Campagne Premiere
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Changer de genre ? Comment le malentendu opère chez les jeunes ... et les moins jeunes
Beryl Koener, Jean-Pierre Lebrun
- Campagne Premiere
- En Question
- 19 Juin 2024
- 9782372060820
Cet ouvrage est le fruit d'une rencontre entre un psychiatre, psychanalyste, et une pédopsychiatre, le premier travaillant depuis plusieurs décennies à identifier les répercussions des mutations sociétales sur l'appareil psychique, la seconde observant quotidiennement dans les demandes de soin en pédopsychiatrie les effets parfois ravageurs de ces mutations.
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Urgence de la psychothérapie institutionnelle
Pierre Delion
- Campagne Premiere
- Lettres
- 6 Décembre 2023
- 9782372060783
La psychiatrie traverse une période terrible à la fois pour les patients et leurs familles et pour les soignants qui les accueillent. Les moyens nécessaires pour ce faire sont dérisoires, les discours des politiques sont accablants de désinvolture et de cynisme, les dérives idéologiques prônant telle ou telle méthode miracle font florès, et la prescription de psychotropes visant à résoudre la souffrance psychique de nos contemporains est en augmentation constante, ainsi que le nombre des contentions et des portes fermées dans les services de psychiatrie. Dans le contexte actuel de renforcement de toutes les attitudes sécuritaires, notamment en psychiatrie, de disqualification des pratiques psychothérapiques, et surtout de celles qui sont directement inspirées de la psychanalyse, l'appel lancé par les acteurs du mouvement de psychothérapie institutionnelle a comme objectif de redonner place à l'assomption d'une position désirante dans le travail des soins psychiques, à la liberté de circulation de la parole et des personnes, à la créativité et à l'invention de costumes thérapeutiques « sur mesure » pour chaque patient, à l'autogestion relative des « outils de production » du soin psychiatrique, en appui sur des pratiques éthiques sous tendues par des théorisations nécessaires pour exercer une psychiatrie sécure. Si les mesures prises pour quelques personnes en délicatesse avec la loi, que leur psychopathologie conduit à de pénibles extrémités, y compris la possibilité d'un acte antisocial, deviennent la position dominante imposée aux acteurs de la psychiatrie, alors ces conditions minimales que la psychothérapie institutionnelle présente comme autant d'outils à développer, n'étant pas réunies, c'est toute la psychiatrie qui deviendra sécuritaire. Nous avons besoin d'une psychiatrie sécure et non d'une psychiatrie sécuritaire. Du fait de la très grande fréquence des maladies mentales, les acteurs de la psychiatrie ne peuvent tolérer que, pour des raisons démagogiques, le cadre de leur exercice soit à nouveau renvoyé, de fait, au modèle asilaire, quand le dispositif de la psychiatrie de secteur fécondé par les méthodes de psychothérapie institutionnelle avait montré ses avancées de façon décisive. Nous ne pouvons accepter une telle régression de la pensée, et devons oeuvrer pour faire comprendre à nos décideurs que l'enfermement est contraire aux grands principes de notre démocratie. Ou alors, le passage à une sorte de pseudodémocratie de type médiatique a fait perdre de vue aux citoyens et à leurs représentants la pertinence de cette phrase mythique : on juge de l'état d'une société à la manière dont elle considère ses prisonniers et ses malades mentaux. La psychothérapie institutionnelle avait montré comment faire pour en améliorer notablement l'art et la manière. Cet ouvrage reprend les principaux concepts (fonction d'accueil, transfert dissocié, concept de réunion, hiérarchie subjectale, double aliénation, rapports complémentaires, constellation transférentielle, fonction phorique) de ce mouvement libérateur de la psychiatrie, aussi bien ceux qui sont issus de la psychopathologie transférentielle que ceux qui s'originent dans le socio-politique. D'où l'urgence pour la psychothérapie institutionnelle de lever à nouveau l'étendard de la résistance à la déconstruction d'une psychiatrie humaine et d'entreprendre la reconquête des équipes qui souhaitent la pratiquer. Les patients, leurs familles et les professionnels engagés dans cette aventure ne pourront se contenter indéfiniment d'une approche vétérinaire (sans paroles intersubjectives) de la souffrance psychique.
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Le meurtre d'Abel par son frère Caïn est le premier homicide rapporté par le récit biblique. Il est aussi le premier fratricide à l'origine de l'Histoire humaine. Qu'est-ce qui aveugle de fureur un frère aîné, Caîn, envers son cadet, Abel, pour qu'il lui écrase la tête à coups de pierre ?
