Ce livre explore les racines inconscientes de l'obstination humaine à produire le désastre écologique et climatique en cours et à créer les conditions de sa propre disparition ainsi que, plus largement, de toute vie sur terre.
Pourquoi la connaissance du désastre nous laisse-t-elle si apathiques, si incapables de réagir et encore moins de nous révolter ? Cette absence de réaction pourrait-elle manifester notre obscur désir que cette catastrophe survienne ? Notre accord intime avec ce qui la produit ? Peut-on considérer que la destructivité environnementale serait inscrite non seulement au plus profond des dispositifs économiques, sociaux, administratifs et technologiques de nos sociétés, mais aussi au plus profond de nos inconscients ? L'auteur réfléchit, à partir de la psychanalyse, à notre lien à la nature et à l'environnement, à la trajectoire qui a conduit notre culture à un tel désastre, aux ressorts de notre attachement à cette culture et à ses modes de vie malgré la course suicidaire dans laquelle ils nous entraînent individuellement et collectivement, à notre incapacité à prendre véritablement acte de ce qui est advenu.
Adieu Lacan réunit un roman - Le Perroquet de Lacan - et une pièce de théâtre - Adieu Docteur - inspirés par l'analyse de l'auteure au 5, rue de Lille dans les années 1970. Le roman sur le drame de l'immigration et la perte d'identité, la pièce de théâtre sur le genre et la maternité sont les deux faces d'une expérience analytique menée par un Docteur inspiré par Jacques Lacan.
L'ouvrage structuré autour de la cure analytique révèle l'importance de l'écoute pour l'analysant comme pour l'analyste. À travers le personnage du Docteur, Betty Milan dessine un portrait de Jacques Lacan dépouillé de tout artifice et très proche dans sa simplicité.
Les protagonistes, Seriema et le Docteur sont les mêmes dans les deux textes. Mais le roman traite surtout du drame de l'immigration, de la xénophobie et de la perte d'identité, et montre toute l'importance que revêt pour le sujet sa langue maternelle, tandis que la pièce évoque plutôt la question de la maternité. Le roman et la pièce de théâtre sont à l'origine du film éponyme que Richard Ledes a réalisé à New York en 2021 et qui se trouve maintenant sur le web.
Le droit de la famille était dans le monde d'hier essentiellement au service de la société et il serait passé en moins d'un demi-siècle au service de l'individu. Dans un dialogue constructif, le psychanalyste et le professeur de droit explorent ce changement.
Le livre est construit comme un dialogue entre les auteurs à propos de l'évolution de la société d'une part et celle du droit d'autre part. La rencontre et la confrontation de leurs disciplines respectives mettent en évidence le cadre dans lequel se construit aujourd'hui la subjectivité. Sans bien sûr valoir d'emblée pour tout le monde, il n'en constitue pas moins la nouvelle donne dans laquelle émerge aujourd'hui le sujet. Celui-ci est-il encore invité à la citoyenneté responsable ou se contente-t-il d'être un consommateur susceptible de vivre addicté et victime ? Au-delà de la mutation anthropologique à l'oeuvre, l'ensemble des processus qui organisent la vie collective sont questionnés.
La promotion de l'idéologie de l'autodétermination - y compris celle de l'enfant - aujourd'hui survalorisée, y est remise en cause. Même si elle peut constituer un espoir, il faudra bien constater que si chacun ne faisait plus que s'autodéterminer, il n'y aurait plus de communauté humaine, ni de sujets capables d'en être partie prenante.
Ce livre donne la parole à des parents d'adultes ayant un handicap, sans édulcorer ni dramatiser. Ils y racontent l'épuisement, la colère, mais aussi les joies, le respect et l'amour pour leurs enfants, les relations avec les professionnels, le combat pour trouver une place et le regard que pose la société sur le handicap.
