Le temps semble loin où notre pays était un empire. Les territoires autrefois colonisés ont été rendus à eux-mêmes et sont désormais maîtres de leur histoire. C'est contre cette vision simpliste et historiquement fausse que s'insurge Pierre Vermeren : les révolutions arabes de 2011 et 2012 sont la conséquence directe, le dernier chapitre de l'histoire de la décolonisation. De guerre lasse, dans un mélange de bonne conscience et de culpabilité, l'État et les élites de France ont laissé leurs successeurs à la tête du Maroc, de l'Algérie, de la Tunisie et des pays d'Afrique agir en toute impunité. Le silence et l'aveuglement de la France, mais aussi de l'Europe tout entière, ont permis dans ces anciennes colonies l'accaparement des richesses, la confiscation des libertés et la soumission des peuples.
Sentiment de déclassement, blocage de l'ascenseur social, taxation fiscale alourdie : la République a failli dans sa promesse de justice et de réussite par le mérite. En deux générations, l'héritage gaullien a été dilapidé conduisant à une grave crise de confiance des Français envers leurs élites. Fin observateur de notre société, l'historien Pierre Vermeren ausculte l'échec des politiques publiques, économiques et d'éducation depuis la fin des années 1970 : la désindustrialisation destructrice d'emplois, la déshumanisation des services, la déqualification qui entraîne la mésestime de soi, l'absence de réflexion sur l'aménagement du territoire et la rétraction des services publics qui brisent le lien social. Une faillite, aggravée par la crise sanitaire, entraînant le désenchantement des classes populaires et les populismes qui l'accompagnent. L'État doit prendre d'urgence les décisions nécessaires pour considérer la France, toute la France.
Voici une histoire de l'Algérie d'Abdelkader à Bouteflika (sur deux siècles), qui précède, enjambe et fait suite à l'histoire coloniale française de ce pays (1830-1962).
Il ne s'agit pas d'oublier la colonisation française, mais au contraire de la réinsérer dans l'histoire longue de l'Algérie, de montrer en quoi et comment elle s'insère (par exemple dans la culture de la violence politique et de la gouvernance militaire de la société) dans l'histoire ottomane, puis débouche sur la République militaire.
La République militaire instaurée avec le FLN est un mixte entre la culture militaire turque et tribale communautaire de la force; la culture jacobine centralisée inculquée par la France; le socialisme égalitaire mâtiné d'islam politique; et la culture militaire d'une armée moderne, qui est peut-être le principal legs de la France à l'Algérie - le tout communiant dans un nationalisme unanimiste et populiste.
L'auteur insiste particulièrement sur l'histoire et les cultures politiques, doublés par les enjeux économiques et sociaux qui se succèdent et varient selon les conjonctures historiques.
Les travaux sont nombreux sur l'Algérie, mais l'articulation d'un récit unifié sur la longue durée telle qu'elle sera ici traitée n'a pas d'équivalent. Ni en Algérie ni en France, ou la plupart des travaux séquencent une période courte, ou additionnent de nombreuses contributions qui ne permettent pas de saisir un récit unifié et qui fasse sens.
Durant plus d'un siècle et demi, l'empire colonial français fut un espace de contacts entre les religions du Bassin méditerranéen. Comment instaurer leur coexistence ? Comment réguler les relations entre islam, confréries musulmanes, chrétiens et juifs ?
Cet ouvrage retrace l'histoire des pratiques mises en oeuvre au coeur de l'empire colonial français. Il raconte la découverte de l'islam au début du XIXe siècle, les aléas de la protection des chrétiens d'Orient, la relation au judaïsme, les missions et la politique du « royaume arabe ». Pierre Vermeren analyse la manière dont la République laïque a piloté les religions et les réactions suscitées en Afrique du Nord, notamment la montée du salafisme. Il montre combien cet héritage pèse aujourd'hui et nous permet d'appréhender les problèmes auxquels notre société laïque est très durement confrontée.
