Écrivain, vedette de music-hall, journaliste, première femme à recevoir en France des funérailles nationales... Les différentes facettes de la vie de Colette témoignent de son goût personnel pour l'alliance de contraires qui chez elle n'en sont pas. C'est le fil de cette vie riche et intense que tire Emmanuelle Lambert dans un portrait littéraire illustré par les photographies d'Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau, Gisèle Freund, Lee Miller et Irving Penn entre autres. Elle nous y invite à relire l'oeuvre et la vie d'une icône, l'une des plus grandes stylistes du siècle dernier.
« Il y a une bête au Tibet que je poursuis depuis six ans, dit Munier.
Elle vit sur les plateaux. Il faut de longues approches pour l'apercevoir.
J'y retourne cet hiver, viens avec moi.
- Qui est-ce ?
- La panthère des neiges, dit-il.
- Je pensais qu'elle avait disparu, dis-je.
- C'est ce qu'elle fait croire. »
Cinéaste et cinéphile, Bertrand Tavernier est l'auteur d'une filmographie riche et éclectique. À travers quinze témoignages inédits d'artistes et de proches du réalisateur, enrichis d'images et d'extraits de films, Laurent Delmas présente les grands thèmes qui traversent son oeuvre:les pères, les héroïnes, la guerre, la musique et les chansons, les faits divers, l'Histoire, les adaptations, l'engagement et la cinéphilie. Dans le prolongement de la série documentaire «Tavernier, le cinéma et rien d'autre» sur France Inter, on découvre un cinéaste à la fois ancré dans son époque et imprégné d'une tradition cinématographique française qui fait la part belle aux histoires, aux scénarios, aux dialogues et aux acteurs.Avec Stéphane Audoin-Rouzeau, Nathalie Baye, Luc Béraud, Christophe Blain, Thierry Frémaux, Julie Gayet, Xavier Giannoli, Marie Gillain, Laurent Heynemann, Isabelle Huppert, Stéphane Lerouge, Raphaël Personnaz, Philippe Sarde, Mélanie Thierry et Philippe Torreton.
Design, architecture, photographie... Il est impossible de restreindre le travail de Charlotte Perriand (1903-1999) à un seul domaine d'expression. Créatrice d'avant-garde, elle rejoint dès 1927 Le Corbusier et devient responsable du mobilier et de l'équipement de l'habitation au sein de son atelier de la rue de Sèvres. Dans un esprit résolument opposé aux Arts décoratifs, ils y créeront, en collaboration avec Pierre Jeanneret, des meubles fondateurs du design moderne. Mais au -delà d'une recherche esthétique, cest une réflexion politique que mène Charlotte Perriand sur l'habitat, notamment sur la place des femmes dans le foyer. Tout au long de sa vie, elle travaillera avec les mêmes exigences:penser l'espace à partir de l'expérience humaine, s'inspirer des modes de vie et des cultures - en particulier japonaise - pour enrichir ses créations, concevoir l'architecture dans le respect de la nature et rendre accessible au plus grand nombre un véritable art de vivre. Laure Adler livre ici le portrait d'une femme libre, engagée et visionnaire, illustré par de nombreuses photographies issues des archives personnelles de la créatrice.
« Je dois écrire sur mon bonheur de recouvrir un dessin de texte. Entre 7 et 22 ans j'ai cru que je serais peintre. À 22 ans le peintre en moi est mort et j'ai commencé d'écrire des romans. En 2008, je suis entré dans une boutique pour en ressortir avec deux grands sacs pleins de crayons et de pinceaux, le peintre en moi n'était pas mort. » Depuis ptus de dix ans,Orhan Pamuk écrit et dessine quotidiennement dans ses carnets. lI y consigne les événements de la journée, note ses réflexions sur l'actualité, s'interroge sur la construction de ses livres, dialogue avec les personnages de ses romans... Les semaines, les mois, les années passent, et l'auteur reprend, complète, crayonne sans cesse les pages restées vides, donnant naissance à un ensembte foisonnant exceptionneI où s'entremêlent textes et dessins.
