Connu pour ses polars concis et ses héros mutiques, Manchette aimait bavarder, et si, comme Guy Debord, il n'a jamais caché combien il seméfiait de la presse, il la lisait avec attention. En témoignent les vingt-huit entretiens qui composent ce recueil, animés d'un goût et d'un art de l'échange souvent teintés d'humour. Manchette ne se contente pas de répondre aux sollicitations de grands quotidiens ou d'une émission comme Apostrophes : il s'exprime aussi dans des revues plus confidentielles, où il se sent plus à son aise et nous offre certains secrets de fabrication de ses romans.La présente édition rassemble des entretiens publiés entre 1973 et 1993. Les lecteurs de Manchette y retrouveront tout ce qui fait le charme de son oeuvre ; les autres découvriront une voix qui les étonnera par sa liberté de ton.
Martin Terrier était pauvre, esseulé, bête et méchant, mais pour changer tout ça, il avait un plan de vie beau comme une ligne droite. Après avoir pratiqué dix ans le métier d'assassin, fait sa pelote et appris les bonnes manières, il allait rentrer au pays retrouver sa promise et faire des ronds dans l'eau... Mais pour se baigner deux fois dans le même fleuve, il faut que beaucoup de sang passe sous les ponts.
Le malaise des cadres, c'est pas rien ! Vous avez femme, enfants, bagnole, télé, et voilà que vous vous sauvez. Tout ça parce que deux rigolos essaient de vous flinguer. Et vous savez même pas pourquoi. Un jour, camarade, il faudra quand même comprendre.
Ceci est un roman noir.
C'est l'histoire d'une tueuse professionnelle, solitaire et aliénée, qui fait son oeuvre sanglante.
C'est l'histoire d'un contrat inhabituel, dans une ville pourrie par le fric.
Comme le dit très justement le gendarme Poustacrouille, qui participa à la tuerie finale, «tendre la joue c'est bien joli», mais que faire quand on a en face de soi «des gens qui veulent tout détruire ?» On crache sur le pays, la famille, l'autorité, non mais des fois ! Quelle engeance, ces anars ! Et quelle idée aussi de croire qu'on va tout révolutionner en enlevant l'ambassadeur des États-Unis à Paris !
En 1977, Jean-Patrick Manchette commence d'archiver méthodiquement son courrier, dont émergent plus de deux cents lettres inédites ici réunies. Tapées à la machine ou manuscrites, elles dessinent le cercle de ses relations en même temps que l'évolution de ses réflexions, politiques, artistiques, stylistiques. Une correspondance de longue haleine, entretenue avec un soin extrême, parfois avec humour et toujours dans la langue dont il a le secret, capable de la plus subtile nuance comme du pire uppercut. Avec ses amis ou ses ennemis, il parle polar, traduction, économie du livre, cinéma, politique, art et marchandise... Jusque dans ses parties d'échecs avec Pierre Siniac et lesmots doux adressés à la banque, à son éditeur ou aux voisins, chacune de ses missives est un travail d'écrivain, tantôt éprouvant, tantôt récréatif.On y devine, entre les lignes, les réponses que lui ont faites Jean Echenoz, Donald Westlake, James Ellroy, Robin Cook ou Ross Thomas.On y devine, aussi, l'homme souvent intransigeant, mais jamais indifférent, que fut Jean-Patrick Manchette, jusqu'à ses dernières heures.
«Une fois, dans un contexte douteux, il a vécu une aventure mouvementée et saignante; et ensuite tout ce qu'il a trouvé à faire, c'est rentrer au bercail. Et maintenant au bercail, il attend. Le fait qu'avec son bercail Georges tourne à 145 km/h autour de Paris indique seulement que Georges est de son temps, et aussi de son espace.»Le Petit Bleu de la côte ouest, 1976.Manchette s'est choisi une forme - le roman noir - et la dynamite de l'intérieur par la critique sociale et politique. Avec une allégresse ravageuse et un humour saccageur, l'inventeur du néopolar, en grand maître de la dérision, pulvérise la frontière entre littérature de genre et littérature tout court. Il fait tout exploser - même le polar.
