L'enfer de Dante compte neuf cercles. Hollywood pourrait assurément être le dixième. Périssent vos rêves de gloire sur grand écran, le star-system n'est en effet qu'une comédie jouée par des dieux tragiques en proie aux pires démons. Dans la cité des anges, rien n'est ordre et beauté, luxe, calme et volupté. Tout est chaos et hideur, misère, fureur et malheur. La mort violente côtoie la vie facile. La drogue, l'alcool et la débauche s'invitent sans cesse au festin du succès. L'aliénation voisine avec l'adulation des masses. La grâce est suivie comme son ombre par la disgrâce. Vous qui entrez dans ce monde immonde, abandonnez tout espoir. Vous ne trouverez que souffrance et désillusion.
Pourquoi diable en est-il ainsi dans le plus céleste des royaumes terrestres? Voyageurs assez téméraires pour ne pas craindre les brûlures de la vérité, enfoncez-vous dans la vallée de larmes qu'est l'univers implacable des icônes de l'image et vous saurez ce que tant d'inconscients ignorent: pouvoir, réussite, cinéma, les sources magiques auxquelles s'abreuvent vos idoles sont toutes empoisonnées.
Vous qui entrez dans cet ouvrage, n'abandonnez pas toute espérance. Au bout de votre périple au coeur des ténèbres, vous découvrirez une lumineuse consolation: la clef de l'une des plus fascinantes énigmes de notre civilisation.
Saisie délicate du sens de l'instant présent présidant à un geste inattendu, le tact pratique l'art du détour ou du rebond là où la voie droite et directe échouerait vraisemblablement; il s'apparente au flair, à la retenue et, bien qu'il implique une certaine rapidité, s'oppose à la brusquerie obnubilée par son objectif et négligeant toute interrogation sur les moyens à déployer pour l'atteindre. Toute délicatesse ne relève pourtant pas du tact. Il arrive en effet qu'on nomme ainsi une forme de fragilité, d'incapacité à supporter telle ou telle action, remarque, situation. Le tact se rapproche davantage d'une intuition de ce qu'il convient de dire ou de faire au moment opportun, au moment voulu. «Intuition juste» comme l'eustokhia dont parle Aristote, comme le «flair» ou la «quasi divine sûreté de l'âme» dont parle Platon à l'aide d'un mot grec de la même famille (eustokhos). Entre sagacité et vivacité d'esprit, il désigne une certaine «acuité de l'âme» qui fait choisir, en situation, l'expédient, la formule ou le geste opportuns bien que discrets et manifeste une faculté d'adéquation (qui n'est pas adaptation) à la situation, qu'il épouse plutôt qu'il ne s'y confronte, à laquelle il ne fait pas face comme à quelque chose qui s'opposerait à lui. En termes temporels, cette perspicacité renvoie à une intelligence de l'immédiat qui est celle de l'opinion droite telle que la décrit Socrate à la fin du Ménon ; elle est saisie du moment opportun, sens de l'à- propos, subtile appréhension de ce que les philosophes grecs appelaient le kaïros. Pour ces raisons, le tact relève davantage, à l'instar d'un savoir-faire, des vertus pratiques que des vertus intellectuelles, du moins en apparence.
À travers une série de portraits de personnages, ce récit d'anticipation que nous livre Daniel D. Jacques trace l'avenir d'une humanité que sa quête de perfection pourrait bien mener au bord de l'abîme. Les douze fables philosophiques, se déroulant entre 2058 et 2198, mettent en scène autant de personnages et de situations, au coeur de découvertes scientifiques innovantes afin d'améliorer la condition humaine, entre corps fonctionnel et corps naturel, intelligence artificielle et singularité individuelle.
Dans un monde désincarné où il est devenu possible de télécharger sa conscience dans un corps synthétique, où la technologie a remplacé le libre arbitre des individus, que deviennent les questions éthiques et l'expression artistique ?
Le narrateur, une intelligence artificielle omnisciente, s'attache à décrire la vie des personnages sous l'effet d'une singulière nostalgie. Sont ici évoqués les destins contrariés d'un artiste, un ingénieur, un patron de café, une révolutionnaire, un professeur, un séducteur, des jumelles, des amants...
Les événements racontés dans cette histoire fictive, dans lesquels se font toutefois entendre de multiples échos du temps présent, ne manqueront pas de nourrir les réflexions du lecteur.
