À partir de 1933, le philologue allemand Victor Klemperer tient un journal dans lequel il consigne toutes les manipulations du IIIe Reich sur la langue et la culture de son pays. Offrant un décryptage inédit de la novlangue nazie qu'il baptise LTI : Lingua Tertii Imperii, ses notes montrent comment le totalitarisme et l'antisémitisme s'insinuent dans le langage courant et s'inscrivent au plus intime de chacun. Par l'adoption mécanique et inconsciente de l'idéologie que véhiculent les mots, les expressions et les formes syntaxiques, cette langue de propagande agit comme un poison. LTI est plus qu'un acte de résistance et de survie, c'est un classique et une référence pour toute réflexion sur le langage totalitaire. Fils de rabbin,Victor Klemperer (1881-1960) fut professeur de philologie et de littérature française avant d'être destitué en 1935 pour être affecté à un travail de manoeuvre dans une usine. Il échappa de justesse à la déportation, puis à la mort lors du bombardement de Dresde. Après la guerre, il redevint professeur d'université dans la nouvelle RDA.
« J'ai promis de donner le récit de nos pérégrinations durant le mois qui s'est écoulé entre le 3 avril [1945], jour où nous avons été extraits du camp de Buchenwald, ma femme et moi, et le 4 mai, jour où, de notre fenêtre, dans un hôtel perdu du Tyrol italien, sur le revers des Dolomites, nous avons aperçu pour la première fois les casques américains. » Alors que le IIIe Reich a fait d'eux des otages, Jeanne et Léon Blum assistent en témoins de premier plan à la débâcle du régime nazi. Forcé de suivre le repli de l'armée allemande, le couple découvre Flossenburg puis Dachau, et prend la pleine mesure de l'horreur des camps. Entre la libération et la liquidation, deux destins suspendus qu'on mène d'une prison à une autre, et qui n'ont qu'une seule peur : plus que d'être exécutés, celle d'être séparés.Figure politique majeure du XXe siècle, Léon Blum (1872-1950) refusa de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain en 1940 et fut emprisonné en France puis déporté à Buchenwald. Une anthologie de ses textes politiques, Pour la République. 1934-1948, est également parue dans la même collection.
Pascal Ory est l auteur d une cinquantaine d ouvrages portant sur l histoire culturelle et politique contemporaine. Il a édité Du mariage de Léon Blum (Bouquins) et préfacé de celui-ci Souvenirs sur l Affaire (Gallimard).
Au coeur de l'islam, comme des autres religions de l'humanité, il existe une voie d'éveil, un chemin conduisant à une conscience toujours plus subtile du secret de l'existence. Ainsi l'islam n'est pas que « loi de Dieu », il est aussi ouverture du coeur à la vision d'Allh, la Réalité une et infinie. Mais cette dimension intérieure reste largement méconnue, y compris des musulmans eux-mêmes, et ce malgré l'écho qu'en donne le soufisme, qui est historiquement la voie initiatique par excellence de l'islam.Abdennour Bidar nous présente cette voie de libération du regard à travers les cinq piliers fondamentaux de l'islam auquel tout musulman dans le monde se réfère : le témoignage de foi, la prière, l'aumône, le jeûne et le pèlerinage. Pour chacun de ces piliers, il nous invite à découvrir, à méditer et à vivre sa signification symbolique et initiatique.
En juillet 2020, le président de la République Emmanuel Macron a commandé à Benjamin Stora un rapport sur « la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie » et sur les moyens de « favoriser la réconciliation entre les deux peuples ». Ce rapport aborde en toute franchise les sujets les plus douloureux (tortures, exactions, camps d'internement, sort des pieds-noirs, des harkis, des appelés, des Algériens...) sans oublier la question de fond, la nature de la colonisation.Reproduit dans son intégralité, le « rapport Stora » est ici assorti d'une nouvelle introduction dans laquelle l'auteur rappelle les conditions complexes de sa rédaction, les réactions contrastées qu'il a provoquées, mais surtout la mise en oeuvre de plus de la moitié des vingt-deux « préconisations » qu'il avait alors faites en conclusion de son travail.Benjamin Stora, historien, professeur des universités et Inspecteur Général de l'Éducation nationale, a publié de très nombreux ouvrages sur la colonisation, les Juifs d'Afrique du Nord, la guerre d'Algérie, l'immigration maghrébine en France...