Qui est Henri Butron, petit malfrat et grand salaud, sympathisant d'extrême droite par défaut, en mal d'argent et de gloire? Comment cet homme, aujourd'hui traîné dans la boue et conspué par ceux qui ont eu le malheur de croiser sa route, s'est retrouvé en affaire avec le dissident N'Gustro, leader tiers-mondiste enlevé puis exécuté à Paris? À se frotter de trop près aux complots des autres, on se met en danger. Butron l'aura payé de sa vie. Il a cependant le bon goût de laisser derrière lui un enregistrement racontant son parcours, ses méfaits et de quelle manière il se retrouva lié à «l'affaire N'Gustro».
La gendarmerie mène à tout. Même à la profession de détective privé. À vivre dans un deux-pièces, à faire par ennui un minimum de culture physique, à envoyer poliment se faire voir les Témoins de Jéhovah et suspendre dans la cuisine, au-dessus de l'évier, quelques affaires à sécher... Le quotidien tout simplement. Un ordinaire qui s'emballe et vire à l'hystérie raciale et aux massacres en chaîne dès lors qu'Eugène Tarpon s'embarque malgré lui dans le sauvetage d'une orpheline. Les «incidents» aussi bizarres qu'affreux se démultiplient. La dinguerie devient générale. Survivre et comprendre vont devenir du grand art.
Pas marrant, le boulot, quand on s'appelle tarpon (eugène, louis, marie), qu'on est ancien gendarme et détective privé à paris, france.
Jusqu'au jour où il se met à pleuvoir des aveugles en cavale, des bretons nazis, des espagnols de l'armée en déroute et des bonzes déchaussés. là, le boulot devient drôle. voire mourant.
Par les monts et les routes, fuyaient Julie la folle et l'enfant menacé d'un bien bizarre kidnapping. Dans la tête de Julie, des souvenirs d'incendies, de fusillades. Au coeur, un espoir:découvrir le château fabuleux où l'attendaient la délivrance et le repos. Mais les trouverait-elle? Savait-elle, Julie la pitoyable étoile de ce ballet macabre, que les autres danseurs étaient bien plus fous qu'elle?
«Le jeu n'avait pas attendu l'informatique à bon marché pour s'automatiser. Songez au jokari.»Général-Baron Staff( Jean-Patrick Manchette) Métal Hurlant n° 43De 1978 à 1980, Jean-Patrick Manchette tient dans le magazine de bande dessinée et de science-fiction Métal Hurlant, revue phare de la culture moderne de l'époque, une chronique sur un sujet pour le moins inattendu : les jeux de l'esprit. C'est que Manchette, spécialiste du roman noir et théoricien du genre, amateur de grande littérature, de philosophie et de tactique militaire, est aussi un passionné de jeux, et en particulier de jeux de stratégie. Sous le pseudonyme martial et burlesque de Général-Baron Staff, Manchette passe ainsi en revue avec un humour sans pareil des jeux improbables aux règles parfois déconcertantes, voire franchement absurdes. Grand amateur d'échecs, il livre aussi ses sentiments sur cet art et sur ses grandes figures, tels Fischer, Spassky, Karpov ou Kortchnoï. Dans un tourbillon d'érudition et avec une liberté de ton irrésistible, l'écrivain réunit dans ces pages, à la manière du Livre de préfaces de Borges, un catalogue délectable d'objets ludiques dont la seule évocation défie parfois l'imagination.
1950 : un commando de ravisseurs s'entre-tue autour d'une petite fille grièvement blessée. Six ans plus tard, la photographe Ivory Pearl, surnommée «la Robert Capa femelle», épuisée de couvrir les multiples conflits de l'après-guerre, part pour Cuba s'isoler dans la montagne. Venue se reposer d'une vie de stress et d'horreurs, Pearl qui croyait se retirer des affaires va se retrouver dans une nature sauvage en plein coeur d'une impitoyable traque. Avec elle, un homme et une enfant. Deux inconnus dont elle aura croisé la route...
« Tous les journalistes sont des menteurs et des putes », rappelle Manchette au fil de ses chroniques vagabondes de cinéma, virulentes, érudites, ludiques et caustiques, nourries de la devise situationniste que « l'Art est mort » et refusant la critique culturelle promotionnelle.
Si selon lui le summum du cinéma fut déjà atteint avec Citizen Kane, Manchette ne dénigre pas pour autant de nouveaux réalisateurs prometteurs (Spielberg ou Carpenter) ou de distrayantes séries B. Mais c'est dans ses analyses émues de classiques (Lang, Ford, Cassavetes...) qu'il exprime toute la lucidité érudite de son regard sur l'objet cinématographique. Quant à ses détestations, elles donnent lieu à de jouissifs massacres « en règle » où l'humour stylisé et féroce de l'auteur se laisse libre cours.