Partant de la violence énigmatique de ce mythe originaire, j'ai voulu interroger la complexité du lien fraternel, a priori celui de l'alliance, de l'amitié et de la solidarité. La fraternité ne contribue-t-elle pas aux valeurs démocratiques de nos idéaux républicains ?
L'histoire des jalousies et des rivalités envieuses n'est-elle pas également constitutive de la relation fraternelle, une histoire de violence passionnelle qu'on rencontre d'ailleurs bien souvent dans les cures analytiques ?
Je suivrai dans ce livre l'arrière-plan obscur de la relation entre frères, depuis les haines passionnelles se transmettant dans les familles, à travers les générations, jusqu'aux affrontements guerriers entre « pays-frères ». Notre actualité politique en Europe nous en fournit tous les jours l'illustration.
Je développerai aussi cette scène de l'affrontement mortel des frères comme le tragique grec nous la donne à voir, combat mortel entre les fils d'oedipe, Etéocle et Polynice, eux que leur père avait condamné à s'entretuer. Je prendrai également en compte la rivalité parfois féroce entre soeurs, surgissant souvent à l'occasion de la naissance d'une puinée, et source d'un sentiment d'exclusion, de rejet et de détresse chez l'aînée.
La haine fratricide traverse chaque génération, chaque communauté, chaque groupe, alimentant le désir de se venger, ce que j'examinerai à partir de l'offense ressentie et du sentiment d'injustice aujourd'hui si puissant dans l'espace sociétal.
Il nous faudra regarder un peu plus loin encore quand la destructivité et la jalousie envieuse entre frères, mais aussi le sentiment d'injustice s'étendent sur le plan collectif aux semblables, en des moments de crise tels que nous les avons connus récemment. Le lien de solidarité qui habituellement réunit et rassemble, s'affaisse. La crise collective désagrège alors le collectif, l'atomise en de multiples narcisses étrangers et ennemis les uns des autres. La panique politique et la discorde civile menacent quand le sentiment d'inégalité, d'injustice, vient offenser l'appartenance à un ensemble et le lien de fraternité qui le constitue.
Dans une autre direction, je propose de m'arrêter sur la question du frère, comme un fil rouge dans l'histoire de Sigmund Freud, aussi bien dans son histoire biographique que dans l'histoire de l'écriture de la psychanalyse . On suivra ce fil rouge à partir de cette « lettre au frère » qui renvoie au « Trouble d'un souvenir devant l'Acropole » (1936), et du souvenir de « L'enfant à la bobine » (1920 ) par lequel Freud retrouve son complexe fraternel. Pour conclure c'est dans ma pratique analytique des adolescents et des jeunes adultes, entre désir parricide et fantasme matricide, que j'ai trouvé la question du frère dans des moments d'incandescence. C'est là où le rôle de la psychanalyse est à penser entre un actuel qui s'impose, le temps du mythe qui fait sans cesse retour, et l'inconnu inconscient qui, en chacun de nous, renvoie aux traces refoulées de l'expérience originaire. C'est précisément ce cheminement que je me suis proposé d'écrire dans ce livre autour du malaise dans la fraternité. Ghyslain Levy. -
Des foules et du populisme : Au regard des affects
Pierre de Senarclens
- Campagne Premiere
- Parcours
- 24 Avril 2024
- 9782372060813
Populisme et affects Les démocraties sont en crise, minées par les mouvements populistes. Les dirigeants de leurs partis prétendent représenter le peuple souverain, en se réclamant d'une conception plébiscitaire de la démocratie, en polémiquant sur les distinctions socioculturelles et le rejet des migrants. Ils investissent avant tout les enjeux émotionnels des affaires publiques. L'originalité de cet essai consiste à situer l'interprétation de leurs revendications de souveraineté nationale dans l'histoire et sous l'égide de l'analyse freudienne des foules et des régressions identitaires que suscitent ces mouvements. Les foules furent à l'origine de la démocratie et leur mobilisation continue de s'imposer contre les régimes répressifs. Et pourtant, ces mouvements se sont aussi imposés comme des phénomènes collectifs difficiles à gérer, sombrant parfois dans l'anarchie et la violence. Freud s'en est inquiété au lendemain de la Grande Guerre, alors que surgissaient les signes annonciateurs de tyrans s'employant à manipuler des masses déboussolées. Les foules favorisent l'esprit moutonnier. Avant de les rejoindre, les individus ne partagent