« Quand la République est menacée, le mot de républicain change de sens. Il reprend sa vieille signification, historique et héroïque. Les républicains ne sont plus ceux qui acceptent les institutions et s'en accommodent tant qu'elles durent. Ce sont ceux qui considèrent les libertés républicaines [...] comme une condition vitale, et qui sont résolus à tous les sacrifices pour les préserver. » Du Front populaire aux débuts de la IVe République en passant par la dénonciation du régime de Vichy, Léon Blum a mené un combat sans relâche pour la défense de la République, indissociable de ses convictions socialistes. À travers une sélection de textes et de discours, cette anthologie éclaire une période décisive de notre Histoire, et dessine en creux le portrait d'un homme de lettres et d'engagement dont l'héritage résonne encore aujourd'hui.Associé dans toutes les mémoires au Front populaire, Léon Blum est resté jusqu à la fin de sa vie un acteur incontournable de la scène politique. Le récit de sa libération en 1945, Le Dernier Mois, est également paru dans la même collection.
Virgile Cirefice, maître de conférences en histoire contemporaine à l université de Limoges, est spécialiste d histoire politique.
Au lendemain des exterminations nazies dans une Europe pourtant évangélisée depuis plus de quinze siècles, le philosophe Emmanuel Levinas se tourne vers les textes bibliques et rabbiniques, et sonde la tension en l'homme entre l'exigence de liberté et le désir de transcendance. Difficile liberté, en effet, qui ne peut passer à côté du visage de l'autre, lequel l'interpelle sans cesse : « Tu ne tueras point ». Cette primauté de la conscience morale est ici déclinée en une suite d'articles et de courts essais sur les sujets les plus divers, aussi accessibles que fondateurs, et toujours inscrits dans le double héritage philosophique issu d'Athènes et de Jérusalem.Emmanuel Levinas (1905-1995) a été l'un des premiers à introduire en France la pensée de Husserl et celle de Heidegger. Il a notamment construit une oeuvre réintroduisant la pensée juive dans le discours philosophique. Parmi ses nombreux ouvrages : Altérité et transcendance, Entre nous. Essais sur le penser-à-l'autre et Totalité et infini. Essai sur l'extériorité.
D.T. Suzuki (1870 - 1966) a consacré sa vie à l'étude du Zen. Universitaire de renommée internationale, il a entretenu un dialogue fécond avec les plus grands philosophes, et a largement contribué à la diffusion de la pensée zen dans le monde occidental du XXe siècle. Les Essais sur le Bouddhisme Zen, aujourd'hui des classiques, constituent le coeur de son oeuvre.
Suzuki y présente la voie du Zen comme une discipline de l'être tout entier consistant à se libérer des jougs qui nous maintiennent dans l'illusion. Apprendre à maîtriser les énergies du corps et à dépasser les cadres mentaux qui nous empêchent de vivre pleinement l'instant, tel est le chemin du Zen vers la liberté intérieure.
Rassemblée pour la première fois en un seul volume, cette fresque encyclopédique demeure l'ouvrage de référence sur une tradition qui a structuré historiquement la civilisation japonaise, et qui a bouleversé depuis quelques décennies notre vision du monde.
Depuis son maître-livre Le Symbolisme du corps humain, Annick de Souzenelle a toujours placé le Christ au centre de son oeuvre : son décryptage des grands textes de la Bible, comme sa vision du corps de l'homme, de la souffrance, du cheminement spirituel auquel tous sont appelés, ont toujours été inspirées et alimentées par une foi orthodoxe fervente, puisant aux racines hébraïques du christianisme.
Mais elle ne nous avait encore jamais offert un ouvrage intégralement dédié aux Evangiles. Trente ans après Alliance de feu, sa monumentale lecture du livre de la Genèse, elle nous livre ici une interprétation très originale de la vie et des paroles de Jésus, revisitées à travers le prisme de la langue hébraïque et de sa symbolique.