Tentatives de censure. Conférences annulées. Accusations de racisme. Menaces contre des enseignants. Depuis plus d'une dizaine d'années, les universités semblent aux prises avec la cancel culture et un nouveau courant de justice sociale (autrement appelé « woke », terme galvaudé s'il en est). Le Québec n'échappe pas à cette poussée morale qu'il associait jusque-là aux sociétés voisines. À la suite de « l'affaire Lieutenant-Duval » qui a éclaté à l'université d'Ottawa et d'autres incidents révélés dans plusieurs institutions de la province, le gouvernement a adopté le 3 juin 2022 une loi destinée à reconnaître et protéger la liberté universitaire. Ainsi, il est permis de dire que c'est entre ces deux termes, liberté universitaire et justice sociale, que s'est fixé et, par là aussi simplifié, le débat qui anime aujourd'hui le monde de l'enseignement et de la recherche.
Peut-on subordonner la liberté universitaire à la justice sociale ? Les opposer ? Ou favoriser l'une au détriment de l'autre ? Autant de questions fondées sur des amalgames, qui dissimulent souvent eux-mêmes une vision managériale du monde universitaire. C'est à défaire cette fausse alternative que s'attache cet essai en déjouant les prises de position polarisées et en redonnant tous leurs droits à la critique et à la nuance.
Les séries télévisées constituent depuis des années la forme privilégiée dans laquelle notre culture se projette, mais Black Mirror représente bien plus que cela : c'est un fait socioculturel emblématique du monde contemporain qui esquisse la société du futur en décrivant de manière paroxystique ce que nous vivons déjà. Voici un spectacle, un musée, une prison et un jeu vidéo où la technique, les algorithmes et les réseaux sociaux prévalent sur les individus en annihilant la rationalité sur laquelle nos sociétés se sont fondées. ?uvre totale ayant anticipé notre condition suite aux mesures adoptées pour contrer la pandémie de Covid-19, la création de Charlie Brooker explore la médiatisation de l'existence dont nous faisons l'expérience entre trolls, haters, sexting, surveillance, stories, cancel culture et analyse prédictive. S'y arrêter permet de voir notre époque comme une catastrophe et comprendre ce qui est en train de surgir des cendres de l'humanisme : l'aurore numérique.
Au coeur de l'alternative, entre multi- culturalisme façon anglo-saxonne et laïcité d'inspiration républicaine, se retrouve le problème de la définition et de la justification de la liberté de conscience et de religion et de ses limites. Quelle interprétation en donner afin qu'elle remplisse la fonction qui est la sienne et, en même temps, qu'elle ne mine pas de l'intérieur le système dans lequel elle s'enracine et trouve son sens ? S'il s'agit bien là d'un des droits les plus délicats à interpréter juridiquement, une réflexion philosophique doit être menée en amont. Et cela, en visant la régulation la plus juste possible de ce fait devenu caractéristique et pérenne de notre monde qu'est la pluralité religieuse. C'est ce que l'auteur propose de faire dans cet ouvrage. La pluralité des croyances, des valeurs et des appartenances appelle en démocratie libérale une régulation politique et juridique qu'on nomme laïcité. Aussi, afin que la liberté de conscience conserve sa signification et demeure en équilibre avec les autres droits fondamentaux, l'État doit faire montre à la fois d'ouverture et de fermeture à l'égard de la religion. Or, est-il possible de définir et de justifier objectivement cette intention de l'État ? Cet ouvrage répond oui et tente, pour ce faire, d'expliciter les conditions de possibilité d'un aménagement de la diversité religieuse qui soit juste.
Après un rendez-vous manqué avec la mort, un homme entreprend un dernier tour de piste pour informer ses proches qu´il veut mettre fin à ses jours. Ses rencontres l´amènent à réfléchir aux répercussions sociales d´un tel geste. Il rédige alors un journal dans lequel on trouve un condensé des débats de société sur le suicide et l´euthanasie. Ce journal de vingt-huit pages, rédigé de mai à novembre 2018, commence par ces mots : « À soixante-seize ans, n´ayant plus ni responsabilité ni intérêt dans la vie, je considère qu´il est temps d´en finir. Je vais d´abord rencontrer quelques personnes pour les avertir. Je me donne six mois pour faire un dernier tour de piste avant de mettre fin à mes jours le 2 novembre prochain, le jour des Morts ». Cet essai traite la question délicate du choix de mourir avec beaucoup de sensibilité et d´humanité, autant que d´originalité, mêlant expé-rience vécue et réflexion sociétale.