Pour la première fois, l'écrivain qui rêvait de devenir peintre révèle ses carnets à travers une sélection personnelle réalisée parmi plusieurs milliers de pages.
Ce beau livre rassemble les grands dessins que Joann Sfar publie dans Paris Match. Des scènes aquarellées qui reflètent l'air du temps - un temps marqué par le Covid, mais pas seulement. Parisiens masqués et confinés, rues désertées, commerces, restaurants et cafés... En se glissant dans la tête de ses congénères et de leurs animaux de compagnie, l'auteur livre avec beaucoup d'humour et un brin de cynisme un instantané de notre société - l'image de notre rapport au monde.
C'est aux dernières pages du Temps retrouvé que le narrateur d'À la recherche du temps perdu prend la décision d'écrire. Lui viennent alors à l'esprit deux modèles de l'oeuvre à venir:«car, épinglant ici un feuillet supplémentaire, je bâtirais mon livre, je n'ose pas dire ambitieusement comme une cathédrale, mais tout simplement comme une robe». La vision de l'écrivain au travail dans ses manuscrits s'impose aussitôt au lecteur.Ce catalogue en forme d'abécédaire, né sur le terreau de l'exceptionnel fonds Proust de la Bibliothèque nationale de France et nourri des trésors conservés dans plusieurs musées et collections particulières, explore la démarche créatrice de l'écrivain, de la célèbre première phrase «Longtemps, je me suis couché de bonne heure» au mot «Fin» - début et aboutissement dont Proust rappelle volontiers qu'ils furent écrits ensemble.
Célébrée dès les années 1960 pour ses emblématiques Nanas et ses peintures de Tirs, l'artiste franco-américaine Niki de Saint Phalle (1930-2002) poursuit dans les années 1980 et 1990 un parcours marqué par une liberté, une indépendance, une diversité d'oeuvres et un engagement exemplaires.Ces deux décennies voient l'aboutissement du monumental Jardin des Tarots, en Italie, à la fois lieu d'art et de vie. La rencontre directe avec le public, hors des lieux d'exposition traditionnels, intéresse particulièrement l'artiste, qui imagine des oeuvres pour l'espace public tout en cherchant à faire entrer l'art chez chacun à travers la création de mobilier, de bijoux ou encore de parfums. Ce modèle d'entrepreneuriat novateur lui permet d'être son propre mécène pour le chantier du Jardin des Tarots.Elle qui avait très tôt développé une conviction féministe continue son combat pour les droits des femmes. Elle défend également les malades du sida, la représentation noire, ainsi que la cause animale et la lutte contre le réchauffement climatique, en écoféministe avant l'heure. Avec la liberté de parole qui la caractérise, elle se consacre aussi à l'écriture. Malgré les difficultés, son engagement sans faille s'affirme résolument sous l'angle de la liberté et de la joie.
Des accumulations des tombeaux égyptiens ou chinois et des trésors royaux jusqu'à notre Louvre d'aujourd'hui, entre autres lieux, il faudra du temps pour que le musée trouve sa forme et sa fonction de conservation, d'étude et d'exposition des objets. Or, une histoire mondiale des musées, à la fois politique, sociale et culturelle, n'a encore jamais été écrite. La voici:Le Musée, une histoire mondiale, en trois tomes qui paraîtront sur deux ans.Le premier volume de cette monumentale entreprise, Du trésor au musée, part d'un passé éloigné pour arriver à la création de l'institution appelée «musée», inventée en Italie à la fin du XV? siècle, gagnant toute l'Europe au XVIII?. Une histoire faite de dons et de marchandises, de vols et de pillages, de guerres et de diplomatie. Et aussi d'architecture, de manière de contempler et de manier les objets, de problèmes juridiques et d'organisation, avant les vastes débats d'exposition, d'éclairage, d'accrochage qui suivront. Une histoire d'art, mais aussi de commerce, de savoirs, de techniques.La richesse de l'illustration qui s'appuie sur un texte lumineux donneront envie à tout en chacun de retourner enfin dans ce «lieu bien étrange , comme le déclare Krzysztof Pomian en ouverture de son ouvrage:le musée.