Ici, ce ne sont pas des professionnels qui parlent des parents, mais des parents qui parlent d'eux-mêmes, de ce qu'ils vivent au quotidien auprès de leurs enfants adultes ayant un handicap et dont on entend si peu parler. Le livre dit le fil de la vie, la recherche d'une place, les relations avec les indispensables professionnels, avec les médecins. Il dit aussi l'aide des amis et la solitude, la peur, la joie, les changements de regards et les difficultés qu'a le monde pour faire une vraie place pour leurs enfants. Il pose la question du rôle et des besoins de ces « aidants » et met en évidence les mesures concrètes qu'ils attendent.
Sous la forme d'un abécédaire, cet ouvrage rend compte du cheminement personnel d'une interne en psychiatrie, depuis ses premières rencontres avec des femmes et des hommes souffrant de pathologie mentale, jusqu'à la fin de son internat. Comment devient-on médecin psychiatre ? Quelle est la part de l'intime dans la relation de soin psychique ?
À travers le parcours d'une interne en psychiatrie, ce texte témoigne d'une pratique médicale et d'une vision du soin en train de se forger. Il interroge la genèse du métier de psychiatre et tente de définir des notions centrales dans la formation : l'intime, l'écoute, le rôle. Dans une mise en récit de rencontres et de consultations psychiatriques, l'auteur rend compte de sa subjectivité dans le lien avec le patient et aborde la relation de soin comme des intimes en présence. Une écriture vive et rafraichissante, non dénuée d'humour, qui vient déjouer la tendance standardisée de la médecine et de la psychiatrie.
En rompant avec la classification héritée de Freud selon la tripartition névroses, psychoses, perversions, cet ouvrage fait le point sur la notion controversée des cas-limites et permet une approche nouvelle de la clinique.
Ce livre traite d'une question de clinique qui a pris de plus en plus d'importance dans les dernières décennies. Cette place grandissante est due aux mutations des demandes adressées à des psychanalystes, qui ont peu à peu conduits ceux-ci à se demander si la tripartition freudienne entre névrose, psychose, et perversion suffisait aujourd'hui à situer l'essentiel des difficultés pour lesquelles on vient les consulter.
Les auteurs, qui ont travaillé dans un échange constant à partir de cas cliniques, soutiennent le pari de donner une présentation lacanienne de la notion de cas-limite, longtemps rejetée par leurs confrères. Cela les conduit à une nouvelle définition des structures cliniques, qui ne sont plus séparées par des frontières infranchissables. L'ensemble des textes réunis ici est complété par un article inédit de Moustapha Safouan, intitulé Les cas limites dans l'analyse.
Examinant les origines de l'idéologie américaine au fond de son berceau natif - l'Angleterre victorienne -, l'auteur combine les ressources de l'histoire politique, de l'analyse textuelle, de la psychologie sociale et de la psychanalyse, pour une réévaluation critique rigoureuse des usages contemporains de la notion de « totalitarisme ». En combinant propagande politique, publicité commerciale, psychologie des foules et technologies de l'influence, les États-Unis ont fabriqué un nouveau totalitarisme euphorisant et « consensuel » dont l'effort permanent consiste à occulter sa propre violence sous le vêtement de la « liberté ».
Patrick Tort montre comment les États-Unis ont construit leur puissance sur l'intégration des composantes de l'Angleterre victorienne (le « darwinisme social », l'individualisme libéral, l'impérialisme et ses justifications raciales et l'eugénisme auto-protecteur des dominants) au sein desquelles Hitler, dès la rédaction de Mein Kampf, put largement effectuer ses choix. À travers la planification eugéniste, son arsenal médico-législatif (Laughlin) et ses croisades racistes, antisémites et conspirationnistes (Ford), l'Amérique blanche a fourni à Hitler les pièces détachées de sa doctrine pour un montage « externalisé » dont les élaborations concrètes apparaîtront dès son accession au pouvoir. Ce passage à l'acte, rendu possible dans une Allemagne unifiée par la « mise au pas » des Länder, fut encouragé et salué par les voix les plus puissantes de l'eugénisme américain, reconnaissant volontiers sur un mode sincèrement admiratif que, dans cette réalisation, l'élève germanique avait dépassé le maître anglo-saxon, handicapé à cet égard par la disparité juridico-législative des États et le perpétuel souci de la constitutionnalité.