pas toujours les mêmes expériences de vie, ni des idées semblables ou des intérêts convergents. En leur sein, ils clament les mêmes mots d'ordre, répètent les mêmes slogans et manifestent des attitudes identiques, assument parfois la même agressivité. Les foules ont un aspect onirique. Elles suivent un chef ou un groupe de référence, des instances qui peuvent affaiblir le libre choix de leurs participants et les pousser à transgresser les normes et les procédures qui fondent l'ordre démocratique. Cet essai souligne que le cadre interprétatif d'inspiration psychanalytique apporte une contribution significative à la compréhension des dimensions affectives de la scène politique, celles que la démagogie populiste mobilise. Dans Malaise dans la civilisation, Freud explique bien la difficulté que les individus éprouvent à encadrer leur monde pulsionnel, à endiguer leurs passions, à sublimer leur agressivité par des engagements socialement acceptables, notamment par des créations scientifiques ou artistiques. En brisant les codes de civilité, les populistes s'en prennent ainsi aux digues qui contiennent ce monde pulsionnel. Ils rendent tolérables et jouissifs des discours et des manifestations d'agressivité ou des comportements indécents auxquels la vie en société, l'ordre politique en particulier, est censée imposer des bornes. Leur contestation débridée, l'inconsistance de leurs conceptions idéologiques et leur inclination au culte de la personnalité sont une expression de cette réalité. Dans des sociétés réfractaires aux limites, faisant une part démesurée au « culte du moi » et à l'exhibition des affects individuels, la défiance des populistes à l'égard de l'ordre établi trouve une large audience. Les sociétés démocratiques ont toujours été fragiles. Leurs processus de décision politique sont lents, tortueux, parfois incohérents. À plusieurs reprises dans l'histoire, elles ont versé dans la dictature sous les coups de boutoir de foules insensées, idolâtres et manipulées. Elles sont aujourd'hui menacées par la montée en puissance sur la scène internationale de régimes politiques corrompus, répressifs et même totalitaires, mais elles sont également mises en péril de l'intérieur par les débordements d'agressivité et les velléités d'incivisme des mouvements populistes. Les démocraties sont aussi résilientes. Elles sont fondées sur des constitutions, des lois, des procédures juridiques et des systèmes de protection sociale assurant la liberté de pensée, le pluralisme et la créativité intellectuelle. Leurs mécanismes institutionnels restent une protection contre le fantasme d'unité communautaire sous l'emprise d'un chef idéalisé, une illusion que l'on retrouve en embuscade dans toutes les manifestations de fanatisme, celui de la religion et du nationalisme en particulier. En fin de compte, elles sont mieux armées que les régimes autoritaires pour gérer les crises et affronter les défis de l'avenir, parce qu'elles soutiennent les démarches scientifiques et l'empirisme, des engagements qui vont de pair avec l'acception du doute et de la complexité. En faisant quelques concessions à la théorie de la fin de l'histoire, on peut même reconnaître que les représentations politiques et les valeurs de civilisation légitimant les États démocratiques restent indépassables
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Figures criminelles de la perversion féminine
Virginie Tournefier
- Campagne Premiere
- Parcours
- 3 Avril 2024
- 9782372060806
La question de l'existence de la perversion chez la femme a longtemps été controversée -voire niée- malgré les figures manifestes historiquement et cliniquement.
En lui méconnaissant cette part de destructivité, s'agit-il de préserver une image idéalisée de la femme, et de la mère, indemne de toute haine et de toute violence ?
L'enjeu de cet ouvrage est de penser le rapport de la femme à la perversion. C'est une recherche appuyée sur une clinique de psychologue en milieu pénitentiaire auprès de femmes incarcérées pour des faits criminels.
Après avoir exposé les différentes évolutions historiques, sociales et psychiatriques du concept de perversion, ce livre présente différentes figures criminelles et actuelles de la perversion féminine : les violences sexuelles commises par des mères, le sacrifice et le meurtre d'enfant, la séduction leurrante de la femme dite fatale et les cruautés barbares mises en acte par de jeunes adolescentes.
