Filtrer
Support
Éditeurs
Langues
Prix
Éditions de Minuit
-
Et si les Beatles n'étaient pas nés ?
Pierre Bayard
- Éditions de Minuit
- Paradoxe
- 6 Octobre 2022
- 9782707348050
On s'obstine à porter aux nues les auteurs de chefs-d'oeuvre, sans prendre la mesure des dégâts qu'ils provoquent. Ils relèguent en effet d'autres créateurs dans l'obscurité, imposent des canons arbitraires à notre sensibilité et déforment notre regard sur le passé.
Ce livre propose d'étudier les mondes alternatifs où ils n'existent pas et de mettre ainsi en valeur toutes les oeuvres dont ils nous ont injustement privés. -
Aurais-je été sans peur et sans reproche ? Le chevalier Bayard et moi
Pierre Bayard
- Éditions de Minuit
- Paradoxe
- 3 Octobre 2024
- 9782707355515
Je me suis souvent demandé comment mon ancêtre le chevalier Bayard - réputé sans peur et sans reproche - avait pu sereinement, au fil de ses batailles, tuer des centaines de personnes innocentes.
Afin d'expliquer ce mystère et de savoir comment je me serais moi-même comporté si j'avais vécu à son époque, je ne vois qu'une solution : voyager dans le passé à sa rencontre, discuter avec lui et ses contemporains en tentant de comprendre leur mentalité et, s'il accepte de m'écouter, lui faire entendre raison. -
Sur Spinoza. Cours novembre 1980 - mars 1981
Gilles Deleuze
- Éditions de Minuit
- Paradoxe
- 3 Octobre 2024
- 9782707355591
Juste après la destruction de l'université de Vincennes en 1980, Deleuze consacre ses premiers cours dans les nouveaux locaux de Saint-Denis à l'Éthique de Spinoza. Ce n'est certainement pas un hasard, étant donné la place centrale chez Deleuze de cette oeuvre immense, unique dans l'histoire de la philosophie, à laquelle il a consacré deux livres.
Ce cours est constitué de quinze séances au cours desquelles Deleuze veut montrer l'importance, non pas théorique, mais profondément vitale de la philosophie de Spinoza. Dans cette traversée, sont abordées des questions fondamentales du spinozisme. Comment se défaire de la négativité des passions mauvaises (haine, ressentiment, envie) ? Comment en finir avec le jugement moral (bien et mal) pour lui substituer une éthique du bon et du mauvais ? Ces questions engagent chez Spinoza une nouvelle théorie des signes. Quels signes doivent guider les existences si elles veulent atteindre, au cours même de cette vie, une forme d'éternité ? Dès lors, quelle différence entre l'éternité - expérimentée ici et maintenant - et l'immortalité que philosophies et religions nous promettent ? De séance en séance, Deleuze montre comment Spinoza met fin à un monde fortement hiérarchisé dont Dieu était le sommet autoritaire et impénétrable, un monde où les individus étaient égarés par des signes sombres et équivoques, pour proposer un monde où règne la lumière de la raison, où Dieu se confond avec les puissances de la nature, où désormais les êtres sont tous à égalité, capables de posséder leur puissance de vie, pourvu qu'ils apprennent à en connaître la logique et la valeur. -
Aurais-je été résistant ou bourreau ?
Pierre Bayard
- Éditions de Minuit
- Paradoxe
- 17 Janvier 2013
- 9782707322777
Pour quelqu'un de ma génération, né après la Seconde Guerre mondiale et désireux de savoir comment il se serait comporté en de telles circonstances, il n'existe pas d'autre solution que de voyager dans le temps et de vivre soi-même à cette époque.Je me propose donc ici, en reconstituant en détail l'existence qui aurait été la mienne si j'étais né trente ans plus tôt, d'examiner les choix auxquels j'aurais été confronté, les décisions que j'aurais dû prendre, les erreurs que j'aurais commises et le destin qui aurait été le mien.
-
De 1970 à 1987, Gilles Deleuze a donné un cours hebdomadaire à l'université expérimentale de Vincennes, puis de Saint-Denis à partir de 1980. Les huit séances de 1981 retranscrites et annotées dans le présent volume sont entièrement consacrées à la question de la peinture.
