Le nom de Pierre Janet (1859-1947) est aujourd'hui surtout connu en raison d'une querelle qui le rattache à Freud, querelle qui a pour épisode central le xviie Congrès international de médecine de Londres de 1913 (section psychiatrie), où Janet a présenté un rapport impitoyable sur « La Psycho-Analyse » . L'intervention de Janet serait, selon une historienne de la psychanalyse, le « manifeste historique le plus complet de l'anti-freudisme scientifique 'à la française'», parce qu'elle condenserait tout ce qu'on a pu penser de négatif sur la théorie freudienne en France pendant la période d'avant-guerre, en particulier l'idée selon laquelle Freud aurait emprunté toutes ses idées à Janet.
Que nous révèlent les manifestations de haine ou d'amour ? Ne sont-elles que des démonstrations d'un état intérieur difficile d'accès comme le pensait la psychanalyse ? Pour Pierre Janet (1859-1927), contemporain de Freud, élève de Charcot, et proche de Bergson, tout est affaire de conduite. La psychologie ne doit pas être l'investigation de l'intériorité, mais une philosophie de l'agir : des attitudes et des actes saisis sur le vif, au coeur des interactions sociales. Les leçons de 1924-1925 recueillies dans «La Haine et l'Amour» montrent que derrière ces sentiments communs à tous se cachent des actions difficiles (la haine) ou faciles (amour) à accomplir. Des actions et des sentiments dont la connaissance nous plonge au coeur de la société qui les voit naître.
Notes de cours recueillies et rédigées par Miron Epstein.
« Lorsqu'il mourut à l'âge de 87 ans, Pierre Janet travaillait à un ouvrage sur la croyance dont le manuscrit inachevé est resté inédit. Tout nous porte à croire que Janet avait à formuler un dernier secret qu'il a peut-être emporté dans la tombe, mais dont il nous reste quelques fragments épars ».
H. F. Ellenberger, « Pierre Janet philosophe » (1973).
Les Formes de la croyance constitue la toute première édition de l'essai resté inachevé du philosophe, médecin et psychologue français, Pierre Janet (1859-1947). Cet ouvrage aux relents testamentaires - issu des ultimes leçons au Collège de France de ce savant autrefois mondialement connu, pourfendeur de la psychanalyse - l'a conduit à réviser sur le tard la partie la plus intéressante de son système théorique, bousculé dans ses convictions par sa lecture des Deux Sources de la morale et de la religion d'Henri Bergson. Selon Janet, plusieurs « formes de la croyance » - délirantes, religieuses, philosophiques, scientifiques, historiques et enfin mystiques - s'emboîteraient, en se fructifiant non sans s'opposer. Ébauchées à la lisière du social et de l'individu, elles seraient inhérentes à l'évolution de la pensée humaine ayant fait l'objet, au gré des époques, des lieux, des cultures et civilisations, de transformations psychologiques notables.
Traversé par maintes fulgurances - esquissant entre autres certains rapports d'affinités et lignes de rupture entre « mythes religieux » et « récits délirants » - cet écrit foisonnant révèle surtout comment Janet, pétri d'un scientisme revendiqué assimilant les mystiques à des malades mentaux, tel son cas central, Madeleine « l'extatique de la Salpêtrière », est parvenu à renverser partie de ses conceptions à un âge déjà avancé. Aussi, non sans faire controverse, ira-t-il jusqu'à apparenter lesdits mystiques à des « révolutionnaires » porteurs d'un message avant-coureur à l'adresse de la société moderne, à contre-jour des cadres scientifiques étouffant l'expression de la subjectivité. Par extension, ces réflexions peuvent indéniablement entrer en résonance avec certaines questions agitant le temps présent...
La retranscription in extenso du manuscrit, accompagné d'une série de textes annexes qu'agrémente un appareil critique, est précédée d'une double présentation. Elle rend compte, via une foule d'archives inédites, de la trajectoire intellectuelle de l'homme inscrit dans un contexte spécifique et de réseaux, entretissés d'interactions contrastées qu'il put entretenir avec des contemporains - Bergson, Charcot, Ribot, Freud, Jung, Breton, Lacan, Delay, Leiris, Bataille, mais aussi Raymond Roussel, ou Nathalie Sarraute, etc. -, ainsi que de la genèse et des « éclipses » de cet essai longtemps demeuré méconnu. Une postface consacrée au devenir de la vaste bibliothèque personnelle de Janet, dispersée après sa mort, vient ponctuer cet ouvrage appelé à faire référence.
Introduction et notes de : Stéphane Gumpper, Florent Serina, Texte établi par : Stéphane Gumpper, Florent Serina, Postface de : Stéphane Gumpper, Florent Serina.
Pierre Janet va résumer de façon saisissante dans le premier volume de cet ouvrage, sa psychologie de conduite humaine à travers l'observation très vivante d'une grande névropathe suivie pendant vingt-deux ans. La première partie se consacre à l'étude du cas de la patiente, la deuxième partie est centrée sur l'étude des croyances. Après ce détour vers les théories de la croyance, la troisième partie de ce premier volume ramène le lecteur à l'interprétation des troubles de sa malade.