En choisissant de se concentrer sur la thématique des guérisons miraculeuses (l'aveugle, le paralytique, la fille de Jaïre, le possédé, etc., jusqu'à la résurrection de Lazare), Annick de Souzenelle nous invite à comprendre la racine de nos maux intérieurs. Profondément ancrée dans la Tradition, mais mue aussi par une sagesse visionnaire, elle nous montre comment nous pouvons, en nous reliant à la transcendance, apporter un remède à notre monde malade.
L'un des traits marquants de notre époque est incontestablement la prise de conscience d'elle-même opérée par la femme. Toutefois, ce processus aboutit trop souvent à des impasses, faute de prémisses psychologiques satisfaisantes, autrement dit, de réalisme fondé sur le discernement qu'offre la psychologie des profondeurs.
Marie-Louise von Franz, collaboratrice de C. G. Jung durant trente ans, auteur notamment de La Légende du Graal et de Rêves d'hier et d'aujourd'hui (Albin Michel), s'est donc attachée à mettre en lumière les facettes variées de l'âme féminine en puisant dans ce réservoir de symboles de l'âme collective que sont les contes de fées. Son expérience de femme et de thérapeute à l'écoute de l'inconscient lui a permis d'en dégager de riches enseignements.
Témoin de l'emprise ténébreuse des idéologies qui ont présidé à tant de tragédies de ce siècle, Emmanuel Lévinas appelle à un éveil et à un dégrisement éthiques indissociables de la tâche de penser la priorité de l'autre. Pour lui, la philosophie ne peut trouver le chemin de cette orientation ultime sans se rendre attentive à la source hébraïque de la pensée. Une tension entre le mode grec de réflexion et la fidélité à la voix des prophètes anime donc son oeuvre. Ce livre montre comment elle autorise un bouleversement des concepts destinés à dire l'humain autrement.
À l'instar de Freud, Jung a toujours considéré le rêve comme la « voie royale d'accès à l'inconscient ». Mais, héritier de la tradition néoplatonicienne, de la théologie mystique et de la philosophie romantique allemande, il envisage l'inconscient d'une manière différente : le rêve ne demande pas à être décrypté pour faire venir au jour son sens caché ; selon la formule du Talmud, il est son propre commentaire - et son interprétation consiste à en découvrir le sens interne. Les rêves invitent ainsi à un travail de comparaison avec des motifs folkloriques, mythologiques ou religieux, des formations symboliques telles que les révèlent l'ethnologie et l'anthropologie.Dans ce séminaire de 1928-1930, à partir de multiples exemples soumis à la discussion avec les participants, dans un style direct et remarquablement vivant, Jung formule sa théorie du rêve.
En exploitant les quelques dix mille affaires de cloches que le XIXe siècle nous a laissées, Alain Corbin découvre à quel point ces sources insolites sont au centre de tout un ordre symbolique. La cloche préside au rythme de la vie rurale, oriente son espace. La sonnerie constitue un langage, fonde un système de communication et accompagne des modes oubliés de relations entre les individus, entre les vivants et les morts. Enfin, qu'il s'agisse de traduire la liesse, la menace du feu ou du sang, la terreur des épidémies, il n'est pas de profonde émotion collective qui n'implique un recours à la cloche. Aussi, maîtriser l'usage de la sonnerie constitue un enjeu majeur dans le déroulement des luttes de pouvoir qui agitent les microcosmes campagnards.L'historien, dans cet ouvrage brillant, se tient à l'écoute des hommes du passé, en vue de détecter et non de décréter les passions qui les animaient et de comprendre un monde récemment disparu.Alain Corbin est un des plus grands historiens français vivant. Pionnier de l'histoire des représentations, des sensibilités et du corps, il est l'auteur de plusieurs livres à succès. Sont notamment parus aux éditions Albin Michel, Histoire du silence, Paroles de Français anonymes et Terra incognita. Un ouvrage saisissant. Famille chrétienne Un essai magistral. La Croix
Dans ce deuxième volet de la trilogie qu'il consacre à l'Homo faber, Richard Sennett se fait tour à tour historien, sociologue, philosophe ou anthropologue pour étudier cet atout social particulier qu'est la coopération, soit les liens entre les individus. «La coopération, nous dit-il, c'est agir avec quelqu'un qu'on ne connaît pas, avec lequel il y a des dissonances, des frictions, mais avec lequel on peut néanmoins faire des choses; c'est un moyen d'interaction qui existe en dépit de la solidarité; c'est multiplier des liens sociaux, plus informels et plus libres.»De la coordination des tâches dans l'atelier de l'imprimeur aux répétitions d'un orchestre, Richard Sennett nous fait découvrir de nombreuses expériences de communauté et d'actions collectives qui proposent une vision critique des sociétés capitalistes contemporaines et des pistes de réflexion pour en améliorer le fonctionnement.La richesse des références, l'originalité des points de vue, la liberté du style font d'Ensemble un livre singulier et engagé.Et si, pour aller mieux, il suffisait d'accepter que nous sommes dépendants les uns des autres ?Richard Sennett est une des figures les plus originales de la critique sociale aujourd'hui. On lira de lui aux Éditions Albin Michel, Le Travail sans qualité, Respect, La Culture du nouveau capitalisme, Ce que sait la main et Bâtir et Habiter.