Le « je préférerais pas » de Bartleby n'est-il pas en train de se généraliser dans notre société ? Depuis une quarantaine d'années, les parents sont délégitimés pour mettre une limite à la toute-puissance infantile. Cela entraîne de nombreuses difficultés individuelles et collectives sur lesquelles Jean-Pierre Lebrun nous alerte et ouvre des voies à de nouvelles perspectives.
Jean-Pierre Lebrun lance une alerte : il existe un lien étroit entre la construction psychique individuelle et la dimension sociétale aujourd'hui largement tributaire de l'idéologie néolibérale. Il montre à quel point notre société en mutation n'a pas pris la mesure de la nécessité de mettre fin au fantasme de toute-puissance de l'enfant pour produire des citoyens responsables et non pas uniquement des consommateurs avides, pris toujours davantage dans des addictions. Le vivre ensemble dans nos démocraties s'en trouve ainsi mis en grande difficulté. Les impasses actuelles de la vie collective sont interrogées et illustrées par cette légitimité donnée à l'enfant comme à l'adulte d'énoncer, à l'instar du Bartleby de Melville, un « Je préfèrerais ne pas » par lequel celui qui l'énonce peut se soustraire à toute contrainte ou obligation, sans même avoir à la contester.
Ce livre contribue à la « bataille culturelle » contre le dogme néolibéral du « There is no alternative ». En portant la parole de celles et ceux qui font, il propose des perspectives constructives face au néolibéralisme autoritaire, aux nationalismes, ou à la fuite en avant transhumaniste.
Les basculements historiques en cours, qu'ils soient environnementaux, sociaux, économiques, politiques, géopolitiques nous invitent à transformer nos paradigmes et nos imaginaires. La Fondation Danielle Mitterrand appelle de ses voeux une « métamorphose radicale » de nos sociétés. Ce concept, emprunté notamment à Edgar Morin, « porte à la fois la rupture et la continuité ». Cette « métamorphose radicale » nous interpelle partout où nous sommes : dans nos associations, collectifs, fondations, institutions, mais aussi nos réseaux d'interdépendances, nos amitiés, nos familles, les territoires où nous habitons. Mais comment faire ? Quelles prises pour agir, alors qu'« il est plus facile d'imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme », comme l'affirme une célèbre citation ?
Ce livre est construit en deux grandes parties complémentaires. D'abord, deux chapitres permettent d'approfondir l'horizon de métamorphose radicale que porte la Fondation :
Promouvoir une société écologique, basée sur une écologie relationnelle, sociale, populaire et décoloniale ;
Promouvoir une démocratie réelle et radicale, ancrée dans nos vies et nos territoires, basée sur les principes d'autonomie et d'autodétermination ;
Construire partout des sociétés basées sur le(s) commun(s) et l'entraide plutôt que la concurrence et la propriété privée.
Ces positionnements ne sont bien sûr pas exhaustifs : ils proposent une vision pour transformer, avec humilité, nos imaginaires et nos pratiques.
Ensuite, douze entretiens nous emmènent à la rencontre de bâtisseuses et bâtisseurs d'utopies concrètes, de réseaux et de penseurs.euses de la transformation : des lisières de Dijon au Liban, de Nantes jusqu'à Santiago au Chili, du Marais Poitevin jusqu'au fleuve Maroni en Guyane, de la Seine-Saint-Denis jusqu'au Nord-Est de la Syrie... Entre utopies concrètes, luttes radicales, transformations institutionnelles : les chemins ouverts par toutes ces expériences sont profonds, passionnants. Ils sont la démonstration en actes que « d'autres mondes sont encore possibles ».
