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Robert Desnos
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«La coïncidence entre le besoin de projeter ses plus libres fantasmes et, d'autre part, celui d'une "technique poétique" font de Desnos un poète de la surréalité, et donc de la modernité, en même temps qu'un poète qui se rattache à une tradition, celle des grands baroques. C'est là peut-être l'originalité de cette voix si douée qui, avec ses intempérances et ses turbulences, ses écarts, ses inégalités, mais toujours son intensité, est une de celles qui nous forcent le plus manifestement à reconnaître la présence de cette chose spécifique, irréductible, qui s'appelle la poésie. Au reste, et c'est ce qu'il faut dire encore, cette voix était celle d'un homme chez qui le besoin d'expérimenter sous toutes ses formes le langage poétique, allait naturellement avec celui d'expérimenter la vie sous toutes ses formes aussi ; d'un homme qui était plein de passion, curieux et joueur de tout, courageux, généreux et imprudent ; et qui est mort à quarante-cinq ans, dans les circonstances que l'on sait, d'avoir eu ce goût violent de la vie, et donc de la liberté, et d'avoir voulu le pousser jusqu'à ses dernières extrémités.» René Bertelé.
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Robert Desnos comptait parmi les quelques jeunes aventuriers de l'inconnu qui participèrent, en 1922, à de troublantes séances de sommeil éveillé où se notaient sur des papiers de hasard les effets de l'inconscient en fusion. Témoins des visions et fulgurances de ce rêveur forcené, les manuscrits rassemblés dans ce formidable petit livre, qui dormaient dans une boîte en carton du fonds de la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, invitent à une émouvante et vertigineuse plongée dans la mémoire du surréalisme.
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Ce volume contient : I (1919-1926) Prospectus 1919 Peine perdue C'est les bottes de 7 lieues cette phrase «Je me vois» II (1930-1939) Youki 1930 Poésie Les nuits blanches Bagatelles La ménagerie de Tristan Le parterre d'Hyacinthe La géométrie de Daniel Mines de rien III (1943-1944) État de veille Le bain avec Andromède Sens À la caille Ce coeur qui haïssait la guerre Réflexions sur la poésie Lettre à Youki
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Quand il écrit les poèmes de Contrée, en 1942-1943, Robert Desnos tente "d'arriver à une "poétique fine" comme les mathématiciens sont arrivés à des "calculs fins" indispensables en relativité ou en mécanique ondulatoire". Le modèle mathématique le retient d'ailleurs par son exigence du détail exact. En somme, le poème dans sa clôture peut devenir une mécanique de précision dont les pièces sont ajustées minutieusement pour assurer le fonctionnement de l'ensemble.
Le flux verbal que tentait de saisir dans sa continuité l'écriture automatique a fait place à l'assemblage de groupes de vers en attente de trouver leur juste contexte. La forme poétique - sonnet, ballade, ode - est l'horizon d'attente où des fragments surgis indépendamment viennent s'assembler - et révéler leur intime proximité. Quant à Calixto, achevé en septembre 1943, il partage avec Contrée le recours aux formes closes du sonnet et, avec Le Bain avec Andromède, la volonté de donner au recueil une structure d'ensemble qui fasse sens.
Toutefois la mise en ouvre d'une architecture allégorique est appuyée dans Le Bain avec Andromède : Calixto procède de façon plus nuancée, renonçant à toute coupure entre ses différents moments pour privilégier le flux général sur l'autonomie des parties qui ne sont annoncées par aucun titre. D'où, à la lecture du recueil, le sentiment d'un tressage des textes plus que d'une succession nettement ponctuée.
Mais qu'évoque en fait ce titre de Calixto ? Vocable reflet, né du baiser de multiples sources, synonyme de liberté, d'amour et de poésie, image de tout lecteur qui vient s'y mirer, image de Desnos lui-même. "Nymphe prétexte", elle rassemble en son cri la clameur de tous : "Tu, vous, les autres, nous, clames, clamez, clamons..." ; elle est "l'étoile de la terre", accordée au "couple parfait" des "enfants de la terre".
"Passante" en perpétuelle métamorphose, elle traverse le poème sans jamais s'y fixer, car, comme le dit très exactement Desnos : "Ton être se dissout dans sa propre légende".
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La poésie engagée
Anna Akhmatoya, Louis Aragon, Aimé Césaire, René Char, Robert Desnos, David Diop, Paul Eluard, Collectif
- Belin éducation
- Classico College - Anthologie Et Dossier
- 8 Août 2017
- 9782410004762
Tout au long du XXe siècle, des voix se sont élevées contre la guerre, le colonialisme et la barbarie. Les poètes engagés ont écrit des textes en vers ou en prose pour témoigner ou résister ; ils ont fait de leur plume une épée pour combattre les injustices de leur temps. Un mot d'ordre les guide : celui de liberté.
Auteurs :
Textes de A. Akhmatova, L. Aragon, A. Césaire, R. Char, R. Desnos, D. Diop, P.
Éluard, F. García Lorca, A. Machado, P. Neruda, J. Prévert, Y. Ritsos, L. S. Senghor.
Dossier pédagogique de Gaêlle Le Guern-Camara est professeur de français à La Courneuve (collège Jean Villar).
