Le discours analytique peut éclairer nombre de discours féministes et, à l'inverse, bien qu'opposés dans leurs nécessités, ces derniers rendent fécondes certaines zones de la logique analytique. L'auteur soutient que la psychanalyse a en réserve, à son insu, une pensée encore à déchiffrer, dont la portée féministe est vaste.
Un débat n'a pas vraiment eu lieu entre les féminismes et les grandes étapes de la pensée du féminin en psychanalyse. Les oppositions formulées donnèrent souvent lieu à rupture, sans compromis, et elles furent, de ce fait, fondatrices de mouvements distincts sans possibilité de dialogue. Gisèle Chaboudez explique ce hiatus par les logiques contradictoires dont l'un et l'autre relèvent :
- l'une pense dans les termes que sa pratique exige, selon un « pas tout » laissant ouvertes la singularité, l'altérité, la pluralité des sens, la discontinuité d'un hors discours ;
- l'autre se resserre progressivement autour d'un « tout », de l'Un et du toutes, d'un pourtout que l'efficacité politique semble appeler.
L'auteur en déchiffre quelques éléments et quelques concepts en termes de logique. Elle montre que le discours analytique peut éclairer nombre de discours féministes et, à l'inverse, bien qu'opposés dans leurs nécessités, ces derniers rendent fécondes certaines zones de la logique analytique. Elle soutient que la psychanalyse a en réserve, à son insu, une pensée encore à déchiffrer, dont la portée féministe est vaste.
L'auteure montre en quoi l'évolution conceptuelle d'une pensée psychanalytique du féminin s'extrait des mythes universels de la femme que les discours ont construit, et en quoi une féminité singulière s'en excepte.
Au niveau de la compréhension du féminin, dans l'opinion la plus large, il n'y a plus de thèse psychanalytique reconnue. La première étape freudienne en a été massivement critiquée, la deuxième étape lacanienne n'est pas encore totalement déchiffrée ni mise en oeuvre. La conception d'un féminin en défaut est une grille de lecture historique, elle laisse maintenant place à ce qui prend en compte l'évolution des faits. Ainsi une femme n'est pas toute dans la fonction phallique du discours, elle ne veut pas tout de son offre et de sa prise, mais elle y intervient du dehors et travaille à tresser autrement les noeuds de l'amour. Les discours ont de tout temps forgé des mythes féminins universels qui ne sauraient exister, la mystique a approché la logique féminine d'une manière qui fait énigme, la littérature en articule parfois des termes singuliers, l'expérience réelle les rencontre une à une.
En l'année 2000, centenaire de L'Interprétation des rêves de Freud, paraissait L'équation des rêves, somme d'élaborations cliniques et théoriques donnant un aperçu précis et rigoureux d'un mode actualisé de l'abord du rêve en pratique psychanalytique. Cette réflexion originale reprend et met à l'oeuvre les grands apports de Freud qui restent et se confirment, les prolongements et les remaniements que Lacan leur a apportés, et les soumet à une pratique quotidienne du déchiffrage des rêves.
Une interprétation d'un rêve de Dante est proposée, de grands rêves freudiens sont relus de façon nouvelle, et de nombreux rêves d'analysants sont examinés.
Le texte énigmatique que constitue le récit du rêve se montre résulter d'assemblages de mots en images - à la façon dont procède une écriture, chantier majeur de cette instance de la lettre comme raison de l'inconscient - et d'une mise en logique, traitant ce qui dans l'événement ou la pensée de veille en appelle à un calcul de la jouissance. Il importe que soit maintenu un niveau satisfaisant de plaisir et que soient écartés les risques d'angoisse, notamment face aux surgissements du désir de l'Autre, de sorte que cette élaboration d'écrit par l'inconscient vise à résoudre une équation dont le solde serait nul. La fonction des rêves en pratique analytique se montre encore essentielle, puisqu'ils représentent une interprétation de l'inconscient effectuée par le rêveur même.