Dans le contexte actuel de guerre et de pandémie, la réédition de Mère Folle prend une tonalité particulière. En effet, dans un récit littéraire, l'ouvrage met en scène la rencontre anachronique des Fous d'un théâtre politique très populaire en Europe après la Grande Peste et la Guerre de Cent ans avec ceux des asiles où l'auteur a travaillé comme analyste pendant trente ans.
Au Moyen Âge, la folie était traitée aussi comme une maladie cérébrale, avec des coups sur la tête et des drogues de l'oubli, tout en suscitant, dans la littérature, un intérêt passionné par sa capacité à montrer ce qu'il ne faut pas dire... Dans les Sotties-jugement, Mère Folle dont Erasme fit l'Éloge, appelle ses enfants « les Sots et les Sottes » et les lance dans un délire verbal et physique d'une grande virtuosité pour juger tel grand personnage, responsable des abus du temps, qu'ils déshabillent pour montrer aux yeux de tous le costume du fou dissimulé sous ses discours spécieux. Dans le livre, la psychanalyse est jugée par ses patients internés, faisant cause commune avec les Sots médiévaux, qui l'accusent de complicité avec les théories les condamnant pour toujours à la maladie mentale, et d'avoir fait l'impasse sur la grande Histoire et la folie des guerres dans laquelle elle est née.
A partir de leur clinique, les auteurs montrent en quoi les apports de ces deux psychanalystes majeurs du XXe siècle que sont Bion et Lacan leur permettent de rêver et d'inventer avec leurs patients, petits et grands, même si le rapprochement entre ces deux pensées complexes ne va pas sans difficultés.
Bion et Lacan ont ouvert des voies à la psychanalyse qui lui permettent d'atteindre des lieux et des situations qui étaient à peine envisageables du temps de Freud. Grâce à eux, les analystes du XXIe siècle s'autorisent à transposer le modèle du conflit intrapsychique freudien vers le vaste monde humain de la culture et de la civilisation. La psychanalyse vivante aujourd'hui est celle qui se déploie sur les scènes très contemporaines du soin psychique que sont les hôpitaux, les lieux d'accompagnement du handicap, de naissance et de mort, d'éducation et de rééducation, les lieux d'accueil de l'exil et de la migration. Elle nécessite de la part du thérapeute une dose d'inventivité et de courage pour accueillir une parole en dehors du dispositif divan-fauteuil.
L'ouvrage contient un témoignage inédit du fils de Wilfred Bion.
L'apprentissage du sommeil par un bébé est, en partie, réalisée par sa mère. A travers les « ateliers sommeil » qui s'adressent aux mères d'enfants en bas-âge au sein de PMI, centres sociaux, foyers, maisons pour tous, maisons de familles, les auteurs témoignent de son caractère complexe, polymorphe et transculturel. Ici pas de recommandations ou de recettes mais un éclairage original sur l'accueil de ce nouveau dormeur qu'est le bébé.
« Fait-il ses nuits ? » est une des premières questions posées aux parents d'un nouveau-né. Le sommeil n'est pas qu'un phénomène biologique, il est influencé par notre état psychique, la société, la culture et l'environnement dans lequel nous vivons. Bien que le sommeil soit universel, nous n'apprenons pas à dormir de la même façon.
Ce livre illustre la multi-dimensionnalité du sommeil. Chacun des auteurs, en fonction de sa formation initiale (anthropologue, artiste, psychologue neurologue spécialiste du sommeil) avait sa façon d'appréhender le sommeil. Mais leur rencontre a renouvelé leurs conceptions et leurs pratiques et a permis la réalisation d'un outil transdisciplinaire pour aborder le sommeil des mères et de leur bébé : les ateliers du sommeil. Ceux-ci, décrits précisément, font émerger certains faits saillants, comme l'influence de l'environnement nocturne, les peurs de la nuit et les rêves..., qui conduisent à une réflexion sur les enjeux sociétaux du sommeil et de ses représentations précoces.