La Fée-Cinéma est le récit autobiographique d'Alice Guy:première femme cinéaste du monde.Écrire vite. Raconter son enfance, d'abord:la jeune Alice est élevée entre le Chili, la Suisse et la France. Puis le pensionnat et la vie à Paris. Suivent des études de sténographie, avant qu'elle ne devienne en 1895 la secrétaire de Léon Gaumont au Comptoir général de Photographie. C'est à la suite de la première projection du cinématographe des frères Lumière qu'Alice a l'idée de tourner de courtes fictions pour soutenir la vente des caméras Gaumont. Déjà «mordue par le démon du cinéma», elle n'a qu'une obsession:raconter des histoires en réalisant ses propres films, dont le plus célèbre, La Fée aux choux, considéré comme le premier film de fiction...Longtemps effacée de l'Histoire, Alice Guy décrit ici avec précision les débuts du cinéma, la magie des accidents, des expérimentations et autres bouts de ficelle. Sans détour et sans romance, d'une écriture intime et urgente, elle dit la beauté du 7? art qu'elle a «aidé à mettre au monde»; elle se réhabilite.Elle meurt en 1968 et ses Mémoires, pourtant achevés en 1953, ne seront publiés qu'en 1976.
« Depuis quelques années, je me suis mis à dessiner de plus en plus fréquemment par séquences, chacune explorant des thèmes et des techniques qui m'intéressent. Ces séries sont à l'origine de cet ouvrage. Leur approche et leur ton varient, elles naviguent entre imaginaire et réalité, mais j'espère que chacune à sa manière parlera à ceux qui aiment regarder des dessins. » Contient : Les pieds dans l'eau - L'art de la conversation - La nouvelle robe - Livraisons venues d'ailleurs - Les Jeux olympiques alternatifs - Pensées nocturnes - La souris sur un tricycle.
«Je voudrais ici simplement parler de ces moments intenses passés avec mon père, Marc Chagall, cet homme aux facettes multiples que le monde entier appelait souvent Maître mais que moi j'appelais simplement papa, et sans chronologie, encore moins une quelconque prétention historique, partager ces trop rares et précieux souvenirs, ces instants de joie, ces heures enchantées que j'ai pu passer avec ce père aimant, ce poète-magicien, cet ouvrier mystique de notre usine à rêves.»Dans cette édition revue, augmentée et illustrée, David McNeil montre pour la première fois des peintures et dessins méconnus de Marc Chagall issus de sa collection personnelle.
Quentin Blake est I'un des plus grands illustrateurs de notre temps. Depuis 70 ans, ses personnages fantaisistes et incroyablement vivants, ses dessins percutants et pleins d'humour ont charmé et inspiré des générations de lecteurs et d'artistes. Voici une rétrospective unique de son oeuvre, depuis ses premiers croquis publiés dans la revue Punch quand il avait 16 ans, jusqu'à ses créations les plus récentes en passant par ses collaborations avec les auteurs John Yeoman, Russell Hoban, et bien sûr Roald Dahl.Un ouvrage exceptionnel, entièrement illustré d'archives et de dessins dont certains inédits, qui nous dévoile l'univers aux multiples facettes de cet artiste de génie.
