Violent comme vent contrariéseul puisqu'à demi orphelintenté par la discorde des pagesne confiant ses hantises qu'à ses mainscurieuses de chair neuveguettant au-dehors de soidans le blanc des regards sur le visage des prochesce qui pourrait justifier ses montées de colèreinvisible à mes yeux mais nécessaire à mon soucije l'ai dit:du linge de corps blancquelques papierset cette chose portant le nom intolérable depoésie
Claro aime tellement la littérature que la fréquenter en permanence lui aiguise les dents qu'il a souvent très dures. Dans ce recueil, il taille de beaux costards à quelques phobies françaises, aux valeurs frelatées du roman hexagonal, aux prix littéraires qu'il honnit (tant qu'il n'en a pas), aux éditeurs qui exagèrent, et nous subjugue avec sa vérité sur le Stabilo, les pseudos transparents, ses conseils pour obtenir le succès, ses remarques sur la zoophilie...
Et les gougères. Impitoyable !
Le 7 février 1497, le moine Savonarole fait édifier à Florence un immense bûcher, dans lequel sont jetés oeuvres d'art et accessoires frivoles ; le même jour, Josquin Des Prés compose un lamento à la mémoire du maître de chapelle Johannes Ockeghem. Là où l'un décompose, l'autre propose ; d'un côté les flammes rageuses de la destruction, de l'autre l'eau vive de la déploration.
Partant de ces deux conceptions opposées de la vanité humaine, Sous d'autres formes nous reviendrons déroule un fil, celui qui va de la reconnaissance d'un vide en nous à notre rapport ambigu face à la mort. Qu'il s'agisse des ensevelis de Pompéi, de l'enfant pétrifié de Sens, des amphithéâtres d'anatomie, des peintures de vanités flamandes, du film La Momie de Karl Freund, ou bien d'événements intimes comme la mort du père, Claro s'interroge - et interroge la poésie - sur le lien qu'entretient l'écriture avec le célèbre adage memento mori- qu'il conviendrait de traduire ainsi : n'oublie pas de mourir.
En 1930, l'architecte Léon Claro, grand-père de l'auteur, fait bâtir, au pied de la Casbah d'Alger, une « maison indigène », à la fois hommage au style néo-mauresque et célébration du centenaire de l'Algérie française .De cette maison (qui existe toujours) ce livre est une «visite» - intime, historique, littéraire, politique - une « boîte noire » dont Claro extrait la mémoire, laquelle inclut Albert Camus, Le Corbusier, le poète Jean Sénac ou Lucchino Visconti, tous fascinés par la ville blanche ou pris dans la tourmente de la guerre d'Algérie - et chacun détenant, à sa façon, une clé de la « maison mauresque ». Ce livre force donc des serrures, pousse des portes, dont une, inattendue, qui donne sur une pièce que l'auteur croyait vide : celle du père.
Echappés de l'univers mythique du Magicien d'Oz, quelques orphelins du siècle traversent, des tranchées de 14-18 au champignon atomique d'Hiroshima, un demi-siècle de barbarie. CosmoZ, une anti-féerie pour revisiter, à l'aune d'un merveilleux qui se rêve résistance, la mortelle illusion des utopies qui, sous mille visages, nous gouvernent.
Frédéric Léger, correcteur pour une boîte d'édition spécialisée dans les ouvrages défendant un libéralisme sauvage, se trouve filé, puis passé à tabac, par deux types patibulaires qui veulent récupérer un jeu d'épreuves lui ayant été confié... Un vrai polar politique, égayé par un humour irrésistible, qui rappelle qu'aucun écrit n'est complètement innocent.
C'est l'histoire d'un fou d'amour qui défait le monde comme d'autres le font : furieusement. A l'insu de Flaubert, certes, mais du fond de son gueuloir. Encore sous le choc de sa rupture avec une certaine Estée, le narrateur s'abandonne corps et âme à la lecture, jetant son dévolu sur Madame Bovary, un roman qui lui est familier. Le voici aspiré par Flaubert, Emma, Charles et Homais. Tomber dans Madame Bovary, c'est s'abandonner au vertige des mots, aux vices des personnages ; c'est aussi retrouver à chaque page Emma, prototype de la garce dont la désistée Estée n'est peut-être que l'un des avatars. Tour à tour puce, domino, cravache ou pied-bot, dans la peau d'Homais, dans celle d'Hippolyte, le narrateur traverse le miroir, déformant au dernier degré. Le texte l'habite et lui le hante, fantôme hurleur, démiurge délirant. Dans une prose à l'inventivité explosive, le narrateur et son roman culte s'entre-vampirisent tandis que Claro, audacieux écrivain du XXie siècle, défie sans faillir le génie flaubertien qu'il vénère.