La métropolisation est une tendance lourde de nos sociétés. Né aux États-Unis, ce phénomène de concentration de la production de richesses dans de très grandes agglomérations a gagné la France au cours des dernières décennies et l'a profondément transformée. Pierre Vermeren retrace les étapes de cette nouvelle organisation du territoire autour de ses principaux pôles urbains.Mais l'objet de son livre est surtout d'alerter sur les retombées négatives de cette évolution. Elle a conduit à une éviction des classes moyennes et populaires des métropoles, renvoyées dans une «France périphérique» appauvrie. La crise des Gilets jaunes a mis en lumière les dommages démocratiques de cette partition sociale et territoriale. Encore faut-il leur ajouter les dégâts écologiques causés par le béton-roi, la démultiplication des infrastructures nécessaires à l'approvisionnement et au fonctionnement des métropoles et l'usage massif de l'automobile imposé à leur périphérie.Le bilan sans complaisance de ces effets délétères de toute nature mène à une conclusion sans ambages : la métropolisation est une impasse. Il n'est que temps de remettre en chantier une vision plus équilibrée de l'aménagement du territoire.
Qui est Mohammed VI ? Est-ce le roi qui dirige ? L'islam marocain est-il un garde-fou contre l'islamisme ? Les Marocaines sont-elles libres ou soumises ? À quoi aspire la jeunesse marocaine ? Pourquoi la France envoie-t-elle ses imams se former au Maroc ? Le Maroc est-il un modèle pour le monde arabe ?
Royaume arabo-berbère à la longue histoire islamique, dynastique et impériale, le Maroc se voit comme le plus occidental des pays arabes et africains. Jouant au maximum de son soft power, il est au mieux avec tous les États du monde, exceptés l'Algérie et l'Iran. S'il aspire à devenir une démocratie, le Maroc veut aussi être une grande puissance islamique, avec à sa tête le chef le plus prestigieux de l'islam politique. Ami de tous, protégé par ses alliés, dominant ses opposants et affichant un nationalisme décomplexé, le roi Mohammed VI a-t-il remporté la partie après vingt ans de règne ? Restent néanmoins plusieurs ombres au tableau : misère du monde rural, manque de formation, lutte contre le radicalisme religieux et le terrorisme, repli du pays dans ses frontières. En fin connaisseur, Pierre Vermeren décrypte les paradoxes d'un royaume qui se rêve en pays d'exception.
Le 2 mars 1956, le Maroc recouvre son indépendance, après quarante-quatre années de protectorat. De 1956 à 1961, Mohammed V restaure la puissance de son trône, rendant possible le règne de son fi ls Hassan II (1961-1999), qui consolide l'intégrité territoriale du pays. En 1965, Ben Barka paye de sa vie son opposition au régime, mais l'instabilité persiste et culmine lors des coups d'État de 1971 et 1972. Hassan II reconstruit alors un pouvoir ébranlé par le consensus autour de la récupération du Sahara, mais au prix des « années de plomb ». Après 1991, le Maroc s'engage dans un processus d'ouverture à petits pas qui conduit à l'alternance de 1998.
L'avènement de Mohammed VI en 1999 précipite une transition aux exigences contradictoires : dissocier monarchie et « années de plomb », incorporer les islamistes au champ politique, améliorer la gouvernance tout en contenant la menace terroriste... Mais tout se précipite au rythme des événements de l'histoire : les attentats de 2003, qui relancent l'hypothèque autoritaire, puis les printemps arabes de 2011, qui placent la monarchie au pied du mur : réformer à chaud pour sauver l'essentiel.
- Un ouvrage de référence dans les études berbères, sur l'histoire et la géographie : Algérie, Maroc, Tunisie, Libye, Nord-Mali...
- 22 experts du Maghreb et d'Europe, sous la direction de l'historien de renom Pierre Vermeren, croisent leurs travaux à partir d'un colloque de référence en Sorbonne - Un état des lieux de la recherche sur un sujet paradoxalement contesté autant par les universitaires arabes sous influence du pan-arabisme ou de l'islamisme que par certains universitaires européens adeptes de la French Theory) ;
- Un ouvrage élégant avec une couverture signée du peintre Ali Silem et des rabats souples.