Janet (1859-1947) a opposé deux activités fondamentales de l'esprit : l'activité de synthèse (la conscience) et l'activité conservatrice (l'automatisme). Ces deux activités subsistent ordinairement ensemble tant que l'être est vivant ; de leur bon accord et de leur équilibre dépendent la santé du corps et l'harmonie de l'esprit. Quand l'esprit est normal, il n'abandonne à l'automatisme que certains actes inférieurs. Ce sont tous ces désordres petits ou grands résultant de la prédominance de l'automatisme que Janet a étudiés.
C'est durant l'année 1927-1928 que Pierre Janet (1859-1947) donne au Collège de France une série fameuse de cours sur l'évolution de la mémoire et de la notion du temps. Pour Janet, les conduites temporelles peuvent, quant à leur évolution progressive, être groupées en trois principaux échelons : 1° la durée, 2° la mémoire élémentaire, 3° l'organisation du temps. Aucun auteur n'a pénétré si avant et dans le détail la structure du temps et de la mémoire. Un ouvrage à découvrir et à méditer.
C'est durant l'année 1924-1925 que Pierre Janet (1859-1947) donne au Collège de France une série de cours sur l'étude des sentiments sociaux affectifs et plus particulièrement l'amour et la haine qui se rattache directement à l'étude des sentiments simples faite l'année précédente. Pour comprendre les sentiments affectifs, il faut, selon Janet, rappeler la description des principales conduites sociales. Ce sont les combinaisons des diverses régulations de l'action, des divers sentiments avec les tendances sociales fondamentales qui permettent de comprendre l'évolution des sentiments et les modifications qu'ils présentent dans leur évolution.
C'est dans le cadre de ses travaux de recherche sur les maladies mentales que Charcot va demander à Janet de donner en 1892 une série de conférences sur l'anesthésie, l'amnésie et la suggestion chez les hystériques. C'est le texte original de ces trois conférences qui est reproduit ici. Ce livre agrémenté d'une préface inédite, s'adresse aux psychologues, psychiatres, historiens et étudiants désireux de découvrir les premiers enseignements de Janet à la Salpêtrière.
Grâce à l'appui de Ribot et de Bergson, Pierre Janet fut officiellement élu professeur de "Psychologie expérimentale et comparée" en 1902. C'est au Collège de Franc qu'il va élaborer sa doctrine de psychologie générale qui est une psychologie de la conduite s'appuyant sur une psychologie génétique et sociale. Ce sont les résumés de ces leçons, jamais rassemblées en volume jusqu'à ce jour, que nous reproduisons ici précédés du texte intégral de sa leçon inaugurale (1895) et d'une introduction sur Janet au Collège de France.
Cet ouvrage est la thèse de médecine sur l'hystérie soutenue en 1893 par Pierre Janet. Pour lui, l'hystérie est une maladie mentale caractérisée par des symptômes moraux ; le principal est un affaiblissement de la faculté de synthèse psychologique avec rétrécissement du champ de la conscience. L'hystérie est ainsi une forme de désagrégation mentale caractérisée par la tendance au dédoublement permanent de la personnalité, une idée que Freud et Breuer défendait la même année (1893).
Suivant la démarche qui est sienne d'une psychologie concrète, Pierre Janet décrit aussi minutieusement que limpidement dans ce Cours comment, à chaque phase de sa genèse, jusqu'à la fondation de la Conscience de Soi, la Personnalité contient le germe des troubles qu'étudie la psychopathologie dans leurs formes cliniques déclarées (dépersonnalisation, sentiments d'emprise, autisme, dissociations etc...) qui témoignent de sa déstructuration ou de sa dissolution.
Travail de synthèse de l'illustre Professeur au Collège de France, Philosophe et Psychiatre qui fut le véritable fondateur de la "Psychologie Clinique", le présent ouvrage brosse le panorama critique de l'évolution des psychothérapies dans leurs principes, leurs modes d'action, leurs résultats. Cette étude, datée de 1923, redevient d'une brûlante actualité en un moment de l'Histoire où l'on s'interroge sur qui fait quoi, comment et à quel titre, lorsqu'on se pique de guérison de, et par, l'Esprit...
Pierre Janet (1859-1947) a popularisé en 1903 le terme "psychasthénie". Il s'agit d'une affection mentale caractérisée par un affaiblissement de tonus vital (baisse de la tension psychologique) et dont les principaux symptômes sont la dépression physique et morale, un sentiment d'incomplétude et la perte du sens du réel, une tendance marquée aux phénomènes anxieux et aux manies et aux obsessions. Dans le tome I Janet étudie le contenu intellectuel des obsessions, c'est-à-dire le sujet auquel s'appliquent les pensées du malade, l'idée du démon, du sacrilège, du suicide, ou tout autre.