Au-delà du crime au féminin, il est également question des enjeux du discours de ces femmes, de leur position de complice et de leur posture de défi. C'est pourquoi la clinique du transfert et ses impasses dans les cures seront prises en considération afin de penser et d'enrichir les questionnements quant aux dispositifs de soin dans un cadre judiciaire. Enfin, l'hypothèse centrale développée ici est d'entendre la nécessaire constitution d'un fantasme matricide structurant pour le devenir-femme, la haine offrant la possibilité à la fille de se détacher d'une figure maternelle idéalisée mais aliénante. En cas d'échec, cet affect de haine pourrait se déchaîner dans le réel du crime pervers. -
Freud et le féminin : Dora, Sidonie, Hilda et les autres
Sylvie Sesé-Léger
- Campagne Premiere
- Recherche
- 17 Novembre 2021
- 9782372060660
Un portrait vivant du maître viennois Sylvie Sesé-Léger renouvelle ici la lecture des cures féminines de Freud, en mettant l'accent sur la position contre-transférentielle de ce dernier. Sa démarche consiste à mettre en résonnance les textes cliniques de Freud avec les textes des analysantes elles-mêmes, qui ont publié le récit de leur analyse : Dora, Elfriede Hirschfeld, Sidonie Csillag, Anna G. et Hilda Doolittle. L'auteur met ainsi en lumière d'une part combien les vicissitudes affectives de ces femmes ont confronté Freud à l'énigme du féminin tout en fécondant sa doctrine; d'autre part une certaine conception de la cure analytique. Au fil des ans, Freud observe que la relation à l'objet primitif, la mère, est déterminante pour la vie affective et sexuelle féminines, mais il se refusera pourtant à occuper la place maternelle pour ses patientes. Cette rigidité n'est pas sans avoir entraîné une certaine surdité au vécu de ces femmes. En restituant ces échanges sur la scène du transfert, se profilent les portraits vivants du maître viennois et des femmes qui se rendaient au Berggasse 19.
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Une psychanalyste en quête d'auteurs
Simone Wiener
- Campagne Premiere
- Recherche
- 22 Février 2023
- 9782372060738
Bien des auteurs et des personnages de la littérature ont inspiré les psychanalystes, à commencer par Freud et Lacan, dans la théorisation des processus inconscients. Dans ce même fil, Simone Wiener fait ici figurer nombre de ceux qui l'ont accompagnée dans son parcours et sa position d'analyste.
Elle expose comment Aharon Appelfeld, Paul Celan, Georges Perec et Henri Meschonnic permettent de retrouver ce que Lacan nommait « lalangue », par le truchement de la lettre.
Leurs voix, aujourd'hui si reconnues, ouvrent aussi un questionnement sur la parole de femmes prises dans l'aventure de la psychanalyse, comme Sabina Spielrein, Margarete Hilferding ou Elfriede Hirschfeld, et sur la possibilité pour elles d'être entendues, de se faire entendre. S'y découvrent le transfert et ses possibles impasses, à partir desquels Simone Wiener avance l'idée, inspirée de la position de Diotime dans Le Banquet, d'une autre façon, « pas-toute », de mener une cure.
Apparaissent alors à l'auteure d'autres modalités d'élaborations psychiques possibles, liées à l'art, au mythe ou à l'humour, comme ce fut le cas par exemple pour Aby Warburg ou Jean-Michel Basquiat.
Sa rencontre avec Luigi Pirandello endeuillé dans Colloque avec des personnages lui souffle, in fine, l'hypothèse d'un au-delà possible à l'expérience d'une perte réelle : une forme de retournement du regard des absents, qui peut faire transmission.