Depuis 1870, la République gouverne le peuple français. Si les Français ont largement adhéré à ce régime, c'est qu'il a contribué à leur bien-être, et surtout a permis aux plus modestes de s'élever par le travail et l'école. Pourtant, aujourd'hui, nos concitoyens s'interrogent sur les impasses de notre démocratie, les manquements face aux nouvelles inégalités et l'affaiblissement de leur État. Notre République est-elle menacée ou obsolète ?
Pierre Vermeren revient de manière concrète sur la fabrique du républicanisme à la française. Il décrit les mécanismes et les conjonctures qui, depuis quelques décennies, ont conduit nombre de nos compatriotes à devenir méfiants envers leurs élites. Cent cinquante ans après la proclamation définitive de la République, il en retrace les constructions, les ambitions et les failles, nous questionnant au passage, en ce moment dont nous pressentons qu'il est un tournant, sur la démocratie que nous voulons pour construire l'avenir.
La guerre d'Algérie n'est pas finie. Elle se poursuit de façon discrète sur le territoire français. Mais le plus préoccupant, c'est que ce conflit larvé se déroule avec la complicité ou le silence embarrassé de nos élites hexagonales.
Les dirigeants français font tout pour éviter de poser les questions qui fâchent, qu'il s'agisse de notre politique arabe en ruines, ou des contours d'une nouvelle société musulmane transférée en quelques décennies sur le sol français avec ses millions de croyants (et d'athées).
Les adeptes de la déconstruction ont voulu présenter la présenter comme un fantasme, ignorant ou refusant de penser que l'Islam, au sens de civilisation, est un tout culturel, social, politique et religieux qui va façonner une partie du destin français dans les prochaines années. Or, la donne a changé en 2001 avec l'irruption du djihadisme terroriste en Occident. Il a bien fallu cette fois ouvrir les yeux, ce qui n'empêche pas le déni français de perdurer.
Ce sont les secrets qui entourent notre relation avec le monde arabe que dévoile Pierre Vermeren, l'un des meilleurs historiens actuels de l'Afrique du Nord.
Mépris de classe, absence de vision, libéralisme dévoyé, corruption et arrogance, en deux générations, l'héritage gaullien a été dilapidé. La République a failli jusque dans sa promesse de justice et d'ascension par le mérite. Entre relégation, chômage de masse et crise du sens, la moitié de la France humiliée devait se satisfaire de l'aide sociale. Ainsi est née la crise des gilets jaunes, qui renvoie immanquablement les historiens à l'Ancien Régime finissant.
Fin observateur de notre société, Pierre Vermeren avait réagi dès le début à cette crise dans Le Figaro.
Avec son regard d'historien, il ausculte les raisons profondes et multiples de cette révolte. Pour cela, il revient plusieurs décennies en arrière et analyse l'échec des politiques publiques depuis la fin des années 1970, l'absence de réflexion de l'aménagement du territoire, la déshumanisation des services qui engendre la dégradation des rapports sociaux, la désaffection des services publics qui brise le lien social, la déqualification qui entraîne la mésestime de soi et la désindustrialisation destructrice d'emplois et du savoir-faire. Enfin, il pointe les promesses non tenues à toute une génération, en particulier les espoirs au nom de l'Europe et de la zone euro qui a entraîné le désenchantement des classes populaires et tous les populismes.
C'est donc un constat multifactoriel et profond qu'il convient de regarder en face afin que l'Etat prenne les bonnes décisions pour l'avenir de notre pays pour les trente prochaines années en reconsidérant la France, toute la France.
Le Maroc Histoire & Civilisations "La France est l'amie du Maroc" - "Le Maroc vit du tourisme" - "Le vrai Maroc, c'est les villes impériales, pas Casablanca !" - "Les Marocains sont différents des Algériens" - "La monarchie marocaine tient par la force" - "Les Marocains sont tolérants"...
Issues de la tradition ou de l'air du temps, mêlant souvent vrai et faux, les idées reçues sont dans toutes les têtes. L'auteur les prend pour point de départ et apporte ici un éclairage distancié et approfondi sur ce que l'on sait ou croit savoir.