Du plateau d'Albion à Certaldo, de Charleville à Paris, de Naples à Alger, de Nice à Soweto, du Chili à la Palestine... Ernest Pignon-Ernest change les rues du monde en oeuvres d'art éphémère. Certaines de ses images, notamment les fusillés de la Commune et son Rimbaud vagabond, reproduites à des centaines de milliers d'exemplaires, sont devenues de véritables icônes des temps modernes. Précurseur, dès 1966, de ce que l'on nomme désormais le «street art», ses interventions métamorphosent, perturbent, révèlent les lieux et les événements qu'il a précisément choisis. Inscrits de nuit dans des contextes pour lesquels ils ont été conçus, ses dessins s'apparentent à des fictions surgissant par effraction dans le champ du réel et qui en bouleversent autant l'appréhension que les perspectives et les habitudes. Car il s'agit d'actions qui excèdent la simple exposition en extérieur, qui entendent susciter ou ressusciter, à la manière d'un poète voire d'un anthropologue, tout un jeu de relations complexes, enfouies, oubliées, parfois censurées. «Je ne fais pas des oeuvres en situation, dit Ernest Pignon-Ernest, j'essaie de faire oeuvre des situations.» Cette monographie retrace ainsi l'ensemble d'un parcours d'exception, sensible, sensuel et alerté, avec une attention particulière portée aux réalisations les plus récentes. Elle témoigne d'une création qui exalte la mémoire, les mythes, les révoltes, les personnalités hors norme. Une création toujours en prise sur le qui-vive.
À l'occasion du centenaire de la naissance de Simon Hantaï (1922-2008), la Fondation Louis Vuitton organise une importante exposition rétrospective de l'oeuvre de l'artiste (du 18 mai au 29 août 2022). D'origine hongroise, Hantaï s'installe à Paris en 1948, ville où il réalise l'ensemble de son oeuvre, d'une fécondité et d'une originalité exceptionnelles, qui le conduira à représenter la France à la 40? Biennale de Venise en 1982.
Vocalises d'oiseaux, stridulations d'insectes, chants mélodiques de baleines, hurlements chorals de loups... Depuis toujours, l'homme s'est confronté aux voix animales pour les reproduire, les transcrire ou les transfigurer. D'innombrables bestiaires jalonnent ainsi l'histoire de la musique, de Rameau à Saint-Saëns. De nombreux instruments, appeaux, serinettes ou flageolets d'oiseaux, empruntent aussi aux animaux leurs formes et leurs matières, ou cherchent à en imiter les sons. Sans oublier les récits qui poétisent le lien des hommes aux animaux, comme Les Musiciens de Brême, ou encore Papageno, célèbre homme-oiseau de La Flûte enchantée de Mozart, dont l'identité même rend évidente l'affinité profonde que l'humanité nourrit avec la partition du vivant.
Entre imagier vagabond et cabinet de curiosités, chaque lettre de ce catalogue en forme d'abécédaire montre l'influence extraordinaire des voix animales dans l'histoire de l'art et de la musique, et questionne le devenir de la biodiversité et la disparition d'un patrimoine sonore en danger.
« Quand venait l'heure de nous coucher et de nous mettre en pyjama, notre père restait près de nous et nous apprenait à disposer nos vêtements dans l'ordre très exact du rhabillage. Il nous avertissait, nous savions que la cloche de la porte extérieure nous réveillerait en plein sommeil et que nous aurions à fuir, comme si la Gestapo surgissait. "Votre temps sera chronométré", disait-il, nous ne prîmes pas très longtemps la chose pour un jeu. C'était une cloche au timbre puissant et clair, actionnée par une chaîne. Et soudain, cet inoubliable carillon impérieux de l'aube, les allers-retours du battant de la cloche sur ses parois marquant sans équivoque qu'on ne sonnait pas dans l'attente polie d'une ouverture, mais pour annoncer une brutale effraction. Sursaut du réveil, l'un de nous secouait notre petite soeur lourdement endormie, nous nous vêtions dans le noir, à grande vitesse, avec des gestes de plus en plus mécanisés au fil des progrès de l'entraînement, dévalions les deux étages, sans un bruit et dans l'obscurité totale, ouvrions comme par magie la porte de la cour et foncions vers la lisière du jardin, écartions les branchages, les remettions en place après nous être glissés l'un derrière l'autre dans la protectrice anfractuosité, et attendions souffle perdu, hors d'haleine. Nous l'attendions, nous le guettions, il était lent ou rapide, cela dépendait, il faisait semblant de nous chercher et nous trouvait sans jamais faillir. À travers les branchages, nous apercevions ses bottes de SS et nous entendions sa voix angoissée de père juif : "Vous avez bougé, vous avez fait du bruit. - Non, Papa, c'est une branche qui a craqué. - Vous avez parlé, je vous ai entendus, ils vous auraient découverts." Cela continuait jusqu'à ce qu'il nous dise de sortir. Il ne jouait pas. Il jouait les SS et leurs chiens. » Écrits dans une prose magnifique et puissante, les Mémoires de l'auteur de la Shoah disent toute la liberté et l'horreur du XXe siècle, faisant du Lièvre de Patagonie un livre unique qui allie la pensée, la passion, la joie, la jeunesse, l'humour, le tragique.