Quel rapport la peinture entretient-elle avec la catastrophe, avec le chaos ? Comment conjurer la grisaille et aborder la couleur ? Qu'est-ce qu'une ligne sans contour ? Qu'est-ce qu'un plan, un espace optique pur, un régime de couleur ?...
Cézanne, Van Gogh, Michel-Ange, Turner, Klee, Pollock, Mondrian, Bacon, Delacroix, Gauguin ou le Caravage sont pour Deleuze l'occasion de convoquer des concepts philosophiques importants : diagramme, code, digital et analogique, modulation. Avec ses étudiants, il renouvelle ces concepts qui bouleversent notre compréhension de l'activité créatrice des peintres. Concrète et joyeuse, la pensée de Deleuze est ici saisie au plus près de son mouvement propre. -
Comment parler des livres que l'on n'a pas lus?
Pierre Bayard
- Éditions de Minuit
- Paradoxe
- 11 Janvier 2007
- 9782707319821
L'étude des différentes manières de ne pas lire un livre, des situations délicates où l'on se retrouve quand on doit en parler et des moyens à mettre en oeuvre pour se sortir d affaire montre que, contrairement aux idées reçues, il est tout à fait possible d'avoir un échange passionnant à propos d'un livre que l'on n'a pas lu, y compris, et peut-être surtout, avec quelqu'un qui ne l'a pas lu non plus.
-
Le déséquilibriste (à ne pas confondre avec le déséquilibré ou l'équilibriste) est un artiste de la traversée des micro-désastres. Il parvient à transfigurer les bévues du maladroit ordinaire, ses chutes ridicules ou douloureuses, en embellies : oeuvre d'art, oeuvre de vie.
Les figures ici évoquées sont des aventuriers et aventurières de l'instable. La puissance de dérangement qui émane de leurs oeuvres apprivoise le provisoire, l'incertitude angoissante, l'absence de vérité. De Nietzsche à Kafka, Baptiste Morizot, Nastassja Martin ou Paul B. Preciado, de Louise Bourgeois à Miriam Cahn ou Laura Lamiel, ce livre explore la force vitale du déséquilibre, celle qui nourrit des créations et pensées divergentes où les anciennes bipartitions vacillent : masculin et féminin, humain et non-humain, vivant et non-vivant.
Ce qu'elles nous apprennent ? À tenir l'instable, à imaginer des vérités subtiles, objets de création vivante par toutes et tous et non plus abandonnées au domaine réservé des catégories philosophiques ou des dogmes politiques. L'hypothèse peut sembler cruciale à une époque qui évoque trop souvent un pseudo-concept de post-vérité ou de fake news auquel s'opposerait un vrai inaliénable. -
Cet essai voudrait faire droit à l'incomparable richesse de formes, de motifs et de couleurs que prodigue le monde animal : zébrures, taches, ocelles, couleurs
chatoyantes, plumages iridescents, traînes, crêtes, collerettes... Une profusion de signes intenses qui dit moins une beauté qu'une profonde expressivité - autant dire une puissance visuelle à même de faire se lever une image subtile, détachée de tout substrat physique ou organique. C'est en cela qu'il y a « élégance animale », une élégance qui n'est pas sans résonner jusque dans nos propres manières d'apparaître, nos modes vestimentaires, notre cosmétique.
On ne pourra pas dès lors s'épargner une critique de l'utilitarisme darwinien qui, en se focalisant sur la fonction des formes, s'empêchait de penser la singularité de cette forme, autant dire sa valeur distinctive. C'est précisément là retrouver le geste fondamental du zoologue suisse Adolf Portmann (1897-1982), qui avait fait de la présentation-de-soi une réalité irréductible à toute utilité physiologique et ainsi éprouvé la diversité des apparences animales dans leur profonde vitalité.
