Folio
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La démocratie représentative s'impose dans son principe en même temps qu'elle se fragilise dans son fonctionnement. Si la démocratie peut être banalement définie comme la mise en oeuvre de la souveraineté du peuple, le contenu même de cette dernière semble en effet aujourd'hui se dissiper. Progression de la mondialisation économique, accélération de la construction européenne, croissance du rôle du droit, montée en puissance des instances de régulation non élues, rôle plus actif du Conseil constitutionnel : de multiples évolutions convergent pour ébranler les objets et les modes d'expression acquis de la volonté générale.Le but de cet ouvrage est d'éclairer ces questions présentes en les resituant dans une histoire longue et élargie du problème de la souveraineté du peuple. Car les interrogations sur le sens et les formes adéquates de cette souveraineté ne datent pas d'aujourd'hui. Si elle apparaît depuis plus de deux siècles comme l'incontournable principe organisateur de tout ordre politique moderne, l'impératif que traduit cette évidence fondatrice a toujours été aussi ardent qu'imprécis.À distance des démissions ou des simplifications contemporaines, Pierre Rosanvallon entend montrer que le projet d'une souveraineté plus active du peuple reste toujours pertinent et qu'il peut dorénavant être compris en des termes qui renforcent la liberté au lieu de la menacer.
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Le peuple introuvable ; histoire de la représentation démocratique en France
Pierre Rosanvallon
- Folio
- Folio Histoire
- 2 Octobre 2002
- 9782070418312
La démocratie constitue, depuis deux siècles, l'horizon du bien politique. Mais elle semble en même temps inachevée ou trahie. Une des principales raisons de ce malaise tient à une difficulté de figuration:l'avènement d'un monde d'individus rend la société moins lisible en ses différences. Il y a ainsi une tension qui se noue entre l'évidence du principe politique de la démocratie et le caractère plus incertain de son fondement sociologique. Le peuple est sacré souverain au moment où il paraît plus insaisissable. Dès le départ, le problème des conditions d'une «bonne» représentation politique s'est posé et il n'a pas cessé depuis. Pierre Rosanvallon s'attache à construire l'histoire de cette question.Poursuivant la recherche menée dans Le Sacre du citoyen (1992) sur l'avènement du suffrage universel, cet ouvrage constitue le second volet d'une histoire intellectuelle d'ensemble de la démocratie moderne. La démarche de l'historien nourrit dans ce travail une réflexion de philosophie politique pour éclairer le citoyen.
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Le sacre du citoyen ; histoire du suffrage universel en France
Pierre Rosanvallon
- Folio
- Folio Histoire
- 28 Mars 2001
- 9782070417858
De la Révolution à la fin du XIX? siècle, la question du suffrage universel a été au centre des passions sociales, des affrontements politiques et des perplexités intellectuelles. Elle a noué ensemble toutes les interrogations sur le sens et les formes de la démocratie moderne : rapport des droits civils et des droits politiques, de la légitimité et du pouvoir, de la liberté et de la participation, de l'égalité et de la capacité. Si la démocratie est à la fois un régime (la souveraineté du peuple) et une religion (la célébration d'une société des égaux), elle trouve dans le suffrage universel sa double matrice. L'auteur s'attache à reconstruire dans toute sa complexité l'histoire intellectuelle de cette conquête. La figure du citoyen reste, en effet, attachée à celle de l'individu moderne : la femme, le mineur et le domestique, qui symbolisent la dépendance sociale, se voient ainsi écartés des urnes en 1789 par ceux-là même qui célèbrent le culte de l'humanité. L'histoire sociale se double donc d'une perspective anthropologique : la citoyenneté ne peut être pensée que dans le prolongement du processus d'émancipation de l'individu.