L'oeuvre de Frida Kahlo (1907-1954) est peu abondante. Elle ne se compose que de cent quarante-trois peintures, de format généralement réduit, dont deux tiers d'autoportraits. Ce narcissisme frappant est en lien étroit avec sa biographie, avec son pays et son époque, avec ses dons naturels complètement excentriques. Il n'est pas étonnant que les grands «énigmatiques» du XVIe siècle, Jérôme Bosch et Bruegel l'Ancien, figurent parmi ses peintres de prédilection:Frida Kahlo ne montre jamais ses blessures directement, qu'elles soient corporelles - celles qui ont été provoquées par les accidents et les maladies - ou psychologiques. Sa langue symbolique est faite de clés subtiles; elle est riche de métaphores puisées au fonds de presque toutes les cultures du monde. Les mythes fondateurs aztèques, les mythologies extrême-orientales et antiques et les croyances populaires catholiques se mêlent au folklore mexicain et à la pensée de son époque, avec Marx et Freud. Exotiques et explosives, significatives et vitales dans leur discours artistique, les images de Frida Kahlo sont le miroir d'une âme complexe et souvent effrayante:«Ma vérité intérieure», avait-elle coutume de dire.
D'abord peintre, Maillol se tourne vers la tapisserie et les arts décoratifs. Mal connue, cette première partie de sa carrière, au cours de laquelle il regarde Gauguin et Puvis de Chavannes et tisse des liens étroits avec les Nabis, montre un artiste désireux de retrouver les principes du décor mural.
Il découvre la sculpture vers 1895 seulement, d'abord sur bois et de petites dimensions : Octave Mirbeau et Ambroise Vollard entre autres en reconnaissent les qualités.
La Méditerranée réalisée pour le comte Kessler apparaît comme le manifeste du « retour à l'ordre », dont Maillol est un acteur majeur : proscrivant toute recherche d'expression, il instaure un nouveau classicisme et inscrit des corps féminins, à l'anatomie charpentée et sensuelle, dans des formes géométriques simples.
Maillol passe avec aisance de l'esquisse au monumental, dans des allers-retours continuels. L'imposant Monument à Cézanne invite à plonger dans son processus créateur, avant les grandes figures, aboutissement d'un parcours dans lequel la recherche d'une perfection formelle tient une place essentielle.
Dans Van Gogh le suicidé de la société, publié en 1947, Antonin Artaud fait de la violence de Van Gogh la réponse à l'obscénité haineuse du monde et des psychiatres ; de sa folie, une réponse de l'âme à l'imbecillité universelle qui lui souffle « Vous délirez ». Alors Van Gogh s'est tué parce qu'il ne pouvait pas tuer le psychiatre, le docteur Gachet. Il s'est tué parce qu'il ne pouvait plus supporter ce « délire » qu'on attachait à ses pas.
« Je vois à l'heure où j'écris ces lignes, le visage rouge sanglant du peintre venir à moi, dans une muraille de tournesols éventrés, dans un formidable embrasement d'escarbilles d'hyacinthe opaque et d'herbages de lapis-lazuli.
