Seuil
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C'est après la publication de la rose de personne, die niemandsrose, en 1963, que paul celan écrit les poèmes de ce volume.
Cette période coïncide avec une phase particulièrement difficile de sa vie, après une première hospitalisation dans un établissement psychiatrique. en avril 1967, quelques mois avant la parution de renverse du souffle, atemwende, celan écrit à son fils :
" tu sais, je pense qu'un nouveau recueil de poèmes doit paraître en septembre aux éditions suhrkamp (mon nouvel éditeur à francfort), c'est une date importante dans ma vie, car ce livre, à plusieurs égards, dont, avant tout, celui de sa langue, marque un tournant (dont les lecteurs ne pourront pas ne pas se rendre compte).
" atemwende paraît pour la première fois en français.
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" .
Simplement il lui était parfois désagréable de ne pouvoir marcher sur la tête. " celui qui marche sur la tête, mesdames et messieurs, - celui qui marche sur la tête, il a le ciel en abîme sous lui. mesdames et messieurs, il est aujourd'hui passé dans les usages de reprocher à la poésie son " obscurité ". - permettez-moi, sans transition - mais quelque chose ne vient-il pas brusquement de s'ouvrir ici ? -, permettez-moi de citer un mot de pascal que j'ai lu il y a quelque temps chez léon chestov : " ne nous reprochez pas le manque de clarté puisque nous en faisons profession ! " - sinon congénitale, au moins conjointe-adjointe à la poésie en faveur d'une rencontre à venir depuis un lieu lointain ou étranger - projeté par moi-même peut-être -, telle est cette obscurité.
P. c.
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on a pu dire de schneepart que ce sont les " poèmes de 1968 ", en donnant à ce moment sa signification historique liée aux révoltes étudiantes, aux mouvements sociaux et au printemps de prague.
au plus près de son époque et de lui-même, paul celan y réinvente sa diction.
en janvier 1970, dans une lettre à ilana shmueli, celan évoque, avec une fierté lucide, ces poèmes, qui ne seront publiés qu'après sa mort: " [ce volume] est sans doute ce que j'ai écrit de plus fort et de plus audacieux."
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Le coffret regroupe les deux volumes de Correspondance.
Volume 1 : Lettres.
« Vois-tu, j'ai l'impression, en venant vers toi, de quitter un monde, d'entendre les portes claquer derrière moi, des portes et des portes, car elles sont nombreuses, les portes de ce monde fait de malentendus, de fausses clartés, de bafouages. Peut-être me reste-t-il d'autres portes encore, peut-être n'ai-je pas encore retraversé toute l'étendue sur laquelle s'étale ce réseau de signes qui fourvoient - mais je viens, m'entends-tu, j'approche, le rythme - je le sens - s'accélère, les feux trompeurs s'éteignent l'un après l'autre, les bouches menteuses se referment sur leur bave - plus de mots, plus de bruits, plus de rien qui accompagne mon pas - Je serai là, auprès de toi, dans un instant, dans une seconde qui inaugurera le temps ».
Paul.
Volume 2 : Commentaires et illustrations.
« Je vous écris, mon Amour, je vous écris - cela fait vivre. Mon Aimée ! J'ai sorti, de votre petit Pascal, votre photo d'il y a onze ans. Gisèle de Lestrange, je vous aime. Ma souriante d'alors ! Ma si éprouvée ! Ma si courageuse ! Je pleure, mais oui. Mais, dans ces larmes, je vous rejoins, vous et notre fils Eric, vous et notre vie à nous, à nous trois, et qui, n'est-ce pas, garde et gardera ses clartés, ses étoiles, ses soleils, sa Maison. » Paul.
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Le temps du coeur ; correspondance
Ingeborg Bachmann, Paul Celan, Bertrand Badiou
- Seuil
- La Librairie Du Xxe Siecle
- 13 Octobre 2011
- 9782020970235
ÿþLes deux êtres qui se rencontrent dans la Vienne de 1948 encore occupée par les troupes alliées, sont issus de cultures et d'horizons différents, voire opposés : Ingeborg Bachmann est la fille d'un instituteur, protestant, ayant adhéré au parti nazi autrichien avant même l'accession de Hitler à la chancellerie du Reich (1932) ; Paul Celan, né dans une famille juive de langue allemande de Czernowitz, au nord de la Roumanie, a perdu ses deux parents dans un camp allemand et a connu l'internement en camp de travail roumain pendant deux ans.Cette différence, le désir et la volonté de renouer sans cesse le dialogue par delà les malentendus et les conflits déterminent leur relation et la correspondance qu'ils échangent du premier jour, en mai 1948, où Paul Celan fait cadeau d'un poème à Ingeborg Bachmann jusqu'à la dernière lettre adressée en 1967.L'écriture est au centre de la vie de chacun des correspondants, dont les noms apparaissent dans les comptes rendus critiques, dès le début des années 1950, souvent au sein d'une même phrase, comme étant ceux des représentants les plus importants de la poésie lyrique allemande de l'après-guerre. Mais écrire n'est pas chose simple, ni pour l'un ni pour l'autre - et écrire des lettres n'est pas moins difficile. L'imperfection du dire, la lutte avec les mots, la révolte contre le mutisme, occupent une place centrale dans cet échange épistolaire.Correspondance augmentée des lettres échangées par Paul Celan et Max Frisch ainsi que par Ingeborg Bachmann et Gisèle Celan-Lestrange.Édition de Bertrand Badiou, Hans Höller, Andrea Stoll et Barbara Wiedemann.