« Yin-Yang » est le nom donné en chinois au fonctionnement de tout le vivant. Cette unité changeante, ce mouvement incessant, cette danse de tout l'univers se dit en un seul mot. Or, en français comme dans toutes les langues occidentales, « Yin » et « Yang » sont deux termes différents. Voilà où commence le quiproquo.À travers mille exemples concrets, Cyrille J.-D. Javary nous livre cette clé essentielle pour comprendre l'esprit chinois : « Yin » n'est pas plus une entité que « Yang », ils n'ont pas d'existence propre. Car l'hiver n'est pas « l'hiver », mais ce qui deviendra l'été, avant de redevenir hiver... Chacun est le futur et le passé de l'autre, sans qu'on puisse leur attribuer une substance, une quelconque fixité.S'il heurte toutes nos habitudes de pensée, ce genre d'énoncés peut nous conduire à une compréhension plus subtile du monde, et nous aider à mieux aborder les problèmes que nous rencontrons. Écrivain et conférencier, formateur en entreprise, Cyrille J.-D. Javary est un « passeur d'Asie ». Sa passion est née du Yi Jing, dont il a publié une traduction aux éditions Albin Michel et où sont notamment parus Le Discours de la tortue, 100 Mots pour comprendre les Chinois et Les Trois Sagesses chinoises.
À l'instar de Freud, Jung a toujours considéré le rêve comme la « voie royale d'accès à l'inconscient ». Mais, héritier de la tradition néoplatonicienne, de la théologie mystique et de la philosophie romantique allemande, il envisage l'inconscient d'une manière différente : le rêve ne demande pas à être décrypté pour faire venir au jour son sens caché ; selon la formule du Talmud, il est son propre commentaire - et son interprétation consiste à en découvrir le sens interne. Dans cette seconde partie du séminaire de 1928-1930, comme dans le premier volume, Jung ne se contente pas de faire la théorie du rêve. À partir de rêves réels, il nous montre d'une façon particulièrement vivante, à travers une discussion suivie avec les participants du séminaire, comment se pratique la lecture symbolique des rêves.
Sur la question du transfert comme sur tant d'autres, Jung avait conscience d'avoir mené à son terme la recherche entreprise par Freud. Pour mettre au jour la dimension transpersonnelle de l'échange thérapeutique, il recourt au symbolisme alchimique. À travers la rencontre de deux individus, il montre la mise en présence, à des niveaux divers, de deux archétypes, « le roi et la reine », l'homme et la femme en tant que principes. S'appuyant sur les figures du Rosaire des philosophes, un traité publié en 1550, il décrit les phases dramatiques conduisant aux « noces royales » en les mettant en parallèle avec les différentes phases de la cure thérapeutique. La mort et la résurrection des deux partenaires donnant alors naissance au « fils des sages » ou androgyne, où s'unifient le masculin et le féminin.Cet ouvrage servira de guide à quiconque est appelé à plonger, par le dialogue, dans « le feu secret des sages », nom de l'amour transformant, créateur de l'hermaphrodite, l'un des mille noms de la totalité psychique, du Soi jungien. Carl Gustav Jung (1875-1961) est le fondateur de la psychologie analytique. Les éditions Albin Michel ont publié la plupart de ses oeuvres, dont dans la même collection, Aiôn, L'Âme et le Soi, L'Analyse des rêves (2 tomes).