Tout cela, au milieu d'un bombardement comme météorique d'atomes qui se feraient voir grain à grain, preuve que Van Gogh a pensé ses toiles comme un peintre, certes, et uniquement comme un peintre, mais qui serait, par le fait même, un formidable musicien. »
Le musée Soulages consacre son exposition d'été à Fernand Léger. Cette exposition rétrospective, témoigne de l'oeuvre du peintre et de cette modernité à laquelle il se réfère sans cesse. En explorant la pure frontalité et le contraste de formes chez Fernand Léger, cette présentation tracera un parcours à travers trois thèmes principaux : la ville moderne et le machinisme, thèmes chers à l'artiste et auxquels il consacre de grands tableaux dès les années 1920 ; le monde du travail et les loisirs. Selon Léger, l'artiste a un rôle à jouer dans la société : celui de concilier la modernité à l'esprit populaire. Avec des essais des commissaires de l'exposition, Benoît Decron, directeur du musée Soulages et Maurice Fréchuret, historien de l'art, de Julie Guttierez, conservatrice du musée national Fernand Léger, Ariane Coulondre, conservatrice du service des collections modernes du Musée national d'art moderne-Centre Pompidou et un essais à caractère biographique de Nelly Maillard, responsable des collections au musée national Fernand Léger.
Au-delà de ses responsabilités publiques, Laurent Fabius est aussi un passionné d'art. À ce titre, il a choisi de s'intéresser aux polyptyques, ces oeuvres que l'on trouve dès le XIII? siècle dans les églises, et dont l'un des plus célèbres est le retable d'Issenheim. Ces tableaux, peints sur plusieurs panneaux, ressurgissent d'une manière plus profane à la fin du XIX? siècle. Au XX? et au XXI? siècle, de nombreux grands artistes comme Francis Bacon, Joan Mitchell, Zao Wou-Ki, Fabienne Verdier ou Pierre Soulages travaillent sur et avec des toiles multiples.Ces oeuvres, que Laurent Fabius - qui lui-même s'adonne à la peinture - a choisi d'appeler «tableaux pluriels», possèdent non seulement une forme mais aussi une force particulières qu'il entreprend ici d'analyser et de décrire dans un voyage érudit à travers le monde, à la fois historique, émotionnel et pictural.
Elle a longtemps échappé aux radars de l'histoire de l'art. On découvre aujourd'hui avec Anna-Eva Bergman (1909-1987) une peintre d'importance majeure qui a investi dans son oeuvre une ambition sacrée, presque mystique. Sa vie, racontée pour la première fois grâce à une enquête au coeur de ses archives, est hors norme:une enfance norvégienne sous le signe de la peur; une jeunesse bohème et aventureuse à travers l'Europe; une carrière d'illustratrice; des démêlés avec l'Allemagne nazie; une lutte acharnée avec une santé défaillante; trois mariages, dont deux avec le même homme - Hans Hartung - à vingt-huit ans de distance; une fin tragique dans la splendeur de sa villa d'Antibes.Mais, surtout, Anna-Eva Bergman, c'est une vie dédiée à la création, loin des modes. Elle est aujourd'hui l'objet d'un engouement spectaculaire et sa cote s'envole. Il n'en a pas toujours été ainsi. Insuffisamment reconnue dans son pays d'origine, défendue par quelques rares alliés en France et en Europe, elle fera une très honorable carrière, certes, mais en sourdine, souvent dans l'ombre. Elle a beau croiser la route de Kandinsky, Soulages ou Rothko, elle demeure marginale. Caractérisés par l'emploi de feuilles d'or et d'argent et le rythme de la ligne, ses tableaux sont des évocations hiératiques et simplifiées, radicales, des grandes forces structurantes de l'univers - les éléments, les minéraux, le temps ... Elle a laissé une quantité considérable de documents (la plupart en norvégien) qui permettent de comprendre enfin cette femme, dans la complexité de son être, le drame de son existence et la magnificence de son oeuvre.