Pierre Vermeren est maître de conférences en histoire du Maghreb contemporain à l'université Paris I. Auteur de nombreux ouvrages consacrés au Maroc, il a enseigné plusieurs années au lycée Descartes à Rabat. oeil de la France en Afrique, passerelle avec le monde arabe, le Maroc a toujours bénéficié d'une grande sollicitude de la part de la France qui, au travers de ses élites politiques et artistiques, a aussi largement contribué à ce Maroc des "idées reçues" que l'auteur décrypte ici.
Extrait du livre :
"La France est l'amie du Maroc." Tant auprès de la droite que de la gauche, nous n'avons que des amis, que nous estimons et qui nous estiment.
Hassan II, roi du Maroc, Le Monde, 3 août 1988 La vision française du Maroc est un curieux mélange de romantisme, d'idéalisme, de nostalgie, mais aussi de réalisme et d'intérêts bien compris. Cette construction est très largement politique, dans la mesure où les élites françaises se sont appliquées, depuis la fin du XIXe siècle, à "vendre" le Maroc au bon peuple de France. Eugène Etienne, député "algérien" d'Oran avant 1914, et le "comité du Maroc" se sont efforcés de justifier l'agressivité économique et militaire préparant la colonisation. Qu'il devait être beau et glorieux l'Empire chérifien, pour risquer de provoquer une guerre avec l'Allemagne ! Puis le traité de Fès, qui instaura en 1912 le protectorat français sur le Maroc, se prêta à une formidable opération de propagande de la part de Lyautey, son concepteur.
Toutefois, la parole lyautéenne ne suffit pas à déclencher une ruée vers ce pays, comme en 1848 celle de l'or en Californie. Il faut détourner vers le Maroc migrants, capitaux, investisseurs, touristes et polygraphes, en provenance des départements d'Algérie. On "vend" aux Français le Maroc, en magnifiant ses combattants héroïques, ses Berbères farouches, ses "féodaux", ses médinas profondes, son sultan francophile, etc. Il fallait faire oublier la guerre du Rif (1921-1925), la crise des années trente, les revendications nationalistes, ou la "duplicité" nationaliste du sultan Sidi Mohammed (futur Mohammed V).
Une fois arrachée son indépendance en mars 1956, le Maroc fut érigé en havre de paix. Le contraste avec une Algérie révolutionnaire, engagée dans un long combat pour rompre sa dépendance avec la France, plaidait en sa faveur. Qu'il était bon d'être affecté au Maroc pour effectuer son service militaire, plutôt que dans les djebels algériens (l'armée française quitta le Maroc en 1961) ! De surcroît, depuis 1961, le jeune Hassan II n'a plus les préventions de son père Mohammed V à l'égard de la France, qu'il avait dû subir et affronter vingt ans durant. Hassan II a choisi l'alliance occidentale. La France, morigénée par l'Égyptien Nasser, traitée de haut par les Algériens Ben Bella et Boumediene, bousculée par le Tunisien Bourguiba, peut compter sur la fidélité d'Hassan IL "Notre ami le roi", à l'intelligence politique établie, devient l'ami des heures heureuses et des moments difficiles. Oeil de la France en Afrique, passerelle avec le monde arabe, intermédiaire entre Israël et l'Islam, le Maroc se rend indispensable. Une partie des élites françaises prend ses habitudes dans ce pays, lieu de détente garanti. Une fois retombées les affres de l'affaire Ben Barka (octobre 1965), qui empoisonnèrent les relations entre De Gaulle et Hassan II, le Maroc prit, à partir des années soixante-dix, des airs du Cuba de Batista pour les dirigeants français, pour le meilleur et pour le pire. En retour, la France ne mégota ni son soutien ni ses aides. Cette "Marocofolie" post-coloniale (quoique le terme date des années vingt) eut des nécessités de Guerre froide, mais elle s'établit sur des intérêts réciproques bien compris.
Le temps semble loin où notre pays était un empire. Les territoires autrefois colonisés ont été rendus à eux-mêmes et sont désormais maîtres de leur histoire. C'est contre cette vision simpliste et historiquement fausse que s'insurge Pierre Vermeren : les révolutions arabes de 2011 et 2012 sont la conséquence directe, le dernier chapitre de l'histoire de la décolonisation.