Peut-être faut-il alors en arriver à penser ces apparences comme des images en soi, des apparences sans destinataire, capables non seulement de communiquer entre elles, par-delà la distance des milieux animaux, mais encore de se conjuguer avec les fleurs, les rochers, le ciel ou la mer, et de transfigurer ainsi la cosmétique animale en une authentique cosmologie. -
On ne cesse d'affirmer, depuis l'Antiquité et plus encore depuis Freud, qu'oedipe aurait tué son père.
Mais cette accusation ne résiste pas à l'examen. En menant avec rigueur l'enquête sur les circonstances du meurtre et en révélant l'identité de l'assassin, ce livre montre que des pans entiers de notre culture reposent sur une erreur judiciaire. -
Faits d'affects Tome 2 : La fabrique des émotions disjointes
Georges Didi-Huberman
- Éditions de Minuit
- Paradoxe
- 14 Mars 2024
- 9782707349873
Les faits d'affects sont à valences multiples. Ils méritent donc d'être interrogés dans le pourquoi de leurs motifs souvent inconscients, dans le comment de leurs manifestations gestuelles et, tout aussi bien, dans le pour quoi de leurs destins éthiques et politiques. Car tout cela fonctionne ensemble dans chaque moment de l'histoire.
Ce volume, comme le précédent, s'autorise à vagabonder entre des analyses de cas singuliers très divers, mais pour voir s'y dessiner une configuration particulière bien que, malheureusement, très puissante et répandue. Les faits d'affects y sont réglés selon une disjonction : « fronts contre fronts », en quelque sorte. On entre là dans le vaste domaine d'une anthropologie politique des sensibilités et, notamment, de ce que Svetlana Alexievitch nommait les « documents-sentiments » relatifs à l'expérience des femmes russes enrôlées dans les combats de la Seconde Guerre mondiale. Comment, alors, ne pas s'interroger, en amont sur la « fabrique des émotions » dans le cadre propagandiste nazi, en aval sur la notion économique de « promotion » capitaliste ? Comment, au fil de ce parcours, ne pas revenir à la notion - toujours à revisiter, de Hegel à Marx et de Freud à l'anthropologie contemporaine - du fétichisme, là où justement les relations des sujets aux objets prennent un tour réifié, aliéné, mortifère ?
La disjonction affective ne caractériserait-elle pas, pour finir, ce « malaise dans la culture » duquel nous peinons à nous extraire dans un monde où notre liberté dans le « partage du sensible » se heurte constamment à une sorte de loi du marché affectif ? -
Il est impossible de croire sérieusement, comme les deux héros du célèbre film d'Hitchcock Fenêtre sur cour, que leur voisin aurait tué sa femme, puis l'aurait découpée en morceaux devant les fenêtres ouvertes d'une trentaine d'appartements.
Mais leur délire d'interprétation n'a pas pour seule conséquence de conduire à accuser un innocent. Il détourne l'attention d'un autre meurtre - bien réel celui-là - qui est commis devant les spectateurs à leur insu et mérite l'ouverture d'une enquête. -
Survivance des lucioles
Georges Didi-Huberman
- Éditions de Minuit
- Paradoxe
- 8 Octobre 2009
- 9782707320988
Dante a, autrefois, imaginé qu'au creux de l'Enfer, dans la fosse des " conseillers perfides ", s'agitent les petites lumières (lucciole) des âmes mauvaises, bien loin de la grande et unique lumière (lute) promise au Paradis. Il semble bien que l'histoire moderne ait inversé ce rapport : les " conseillers perfides " s'agitent triomphalement sous les faisceaux de la grande lumière (télévisuelle, par exemple), tandis que les peuples sans pouvoir errent dans l'obscurité, telles des lucioles. Pier Paolo Pasolini a pensé ce rapport entre les puissantes lumières du pouvoir et les lueurs survivantes des contre-pouvoirs. Mais il a fini par désespérer de cette résistance dans un texte fameux de 1975 sur la disparition des lucioles. Plus récemment, Giorgio Agamben a donné les assises philosophiques de ce pessimisme politique, depuis ses textes sur la " destruction de l'expérience " jusqu'à ses analyses du " règne " et de la " gloire ". On conteste ici ce pronostic sans recours pour notre " malaise dans la culture ". Les lucioles n'ont disparu qu'à la vue de ceux qui ne sont plus à la bonne place pour les voir émettre leurs signaux lumineux. On tente de suivre la leçon de Walter Benjamin, pour qui déclin n'est pas disparition. Il faut " organiser le pessimisme ", disait Benjamin. Et les images - pour peu qu'elles soient rigoureusement et modestement pensées, pensées par exemple comme images-lucioles - ouvrent l'espace pour une telle résistance.
