De la Révolution à la fin du XIX? siècle, la question du suffrage universel a été au centre des passions sociales, des affrontements politiques et des perplexités intellectuelles. Elle a noué ensemble toutes les interrogations sur le sens et les formes de la démocratie moderne : rapport des droits civils et des droits politiques, de la légitimité et du pouvoir, de la liberté et de la participation, de l'égalité et de la capacité. Si la démocratie est à la fois un régime (la souveraineté du peuple) et une religion (la célébration d'une société des égaux), elle trouve dans le suffrage universel sa double matrice. L'auteur s'attache à reconstruire dans toute sa complexité l'histoire intellectuelle de cette conquête. La figure du citoyen reste, en effet, attachée à celle de l'individu moderne : la femme, le mineur et le domestique, qui symbolisent la dépendance sociale, se voient ainsi écartés des urnes en 1789 par ceux-là même qui célèbrent le culte de l'humanité. L'histoire sociale se double donc d'une perspective anthropologique : la citoyenneté ne peut être pensée que dans le prolongement du processus d'émancipation de l'individu.
La démocratie constitue, depuis deux siècles, l'horizon du bien politique. Mais elle semble en même temps inachevée ou trahie. Une des principales raisons de ce malaise tient à une difficulté de figuration:l'avènement d'un monde d'individus rend la société moins lisible en ses différences. Il y a ainsi une tension qui se noue entre l'évidence du principe politique de la démocratie et le caractère plus incertain de son fondement sociologique. Le peuple est sacré souverain au moment où il paraît plus insaisissable. Dès le départ, le problème des conditions d'une «bonne» représentation politique s'est posé et il n'a pas cessé depuis. Pierre Rosanvallon s'attache à construire l'histoire de cette question.Poursuivant la recherche menée dans Le Sacre du citoyen (1992) sur l'avènement du suffrage universel, cet ouvrage constitue le second volet d'une histoire intellectuelle d'ensemble de la démocratie moderne. La démarche de l'historien nourrit dans ce travail une réflexion de philosophie politique pour éclairer le citoyen.
Les syndicats français ont perdu près de deux tiers de leurs adhérents depuis le milieu des années 1970.
Déclin qui ne s'explique pas seulement par des facteurs économiques ni même par le vieillissement de ces organisations. c'est le phénomène syndical lui-même qui est en cause dans sa triple fonction de représentation des intérêts, de régulation des conflits et de production de solidarité. chacune d'elles est aujourd'hui profondément ébranlée. d'où la perte de légitimité et d'influence du syndicalisme ; et, en retour, une moins bonne gestion des conflits sociaux, comme une véritable " panne " de la représentation sociale.
Au-delà de la question syndicale, ce livre invite à une ample réflexion sur les nouvelles conditions de la gestion du social en france.
Nouvelle édition augmentée d'un avant-propos de l'auteur.