Ce livre expose de manière simple et très illustrée le chemin par lequel le bébé passe pour arriver à la marche et tous les bienfaits qu'il peut en tirer. Cette nouvelle édition augmentée tient compte des très nombreux échanges que l'auteur a eus, depuis la première parution, avec les parents, les kinésithérapeutes, les personnels de la petite enfance et les médecins.
Kinésithérapeute expérimentée, l'auteur a observé et analysé avec précision les étapes qui mènent le bébé vers la marche. Par son côté pratique - des illustrations qui montrent le quotidien du bébé, un texte clair, mis en page de manière très simple et colorée - l'ouvrage a déjà séduit de nombreux parents et personnels de la petite enfance.
On y « voit » les mouvements du bébé, on comprend facilement le chemin naturel qui conduit le nourrisson de la position « couché sur le dos » à la marche autonome et tout le bénéfice qu'un bon développement moteur peut lui apporter. L'auteur propose des conseils pour la vie quotidienne, pour le choix du matériel et des objets à mettre à disposition, mais aussi des jeux moteurs simples, faciles à partager, afin de donner au tout-petit toutes les chances d'être à l'aise dans son corps avant de savoir marcher.
Stimulés ou pas, tous les bébés en bonne santé parviennent à marcher, sans que l'on ait besoin de leur apprendre. Toutefois, l'attitude des personnes qui les entourent peut favoriser ou freiner l'installation d'une bonne motricité.
Forte de son expérience de kinésithérapeute, l'auteur répond aux nombreuses questions que se posent les parents et les professionnels de la petite enfance : le passage par le quatre pattes est-il important ? Faut-il aider le bébé à se mettre debout ou à marcher ? Doit-on s'inquiéter d'un petit retard d'installation de la marche ? Comment faire face à un bébé en difficulté ?
Les nombreux dessins et photos rendent l'ouvrage dynamique, vivant et pédagogique : au service de tous les enfants, qu'ils soient en bonne santé ou qu'ils présentent une pathologie, il a pour objectif d'inciter l'entourage familial et professionnel à mieux observer les tout-petits, à s'émerveiller devant leurs exploits moteurs et mais aussi à agir au bon moment en cas d'inquiétude.
Face à l'hyper-médicalisation de la naissance, aux violences obstétricales et aux dépressions maternelles du postpartum, ce livre est un plaidoyer pour les enfants à naître et pour la reconnaissance des femmes dans leur capacité à mettre au monde leur enfant.
Quel impact a la naissance sur la vie, sur la société ?
Dans notre monde hyper-sécuritaire, qui ne fait plus confiance aux femmes dans leur capacité à porter un enfant, qui ne reconnaît pas l'enfant comme un être humain actif et compétent durant sa naissance, comment redécouvrir, nourrir notre humanité, notre affectivité et ce dès la vie prénatale, mais aussi et surtout pendant sa naissance ?
Les couples peuvent planifier les naissances, les femmes sont de plus en plus suivies médicalement et souffrent moins en accouchant. Et pourtant plus de 16 % des femmes présentent une dépression après la naissance de leur enfant et, tous les mois en France, une femme se donne la mort alors qu'elle vient de mettre son enfant au monde.
En s'appuyant sur l'expérience singulière du Dr Mehdi Djalali, obstétricien reconnu en Allemagne, les auteurs interrogent le sens de la naissance et l'importance de ce premier grand passage dans le développement affectif humain. A l'aide de nombreux exemples cliniques, les auteurs montrent en quoi l'haptonomie a transformé leur pratique de sages-femmes.
Le travail occupe une part centrale dans nos vies modernes. Or bien que capitale, sa dimension esthétique est souvent négligée. Pourtant nous avons besoin de pouvoir faire du beau travail, du travail bien fait, d'avoir de bonnes relations de travail, de travailler dans un cadre acceptable, etc.