"Jeudi 29 décembre 1966. Aujourd'hui, ces temps-ci, je ne suis probablement sain tout à fait ni de corps ni d'esprit. Je mesure quelque chose comme 1 mètre 75, je pèse à peu près 60 kilos. Je suis fatigué, j'ai une crise de foie permanente par manque de sommeil et abus de la bière. Les soucis d'argent, et ceux de Mélissa, que je ressens, me pèsent. Je lis Les Pléiades de Gobineau, je trouve ça très agréable, je projette de l'adapter pour la télévision".
En 1966, à l'âge de vingt-quatre ans, Jean-Patrick Manchette commence à écrire son journal. Il le tiendra régulièrement jusqu'à sa disparition en 1995. Ce volume regroupe les quatre premiers cahiers couvrant la période déterminante du 29 décembre 1966 au 27 mars 1974 où Manchette décide de vivre de sa plume et y parvient au prix d'efforts sans cesse renouvelés. A la lecture de ces pages, qui nous installent d'emblée dans le secret de son atelier, ce sont les faces cachées du grand écrivain qui se révèlent peu à peu : le travailleur perpétuel, l'intellectuel subtil, le lecteur dévoré par la passion de la connaissance, même sous ses formes les plus impures.
Totalement inédit jusqu'à ce jour, le journal de Jean-Patrick Manchette est un texte exceptionnel, non seulement par son ampleur mais par la férocité de son écriture.
" rions en tout cas encore une fois ", ecrit manchette, " des feuillistes qui affirment sempiternellement de tel ou tel ouvrage qu'il est davantage qu'un " roman policier ".
Le roman noir, grandes tetes molles, ne vous a pas attendus pour se faire une stature que la plupart des ecoles romanesques de ce siecle ont echoue a atteindre. ".
Les chroniques de cinéma de Jean-Patrick Manchette, entièrement révisées par son fils Doug Headline. Pendant des Chroniques polar, ce volume des chroniques de cinéma de Jean-Patrick Manchette fait l'objet d'une nouvelle édition à l'occasion des 20 ans de la mort de Manchette.
Deadly professional assassin Martin Terrier returns to Paris after his latest job determined to get out of the game. Ten years ago he made a promise to return to his childhood sweetheart in the south of France. But circumstances put Martin's attempted retirement on hold.
" quoique je ne connaisse rien au théâtre (sauf shakespeare, tiens donc ! il ne manquait plus que ça !), je n'aurais pas écrit une chose si matériellement compliquée, a moins qu'on ne m'y exhortât : et on le fit.
D'autre part, et d'autant plus qu'il s'agissait d'une commande, j'ai compté sur le metteur en scène (et commandeur) pour tripoter le texte à sa guise, et il ne l'a guère fait, alors ce texte doit être rugueux. non seulement je suis contre les préfaces, mais je suis contre la publication des textes eux-mêmes, de toute façon. a une majorité d'un tiers. " jean-patrick manchette (extrait de la préface à la pièce cache ta joie !) en dépit des propos de manchette, voici, rassemblés en un livre, son unique pièce de théâtre, plusieurs nouvelles policières, un projet de scénario et un conte pour jeunes lecteurs.
Et c'est heureux. car ces textes nous font entendre sa voix inimitable, drôle, acerbe, érudite, et nous font découvrir toutes les facettes de son art.
" Le cinéma est la principale innovation culturelle de la première moitié du XXe siècle, à la fois comme art et comme moyen de communication unilatérale.
Il doit donc contenir les secrets de ce temps. " Jean-Patrick Manchette adorait depuis toujours le cinéma. Mais il détestait le journalisme. Pourtant, pendant trois ans, parallèlement à ses activités d'auteur de romans noirs, de scénariste et de chroniqueur de polars, il tint pour Charlie hebdo la chronique cinéma. Pestant contre les servitudes du journalisme hebdomadaire, ennemi de cette écriture soignée qu'il plaçait au-dessus de tout, il réussit malgré les contraintes à imposer un ton unique et novateur.
Cette édition intégrale de ses chroniques nous offre une moisson ludique et vivifiante de jugements iconoclastes, d'oeuvres au destin improbable, de nanars ahurissants, de classiques anciens ou récents. Bref, un bonheur de cinéphile.