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Postface «Fortunes, qui rassemble les poèmes d'une période de dix ans (les plus récents sont vieux de cinq), me donne l'impression d'enterrer ma vie de poète. Mais, en revanche, à la faveur de l'éloignement, je puis porter sur ces vers un libre jugement. Je ne méconnais point ce qui a vieilli dans les deux premiers poèmes. J'y délimite les déserts qui séparent des passages d'une inspiration plus ardente. Mais, si une image a jamais excusé un défaut, je les comparerai à ces espaces vides où le vent se repose, où les oiseaux grands voiliers suspendent leur course. Une certaine impudeur me gêne encore dans ces textes dont l'architecture tend au grandiose mais se dégage mal d'un brouillard verbal. Une de mes ambitions, en effet, est moins de faire maintenant de la poésie, rien n'est moins rare, que des poèmes dont mes camarades et moi, vers 1920, nous niions la réalité, admettant alors que, de la naissance à la mort, un grand poème s'élaborait dans le subconscient du poète qui ne pouvait en révéler que des fragments arbitraires. Je pense aujourd'hui que l'art (ou si l'on veut la magie), qui permet de coordonner l'inspiration, le langage et l'imagination, offre à l'écrivain un plan supérieur d'activité. Ai-je réussi ? [...] Que ferai-je à l'avenir ? Si tous les projets ne se mesuraient à la longueur de la vie, je voudrais reprendre des études mathématiques et physiques délaissées depuis un quart de siècle, rapprendre cette belle langue. J'aurais alors l'ambition de faire de la "Poétique" un chapitre des mathématiques. Projet démesuré certes, mais dont la réussite ne porterait préjudice ni à l'inspiration, ni à l'intuition, ni à la sensualité. La Poésie n'est-elle pas aussi science des nombres ?» Robert Desnos.
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La liberté ou l'amour ! / deuil pour deuil
Robert Desnos
- Gallimard
- L'imaginaire
- 23 Février 1982
- 9782070276950
La liberté ou l'amour ! est un texte de 1927 où éclate l'absolu d'une poésie sans complaisance.
Une orchestration verbale complexe produit un récit soutenu par les vagues du délire le plus délibérément accueilli. derrière les aventures de corsaire sanglot et de louise lame se profilent les ombres complices de lautréamont, d'eugène sue et du divin marquis. la revendication majeure du livre est la liberté de l'amour, car l'amour est l'essence même de tout merveilleux. deuil pour deuil, qui complète cet ouvrage, est paru en 1924, l'année même du manifeste du surréalisme.
Là aussi, à travers une histoire au fil sans cesse rompu, c'est le merveilleux qui domine, qu'il s'agisse de " l'étoile de mer qui parle avec l'huître et l'épave " ou d'une " lettre d'amour perdue par le facteur au coin de la rue montmartre et de la rue montorgueil ".
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Il joue avec les mots, invente, jongle avec les images. Magicien de la langue, Robert Desnos sait aussi nous émerveiller et nous émouvoir.
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Sont rassemblés ici divers écrits que Robert Desnos a consacrés aux peintres, de 1922 à 1944.
A travers ces textes de fantaisie plus que de théorie se marquent des choix qui évoluent avec le temps. C'est d'abord le surréalisme dans les années 20, avec des variations sur la signature de Marcel Duchamp, un éloge de la vie inventive de Picabia, une traversée du surréel devenu réel par la grâce de Max Ernst, Man Ray et quelques autres. Les textes des années 30 sont essentiellement centrés sur des peintres que notre époque redécouvre : Per Krohg, Tihanyi, Papazoff.
Enfin, à partir de 1940, les oeuvres de Labisse et de Picasso deviennent les références essentielles pour Desnos. Desnos fut aussi dessinateur et peintre à ses heures : les divers dessins qui ornent ce recueil en témoignent.
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«Le présent livre essaie, sans que l'auteur croie y être clairement parvenu, de prouver que la question sociale est responsable de la diffusion chaque jour plus grande des drogues, que les intoxiqués méritent d'être rendus à la vie réelle, que les lois de répression actuelles sont absurdes, injustes, néfastes et qu'il importe, avec la collaboration du corps médical, de réformer un code barbare. [...] Dans vingt ans la drogue se sera répandue dans tous les milieux, peut-être même dans les campagnes, et il sera trop tard pour remporter la victoire sur elle.» Robert Desnos.
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Elle distingua un instant les lèvres sanglantes ouvertes sur des dents extrêmement blanches. Sentimentale, l'ivrognesse espéra un baiser. Mais son interlocuteur la tenait déjà à la gorge.
Elle se laissa faire et s'écroula doucement sur le trottoir tandis que Jack L'Eventreur s'étendait sur elle. Le long de la rue déserte, un dandy s'en va maintenant en sifflotant un air à la mode. L'ivrognesse est toujours étendue sur le trottoir au centre d'un grand tapis de pourpre où les astres se reflètent.
(Robert Desnos)
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Méconnue, rarement jouée, "La Place de l'Étoile" fut écrite à la fin des années 1920 par Robert Desnos, l'un de nos plus grands poètes surréalistes. Ce chef-d'oeuvre de drôlerie insolite se compose de neuf scènes où se croisent d'improbables personnages, à la fois proches et fuyants, en une balade étoilée aux multiples branches.