De guerre lasse, dans un mélange de bonne conscience et de culpabilité, l'État et les élites de France ont laissé leurs successeurs à la tête du Maroc, de l'Algérie, de la Tunisie et des pays d'Afrique agir en toute impunité. Le silence et l'aveuglement de la France, mais aussi de l'Europe tout entière, ont permis dans ces anciennes colonies l'accaparement des richesses, la confiscation des libertés et la soumission des peuples.
Pierre Vermeren apporte aux événements les plus récents, qu'il s'agisse des explosions de colère au Maghreb comme de la lutte contre le djihadisme, l'éclairage irremplaçable de l'histoire.
Issues de la tradition ou de l'air du temps, mêlant souvent vrai et faux, les idées reçues sont dans toutes les têtes.
L'auteur les prend pour point de départ et apporte ici un éclairage distancié et approfondi sur ce que l'on sait ou croit savoir.
L?Algérie, le Maroc et la Tunisie ont constitué l?Afrique du Nord française. Ils forment aujourd?hui le Maghreb indépendant. Cet Occident des Arabes est devenu l?Orient proche des Français. Un monde à la fois voisin et très mal connu. Après les luttes anticoloniales, le tiers-mondisme triomphant et la seconde guerre d?Algérie, le temps de la maturité est venu. Mais entre pouvoir autoritaire et menace islamique, la démocratie est-elle envisageable dans cette région du monde ? C?est la question que pose cet essai et à laquelle il tente de répondre grâce à un éclairage historique approfondi. Le nationalisme arabo-musulman ne peut occulter vingt siècles d?une histoire complexe que les militants pour l?indépendance ont voulu gommer. A l?heure de la démocratie planétaire et du grand jeu américain au Proche-Orient, quel destin pour le Maghreb ? Poste avancé de l?Amérique dans le monde arabe, ou marge démocratique de l?Union européenne ?
Si le radicalisme musulman et le terrorisme islamique nous inquiètent depuis les années 1980, une nouvelle spirale négative s'est enclenchée qui a conduit aux tueries de janvier et novembre 2015 à Paris. À écouter les commentateurs et les responsables politiques, on croirait que la France n'a jamais côtoyé l'islam. Pourtant, l'empire colonial fut un formidable « laboratoire », près d'un siècle et demi durant, pour aborder les questions religieuses. Comment instaurer des modes de coexistence ? Comment réguler les relations entre Islam, confréries musulmanes, chrétiens et juifs ? Ce fut le souci quotidien de générations d'officiers et d'administrateurs, sous la houlette des autorités politiques françaises.
Cet ouvrage propose une relecture globale de cette expérience unique et de ce que furent les pratiques en oeuvre dans le coeur battant de l'empire colonial : les terres « arabes » et « arabo-berbères ». Il raconte la découverte de l'islam par la France coloniale au début du XIXe siècle, les aléas de la protection des chrétiens d'Orient et les réalités de la politique du « royaume arabe » ou à l'égard du judaïsme ; il analyse enfin la manière dont la République, quoique laïque, s'est essayée à reconstruire les religions en Afrique du Nord et ce que furent leurs réactions, en particulier la montée du salafisme, à l'heure où s'annonçait la décolonisation.
Notre héritage colonial pèse encore sur notre histoire présente. En saisir les complexités ne peut que nous aider à mieux affronter les problèmes de notre temps, en particulier la question religieuse, qu'on croyait à tort apaisée. À cet égard, ce livre est une contribution essentielle.
Cet essai de synthèse est consacré à l'historiographie du Maghreb contemporain.
Qui a écrit, et qui écrit l'histoire de l'Afrique du Nord, devenue Maghreb, depuis la fin du XIXe siècle ? Un demi-siècle après les indépendances, sans doute est-il nécessaire de revenir sur ce champ de recherches extrêmement idéologique. L'historiographie du Maghreb en langue française se présente comme une succession de séquences politiques et idéologiques qui se chevauchent rapidement. Pour éclairer ces interrogations, Pierre Vermeren dresse le portrait des générations d'historiens et autres spécialistes de ce champ.