Cet ouvrage d'une grande finesse est un hommage à ces personnages grâce auxquels il devient possible de « s'autoriser de soi-même et de quelques autres ». -
Christiane Strohl, parcours pastoral, destin d'analyste
Pierre Isenmann, Olivier Arnera
- Campagne Premiere
- 8 Novembre 2023
- 9782372060776
Le livre s'ouvre avec le verbe « Accueillir » et, tout de suite, le ton de ces « Entretiens de Celleneuve » est donné. Accompagné par l'homme de théâtre, Olivier Arnéra, Christiane Strohl entre en scène comme elle ouvrait la porte de son cabinet pour accueillir chacune, chacun, dans son être singulier. De verbe en verbe, le lecteur découvre son "penser" de la psychanalyse, les rencontres essentielles qui en balisent le chemin, entre une naissance « à l'ombre de l'église St Nicolas à Strasbourg » - comme elle aimait à dire - et un dernier souffle rendu à Aix-en-Provence quelques quatre-vingt-dix-huit ans plus tard. Parmi ces rencontres, citons le Dr Lambourne à Cambridge qui lui fait découvrir la psychanalyse. Elle a alors trente ans. Puis le Dr Lacan à Paris dont elle découvre le Séminaire et s'y engage, l'amitié de Jean Oury à La Borde et, en particulier, l'élève direct de Freud, le Dr Sarasin à Bâle. Avec le verbe « Aimer », l'éros de Freud qui « aspire à l'union et à la suppression des frontières spatiales entre moi et l'objet aimé », se concilie avec la poésie du Cantique des Cantiques, un des plus beaux poèmes de la Bible où l'on retrouve un autre de ces grands récits, avec l'histoire de Job repris dans l'approche du verbe « Consoler ». Le choix de certains verbes, têtes de chapitres, pourrait faire penser au retour à ses fonctions pastorales, exercées au sortir de la guerre 1939-45. De manière constante et subtile, Christiane Strohl y maintient son penser de la psychanalyse. Ainsi le verbe « Bénir » reprend l'expression lacanienne d'un « Bien dire », le verbe « Croire » donne tout son sens aux « castrations » qui s'écrivent au pluriel (réelle, imaginaire, symbolique) et ne se traversent que de l'Autre de la parole et du langage. Et si le verbe « Protester » taquine ses références protestantes, elle ne manque pas de souligner, avec Freud, le caractère infantile de bien des convictions exprimées avec tant de fougue. Le long dialogue du verbe « Aimer » déjà cité, sera l'occasion de reprendre le sens de certaines formules proférées par Jacques Lacan, comme la célèbre « il n'y a pas de rapport sexuel », non pour l'annuler mais pour en déployer le sens. Présente au premier de ses Séminaires dont elle complètera quelques séances non publiées, Christiane Strohl retrouve alors toute la vigueur et le tranchant du verbe de Lacan pour parler d'amour. Puis, avec la témérité de l'âge avancé et la solidité d'une formation théologique, elle ose conclure ce verbe en proposant de vivre la rencontre sexuelle comme un « sacrement » : « signe visible d'une dimension invisible ». D'autres formules de ce genre font notre bonheur de lecteur. Celle, par exemple, qui conclut le verbe « Incarner » : « Celui qui n'est pas prêt à conjuguer le verbe souffrir ne devrait pas essayer de conjuguer le verbe aimer. » On l'aura compris, il faut parfois de la patience pour retrouver, à travers les méandres qui font aussi le charme de la conversation, la précision des concepts qui balisent l'histoire de la psychanalyse depuis Freud. Avec la référence, et un attachement particulier aux « Trois essais sur la Théories de la sexualité », à l'occasion du verbe « Parler », Christiane Strohl explore la manière dont la parole peut se perdre dans les pulsions partielles. Pour elle comme pour nous, la pulsion est orale, anale ou urétrale, parfois clitoridienne, scopique (avec le verbe « Voir » qui conclut la série des verbes) mais aussi épistémologique. Le dialogue du verbe « Conjuguer » sera l'occasion de donner une direction toute personnelle à formule fondamentale de Freud : « Wo es war, soll Ich werden », qu'elle traduit par : « Là où il y a ce bouillonnement pulsionnel, cette timidité pulsionnelle, cette gêne pulsionnelle, je suis appelé à me situer comme sujet, dans la rencontre ». Et elle ajoute : « Lacan n'a pas cessé d'essayer de retraduire cette formule avec un génie bien français, pour y revenir souvent. » Et c'est avec le verbe « Restaurer » qu'elle affine sa « boîte à outils »
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Freud et le masculin : au vif du transfert
Sylvie Sesé-Léger
- Campagne Premiere
- Recherche
- 30 Novembre 2022
- 9782372060721
Sylvie Sesé-Léger aborde ici le second volet de sa lecture des cures freudiennes en renouvelant l'approche des cures masculines cette fois. Comme dans Freud et le féminin, elle met en résonance les écrits de Sigmund Freud avec le témoignage de ses patients qui ont publié les souvenirs de leur analyse, en faisant la lumière sur le contre-transfert de l'inventeur de la psychanalyse. Son approche révèle combien Freud se trouve aux prises avec l'inconscient de ces hommes venus entreprendre une analyse avec lui, et revient sur certaines problématiques liées à la sexualité masculine dans la première moitié du XXe siècle. Les analyses de l'Homme aux rats et de l'Homme aux loups ont été à l'origine du corpus doctrinal de la psychanalyse ; celles de Sergeï Pankejeff et de Ernst Lanzer, de notions majeures. Tandis que d'autres patients, Abram Kardiner, Ernst Blum, Smiley Blanton et Joseph Wortis, des élèves venus majoritairement d'Amérique pour recevoir leur formation et être autorisés à exercer la psychanalyse, ont incarné les pièges de l'analyse didactique où l'analysant se soumet au savoir qu'il est censé transmettre. Ce livre expose brillamment la scène transférentielle et ses tumultes, en redonnant vie à ces rencontres qui se déroulaient au 19 Berggasse.
