Lorsque l'arbre au bois étonnant tombe sous l'orage, l'homme pauvre et généreux décide d'en faire un pantin. Pinocchio est né. Mais c'est un enfant naïf et cruel, qui rêve d'une vie de prince. Après Cendrillon (Babel n° 1182) et Le Petit Chaperon rouge (Babel n° 1246), Joël Pommerat revisite cet autre conte populaire et soulève les questions de la paternité, de la pauvreté et de la liberté.
Avec cette édition de Lucrèce Borgia, nous disposons d'un véritable journal de la création où s'inscrivent les traces d'un travail mené en commun par le metteur en scène Antoine Vitez, son assistant Eloi Recoing et le scénographe Yannis Kokkos.
Cette partition à plusieurs mains - où la main dit sa présence par l'écriture, l'oeil également par les croquis ici reproduits - tisse de façon continue la doublure du texte. Quant au lecteur, il garde totale liberté de lire selon son mode, successif ou simultané.
Commentaire dramaturgique d'Antoine Vitez, Yannis Kokkos et Eloi Recoing.
1958. Une petite fille raconte. Elle est arrachée au pays où elle est née, l'Algérie. Exilée avec sa famille en métropole, dans une ville de la façade atlantique, elle découvre qu'ils ne sont que des "à moitié". Quand seront-ils entiers ?
"Nous, où qu'on aille, on a toujours l'air de rétablir le campement. (.) On s'assoit sur des serviettes éponge de toilette, maladroitement. On ne sait pas prendre nos aises. Dans nos corps resserrés par des générations de l'exil répété, nous savons le peu d'espace qu'on nous laisse. Encore en prenons-nous moins. Habitués à nous faire oublier. Nous ne savons pas vivre comme les autres. Toujours trop ou trop peu." 1958. Une petite fille raconte. Elle est arrachée au pays où elle est née, l'Algérie. Exilée avec sa famille - le père, la mère, un frère et deux soeurs - en métropole, dans une ville de la façade atlantique qu'elle n'a pas choisie, elle découvre qu'avec un papa arabe et une maman blonde ils ne sont que des "à moitié". Quand seront-ils entiers ?