Un chemin considérable a été parcouru depuis que Freud a mis au jour un nouveau savoir sur le sexe. Tout au long du XXe siècle, un immense champ de constructions symboliques du sexuel a été patiemment inventorié, à la fois dans l'histoire des civilisations que dans la subjectivité. La causalité psychique a notamment été explorée. Cependant, jusqu'à récemment, la psychanalyse avait relativement négligé l'importance des facteurs biologiques dans la sexualité, dont ils ne constituaient qu'un domaine étranger sans rapport avec son objet. Avec Lacan, la psychanalyse a commencé à combler cette lacune et à interroger la sexuation et la loi sexuelle à partir aussi du "rocbiologique". Il est temps, aujourd'hui, de synthétiser les savoirs sur le sexe en tenant compte de tous les facteurs concernés, afin notamment d'aborder, à l'aune du XXIe siècle, les nouvelles problématiques sexuelles. Ces savoirs permettront ainsi de mieux appréhender des questions sociales, politiques ou sociétales, comme celles liées à la procréation médicalement assistée ou à l'homoparentalité.
Cent ans après la publication de l'interprétation des rêves de freud, la psychanalyse avance-t-elle dans la compréhension du rêve ? comment peut-on l'aborder aujourd'hui ? c'est ce que cet ouvrage interroge.
Témoignage d'une pratique qui a recours à l'ensemble de l'apport lacanien, il en propose des prolongements et montre une logique à l'oeuvre dans le rêve. un matériel, recueilli auprès d'adultes et d'enfants, est confronté à quelques grands rêves de la tradition freudienne, et à un rêve de la littérature médiévale. on y rencontre une unité de structure qui complète ce que freud a décrit au seuil du xxe siècle.
Ainsi sont esquissées les bases d'une interprétation renouvelée des rêves.
Le rapport sexuel fait l'objet d'une question, lorsqu'il ne fait pas l'objet d'un interdit.
La Grèce antique l'instaurait en mystère sacré, imposant un secret, la Chine ancienne prescrivait à l'homme de " retenir sa semence " afin d'atteindre une " béatitude spirituelle ". Quant à la sexologie américaine du XXe siècle, elle décrivait une discordance des réactions sexuelles de l'homme et de la femme. En même temps que l'interdit disparaît, le siècle de la libération sexuelle semble découvrir que les modes de jouissance de l'homme et de la femme ne sont pas complémentaires.
Or les discours persistent à énoncer entre l'homme et la femme un rapport complémentaire, de par les rôles sexuels dévolus à chacun. Chaque trait de l'homme y aurait son correspondant inverse chez la femme. Mais ce " rapport " n'est pas véritablement celui de deux sexes, il les inscrit ensemble dans la loi mais ne les unit pas. Il aboutit à exiler l'une des deux jouissances et réduit celle qui reste à être autoérotique.
En quoi il se révèle, dans l'évolution actuelle de nos sociétés occidentales, une fiction. Dès lors, est-il possible qu'un discours articule un rapport des jouissances de l'homme et de la femme, et non pas seulement une jouissance masculine à son objet, ou bien est-ce l'impossible qui se révèle de nos jours ? Une jouissance peut-elle exister en supplément pour une femme, au-delà de cette représentation qui la veut objet pour le désir.
Et à quelles conditions ?
Le renouvellement et le progrès des conceptions, des pratiques et des résultats en psychanalyse freudo-lacanienne.
Le psychanalyste se doit d'être un homme ou une femme de son temps. Le psychanalyste n'est pas enfermé dans sa tour viennoise effectuant répétitivement son acte fossilisé quels que soient les événements, les idées qui émergent à l'extérieur dans le social, dans le politique, dans le religieux, dans les avancées de la science. En quoi ces idées accrochent-elles la psychanalyse en l'obligeant à reconsidérer son écoute, sa pratique ? De quelle manière aussi la psychanalyse influe-t-elle sur les autres disciplines ?
Gisèle Chaboudez est psychiatre, psychanalyste, rédactrice de la revue Figures de la psychanalyse et présidente d'Espace analytique
Le colloque « Venise et le rêve » fut, en 2011, le fruit du désir de quelques psychanalystes d'Espace analytique de célébrer à la fois leur intérêt fondamental pour le rêve en psychanalyse et leur amour pour la ville de Venise, dont l'allure elle-même est celle d'un rêve. Mettant en commun leurs réflexions avec leurs collègues italiens, ils organisèrent cette rencontre comme une promenade dans Venise au mois de juin de psychanalystes discutant sur la question du rêve. Aussi est-il logique de retrouver dans ces travaux aussi bien leurs observations concernant quelques grands peintres ou musiciens de Venise que les réflexions de ceux qui font le point sur la fonction essentielle du rêve en psychanalyse. On y sent partout l'émotion particulière que cette ville seule suscite, à côtoyer sans cesse la création de la beauté et de l'intelligence comme le risque de l'engloutissement.