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Au fil de soi : Char, Juarroz, Soulages, Misubayashi
Philippe Porret
- Campagne Premiere
- 27 Avril 2022
- 9782372060684
Si la cure analytique est ce lieu où l'on parle de soi, peut-on véritablement y parler de Soi au sens d'une structure définitive qui nous arrimerait à une identité centrale ? L'existence même de l'inconscient y objecte sérieusement : Soi ne s'atteint pas.
Pourtant, il est des circonstances qui produisent un trouble identitaire, dévoilant une vacance dans la conscience que chacun peut avoir de son existence, et donnant le sentiment qu'une sorte d'altérité intime se signale. Comment appréhender ces difficultés identitaires ? De quelle façon les envisager par rapport au Moi ? S'agit-il d'une instance, d'un trouble de la conscience, d'une forme de décompensation...? Cet ouvrage propose d'analyser ces vertiges qui sapent l'identité d'un sujet, bouleversent ses idéaux, renversent ses certitudes, en s'appuyant sur le parcours de plusieurs artistes.
Des artistes se sont en effet avisés très tôt de cette cartographie intérieure, ainsi que des créations ou impasses qu'elle rendait possibles. Ils y fonderont chacun leur pratique : y forgeant leur acte poétique, comme René Char ou Roberto Juarroz ; y brossant une clarté d'être et d'ombre nouvelle, comme Pierre Soulages ; ou y faisant fleurir une langue nouvelle et sensorielle dégagée du maternel et de l'originel, comme Akira Mizubayashi. Les psychanalystes, quant à eux, y reconnaîtront des traces sensibles du parlêtre, dont la cure ramène parfois des rumeurs fécondes ou périlleuses du côté de chez soi.
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Joyce McDougall, au regard de la clinique d'aujourd'hui
Catherine Bergeret-Amselek, Philippe Porret
- Campagne Premiere
- 10 Mai 2023
- 9782372060745
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Le défi des états limites : regard clinique et théorique
Bérengère de Senarclens
- Campagne Premiere
- En Question
- 9 Novembre 2022
- 9782372060714
Les psychanalystes accueillent aujourd'hui des patients différents de ceux que décrivent les premiers textes freudiens : les changements de modèles culturels ont favorisé l'apparition d'une culture du narcissisme et de la satisfaction immédiate, d'identités chancelantes, de la recherche de surstimulations entraînant une certaine violence émotionnelle qui rend difficile une possible élaboration psychique. C'est ainsi qu'est apparu dans la clinique analytique la notion d'état limite. B. de Senarclens s'intéresse ici à ces pathologies narcissiques identitaires dont la quête spécifique, qui souvent s'exprime sans mots, bouscule et interroge les analystes contemporains. Elle invite les analystes à approfondir les modalités de leur pratique avec ces patients qui, plus que d'autres, requièrent une approche sur-mesure sans placage théorique. Au travers de cas cliniques notamment, elle insiste sur la place du corps dans l'analyse, tant sur les diverses manifestations du corps du patient que sur le langage corporel de l'analyste. Elle éclaire également combien la cure de ces patients implique une oscillation constante entre un travail d'archéologue et un travail d'architecte puisant aux sources du contre-transfert et de son élaboration.
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Freud et Napoléon, le complexe fraternel
Catherine Muller
- Campagne Premiere
- 21 Septembre 2022
- 9782372060691
Freud et Napoléon, une improbable rencontre?? Et pourtant... Catherine Muller rend possible un tel rapprochement en utilisant les lettres de Freud à Arnold Zweig et Thomas Mann, dans lesquelles il confère au prénom Joseph un « destin » pour Napoléon. Freud met au jour, avec une étonnante sagacité, l'importance que revêt ce prénom pour Napoléon : celui de son frère aîné. À partir d'éléments biographiques et du récit biblique de la légendaire figure de Joseph vendu par ses frères, se cristallise, selon ses propres termes, « le complexe fraternel ». Il donnera un sens à des décisions en partie énigmatiques chez Napoléon, parmi lesquelles l'hasardeuse expédition en Égypte mais également sa passion pour Rose de Beauharnais qu'il rebaptise Joséphine. Catherine Muller montre qu'en regardant Napoléon à travers le prisme de « Joseph », l'homme Freud dévoile aussi les composantes de son propre destin à un moment tragique de sa vie où la princesse Marie Bonaparte contribue à le sauver. Cette étude captivante, entrecroisant psychanalyse et Histoire, nous fait ainsi découvrir des similitudes destinales entre ces deux hommes d'exception que tout semble séparer.