Dans cette deuxième partie, Janet discute les différentes hypothèses qui ont été présentées pour expliquer ces curieuses altérations de l'esprit. Chez les psychasthéniques, l'opération mentale la plus difficile, puisque c'est elle qui disparaît le plus souvent, est la fonction du réel. La principale forme de cette fonction du réel, qui présente différents degrés de difficulté, c'est l'action qui nous permet d'agir sur les objets extérieurs et de métamorphoser la réalité. Cet ouvrage se termine par le diagnostic, le pronostic, le traitement des diverses psychasthénies.
On oublie trop souvent que le psychologue Pierre Janet (1859-1947) a aussi été un éminent professeur de philosophie. C'est en 1896 que Janet fait imprimer son cours de philosophie pour les lycées. Ce livre résume toutes ses idées en la matière (psychologie, logique, morale, métaphysique, histoire des doctrines) avant qu'il n'accède à l'enseignement supérieur et se consacre pleinement à développer sa psychologie. Nous reproduisons ici l'édition originale (1896) du livre de Janet Philosophie qui fut réédité à maintes reprises. La lecture de cet ouvrage donne les bases philosophiques sur lesquelles l'auteur s'est appuyé pour édifier sa psychologie.
Pierre Janet a initié l'étude de l'amnésie psychogène au début des années 1890. C'est à la Salpêtrière, sous la direction de Charcot, qu'il va être amené à s'intéresser à cette affection mentale. Il a décrit minutieusement le cas de Mme D. (Emma Dutemple), classée comme hystérique, et devenue amnésique suite à l'annonce de la fausse mort de son mari. Le livre rassemble les nombreuses contributions de Janet sur la question de l'amnésie et se centre plus particulièrement sur le cas de Mme D. mais aussi d'Irène.
L'objet de la psychologie est la conduite de l'homme. Il y a en apparence une différence énorme entre l'action et la pensée. Janet montre qu'avec l'âge se constituent des actions sous une forme particulière dans lesquelles le mouvement des membres devient moins complet et moins visible. Il étudie les divers développements normaux et pathologiques de ces actes internes, les rêves, les obsessions, l'épanouissement dans les sciences et les arts.
La psychologie, qui a la prétention d'être devenue plus scientifique, est-elle susceptible de rendre des services dans le traitement de certaines maladies ? Parmi ses applications thérapeutiques, ce premier volume se concentre sur l'action morale et sur l'utilisation de l'automatisme. D'abord très généraux et très vagues, les traitements psychothérapeutiques devinrent plus spécifiques, mobilisant des mécanismes latents, des tendances pré-organisées, pour accéder à l'utilisation de l'automatisme.
Ce second volume est consacré aux traitements par les économies psychologiques, c'est-à-dire aux traitements par le repos, par l'isolement, par la désinfection psychologique. Janet réunit ici des traitements qui lui paraissent présenter des caractères communs et pouvoir être considérés comme des méthodes d'économie mentale cherchant à diminuer le travail de l'esprit et à réserver ses forces.
Ce dernier volume contient les recherches sur les acquisitions psychologiques que l'on essaie d'obtenir par les divers traitements psychophysiologiques, par les excitations variées et par les directions morales. Ces thérapies ambitieuses ont la prétention d'utiliser et de conserver ce que possède le malade, et de lui faire acquérir des tendances nouvelles, d'augmenter ses forces ou de lui faire récupérer celles qu'il a perdues.
Pierre Janet réunit dans son ouvrage un certain nombre de monographies et d'études qui résument le résultat de ses recherches personnelles. La première partie se rapporte aux troubles psychologiques de la volonté, de l'attention, de la mémoire et aux méthodes qui permettent de les étudier. La seconde partie porte sur l'analyse de quelques idées fixes. Sont ensuite réunies les observations sur quelques accidents, sur des troubles spéciaux de la sensibilité, du mouvement, des fonctions psychologiques.
Dans le cadre de ses travaux à la salpêtrière, Pierre Janet s'intéresse pleinement à la description de l'hystérie. Si elle trouble la nutrition et toutes les fonctions physiologiques, elle perturbe aussi les phénomènes psychologiques qui sont l'une des fonctions de l'organisme. Préfacé par Pierre Charcot, cet ouvrage résume et complète les études précédentes. Ces stigmates mentaux que sont les anesthésies, les amnésies, les aboulies, les troubles du mouvement, les modifications du caractères.
Le second volume de Pierre Janet Etat mental des hystériques, les accidents mentaux complète sa thèse de médecine. Les accidents mentaux qu'il examine sont les idées fixes, les attaques, les somnambulismes et les délires. Un même malade, pendant le développement de l'hystérie peut présenter toutes sortes d'accidents extrêmement nombreux et variés, ayant toujours le caractère de n'être pas uniquement des accidents psychiques mais en même temps des accidents moraux.
Le dernier volume de Pierre Janet concernant l'étude de l'état mental des hystériques rassemble une collection d'articles publiés dans diverses revues par Pierre Janet. Parmi les cas exposés, on note l'importance de l'étude sur l'amnésie et la dissociation des souvenirs. Dans cet ouvrage, Janet étudie le cas d'une jeune fille de vingt-trois ans qui ne conserve aucun souvenir de la mort de sa mère. La description qu'il en donne constitue un bel apport pour la psychologie de la mémoire.