary - bourreau de pennsylvannie au chômage technique - a désormais tout loisir de se livrer dans sa cave à d'autres expériences. assis sur la chaise, il se surprend à remonter le cours d'une généalogie imaginaire au gré de décharges successives.
Et chaque nouvelle séance l'électrise un peu plus, au contact du grand illusionniste houdini et de szuszu, la putain magnétique. il lui suffit d'augmenter le voltage et de laisser parler la chair.
" Une crampe m'obligea à bouger les lèvres, rien ne vint, j'étais soûl, dissous, absous, j'étais tout entier dans la démarche de Marion, j'étais ses cuisses qui se frôlaient, ses mollets, ses pieds, j'étais l'air qu'elle éventrait sereinement de sa silhouette, l'ombre qu'elle jetait en avant d'elle, je voulus m'agenouiller et nouer le bout de lacet qui serpentait dans la poussière du soir à chaque pas que Marion faisait et défaisait, oui, le nouer, mais autour de mon cou - puisqu'il paraît qu'un rien de strangulation ne nuit pas aux élans de la chair ".
C. C.
C'est l'histoire d'un fou d'amour qui défait le monde comme d'autres le font : furieusement. À l'insu de Flaubert, certes, mais du fond de son gueuloir. Encore sous le choc de sa rupture avec une certaine Estée, le narrateur s'abandonne corps et âme à la lecture. Il jette son dévolu sur Madame Bovary, un roman qui lui est si familier. Une nouvelle fois, le voilà dedans. Il s'y enferme, s'y promène, s'y démène, avant d'en bouleverser le déroulement naturel. Démiurge dépourvu de scrupule, il endosse diverses identités parasites : puce, voyeur, pique-assiette, rôdeur et passager clandestin de la nef flaubertienne en déroute. Sa mise à mal du texte le conduira aux limites de la négation de soi. Pas très loin du Nirvana ? Avec Madman Bovary, la langue de Claro, maintenue sous tension par la démesure de ce défi littéraire, n'a jamais autant joui de sa propre liberté, entre cut-up musical et sabordage érotique.
C'est là une des affaires les plus sinistres du XIX siécle, Le premier crime de l'histoire auquel va s'intéresser la presse.
En 1869, la famille Kinck est assassinée dans un champ à Pantin, en Seine-Saint-Denis.
Qui était ce Troppmann ? Mécanicien, faux-monnayeur, chimiste, espion, fossoyeur, médecin, poète - on lui a prêté leur emplois - et, surtout, tous le vices.
L'affaire Troppmann reste,une des plus étonnantes et une des plus sinistres des annales criminelles française du XIXe siècle. L'horreur qu'elle a suscitée a été telle qu'elle a frappé l'imagination de quelques-uns des plus grands écrivains de l'époque, que ce soit Flaubert, Barbey d'Aurevilly, Tourgueniev ou Rimbaud en personne.
L
Douze nouvelles indites crites par de grands auteurs de romans noirs.
«Elle s'appelle Méduse. Sa chevelure est un nid de serpents, son coeur un miroir brisé. Et, bien sûr, son regard tue. Ses amants pétrifiés s'entassent dans le jardin. Ça ne peut pas durer. Ça ne durera pas. Elle part, direction la côte normande, en quête d'une proie digne de ce nom.
Il s'est auto -proclamé ghost-sniper et il sait viser. Il a refermé la porte sur son passé, le voilà prêt à faire le ménage. Ça ne peut pas durer. Ça ne durera pas. Embusqué dans un bunker, il guette sa dernière victime.»
Après avoir entrecroisé, dans Chair électrique, les vies d'un bourreau américain ordinaire et les frasques extraordinaires du magicien Houdini, Claro s'invente un autre grand écart narratif : le thriller mythologique.
Deux figures millénaires celle de Méduse et celle du Cyclope reprennent vie dans le monde d'aujourd'hui :
la première en femme fatale derrière ses lunettes noires, le second en tireur embusqué dans son bunker. L'une amante en série, l'autre tueur en série.
D'où cette serial fiction, construite selon deux cheminements parallèles et fragmentaires qui donne à voir sous toutes ses formes (zoologique ou balistique) tout l'arbitraire du désir. Et s'il s'agit bien ici d'un précis d'anatomie, c'est d'emblée comme une préhistoire de l'oeil, de ce regard prédateur qui minéralise ou met en joue l'être aimé, de cette vision qui n'est que visée, de cette pulsion qui cible son objet et le déréalise à mesure, qui atteint l'autre sans espoir d'être jamais touché en retour. Bref, d'un désir à sens unique, pur
impact n'accédant jamais à l'altérité. Jusqu'au moment précis où et c'est l'effet de miroir saisissant de ce livre, les deux lignes de fuite de ces tueurs solitaires vont se faire face. Se toiser, se reconnaître, se combattre d'égal à égal.
De ce duel improbable va naître l'ultime dénouement de Bunker anatomie, son suspense homicide et son épilogue littéralement, paisiblement, tout simplement, amoureux.
Une anti-fable à géométrie variable donc, qui prend le lecteur à témoin, ou plutôt, en ligne de mire.