Ce court essai philosophique aborde la question de la mémoire à partir de l'expérience fréquente et récurrente des « trous de mémoire ». Il commence par analyser l'expression (« trou de mémoire ») qui suggère une trame uniforme, continue, percée cependant de « jours », de dépressions, modelée en tout cas par ces accidents, et s'intéresse également aux différentes métaphores appliquées à la mémoire (celle du contenant, de l'élément aquatique, de l'écriture, etc.). Le livre s'interroge donc sur ce que l'on pourrait appeler le relief de la mémoire, chaque chapitre abordant l'un des aspects (plaine, adret et ubac, feuilletage et foliation, rifts et fractures, etc.) de cette géographie mnésique, en prenant appui sur de nombreux auteurs, parmi lesquels Levinas, Sartre, Thoreau, mais aussi Descartes, Husserl, Ravaisson, Schelling, Kant, Benjamin ou Platon, mais aussi quelques épisodes bibliques accompagnés de leur relecture talmudique.
CHAMPIGNONS Reflétant le grand nombre d'espèces de champignons maintenant disponibles sur le marché, CHAMPIGNONS fait, en soixante recettes signées par les chefs les plus réputés, le grand tour de tous les continents et de toutes les cultures du monde.
Qu'ils fassent appel à l'exotisme oriental, au classicisme de la cuisine européenne ou à la moderne fusion des deux, tous les plats ici décrits comprennent un délicieux mélange des principaux champignons cultivés et sauvages.
Il y a un certain temps, deux jeunes étudiants se sont demandé s'ils pouvaient passer quelques moments avec l'auteur pour parler de l'inconscient et de la psychanalyse. Il a volontiers accepté à condition que cela se passe sous forme de conversations autour de ces thèmes. Sitôt sa décision prise, Patrick Gauthier-Lafaye s'est lancé le défi de les entraîner dans une authentique expérience de vie liée au sujet choisi. Il a voulu leur donner le goût de la rencontre avec l'espace pulsatile, toujours fuyant mais si vivant qu'est l'inconscient. Cet essai dialogué est le fruit de leurs rencontres étalées sur une année, en dix soirées d'échanges fructueux. Ce livre s'adresse donc à tous les explorateurs psychanalystes, psychothérapeutes et patients, mais aussi à tous les fervents lecteurs curieux de ce voyage vers l'inconscient.
Avec l'émergence des métropoles, des médias modernes et de la société de masse, il s'est mis en marche un processus d'esthétisation de l'existence qui a peu à peu transformé le corps social en protagoniste de l'histoire. En action dans le kitsch, l'art nouveau et l'industrie du spectacle; radicalisé à travers l'expérience des avant-gardes artistiques du vingtième siècle et les performances des contre-cultures; accéléré, édulcoré et nourri par la télévision et la culture pop, il semble arrivé aujourd'hui à la maturité en deçà et au-delà de l'art. Le voici s'épanouir dans des scènes urbaines chargées d'émotion et dans la socialité numérique, partout où la vie quotidienne est devenue le coeur même de la culture, à la fois fétiche et instrument de la production, art et marchandise, sujet politique et objet de consommation. Ainsi, au moment même où nous assistons à l'émancipation tant souhaitée du public, nous constatons également sa définitive et volontaire aliénation.
Né au Pakistan en 1924, mort en Angleterre en 1989, Masud Khan est une figure originale, ambiguë, « monstrueuse », de la psychanalyse, chez qui cohabiteront génie et perversion, noblesse et avilissement. Arrivé à Londres en 1946, il intégrera peu à peu le milieu psychanalytique anglais, aura divers analystes, le deviendra lui-même, sera l'assistant inspiré de Donald Winnicott. Par ses intuitions et par sa clairvoyance, mais encore plus par son comportement, il déstabilisera la Société britannique de psychanalyse dont il rendra visible le désordre. Il en sera exclu un an avant sa mort.
Nous disposons de quatre versions de sa vie. La première, publiée en 1993, a été écrite à sa demande par Judy Cooper, son analysante. Ces versions, si elles s'accordent le plus souvent, se contredisent parfois. L'auteur écrit à leur suite, non pas une biographie, plutôt quelque chose comme une vie, au sens des Vies parallèles de Plutarque, lesquelles requièrent une tout autre discipline que l'histoire.