Cette histoire d'hommes, d'écoles et de réseaux est d'autant plus nécessaire, en ce début de XXIe siècle revenu des grandes idéologies, que la cohorte des historiens du Maghreb est résiduelle. Cette peau de chagrin scientifique peine à dépasser le cadre des spécialistes de la guerre d'Algérie. Or l'histoire de la région ne s'est pas arrêtée en 1962. En dépit de la forte demande sociale des héritiers et porteurs de cette histoire, le Maghreb s'est-il échappé du champ des préoccupations françaises ? Et pourquoi ?
La mort du roi Hassan II, en 1999, a ouvert une nouvelle page de l'histoire du Maroc. Dix ans plus tard, que reste-il du « Maroc en transition » des folles années 1999 et 2000 ? Pierre Vermeren propose un bilan précis et documenté de la première décennie de règne de Mohammed VI. Le Maroc est plus lisible et plus libre, plus ouvert aussi, et son économie a progressé. Mais la transition démocratique reste à venir.
le 2 mars 1956, le maroc recouvre son indépendance, après quarante-quatre années de protectorat.
de 1956 à 1961, mohammed v restaure la puissance de son trône, rendant possible le règne de son fils hassan ii (1961-1999), qui consolide l'intégrité territoriale du pays. en 1965, ben barka paie de sa vie son opposition au régime, mais l'instabilité persiste et culmine lors des coups d'etat de 1971 et 1972. hassan ii reconstruit alors un pouvoir ébranlé au prix des " années de plomb ". après 1991, le maroc s'engage dans un long processus d'ouverture.
l'avènement de mohammed vi en 1999 précipite une transition incertaine. le nouveau règne espère le renouveau dans la stabilité, pari du quinquennat réformiste lancé en 2002. comment rendre indolore l'incorporation des islamistes au champ politique oe.
Ce livre propose une synthèse remarquablement informée de l'histoire du Maroc contemporain, depuis son indépendance en 1956 jusqu'à nos jours, et paraît juste avant les élections législatives au Maroc, en septembre.
La mort du roi Hassan II, le 23 juillet 1999, a ouvert une nouvelle page de l'histoire du Maroc. Dix ans plus tard, que reste-il du « Maroc en transition » des folles années 1999 et 2000 ? Assurément beaucoup, même si les fondamentaux de la gouvernance makhzénienne ont peu évolué, comme l'explique Pierre Vermeren dans ce livre qui propose un bilan précis et documenté de la première décennie de règne de Mohammed VI. Le Maroc est plus lisible et plus libre, plus ouvert aussi, et son économie a retrouvé des couleurs grâce à l'appel du large. Mais la transition démocratique reste à venir.
Comme toute réalité sociale, la guerre - telle qu'elle se déroule de nos jours - n'est pas seulement un fait en soi, mais surtout un événement vécu et rapporté par des témoins, des victimes et des acteurs, situés à la fois près et loin du terrain du conflit. La guerre est donc un objet de constructions individuelles ou collectives. Comment la guerre peut-elle être étudiée dans toute sa complexité ? Comment les acteurs et les observateurs de la guerre construisent-ils des points de vue souvent irréconciliables ? Comment se fixe la figure de l'ennemi et celle de ses représentations pour susciter l'adhésion et pour mobiliser, pour fabriquer du rejet ou du consentement, pour instituer la norme du juste et de l'injuste ? Ces questions structurent l'ouvrage pour répondre à un double défi. Il s'agit d'appréhender la représentation de la guerre à la fois comme une perception consensuelle et comme une projection manipulée, tout en établissant une féconde discussion entre des spécialistes de plusieurs disciplines (la géographie, l'histoire, l'histoire de l'art et l'archéologie, la sociologie) et de différentes aires géographiques. L'objectif est de mettre au jour et de décrypter, derrière les images et la communication contrainte, en allant parfois au plus près de l'expérience du combat, les différents points de vue sur des conflits violents contemporains proches ou lointains.