Le judaïsme mêle doctrine et rite dans la pratique pour aboutir à un mode de vie spécifique qui ne se restreint pas à ce qui est généralement considéré comme du domaine du sacré. Ainsi, l'existence quotidienne s'intègre dans le système religieux à des fins de sanctification totale de l'individu.
C'est grâce à une rigoureuse observance religieuse - notamment des lois sabbatiques, matrimoniales et alimentaires - qu'Israël a pu survivre à des siècles de persécutions.
Le corps a un langage par lequel il exprime sa jouissance et ses souffrances, mais il est aussi lui-même un langage en soi, un «livre de chair». Apprendre à lire le corps, c'est être attentif à son dessin, savoir décrypter les formes du labyrinthe anatomique ; c'est aussi entendre ce que nous disent les grands mythes de l'humanité sur la nature et la fonction subtile de chacun des organes ; c'est enfin, nous dit Annick de Souzenelle, redécouvrir l'Arbre des kabbalistes, car si l'homme est « créé à l'image de Dieu », l'image de son corps doit être lue comme le reflet terrestre de cet «Arbre de Vie » dont nous parle la tradition de la Kabbale.
Seize années de travail, et une vie tout entière consacrée à l'étude de l'islam, avaient été nécessaires au professeur Jacques Berque pour proposer un « essai de traduction » du Coran (expression à laquelle il tenait, pour marquer le caractère toujours inachevé de ce travail). À la fois savante et littéraire, cette oeuvre monumentale, témoignant d'une intime familiarité avec le monde arabe et la tradition de l'islam, fut saluée comme un événement pour l'approche de cette culture par le public francophone.Après quatre ans de travail supplémentaires, Jacques Berque améliora son texte en y apportant des centaines de retouches d'après les remarques de lecteurs érudits, et particulièrement celles de cheikhs de l'Islam. Cette édition définitive publiée quelques mois avant sa disparition nous fait redécouvrir le Coran dans le souffle de ses origines, ouvrant les perspectives d'un islam éclairé où foi et raison auraient toutes deux leur place.L'originalité de cette oeuvre est aussi signifiée par l'essai qui suit le texte sacré, que Jacques Berque considérait comme indissociable de la traduction elle-même, et qui nous dit ce que doit être l'acte de lecture d'un tel texte Jacques Berque (1910-1995), titulaire de la chaire d histoire sociale de l Islam contemporain au Collège de France de 1956 à 1981, a été l un des plus grands islamologues français. Il a notamment publié chez Albin Michel Musiques sur le fleuve (1996), Une cause jamais perdue (écrits politiques, 1998) et Relire le Coran (1993).
Dans les années 1960-1970, l'État français encourage l'avortement et la contraception dans les départements d'outre-mer alors même qu'il les interdit et les criminalise en France métropolitaine. Comment expliquer de telles disparités ?
Dès 1945, invoquant la « surpopulation » de ses anciennes colonies, l'État français prône en effet le contrôle des naissances et l'organisation de l'émigration. Partant du cas emblématique de La Réunion où, en juin 1970, des milliers d'avortements et de stérilisations sans consentement pratiqués par des médecins blancs sont rendus publics, Françoise Vergès retrace la politique de gestion du ventre des femmes d'outre-mer, stigmatisées en raison de la couleur de leur peau.
En s'appuyant sur les notions de genre, de race, de classe dans une ère postcoloniale, l'auteure entend faire la lumière sur l'histoire mutilée de ces femmes d'outre-mer, héritage douloureux d'un système esclavagiste, capitaliste et colonialiste encore largement ignoré aujourd'hui.