« J'écris donc à la suite de ses biographes, sans juger. Je tente de me faire une idée de ce que fut sa vie, son éthique ; ceci est donc Masud tel que je l'imagine. On verra que je préfère le plus souvent les versions qu'il donna lui-même de sa vie à celles de ses archivistes. »
Dans les labyrinthes qui conduisent du chaos à l'éternité, un long fleuve coule vers un rêve infini que l'on nomme la création. Créer, c'est regarder le miroir du temps et oser y inscrire un reflet. Les Mots du regard, ce sont des promenades en art - ces heures où le critique ose entendre une parole, accompagne une intimité visible par l'écriture et tente d'étreindre certains moments qu'il ne pourra jamais complètement embrasser. TABLE DES MATIÈRES Avant-propos : Hommage liminaire - Fernand Leduc (1916-2014). 1. PAROLES : Vladimir Velickovic ; Valerio Adami ; Sebastian ; Miljenko Horvat ; Lorraine Palardy. 2. REGARDS: Pierre Gauvreau ; Sean Rudman ; Paul Cloutier ; Françoise Galle ; Le corps humain ou Le tombeau des dieux ; La sensibilité fragmentée de Xylon-Québec ; La gravure est-elle mémoire des songes ? ; Deux : un doux vertige d'espérance ; Montréal Est au/at the Centre ; Les ensorcellements de l'ordinateur ; Grande fête graphique à l'UQAM ; Reflets ou visions partielles de l'Art au XXe siècle ; L'art populaire au Canada ; La caricature anglaise de 1620 à nos jours ; Mémoire du temps... ; Joyaux des collections particulières de Québec ; Fragments de vie - Oeuvres choisies ; Aux arts déco ; Art africain ; Le siège a-t-il une âme ? ; L'Homme au repos ; figure sublime de l'interrogation ; Nouvelles perspectives - Identités interculturelles. 3. PROMENADES EN ART : Documenta 6 ; La Villa Arson à Nice, Centre national d'art contemporain ; Genève : de l'Islam au postmodernisme ; Imaginaires mexicains ; Le monde selon Graff ; Les textures éternelles de la mort ; Artisan ou artiste ? ; Le corps s'écrit-il ? ; Les splendeurs de l'estampe japonaise ; L'Estampe japonaise ; L'érotisme, fut-il japonais...
Placées sous l'égide de Borges, ces deux nouvelles de Florent Danne plongent d'emblée le lecteur dans un univers improbable. Dans le premier de ces récits, un recueil du célèbre auteur argentin demeure obstinément introuvable, comme s'il avait définitivement disparu de la surface de la terre. Dans le second, des livres prennent vie, tandis que des personnages de romans fréquentent cafés et restaurants. Ces événements étranges se produisent dans la ville espagnole pourtant bien réelle de Valence et ont pour protagoniste un personnage ancré dans un quotidien qui n'est pas si différent du nôtre : marié, père de deux enfants, doté de quelques amis chers, il est écrivain de métier et connaît les angoisses de la page blanche comme les échéances pour remettre articles ou manuscrits à son éditeur. À travers ces deux nouvelles, l'auteur fait vaciller la limite entre réalité et imaginaire, mais surtout celle qui sépare les livres du monde des lecteurs.
Que deviendrait Tintin, chevalier sans peur et sans reproche de la bande dessinée, si un album caché du grand Hergé le peignait sous les couleurs compromettantes d'un personnage hanté par de multiples démons ? Un héros encore plus passionnant que celui dont nous connaissons tous les aventures !
Dans un texte à la croisée de l'essai et du neuvième art, Jean-Philippe Coste vous propose de découvrir les idées insoupçonnées d'un contestataire grimé en bien-pensant qui, à mots subtilement couverts, renverse les hiérarchies traditionnelles et les valeurs dominantes. Politique, religion, science, féminité, pouvoir, autorité, races, aucun tabou ne sera épargné par la verve critique du plus roué - et du plus mal connu - des reporters vedettes.