La simple rationalité dans le monde du travail, la course éperdue aux réductions de coûts, la seule prise en compte des dimensions économiques a fait voler en éclat les anciennes relations du travail. Il n'est plus question de livrer au client un travail « bien fait », il faut au contraire faire si possible un travail assez bon pour qu'il paraisse acceptable tout en coûtant moins cher à l'entreprise. L'oubli du beau, voire son interdiction, nous rend tous complices d'une trahison généralisée, où les produits ne sont pas ce qu'ils prétendent être, où les services s'avèrent moins efficaces qu'annoncés. A côté de la « souffrance éthique », il y a une véritable « souffrance esthétique » dans l'empêchement de ce beau travail. Celle-ci est très souvent une souffrance par rapport au temps, temps manquant, temps pressé, temps laminé ou haché et dans lequel l'individu a le sentiment que son action est à la fois fatigante et insatisfaisante car inaboutie. La préoccupation esthétique doit être un impératif éthique, une catégorie morale pleinement reconnue car elle concerne chacun dans l'univers du travail. Le beau travail est un droit moral.
L'auteur s'intéresse à l'enjeu politique du discours analytique qui met en évidence la façon dont le sujet se loge dans le lien social. Le symptôme noue la structure du sujet au « collectif ». N'y aurait-il donc de symptôme que social ? Sommes-nous condamnés à en souffrir ?
Comment le sujet se loge-t-il dans la collectivité sans se dissoudre dans la masse d'un « tous pareils » et sans succomber à l'isolement d'un « tous différents » ? L'ouvrage explore les symptômes dits sociaux et les accidents du lien social pour extraire la logique du monde de la globalisation : il rejette le manque et l'altérité, séduit l'appétit de jouissance du surmoi, cultive la frustration dont se nourrit le marché tout en autorisant à toutes les prédations. L'ouvrage s'efforce, à partir de la clinique psychanalytique, de montrer en quoi le symptôme est le gond de l'articulation du singulier et du social, et la résistance paradoxale à tout formatage. L'antisémitisme est pris comme paradigme, tressant ce qu'il doit à l'histoire avec les discours actuels relatifs au rejet de l'altérité - rejet qui désarme les résistances faute que le sujet y reconnaisse sa propre part.
Cette recherche d'anthropologie historique traite de pratiques artistiques, de thérapies par l'art et de représentations artistiques de personnes handicapées ou malades mentales. Des histoires présentées sous la forme de tableaux mettant en scène le handicap et la folie sont interrogées en référence à la sémiologie (Roland Barthes).
L'auteur propose un parcours historique constitué de séquences allant du paléolithique supérieur à nos jours. Il explore en quoi les représentations artistiques témoignent de la vie d'hommes et de femmes avec un handicap ou une maladie mentale, de leurs souffrances, des accompagnements et des soins dont ils sont l'objet. Le cinéma, la littérature et les arts plastiques sont convoqués en tant que témoignages et représentations du handicap et de la folie. En quoi modifient-ils le regard que la société porte sur ces derniers ? Contribuent-ils à construire une société plus inclusive ?
Laura Pigozzi montre comment l'échec de la famille est la racine d'une tragédie sociale plus vaste et férocement destructrice, comment la dépendance maternelle crée des adultes infantiles, de très mauvais citoyens voire d'authentiques dictateurs.
La pandémie a mis en exergue un nouveau genre de citoyenneté, jusque-là moins visible : le « citoyen-enfant », celui qui a peu de lien avec le collectif, aucun respect pour l'autre, ne connaît pas les règles de la négociation sinon la superbe disparité entre lui et les autres. Les parents ont renoncé au rôle de guide pour devenir des protecteurs inconditionnels de leurs enfants : c'est le plusmaternel qui suspend le moment de la responsabilité. Ainsi la famille, à l'origine de la civilisation, semble aujourd'hui ne plus assurer l'humanisation des enfants élevés en son sein. C'est une crise qui touche l'ensemble de la société car le social se construit déjà au sein de la famille. La génération qui a contesté élève des enfants et petits-enfants dociles, prêts à l'assujettissement. Que s'est-il passé ? Laura Pigozzi offre un plaidoyer pour l'avenir de nos enfants, pour que nous ne les angoissions pas avec nos propres peurs. Laissons-les partir hors de la sphère utérine. Car la subjectivité n'est pas qu'une affaire intime, elle ne peut exister qu'à travers le lien collectif : le reconnaître est déjà une révolution.
