Belin
-
La géographie est souvent considérée comme la " science coloniale " par excellence.
L'exploration puis la colonisation des espaces africains et asiatiques aux xixe et xxe siècles ont suscité un immense travail de description topographique, de classification ethnique et d'analyse socio-économique à la fois sur le terrain colonial et en métropole. le savoir géographique devait permettre de conquérir puis de gouverner de vastes étendues avec un minimum d'administrateurs et de " mettre en valeur" les colonies de façon rationnelle.
Les colonies ont pu en outre constituer un laboratoire de la modernité géographique, lieux d'expérimentation de nouvelles pratiques de gestion et d'aménagement de l'espace, susceptibles d'être ensuite importées en métropole. des premières missions d'exploration africaines aux études géographiques sur les sociétés post-coloniales, cet ouvrage éclaire à la fois la dimension spatiale du fait colonial et la matrice coloniale de la discipline géographique.
-
L'empire des sports ; une histoire de la mondialisation culturelle
Pierre Singaravélou, Julien Sorez
- Belin
- Histoire Et Societe Belin
- 3 Juin 2010
- 9782701155883
À la fois vecteur et manifestation de la « première » mondialisation dans la seconde moitié du XIXe siècle, le sport est devenu en l'espace d'un siècle une pratique planétaire dont les disciplines recouvrent des géographies complexes et inattendues.
Du cricket indien au rugby néo-zélandais en passant par le football africain et latino-américain, on peut se demander comment ces nouvelles pratiques anglaises se sont implantées dans les empires formels et informels (britanniques, français, espagnols, japonais, américains, etc.) par le biais des marins, des missionnaires, des instituteurs, des ingénieurs des chemins de fer, des colons et des militaires. L'essor du sport « moderne » bénéficie du renouveau de l'expansion coloniale, auquel il participe largement en diffusant de nouvelles pratiques et valeurs au service du projet social et culturel impérial. La « sportivisation » des sociétés métropolitaines et coloniales participe d'une seule et même « mission civilisatrice ». Au-delà de la perpétuation du lien communautaire entre les colons, le sport a pour fonction de discipliner le corps de l'« indigène » et moraliser son comportement social. Toutefois, le sport en situation coloniale ne se réduit pas à l'exportation et à l'imposition de normes européennes et de codes sociaux aux sociétés autochtones. Les pratiques sportives sont réinventées, réappropriées, transformées au contact des populations colonisées. Ainsi, la « créolisation » du football latino-américain et « l'indigénisation » du cricket indien révolutionnent la technique, le style de jeu et la géopolitique du sport. De nouvelles identités nationales se fondent en partie sur des disciplines sportives et le sport représente très tôt un terrain d'affrontement où les populations colonisées remettent en question la domination européenne.
Ce livre adopte une démarche comparative et pluridisciplinaire : il s'agit d'offrir pour la première fois une analyse globale des pratiques sportives dans les empires coloniaux contemporains, en étudiant les enjeux politiques, culturels, sociaux et économiques de la première mondialisation du sport du milieu du XIXe siècle aux décolonisations.