-
La vérité sur "Ils étaient dix"
Pierre Bayard
- Éditions de Minuit
- Paradoxe
- 10 Octobre 2020
- 9782707346797
Aucun lecteur sensé ne peut croire en la solution invraisemblable proposée à la fin du célèbre roman policier Dix petits nègres.
En donnant la parole au véritable assassin, ce livre explique ce qui s'est réellement passé et pourquoi Agatha Christie s'est trompée.
Ce livre est paru en 2019 sous le titre La Vérité sur "Dix petits nègres". -
Faits d'affects Tome 1 : Brouillards de peines et de désirs
Georges Didi-Huberman
- Éditions de Minuit
- Paradoxe
- 2 Février 2023
- 9782707348159
Affects, émotions ou passions forment quelque chose comme nos indéfectibles milieux de vie : des atmosphères en mouvement. C'est l'air que nous respirons, que nous traversons, qui nous traverse de ses turbulences. Ainsi marchons-nous dans l'affect, de jour comme de nuit. L'aube même de la littérature européenne ne fut d'abord que parole donnée à l'affect : c'est quand Homère commença l'Iliade sur la nécessité de chanter une émotion de colère. On y voyait aussi Achille, accablé par la mort de son ami, pris dans un « noir nuage de douleur » : s'allongeant alors dans la cendre et la poussière, comme pour se fondre dans le brouillard de peine qui venait juste de l'envahir.
Ce livre est une traversée ou, plutôt, un vagabondage dans la multiplicité des « faits d'affects ». Dans leurs théories, pour lesquelles il aura fallu convoquer de l'anthropologie et de la phénoménologie, de la psychanalyse et de l'esthétique... Il y fallait aussi des images (de Caravage ou Friedrich à Rodin ou Lucio Fontana) puisque les affects s'y « précipitent » souvent. Non moins que des poèmes (de Novalis ou Leopardi à Marina Tsvétaïeva ou Henri Michaux) qui savent en rephraser l'intensité, et des chroniques (de Saint-Simon ou Marcel Proust à Clarice Lispector) qui savent en raconter le devenir. Enfin il y fallait des gestes puisque nos peines et nos désirs s'expriment sans fin dans nos corps, nos visages ou nos mains par exemple.
Affects, émotions, passions : forces ou faiblesses ? Spinoza, Nietzsche et Freud - qui osa écrire que « l'état émotif est toujours justifié » - en ont établi la puissance en dépit de l'impouvoir même où nous nous trouvons lorsque nous sommes émus. Mais de quel genre de puissance s'agit-il ? Comment se déploie-t-elle ? Où situer sa fécondité ? Quelles transformations produit-elle dans l'économie de nos sens (sensibilité) comme dans l'organisation même du sens (signifiance) ? -
Même s'ils n'ont pas lu le chef-d'oeuvre d'Agatha Christie, Le meurtre de Roger Ackroyd, de nombreux lecteurs, surtout parmi les amateurs de romans policiers, connaissent le procédé qui l'a rendu célèbre et croient pouvoir affirmer : l'assassin est le narrateur.
Mais est-ce si sûr ? Comment se fier à un texte où les contradictions abondent et qui s'organise autour d'un récit unique, celui du prétendu criminel ? Et qui peut dire qu'Hercule Poirot, dans son euphorie interprétative, ne s'est pas lourdement trompé, laissant le coupable impuni ?
