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Michèle Baussant
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Chaque année, le jour de l'Ascension, plusieurs dizaines de milliers de pieds noirs de confession chrétienne, mais aussi musulmane et juive, se retrouvent pour un pèlerinage au sanctuaire de Notre Dame de Santa Cruz à Nîmes. Cette population hétérogène, venue de diverses régions de France, retrouve là, dans l'effervescence d'une manifestation éphémère, une sociabilité et une identité perdues.
Jeune ethnologue et fille de Français d'Algérie, Michèle Baussant a fréquenté et étudié ce curieux « lieu de mémoire », appelé par certains « Oranîmes » car il transpose sur le sol français l'ancien grand pèlerinage à la Vierge d'Oran. Partant de là, elle remonte le cours d'une mémoire occultée, enfermée dans la nostalgie, liée au passé honteux de l'entreprise coloniale et marquée par l'exil. En fait, un double exil : le premier a conduit d'Europe en Algérie une population très diverse de pauvres et de proscrits que l'administration coloniale et l'église contribuèrent à unifier, le second, en 1962, a ramené en Métropole, les descendants des premiers, perdants malmenés par l'histoire comme leurs aînés.
Sur un sujet toujours sensible, soumis aux passions politiques et peu étudié, Michèle Baussant a su tirer parti de la familiarité, voire de l'intimité avec ses interlocuteurs tout en gardant un « regard éloigné ». Sans complaisance ni jugements a priori, elle a su trouver cette bonne distance qui permet à la fois la compréhension et l'explication. -
Les terrains de la mémoire : Approches croisées à l'échelle locale
Michèle Baussant
- PU de Paris Nanterre
- 11 Juillet 2018
- 9782840163039
Quel rapport entretiennent les sociétés contemporaines avec la mémoire, avec le patrimoine ? Et comment les institutions aménagent-elles cette mémoire ?
La « mémoire » fait aujourd'hui l'objet d'usages politiques, sociaux et scientifiques, nombreux comme divers. Cet ouvrage en propose une approche originale. Se distinguant de l'étude de cas, d'une part, de l'essai normatif, de l'autre, il fait le pari de l'approche croisée à l'échelle locale pour comprendre les dynamiques sociales de la mobilisation du passé dans les sociétés contemporaines. Il met en perspective des recherches portant sur un territoire marqué par une politique municipale forte dans le domaine mémoriel, à savoir la ville de Villeurbanne, avec d'autres terrains d'enquête conduits ailleurs en France comme à l'étranger.
Réunissant des chercheuses et chercheurs issus de disciplines différentes (sociologie, anthropologie, science politique, psychologie sociale, sciences de l'information et de la communication), il parvient à saisir les conditions d'émergence d'institutions municipales en charge de la mémoire comme à cerner les appropriations, du rejet à l'adhésion, dont elles font l'objet de la part des acteurs sociaux. Réciproquement, et au plus près des pratiques sociales, cet ouvrage prête attention aux conditions de transformation d'expériences singulières et privées du passé en discours et objets publics et possiblement partagés. Enfin, il invite à penser, à nouveaux frais, la terminologie patrimoniale et ses usages, notamment à travers une réflexion sur les rapports des individus au patrimoine immatériel et déterritorialisé.