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Les lettres de la Société de Psychanalyse Freudienne n.48 : topiques de l'originaire : épreuves et preuve de la psychanalyse
Les Lettres De La Societe De Psychanalyse Freudienne
- Campagne Premiere
- Les Lettres De La Societe De Psychanalyse Freudienne
- 18 Septembre 2024
- 9782372060837
Ce numéro propose trois parties : topiques de l'originaire, l'archaïque en extension, et épreuves et preuves de la psychanalyse.
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Petite histoire du désir au féminin
Ginestet-Delbreil Su
- Campagne Premiere
- En Question
- 3 Juin 2020
- 9782372060561
De tout temps, l'amour, le sexe, la jouissance ont posé problème. La li9érature s'est construite sur les récits de ces difficultés propres à ces êtres doués du langage que sont les humains. L'organisaAon patriarcale phallocentrique a résolu la quesAon en a9ribuant aux hommes à la fois le logos et le désir qui en est issu. Les femmes, objet de ce désir, désirées donc, étaient dans la nécessité de passer par un homme pour avoir accès au désir. Par contre, elles bénéficiaient d'une jouissance ineffable. Ce9e hiérarchie se soutenait du pouvoir de la foncAon paternelle, juridique chez les Anciens et sacralisée par le discours patrisAque chréAen.
Ce9e organisaAon a été mise en cause dans la psychanalyse, d'abord par Freud qui pose les femmes comme désirantes mais garde « le primat du phallus » et le concept de « Père » dans son accepAon classique. Avec Lacan, dans ce qu'il appelle « la métaphore paternelle », le père devient « le Nom-du- Père » porté par la mère et transmis à l'enfant. Il s'agit de prendre ce renversement à la le9re pour en saisir la portée révoluAonnaire. Une autre dimension de la jouissance a pu alors se faire jour.
Dans une société capitaliste où le profit génère une compéAAvité morAfère, l'entrée des femmes dans le logos les pose à égalité avec les hommes. Elles entrent dans la compéAAon et elles ont sans doute plus de travail à faire pour se voir reconnues dans leur compétence. Mais la quesAon de la sexualité, c'est à dire de la relaAon d'amour, de sexe, de jouissance entre un homme et une femme, n'en est pas pour autant résolue.
Ainsi, Suzanne Ginestet-Delbreil aborde la quesAon du désir au féminin sous l'angle historique et psychanalyAque. Elle nous éclaire sur le monde contemporain où ces relaAons ne semblent pas aussi sereines qu'on le souhaiterait.
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Le transfert est l'un des concepts-clés et le ressort le plus important de la psychanalyse. C'est par lui que l'inconscient s'implique dans la cure. Sa mise au jour et son élaboration théorique reviennent incontestablement à Freud. Sans transfert, allié irréductible et rebelle, l'analyse est impossible. Freud ne cesse de le rappeler et de le redécouvrir, mais, précise-t-il, " il bouleverse tous les calculs " et " doit être deviné ".
Dans cet ouvrage, Catherine Muller analyse la confrontation de Freud à l'inconscient dans le surgissement du transfert au fil de sa clinique. Ce concept s'y révèle avec clarté, et dévoile les paradoxes avec lesquels s'est construite la rationalité freudienne. Cette étude, originale et inédite, met en lumière la nécessité d'une présence d'énigme qui tient à l'inconscient lui-même.
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Lacan et le christianisme
Jean-daniel Causse
- Campagne Premiere
- Recherche
- 11 Avril 2018
- 9782372060417
Cet ouvrage se propose d'aborder la question du christianisme que Lacan saisit, hors de toute adhésion confessionnelle, comme un fait de langage majeur. Lacan s'intéresse moins au contenu religieux du christianisme qu'à sa structure fondamentale. De ce point de vue, saint Augustin et la pensée augustinienne ne cessent de l'inspirer tout au long de son enseignement.