Roman policier sur un roman policier, cet essai, tout en reprenant minutieusement l'enquête et en démasquant le véritable assassin, s'inspire de l'oeuvre d'Agatha Christie pour réfléchir, avec l'aide de la psychanalyse, sur ce qui constitue la limite et le risque de toute lecture : le délire d'interprétation. -
C'est le simple " récit-photo " d'une déambulation à Auschwitz-Birkenau en juin 2011. C'est la tentative d'interroger quelques lambeaux du présent qu'il fallait photographier pour voir ce qui se trouvait sous les yeux, ce qui survit dans la mémoire, mais aussi quelque chose que met en oeuvre le désir, le désir de n'en pas rester au deuil accablé du lieu. C'est un moment d'archéologie personnelle, une archéologie du présent pour faire lever la nécessité interne de cette déambulation. C'est un geste pour retourner sur les lieux du crématoire V où furent prises, par les membres du Sonderkommando en août 1944, quatre photographies encore discutées aujourd'hui. C'est la nécessité d'écrire - donc de réinterroger encore - chacune de ces fragiles décisions de regard.
-
L'affaire du chien des Baskerville
Pierre Bayard
- Éditions de Minuit
- Paradoxe
- 10 Janvier 2008
- 9782707320216
Les personnages littéraires ne sont pas, comme on le croit trop souvent, des êtres de papier, mais des créatures vivantes, qui mènent une existence autonome à l"intérieur des textes et vont jusqu'à commettre des meurtres à l'insu de l'auteur.
Faute de l'avoir compris, Conan Doyle a laissé Sherlock Holmes se tromper dans sa plus célèbre enquête, Le Chien des Baskerville, et accuser à tort un malheureux animal, permettant au véritable assassin d'échapper à la justice. Ce livre rétablit la vérité. -
Ce qui nous soulève Tome 1 : Désirer désobéir
Georges Didi-Huberman
- Éditions de Minuit
- Paradoxe
- 7 Mars 2019
- 9782707345226
« Nous avions beaucoup enduré et puis, un jour, nous nous sommes dit que cela ne pouvait plus durer. Nous avions trop longtemps baissé les bras. À nouveau cependant - comme nous avions pu le faire à l'occasion, comme d'autres si souvent l'avaient fait avant nous - nous élevons nos bras au-dessus de nos épaules encore fourbies par l'aliénation, courbées par la douleur, par l'injustice, par l'accablement qui régnaient jusque-là. C'est alors que nous nous relevons : nous projetons nos bras en l'air, en avant. Nous relevons la tête. Nous retrouvons la libre puissance de regarder en face. Nous ouvrons, nous rouvrons la bouche. Nous crions, nous chantons notre désir. Avec nos amis nous discutons de comment faire, nous réfléchissons, nous imaginons, nous avançons, nous agissons, nous inventons. Nous nous sommes soulevés. »
Ce livre est un essai de phénoménologie et d'anthropologie - voire une poétique - des gestes de soulèvement. Il interroge les corps avec la psyché à travers le lien profond, paradoxal, dialectique, qui s'instaure entre le désir et la mémoire. Comme il y a « ce qui nous regarde » par- delà « ce que nous croyons voir », il y aurait peut-être « ce qui nous soulève » par-delà « ce que nous croyons être ». C'est une question posée en amont - ou en dedans - de nos opinions ou actions partisanes : question posée, donc, aux gestes et aux imaginations politiques. Question posée à la puissance de se soulever, même lorsque le pouvoir n'est pas en vue. Cette puissance est indestructible comme le désir lui-même. C'est une puissance de désobéir. Elle est si inventive qu'elle mérite une attention tout à la fois précise (parce que le singulier, en l'espèce, nous dit plus que l'universel) et erratique (parce que les soulèvements surgissent en des temps, en des lieux et à des échelles où on ne les attendait pas). -
- Comment une autre langue se crée dans la langue, de telle manière que le langage tout entier tende vers sa limite ou son propre " dehors " ? - Comment la possibilité de la psychose et la réalité du délire s'inscrivent dans ce parcours ? - Comment le dehors du langage est fait de visions et d'auditions non-langagières, mais que seul le langage rend possibles ? - Pourquoi les écrivains sont dès lors, à travers les mots, des coloristes et des musiciens ?