Représentant de la psychothérapie institutionnelle aujourd'hui en France, Pierre Delion offre ici un regard sensible sur l'oeuvre et la vie de son ami Jean Oury (1924-2014), l'un des fondateurs de ce mouvement qui a en son temps révolutionné la psychiatrie.
« Oury m'a aidé à être ce que je suis et je suis sûr que c'est le cas de nombreux soignants » : c'est ainsi que Pierre Delion débute ce récit à la première personne. Sa rencontre avec Jean Oury a été déterminante dans sa trajectoire professionnelle et personnelle. Il montre en quoi son influence clinique et théorique dans la prise en soin des patients présentant des pathologies psychotiques a été essentielle dans l'histoire de la psychiatrie et des idées. À destination des jeunes générations de soignants, il s'attache à transmettre la pensée d'Oury : « Son message est d'autant plus important actuellement que la psychiatrie est en train de changer profondément, et que la manière dont il a réussi à en revisiter la pratique et la réflexion, de façon à la fois si intelligente et si humaine, risque de disparaître d'un souffle, si on ne se pose pas la question de cultiver, dans nos pratiques, de façon efficace, les différents concepts qu'il nous a transmis. ».
Pure ode à la joie de vivre, les poèmes de Sakaki engagent à se débarrasser des poncifs nourris par l'idéologie d'un homme tout-puissant et à se ressourcer auprès de la nature.
Le présent ouvrage propose une sélection de 40 poèmes tirés des 5 recueils constitutifs de l'oeuvre complète du poète japonais Nanao Sakaki, et couvrant la période de 1966 à 2003. Cette oeuvre complète a été publiée en 2013, sous le titre How to Live on the Planet Earth, en langue anglaise, par des amis américains du poète.
La poésie de Nanao Sakaki est une écriture brève d'une « simplicité » qui rend son « message » directement accessible. Si l'on veut bien entendre dans « simplicité » l'avertissement du peintre Giacometti qui disait que c'était « ce qu'il y a de plus difficile », et dans « message », une transmission qui n'a rien de didactique.
Les 40 poèmes, en édition bilingue, sont présentés en vis-à-vis. Ils sont accompagnés de notices biographiques sur l'auteur, la traductrice et l'artiste qui interprètera le texte, comme c'est de coutume dans la collection.
Les règles d'usage des écrans ne peuvent pas être les mêmes à chaque âge. La règle « 3-6-9-12 » - « Pas de télévision avant 3 ans, pas de console de jeux personnelle avant 6 ans, pas d'Internet avant 9 ans et Internet accompagné jusqu'à l'entrée en collège, vers 11-12 ans » - constitue une feuille de route pour un usage raisonné des écrans, de la naissance à la majorité, et au-delà.
Cette nouvelle édition se présente enrichie de trois façons par rapport à la précédente, même si le message principal reste évidemment le même : l'apprentissage du bon usage des écrans commence dès la naissance, et il se fait en famille.
1. De nombreux exemples nouveaux.
2. La référence à des travaux parus depuis 2013 renforce l'idée que les troubles liés à la surconsommation d'écrans sont corrélés au temps passé devant un écran avant l'âge de trois ans.
Du coup, l'accent de la prévention est déplacé. La responsabilisation se porte encore plus sur les parents qui doivent comprendre l'importance de tenir l'enfant de moins de trois ans à l'abri des écrans.
3. L'énoncé d'un mode d'emploi pour aider les parents à tenir leurs décisions concernant les limitations du temps d'écran face à leurs enfants. Les enfants ont beaucoup plus de plasticité psychique et comportementale que tous ne le croient : profiter des changements, comme la rentrée scolaire, pour modifier les habitudes...