On aime bien parler de théorie en science et en sciences sociales. C'est un sujet de fierté des chercheurs et surtout un moyen de se démarquer d'autres discours sociaux concurrents : journalisme, littérature, idéologies, etc. La théorie serait la marque distinctive de la science et, à ce titre, elle joue un rôle majeur dans nos sociétés. Mais en quoi consiste-t-elle et que fait-elle, en particulier dans les sciences sociales ? Mène-t-elle au vrai, guide-t-elle l'action ? Laquelle ? Émancipatrice, régulatrice ? Voilà les questions que nous entendons remettre à plat dans cet ouvrage. Il est possible que la théorie dans nos sociétés ait un rôle qu'on n'a pas encore bien perçu. Il est plus probable encore que la difficulté à penser le lien puissant qui la lie au monde social tienne plutôt à la conviction qu'elle a une fonction essentiellement critique. L'objectif de cet ouvrage est de mettre en lumière la responsabilité de la théorie et un devoir de répondre de ses actes.
Le coeur du problème est que la société de consommation a enfanté une véritable culture de consommation. Il s'agit d'une vision du monde où les valeurs cardinales sont la liberté de choix, le confort, le plaisir et l'expression de soi. Cette culture marchande nous autorise et encourage à sublimer nos pulsions, nos frustrations et notre anxiété en acte d'achat qu'elle transforme en exercice quotidien de liberté. La culture de consommation n'a pas été créée de toutes pièces. Elle est fondée sur nos pulsions primaires et notre tendance à la comparaison sociale, mais elle table aussi sur notre apathie et notre aveuglement volontaire. Nous désirons tellement croire en notre libre arbitre que nous n'attribuons nos décisions d'achat qu'à nous-mêmes, et non à notre inconscient ni aux techniques de marketing, et encore moins à la culture de consommation. Ce faisant, nous entérinons l'idée de l'achat comme un acte délibéré et donc chargé de significations. Ainsi, bien qu'instaurée par les entreprises commerciales, puisque dans leur intérêt, la culture de consommation est coproduite par nous, consommateurs. Nous sommes tous des artisans de la société de consommation.
Pendant tout un mois, à l'époque des vacances, le grand-père accueille dans sa maison ses petites-filles, Elsa et Pauline. Il est psychanalyste et elles ont l'adolescence curieuse. « Mais en quoi consiste exactement ton travail ? », demandent-elles. Et c'est ainsi que de fil en aiguille, de la rencontre psychanalytique à l'inconscient, en passant par les rêves et les actes manqués, ils brossent pendant vingt soirées, un portrait vivant, joyeux et touchant de la psychanalyse dans le plaisir manifeste d'une conversation où se transmettent un savoir, une pratique, une passion. « J'avais en effet toujours refusé de vous parler de mon métier, et ce soupir me le faisait regretter. Comme une faute et presque une injustice à votre égard. Et aussi une insulte à votre curiosité. Pour essayer de justifier ma réticence à vous répondre, je vous dirais que trop de gens me demandent de leur expliquer la psychanalyse, alors qu'au fond ils ne veulent qu'être confortés dans ce qu'ils croient savoir de cette expérience. Ils enfilent les idées toutes faites qui traînent un peu partout et finissent, avec plus ou moins de talent, par dénigrer cette pratique. Au nom du bon sens ou de la morale ambiante. Et chaque fois un sentiment de tristesse m'envahit après ces discussions qui ne mènent à rien. »
Ce livre s'inspire de l'article de Donald Winnicott : "La haine dans le contre-transfert". Cet article est issu d'un texte que Winnicott avait présenté à la Société britannique de psychanalyse, le 5 février 1947 sous le titre de "Quelques observations sur la haine". Il y aborde des thèmes devenus depuis centraux pour la psychanalyse : la haine que les psychanalystes peuvent éprouver à l'égard de leurs analysants mais aussi celle que les psychiatres manifestent par la violence même de leurs méthodes et, enfin, la haine des mères envers leurs enfants. Winnicott adoptait une démarche qui était et qui demeure provocatrice, à tel point que nombreux sont ceux parmi les analystes à préférer ne pas en tenir compte. Le sujet dont il s'agit dans ce fameux article est Masud Khan que Winnicott ne mentionne jamais directement. Khan est un jeune psychanalyste d'origine pakistanaise qui devint membre de la Société britannique de psychanalyse après avoir été analysé par Winnicott. De plus, Khan a été pendant plus d'une vingtaine d'années le collaborateur de ce dernier et a participé à l'édition de nombreux de ses écrits qui ont fait sa renommée. Les deux psychanalystes ont été tour à tour analyste et analysant, collaborateurs et adversaires. Autant l'un est affable et complaisant, autant l'autre est exubérant et agressif ; mais ils partagent aussi une égale créativité intellectuelle. Entre eux, il y a admiration et concurrence, amour et haine. C'est l'aventure commune de ces deux hommes que raconte ce livre.