-
Ce qui nous soulève Tome 2 : Imaginer recommencer
Georges Didi-Huberman
- Éditions de Minuit
- Paradoxe
- 7 Octobre 2021
- 9782707346995
De quoi procèdent nos gestes de soulèvement ? D'une certaine puissance à en finir avec quelque chose. Mais, aussi, à imaginer que quelque chose d'autre est en train de recommencer. Ce livre propose les éléments d'une anthropologie de l'imagination politique dont on s'apercevra, très vite, qu'elle ne va pas sans une philosophie du temps et de l'histoire.
À la structure tous azimuts du premier volume de cette enquête répond ici un propos concentré sur le moment politique, intellectuel et artistique lié au soulèvement spartakiste de 1918-1919 en Allemagne. Que se passe-t-il lorsqu'une révolution, ayant chez beaucoup fait lever l'espoir, se trouve écrasée dans le sang ? Que reste-t-il de cet espoir ? On découvre qu'à partir du Malgré tout ! lancé par Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg à la veille de leur assassinat, c'est toute la pensée moderne du temps et de l'histoire qui se sera trouvée remise en chantier, « recommencée » : notamment par Ernst Bloch et Walter Benjamin, les deux personnages principaux de ce livre (qui s'opposèrent à la pensée du temps mise en place, à la même époque, par Martin Heidegger).
C'est toute une constellation qui gravite ici autour de Bloch et de Benjamin. Elle compte des penseurs tels que Hannah Arendt ou Theodor Adorno, Martin Buber ou Gershom Scholem ; mais aussi des écrivains tels que Franz Kafka ou Kurt Tucholsky ; des dramaturges tels que Bertolt Brecht ou Erwin Piscator ; des artistes visuels tels que George Grosz ou John Heartfield, Käthe Kollwitz ou Willy Römer.
La leçon que nous proposent ces survivants d'une « révolution trahie » est considérable. Elle innerve toute la pensée contemporaine à travers le prisme de l'imagination politique. Elle nous incite à repenser l'utopie à l'aune d'un certain rapport entre désir et mémoire : ce que Bloch nommait des images-désirs et Benjamin des images dialectiques. Elle nous aide, ce faisant, à ouvrir la porte et à faire le pas. -
L'image survivante ; histoire de l'art et temps des fantômes selon Aby Warburg
Georges Didi-Huberman
- Éditions de Minuit
- Paradoxe
- 25 Janvier 2002
- 9782707317728
Comprendre une image ? l'expérience nous enseigne qu'il faut se mettre, en la regardant, à l'écoute de sa teneur temporelle, cette polyrythmie dont elle est toute tissée.
Or, les modèles historiques standard - passé et présent, ancien et nouveau, obsolescences et renaissances, moderne et postmoderne - échouent à décrire cette complexité. prolongeant une enquête sur l'anachronisme menée dans devant le temps, ce livre propose de redonner valeur d'usage à une notion délaissée par les sciences historiques : la survivance. façon d'interroger, au coeur même de leur histoire, la mémoire à l'oeuvre dans les images de la culture.
C'est aby warburg (1866-1929) qui, le premier, fit de la survivance (nachleben) le motif central de son approche anthropologique de l'art occidental : elle est ici étudiée dans sa logique, dans ses sources et dans ses résonances philosophiques, qui vont de l'historicité selon burckhardt à l'inconscient selon freud en passant par les survivals selon tylor, l'éternel retour selon nietzsche, la mémoire biologique selon darwin, la morphologie selon goethe, l'empathie selon vischer, la phénoménologie du temps psychique selon binswanger.
Cette multiplicité d'approches était bien la seule voie possible pour décrire la paradoxale " vie " (leben) des images. par une telle démarche heuristique - c'est-à-dire jamais dogmatique -, warburg nous introduit aux paradoxes constitutifs de l'image elle-même : sa nature de fantôme et sa capacité de revenance, de hantise ; son pouvoir de transmettre le pathos dans une chorégraphie de gestes fondamentaux, que théorise le concept, crucial, de pathosformel ; sa structure de symptôme oú se mêlent latences et crises, mémoire et désir, répétitions et différences, refoulements et après-coups.