L'ouvrage met en lumière les ressorts de l'interprétation critique que Lacan propose de différents motifs du christianisme : la mort de Dieu et de l'athéisme, la foi et la croyance, l'amour et la jouissance, le péché et la grâce, etc. Un point intéresse particulièrement la psychanalyse : le christianisme a élaboré une théorie de l'excès ou du surcroît qui accorde une valeur particulière à une singularité a-normative. Ici se pose le problème de la vérité.
Même si c'est dans une perspective bien différente, Lacan en a fait à son tour une question qui est au coeur de l'acte analytique.
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Corps et langage en psychanalyse ; l'hystérique entre Freud et Lacan
Monique David-ménard
- Campagne Premiere
- 10 Septembre 2014
- 9782372060004
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Psychanalyse et philosophie ; des liaisons dangereuses ?
Monique David-ménard
- Campagne Premiere
- 26 Mai 2010
- 9782915789485
La psychanalyse s'est développée à la faveur de ses interactions avec la philosophie pas seulement comme un instrument critique, mais aussi comme une pratique qui bouleverse les critères du normal et du pathologique, et la pensée elle-même.
Néanmoins, la psychanalyse doit reconnaître que ses concepts exigent d'être mis à l'épreuve philosophiquement, qu'elle peut être interrogée sur sa spécificité et sur ce qu'elle invite à concevoir autrement : la sexualité, l'exercice de la pensée, les relations nouées entre les hommes dans le registre de la vie commune et des pouvoirs. Ce double mouvement est analysé ici selon deux axes principaux : qu'est-ce qui fait l'originalité de la conception freudienne de la sexualité ? Quel regard neuf la psychanalyse apporte-t-elle sur les rapports entre le réel et la pensée ?
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A la lumière des nouvelles données théoriques et de sa riche expérience clinique, Suzanne Ginestet-Delbreil étudie un des concepts fondamentaux de la psychanalyse le narcissisme.
Là où les sociologues insistent sur son excès et ses conséquences dans nos sociétés contemporaines, les analystes préfèrent en souligner les défaillances. Mais les théories et les pratiques freudienne et lacanienne sont-elles suffisantes pour en rendre compte et soulager la souffrance des patients ? Après avoir commenté les principales conceptions du narcissisme, l'auteur en dégage les caractéristiques.
Celui-ci, véritable appel à l'être et à la nomination permet au sujet de se situer dans sa filiation. Pour illustrer son approche, elle développe une étude psychanalytique du phénomène sectaire. Elle en montre les mécanismes de dépersonnalisation, d'effacement de l'individu et de destruction des processus symboliques qu'il implique.
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Le féminin est à la féminité ce que le sens latent du rêve est à son sens manifeste. Ainsi cet ouvrage envisage-t-il d'une façon inédite la question du féminin, habituellement confondu avec le maternel ou la féminité. À partir d'une riche pratique de la psychanalyse, dont témoigne la partie clinique du livre, et d'une interprétation précise des textes de Freud et de Lacan, Sylvie Sesé-Léger analyse avec pertinence les différents aspects de l'identité sexuelle : virginité, transsexualisme, homosexualité... Elle démontre que le féminin, pour l'homme comme pour la femme, est la rencontre avec l'altérité.
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Le surmoi perverti : bisexualité psychique et états limites
François Richard
- Campagne Premiere
- En Question
- 13 Octobre 2021
- 9782372060653
Les pathologies de la modernté à la lumière de la psychosexualité En l'inscrivant dans le fil de ses recherches antérieures sur l'adolescence et les avatars des processus de subjectivation, et en s'appuyant sur son expérience clinique, l'auteur fait l'hypothèse que la contradiction actuelle entre l'invitation à la désinhibition des désirs et la résurgence du puritanisme mène à un fonctionnement pervers du surmoi et de l'autorité, ainsi qu'à une montée de la violence (pédophilie, violences faites aux femmes, inceste) et à de nouvelles idéologies destructrices (thématiques identitaristes, complotisme, djihadisme). Quoi que la structure névrotique n'ait pas disparu, elle se voit aujourd'hui débordée par une tendance à l'extériorisation de l'intime, trouble existentiel singulier, parfois proche de la détresse: les "états limites" deviennent dès lors le fonctionnement adaptatif prévalent. Cette hypothèse éclaire le malaise dans la civilisation actuel, et réinterroge la conception du polymorphisme sexuel et des identifications. Elle conduit aussi à repenser les cures des patients limites du point de vue d'un trouble de la subjectivation entre sexe et genre.