"Comment rester immobile quand on est en feu" pourrait être un chant ou un long dialogue. Disons que c'est un espace intégralement occupé par la langue, que Claro fait disparaître tout matière narrative pour ne donner à lire une langue crue, à vif, qui incarne au sens propre la matière de deux mondes qui s'affrontent. Deux voix s'exprimant alternativement au travers de longues tirades qui façonnent brutalement la matière d'une langue politique. C'est un geste poétique qui laisse apparaître toute la densité de l'oeuvre de Claro, toute sa matière, qui évoque la difficulté de dire, d'écrire sans se départir du sentiment de domination qui accompagne tout tentative de rendre compte et la difficulté de dépasser le jeux, puisque la langue ne pourra rien, ou si peu, face à la complexité du réel.
Dans l'avion qui la mène à Istanbul, la jeune Pomponette Iconodoule - qui «a besoin de baiser à intervalles plus frénétiques que réguliers, même seule, même du bout des doigts» - s'interroge sur le motif de son voyage en terre orientale : si elle s'envole vers cet ailleurs, dans le dessein de s'envoyer en l'air, c'est sans aucun doute pour rejoindre son bel et incertain amant Soliman Rastaquouère, un presque Turc qui l'a marquée par ses prouesses et son silence conquérant avant de vaguement lui indiquer le Bosphore comme lieu de rendez-vous. Elle l'y retrouvera (peut-être) et s'y perdra (sans peine).
En terre ottomane, elle se laisse porter par les mirages et les tentations, les souvenirs et les promesses, les cris et les soupirs. Jamais lasse de la chair et de ses élans les plus raffinés, sensible à tout ce qui titille et bouleverse, elle confie à son inlassable sexualité le soin de lui faire découvrir et la ville et ce qui l'a conduite ici. Pendant ce temps, Soliman qui regrette son insatiable maîtresse et le mensonge qui l'a éloignée de lui, se souvient avec fébrilité des heures d'ébats et se débat dans les douleurs de l'absence d'un corps dont il aurait voulu sans fin prolonger l'exploration...
Propulsé dans le siècle du LSD et de la guerre froide après avoir mangé un morceau de «pain maudit» pendant l'été 1951 à Pont-Saint-Esprit, le jeune Antoine va découvrir un monde où l'improbable est réel et le réel improbable, et entamer un chaotique chemin de croix, qui le mènera des mirages du désert algérien aux sex-shops du Paris de l'après-1968.
« On peut juger de la beauté d'un livre, à la vigueur des coups de poing qu'il vous a donnés et à la longueur de temps qu'on met ensuite à en revenir » : cette phrase de Flaubert, qui fait de la lecture une empoignade, dit assez clairement ce dont il s'agit ici : non pas simplement évoquer des livres, mais tenter d'écrire depuis leurs turbulences.
Car les livres - ceux qui « brisent la mer gelée - ne se contentent pas de nous transformer et de résonner en nous. Grâce à eux, nous quittons la langue commune pour apprendre d'instables dialectes et comprenons enfin ce que voulait dire Beckett quand il parlait d'échouer mieux. On croisera anciens et modernes, ogres et paladins, Butor et Tarkos, Claude Simon et Imre Kertész, Chevillard et Volodine, Jérôme Ferrari et André Hardellet, mais aussi Hélène Bessette, Pierre Michon, Thomas Bernhard, Ramón Sender, Jonathan Littell, etc.
Le clavier étant par ailleurs cannibale, le lecteur aura droit également à quelques exercices de dévoration, notre époque n'étant guère avare en nouvelles « têtes molles » : quelques coups de griffe, par-ci par-là, mais pas que pour rire de certains caniches littéraires : pour mieux retourner dans l'ombre des grands fauves - ainsi Faulkner, Céline et William Gass viennent-ils clore ce fiévreux diorama d'une certaine littérature contemporaine.