L'image s'y révèle comme le théâtre intense de temps hétérogènes qui prennent corps ensemble. de tout cela naît un savoir nouveau. c'est une connaissance par le montage que le dernier projet de warburg, mnemosyne, met en oeuvre de façon si étonnamment actuelle. walter benjamin a posé qu'une histoire de la culture ne va pas sans la mise au jour d'un " inconscient de la vision ". aby warburg avait compris qu'une telle mise au jour n'est possible qu'à interroger cet " inconscient du temps " qu'est la survivance.
-
Voir une image, cela peut-il nous aider à mieux savoir notre histoire ?
En août 1944, les membres du Sonderkommando d'Auschwitz-Birkenau réussirent à photographier clandestinement le processus d'extermination au coeur duquel ils se trouvaient prisonniers. Quatre photographies nous restent de ce moment. On tente ici d'en retracer les péripéties, d'en produire une phénoménologie, d'en saisir la nécessité hier comme aujourd'hui. Cette analyse suppose un questionnement des conditions dans lesquelles une source visuelle peut être utilisée par la discipline historique. Elle débouche, également, sur une critique philosophique de l'inimaginable dont cette histoire, la Shoah, se trouve souvent qualifiée. On tente donc de mesurer la part d'imaginable que l'expérience des camps suscite malgré tout, afin de mieux comprendre la valeur, aussi nécessaire que lacunaire, des images dans l'histoire. Il s'agit de comprendre ce que malgré tout veut dire en un tel contexte.
Cette position ayant fait l'objet d'une polémique, on répond, dans une seconde partie, aux objections afin de prolonger et d'approfondir l'argument lui-même. On précise le double régime de l'image selon la valeur d'usage où on a choisi de la placer. On réfute que l'image soit toute. On observe comment elle peut toucher au réel malgré tout, et déchirer ainsi les écrans du fétichisme. On pose la question des images d'archives et de leur "lisibilité". On analyse la valeur de connaissance que prend le montage, notamment dans Shoah de Claude Lanzmann et Histoire(s) du cinéma de Jean-Luc Godard. On distingue la ressemblance du semblant (comme fausseté) et de l'assimilation (comme identité). On interroge la notion de " rédemption par l'image " chez Walter Benjamin et Siegfried Kracauer. On redécouvre avec Hannah Arendt la place de l'imagination dans la question éthique. Et l'on réinterprète notre malaise dans la culture sous l'angle de l'image à l'époque de l'imagination déchirée.
-
Aucun texte littéraire n'a probablement suscité autant de lectures et interprétations qu'Hamlet et n'a à ce point fasciné les critiques, qui n'ont cessé de débattre des ambiguïtés et des contradictions de la pièce, dont les principales concernent les circonstances dans lesquelles est mort le père du héros.
Mais tous ces auteurs parlent-ils bien du même texte ? Ce dont témoigne Hamlet, en raison du nombre de ses commentaires, est de la difficulté, dans l'échange littéraire, à éviter le dialogue de sourds. Il est en effet impossible, quand nous discutons d'une oeuvre, de sélectionner des passages identiques, de les percevoir à travers des théories semblables, d'inventer des questions qui ne soient pas marquées par une époque et par la personnalité de celui qui les pose. Bref, de parler de la même chose que les autres lecteurs.
Trouver la solution à ce problème du dialogue de sourds est pourtant un passage obligé si vous voulons reprendre l'enquête inachevée sur la mort du père d'Hamlet. Et tenter, en reconstituant ce qui s'est passé il y a cinq siècles à Elseneur, de résoudre l'une des plus vieilles énigmes de la littérature mondiale. -
Comment parler des faits qui ne se sont pas produits ?
Pierre Bayard
- Éditions de Minuit
- Paradoxe
- 5 Novembre 2020
- 9782707346520
On ne cesse de critiquer les informations fausses, en méconnaissant tout ce qu'elles apportent à notre vie privée et collective. Elles ne sont pas seulement, en effet, source de bien-être psychologique, elles stimulent la curiosité et l'imagination, ouvrant ainsi la voie à la création littéraire comme aux découvertes scientifiques.
Ce livre prend leur défense.