Des "Études de cas" de Freud, on a pu dire qu'elles "se lisent comme des romans". Voici des "Nouvelles psychanalytiques" dont on pourra dire qu'elles "se lisent comme des cas cliniques. Entre le divan freudien et la loupe de Conan Doyle, le lecteur avancera à travers énigmes et intrigues jusqu'aux surprenants dénouements. Par un crescendo dramatique inexorable, Michel Granek offre au lecteur le miroir où il pourra entrendre l'écho des vicissitudes de sa propre quête inconsciente. Celle d'une vérité à chaque fois subjective, enfouie et qu'il croyait oubliée(er).
La Shoah a donné naissance (quelle impudence de dire que cette oeuvre de mort absolue pouvait donner naissance à quoi que ce soit, beau de surcroît) à d'immenses chefs-d'oeuvre littéraires et cinématographiques puis la veine s'est tarie, tout avait été dit sur cette abomination de l'histoire humaine, et par les rescapés eux-mêmes. Ne restait comme seule attitude que celle que l'on peut observer devant un mémorial, comme celui du Yad Vashem : silence et recueillement. La Shoah était la perfection du mal, il fallait la perfection de la littérature pour l'appréhender et la dire. On ne pouvait que répéter, mais en cette matière même répéter n'est pas à la portée du premier écrivain venu. Aux admirateurs de ces maîtres, et j'en suis un, fidèle et reconnaissant, il est inconvenant que des téméraires s'y essaient encore. Les maîtres avaient mis la barre très haut, le sujet est réservé à leurs émules qui ont traversé le chemin de la déportation, de la liberté au seuil des chambres à gaz, puis par la grâce d'un miracle, sont revenus à la vie, fort heureusement avec leurs souvenirs. Mais en reste-t-il, soixante-dix ans après, et combien seraient en mesure d'écrire ? Aujourd'hui, je veux dire à Michel Granek : « Merci d'avoir osé, vous avez ajouté une pierre à l'édifice. » Boualem Sansal