Qu'est-ce que penser ? Qu'est-ce que la pensée ? Ce que nous évoquons habituellement comme notre chance, cette capacité incomparable qui nous distingue des animaux, George Steiner en interroge les effets sur nos vies et tente de comprendre quelques-unes des raisons qui ancrent nécessairement la tristesse dans le processus de la pensée : doute et frustration, brièveté de l'extrême concentration intellectuelle, rareté de l'invention, énigme de la nature, présence ou absence de Dieu, etc.En explorant ce en quoi, par quoi la pensée peut nous laisser déçus, sombres ou désemparés, George Steiner déploie magistralement toute son étendue et révèle ce qu'elle est, profondément.Critique littéraire hors pair, théoricien de la traduction à laquelle il a consacré l'un de ses chefs-d'oeuvre Après Babel (Albin Michel), comparatiste inégalé des littératures française, allemande et anglo-saxonne, George Steiner (1929-2020) a passé sa vie à mieux nous faire comprendre les grands textes qui, de Sophocle à Kafka, constituent notre culture - pour nous faire sentir sa richesse, mais aussi ses fragilités devant certains périls.
Qu'est-ce qui relie la physique des particules la plus abstraites aux objets de notre vie quotidienne ? Comment penser à la fois les constituants les plus simples de la matière et les organismes vivants les plus sophistiqués, la formation des galaxies et celle des différentes cultures humaines ?En rapprochant les avancées les plus spectaculaires de la physique quantique de celle des particules, de la cosmologie, de la théorie de l'évolution, de la biologie et de la génétique, avec les nouveaux outils informatiques, Murray Gell-Mann montre que l'unité du monde et du vivant repose sur l'interrelation entre la simplicité la plus nue et la complexité la plus extrême. Fascinant par l'étendue des connaissances qu'il livre, ce voyage au coeur de la science contemporaine est aussi le plaidoyer personnel d'un scientifique soucieux de préserver un équilibre entre progrès technologique et respect de l'environnement et de sa diversité.Murray Gell-Mann a reçu Prix Nobel en 1969 pour sa théorie des quarks, particules subatomiques devenues l'une des bases de la physique quantique.
Une stimulante exploration du champ de nos libertés [...] Le MondeJusqu'où ? Jusqu'où laisser les apprentis censeurs d'aujourd'hui définir ce qu'on peut dire et ce qu'il faut taire ? Jusqu'où tolérer que défoulements et protestations envahissent le monde numérique ? Jusqu'où supporter que des extrémistes privatisent les règles de la parole, refusent le débat et installent leur hégémonie ? La parole publique est déjà l'objet d'un rapport de forces, elle sera demain l'enjeu d'un conflit. Le temps des injonctions est révolu, il faut désormais résister.La parole fait mal, change le seuil du tolérable et peut même réduire au silence. Il est donc légitime de la limiter, mais au plus près des délits et sans censure préventive. Bien sûr, on peut tout dire, mais pas n'importe comment et à condition de ne pas vouloir être seul à parler.Le concept moderne de liberté d'expression fut forgé entre le xviie et la fin du xviiie siècle. Les outils numériques, le multiculturalisme, la démocratisation de la parole l'ont rendu peu à peu inadéquat pour régler la parole publique. Fidèle à la tradition libérale, ce livre revient sur l'histoire de la liberté d'expression et en renouvelle le sens, comme la garantie de la plus grande diversité de points de vue.Pour la défendre, une philosophie des limites, des concepts sobres, des moyens inventifs seront plus utiles qu'une croisade. Ne pas se lamenter sur l'état des choses, mais combattre pour ne pas nous retrouver un cadenas sur la bouche et une prothèse dans la tête.Un essai riche et charpenté - L'Express.
Au XVIe siècle, Miyamoto Musashi, samouraï invaincu par une vie de combats, maître ès armes et esprit de nombreux disciples, se retire dans une grotte quelques mois avant sa mort et rédige ce classique de la littérature universelle : Traité des Cinq Roues.
Ce guerrier nous donne en un texte lumineux l'essence des arts martiaux et le secret d'une stratégie victorieuse qui transcende la violence et devient art de vivre et d'agir. Attitude qui explique aujourd'hui les raisons des succès japonais dans tous les domaines.
Une leçon à méditer et à pratiquer : car l'esprit de l'art de l'épée peut s'appliquer à tous les gestes de la vie quotidienne.