La Ville-Pays, une grouillante mégalopole africaine. Lucien, écrivain en herbe tout juste débarqué de l'Arrière-Pays, est accueilli par Requiem, ancien pote de fac. Tout les oppose : l'un s'accroche à son stylo au milieu du tumulte, l'autre magouille et court les jupons. Dès le premier soir, Requiem entraîne son ami au Tram 83, un bar de nuit ultrafréquenté, lieu de tous les excès, qui attire étudiants en grève, creuseurs en mal de sexe, canetons aguicheurs, touristes de première classe, aides-serveuses. Une foule hétéroclite prête à en découdre sur des musiques inouïes, un peuple turbulent et menteur, toujours au bord de l'émeute.
« Fiston Mwanza Mujila orchestre de manière éblouissante cette valse des corps au bord du précipice. » Michel Abescat, Télérama.
« Magnifiquement inspiré. C'est enlevé, novateur et libre. » Laurent Boscq, RollingStone.
« C'est qu'il vocifère, qu'il gerbe, qu'il beugle, ce premier roman étonnant ! » Catherine Simon, Le Monde des livres.
Grand Prix de la Société des gens de lettres du premier roman 2014.
Sanza, exaspéré par la vie familiale, quitte ses parents et rejoint le Parvis de la Poste, où vivent d'autres gamins de la rue. Commence la dolce vita, larcins petits et grands, ciné avec Ngungi l'enfant-sorcier et voyages en avion vers l'infra-monde... Mais les bagarres et les séances de colle finissent par le mettre vraiment sur la paille et l'obligent à céder au mystérieux Monsieur Guillaume et à sa police secrète.
Lubumbashi est en plein chaos, on conspire dans tous les coins, on prend des trains pour nulle part, on se précipite dans l'Angola en guerre pour aller traquer le diamant sous la protection de la Madone des mines de Cafunfu, un écrivain autrichien se balade avec une valise pleine de phrases, le Congo devient Zaïre et le jeune Molakisi archevêque. Mais la nuit, tous se retrouvent au « Mambo de la fête », là se croisent tous ceux qui aiment boire et danser ou veulent montrer leur réussite et leur richesse. Là on se lance à corps perdu dans la Danse du Vilain.
On retrouve avec bonheur le punch poétique et l'univers échevelé de Fiston Mwanza Mujila, son humour tendre, ses personnages retors, son bazar urbain, on part s'encanailler dans la joie.
Écrire de la poésie depuis plus d'une quinzaine d'années et parcourir en long et en large sa production littéraire, c'est comme effectuer un périple en train - de Moscou à Cap Town. Vous traversez des bourgades de mille âmes, des mégalopoles, des forêts, des prairies, des landes, des espaces désertiques... Vous entrevoyez toutes sortes de nuages. Des animaux chevauchant la savane. Des éoliennes. Des cimetières. Des églises. Des gares désertes et paumées par-dessus le marché. Des cockpits soudoyés par le soleil. Des restaurants à trois sous l'assiette. Des montagnes enlacées par les eaux. Des usines à l'abandon. Des ponts suspendus. Des cars de camping. Il en ressort de ce voyage de l'émerveillement, de la déraison et de la fatigue, mêlés aux questions existentielles.
Ce livre occupe une place particulière dans mon parcours. S'il reprend les thèmes que j'affectionne, il contient également des germes de rupture. Il est mon tout premier ouvrage à s'inspirer de manière directe de la tradition orale luba. Je puise dans la spiritualité de ce peuple dont je suis issu. J'évoque sa marche vagabonde à travers le passé. Je réanime les us et coutumes et tisse des liens avec le Kasala, genre littéraire oral. C'est un retour au pays natal, après une dizaine de vies en Europe.
Dans ce nouveau texte coup de poing, Fiston Mwanza Mujila avoue avoir cherché à reproduire le modèle de ses cahiers d'écolier, qui compilaient ses rêves et devenaient « parchemin, pays à l'envers ou continent doté de montagnes et de villes éplorées, vénales, privées de mazout ou exposées à la lumière du monde ». Les phrases sorties de nulle part, les anecdotes ou les réflexions laconiques sur la poésie voisinent dès lors avec des poèmes en gestation et même avec l'une ou autre prose, pour pimenter le tout. Mais ce qu'il y a d'exceptionnel, avec Fiston Mwanza Mujila, c'est son art d'orchestrer le chaos, de l'ordonner, de sorte que ce qui nous saisit immédiatement en tant que lecteur, c'est une impression de maîtrise et de parfaite cohérence. Littératurebattement où prose et poésie mangent à la même table, ce livre se savoure comme une fête littéraire où chaque mot et chaque cri participent à un même élan de rêve, de liberté et d'insurrection. Un régal pour tous ceux qui aiment à replonger dans l'enfance, intercepter le sens et les pulsations de la vie, et remplir leur cahier d'écolier de ces lueurs fragiles qui aident à cheminer.
À l'évidence, l'écriture de Mwanza Mujila ressemble à une boule d'énergie pure, à un souffle qui entend tout balayer et lancer un cri qui soit à la fois de révolte et de passion. Sauvage et universel, son texte entasse les références et les perspectives dans une sorte de halètement constructeur et désarmant. Il semble d'ailleurs que, par son trajet personnel, le poète soit actif sur tous les fronts à la fois, tant sur le plan de la littérature que sur celui de la présence au monde. Affichant quelque chose de rimbaldien, la course échevelée de ses mots ne laisse jamais de répit à l'image du monde explosif dont elle se fait l'écho. Sans s'encombrer de regards sur la fosse commune du passé, voilà une poésie qui pousse résolument de l'avant, dans le sillage de tous les En avant, route ! Paul Mathieu.