Présent au sein du collectif inculte depuis sa création en 2004, Claro est tout à la fois un traducteur et éditeur renommé ainsi qu'un écrivain audacieux. Dans la droite lignée de son anthologie critique regroupée dans Le Clavier cannibale (inculte, 2009), l'auteur du très remarqué CosmoZ (Actes Sud, 2010) offre ici son premier recueil de fictions, sous les auspices de ses contemporains, de Burroughs à Artaud. En une trentaine de textes, tour à tour incantatoires, ironiques, décalés, Claro dynamite la fiction pour faire entendre d'autres voix. Qu'il s'agisse de plonger des mains dans l'acide ou d'inventer la bouche, de s'accrocher au pinceau de l'absurde pendant que Beckett enlève l'échelle, Claro pousse sans cesse l'écriture vers son point de jubilation le plus percutant. Claro est l'auteur d'une quinzaine de fictions et d'une centaine de traductions (Pynchon, Vollmann, Danielewski, Gass). Il co-dirige par ailleurs la collection Lot 49 au Cherche-Midi et tient régulièrement un blog, Le Clavier Cannibale.
Dans l'ultime cercle de l'enfer sont relégués les voleurs, les traîtres et les fraudeurs. Il semble qu'ils se soient donné rendez-vous dans Ezzelina pour achever leur propre histoire.
Tombé dans le siècle du lsd et de la guerre froide en mangeant un morceau de «pain maudit» un jour de 1951 à Pont-Saint-Esprit, un jeune mitron, Antoine, entame un improbable et convulsif voyage au terme duquel, après diverses escales dans la rade de Toulon et le désert algérien, hanté par des rêves de Madones, il échoue, à Paris, en 1969, dans le sex-shop de Lucy Diamond, ex-junkie américaine.
De la France profonde au Paris post-révolutionnaire, en passant par «l'été de l'amour» californien, Tous les diamants du ciel dévoile, sur fond de sexe, drogue et rock'n'roll et à l'heure où l'homme marche enfin sur la Lune, la face cachée de l'utopie psychédélique et le rôle qu'y joua la cia.
Dans ce roman tout en chausse-trapes que travaille une écriture violente, amoureuse des vertiges, Claro chorégraphie les distorsions et les ténèbres du psychisme, emportant le lecteur, de la Terreur à la Pitié, dans une expérience d'une inquiétante et bouleversante intensité.
Orphelin recueilli par une tante qui cuisine du matin au soir des plats extravagants, le jeune Benoit aimerait donner un sens à sa vie mais comment y parvenir quand on doute de tout et qu'on se demande si l'on est vivant ou mort, si l'on n'a pas été un légume avant de naître, et que faire de ce don étrange qui vous permet de communiquer avec l'au-delà ? Perdu dans la forêt des ectoplasmes, Benoit tente d'échapper à ses cauchemars en fricotant avec les morts, mais sa rencontre avec Marguerite, plusieurs fois enlevée par des extraterrestres, va l'obliger à s'aventurer au bout de sa propre nuit. Entre vertige de l'indécidable et farce funéraire, «Substance» entraîne le lecteur de "l'autre côté", à moins que ce ne soit dans le cruel secret des choses.
A travers la figure de l'aventurier et naturaliste russe Nikolaï Miklouho-Maclay, premier homme blanc à avoir vécu au contact des papous de Nouvelle-Guinée, Claro livre un nouveau roman dans lequel biographie et autobiographie se mêlent. Au terme de ces étonnants allers-retours Claro questionne la machine romanesque. Sous ses coups de boutoir, la figure de l'auteur vacille et tombe de son piédestal.
Tirage de 200 exemplaires numérotés. Avec une photo volante.
Caïmantoultan est un drôle d'alligator, du genre râleur mais pas méchant.Avec lui, on a toujours tort ! Aussi préfére-t-il rester seul à bouder sous son tas de feuille. Mais avoir mauvais caractère n'est pas ce qu'il y a de mieux pour se faire des amis.
Un employé affecté aux «crash-tests» chez un constructeur automobile, une strip-teaseuse se jouant de ses voyeurs mâles, un adolescent qui échappe à la cellule familiale en découvrant l'auto-érotisme dans des BD pour adultes : trois personnages en quête d'un point de rupture, d'une forme d'accident, et qui tous dansent sur le fil du rasoir au centre du sanctuaire que Claro édifie ici à Eros et Thanatos.