Lorsqu'il s'agit du Maître andalou Muhyî ad-Dîn Ibn 'Arabi - le Vivificateur de la Religion - (560/1165-638/1240), que ses écrits soient grands ou petits, Futùhât al-Makkiyya ou opuscule, chacun de ses ouvrages présente une richesse doctrinale étonnante, toujours originale et nouvelle, qui ne cesse pas d'émerveiller. L'Arbre du Monde (shajarat al-kawn) ne fait pas exception. Il représente un petit traité concis sur la Réalité muhammadienne envisagée comme semence principielle et arborescence finale, cause, but et vie de l'Arbre universel. Ibn 'Arabi se sert de la symbolique de la semence et de l'arbre d'une manière originale pour montrer, avec les preuves coraniques et traditionnelles adéquates, que le Prophète de l'Islam, dans sa Réalité essentielle, est Verbe, Lumière, Axe immuable, Semence amoureuse et, dans sa Réalité existentielle ou cosmique, développement intégral et harmonieux de cette Semence principielle qui développe son arbre jusqu'à la limite du Monde manifesté. Il en résulte, en mode muhammadien, la production des rameaux, de la frondaison, des fleurs, des fruits, de la sève, etc. propre à l'Arbre muhammadien universel. Les commentaires nombreux sont faits selon la perspective doctrinale du Maître en utilisant son ?uvre ou celle de son Ecole. Ils viennent donner l'attrait supplémentaire et l'explication convenable à ce traité complet sur les aspects intérieurs de la spiritualité muhammadienne.
Dans cette épître dont le destinataire n'est autre que lui-même, Ibn 'Arabil aborde l'une des questions les plus délicates du soufisme : l'union sans confusion aucune entre l'humain et le divin. L'Homme universel, qui a réalisé cette union, est symbolisé ici par l'Arbre essentiel, créé et incréé, lieu des contraires. Sur ses branches se tiennent les quatre Oiseaux, symboles des principes, actif, passifs, le corporel, qui régissent tout être. Principe de la manifestation, l'Homme universel est aussi l'imam, par qui s'accomplit la palingénésie, le retour à l'Origine.