Quelques simples conseils pour survivre à toutes les injonctions à trop bien faire, nouveaux impératifs de notre modernité, « sois bon parent et jouis du bonheur de tes enfants ».
« Ras le bol de ces discours bienveillants, de cette parentalité positive qui vous fait croire qu'on peut tout gérer, tout le temps, sans conflits, sans soucis, dans l'harmonie et le bonheur !
Si au début, vous vous figuriez que votre enfant serait le plus beau du monde, le plus intelligent, le plus doué, le plus aimant... vous allez devoir déchanter parce qu'aucun enfant ne vient au monde pour satisfaire les rêves de ses parents, parce qu'aucune éducation n'est aisée, parce qu'être parent, parfois c'est galère, parfois c'est super mais c'est un vrai engagement, quotidien, lourd, riche.
Vous serez ravis, émerveillés, mais aussi éreintés, démoralisés, perdus, contrariés, déprimés... N'écoutez pas ces nouveaux papes de la parentalité compréhensive qui vendent la méthode miracle pour élever les enfants dans la paix et l'harmonie. Il n'y a pas d'éducation «officielle», validée par la faculté et les neurosciences, pas plus par la psychanalyse d'ailleurs. Il y a juste cette assurance : vous allez survivre à ces moments, trop bons ou trop pénibles. Vous allez trouver par vous-même les moyens de tenir, de durer, de bien vivre, de bien faire. »
Le discours analytique peut éclairer nombre de discours féministes et, à l'inverse, bien qu'opposés dans leurs nécessités, ces derniers rendent fécondes certaines zones de la logique analytique. L'auteur soutient que la psychanalyse a en réserve, à son insu, une pensée encore à déchiffrer, dont la portée féministe est vaste.
Un débat n'a pas vraiment eu lieu entre les féminismes et les grandes étapes de la pensée du féminin en psychanalyse. Les oppositions formulées donnèrent souvent lieu à rupture, sans compromis, et elles furent, de ce fait, fondatrices de mouvements distincts sans possibilité de dialogue. Gisèle Chaboudez explique ce hiatus par les logiques contradictoires dont l'un et l'autre relèvent :
- l'une pense dans les termes que sa pratique exige, selon un « pas tout » laissant ouvertes la singularité, l'altérité, la pluralité des sens, la discontinuité d'un hors discours ;
- l'autre se resserre progressivement autour d'un « tout », de l'Un et du toutes, d'un pourtout que l'efficacité politique semble appeler.
L'auteur en déchiffre quelques éléments et quelques concepts en termes de logique. Elle montre que le discours analytique peut éclairer nombre de discours féministes et, à l'inverse, bien qu'opposés dans leurs nécessités, ces derniers rendent fécondes certaines zones de la logique analytique. Elle soutient que la psychanalyse a en réserve, à son insu, une pensée encore à déchiffrer, dont la portée féministe est vaste.
Les visites à nos proches âgés, qu'ils vivent à leur domicile ou en établissement, ne sont pas un divertissement, mais une manifestation privilégiée de la sociabilité humaine.
La suppression puis la restriction des visites, pendant la pandémie, a généré chez les uns un sentiment d'abandon, chez les autres, de la culpabilité, chez tous des souffrances dont l'intensité a nourri révolte, ressentiment, et, chez les personnes âgées, résignation, tristesse, chagrin.
Roger Gil met en évidence l'importance anthropologique de la visite par un parcours au sein des grands courants religieux et en littérature, de Balzac à Camus, de Platon à Montaigne, de Tolstoï à Houellebecq. En s'appuyant sur de nombreux témoignages recueillis pendant la crise sanitaire, il montre combien les visites des proches, parents ou amis, ont une fonction de reliance coextensive à la condition humaine. Il nous invite à retrouver le sens de la visite dans une approche incarnée de l'éthique et de l'anthropologie.