La polémique n'est pas toujours bonne conseillère. Mais son piment n'est pas inutile pour donner quelque saveur à ces plats fort peu ragoûtants que l'on confectionne trop souvent dans les insipides arrière-cuisines universitaires. Elle est même parfois fort utile quand elle s'emploie à redynamiser un débat intellectuel languissant ou par trop conformiste. Débat et non critique ad hominem, ainsi que le réclamait Karl Marx lorsqu'il voulait invalider un de ses ennemis. Et il est fréquent dans la décadence contemporaine que certains continuent d'une manière adolescente à se poser en s'opposant. D'où les médisances, les calomnies, les à-peu-près, en bref l'agressivité de plus en plus répandue dans ces garderies d'enfants que sont devenues nos pauvres universités. Un essai corrosif et stimulant de Michel Maffesoli contre la bien-pensance intellectuelle et les lieux-communs de notre époque qui nous plombent dans un fatras idéologique, mélange indigeste d'individualisme, de rationalisme et d'inévitable utilitarisme. «J'ai souvent indiqué que la postmodernité, en son moment naissant, s'exprimait pour le meilleur et pour le pire. Le pire, ce sont les parodies et autres billevesées que l'on trouve, à loisir, chez les plagiaires, les scientistes mimant l'authentique science et les militants confondant le "savant" et le "politique". Chacun d'eux rationalisant en d'ennuyeuses parénèses ou de pédantes exhortations ce ludique qu'est, on ne peut plus, le monde de la postmodernité ». « Le meilleur, c'est qu'au-delà ou en deçà de ces amusements d'"enfants attardés", on voit resurgir ce que j'appellerais la "force invisible de l'imaginaire". Elle est en train de nettoyer le cloaque des lieux communs et autres conformismes qu'ils soient scientistes ou politistes. »
La dismose est le contraire de la cosmose. Là où celle-ci nous immerge dans la nature en orientant notre sensibilité vers le bien-être, la dismose altère cette même sensibilité par l'invasion des autres, la contagion du monde et la pénétration des techniques en nous. La contamination, le viol, la maladie chronique, les biotechnologies, mettent ainsi à l'épreuve notre vivacité en portant parfois atteinte à notre vitalité. Confronté de l'intérieur à des modifications sensorielles par la contrainte ou de manière involontaire, le sujet doit alors trouver les ressources capacitaires pour se revivaciter et se revitaliser. Car « être à vif » est aussi l'occasion, dans le dépassement de nos limites physiques, d'« être vif », de ressentir l'intérieur de notre corps par l'exaltation de sensations inverses et encore inactives. Sentir alors sa vivacité est une manière de s'activer, moins pour s'adapter que pour développer ce corps capacitaire encore inédit.
Qu'est-ce que l'argent, d'où vient-il, pourquoi nous paraît-il si nécessaire et si naturel ? Ces questions constituent le fil rouge de cet ouvrage, qui tente de dénaturaliser l'argent pour mieux s'interroger sur sa place et son rôle dans la société. Naturel, l'argent ne l'est certainement pas. Les discours qui le décrivent comme un objet inévitable de toute vie sociale et un simple instrument d'échange sont à questionner de manière radicale. Il semblerait presque que l'argent ait été inventé pour définir une société à deux vitesses, pour permettre de séparer ceux qui peuvent payer le prix et ceux qui ne le peuvent pas, de quelque prix qu'il s'agisse et pour quelque bien que ce soit. Si presque tous les philosophes ont parlé d'argent, peu se sont pourtant étonnés de le trouver là devant eux, et peu se sont étonnés de son apparente nécessité. Tel est le but que se propose cet ouvrage : nous étonner devant l'argent. La question première est donc moins « qu'est-ce que l'argent ? » que « comment se réapproprier cet objet pour le penser ? ». On pourra plus facilement s'interroger ensuite sur le sens que nous voulons donner à l'économie et au politique, sur la place qu'il convient de donner à l'argent et sur le type de relations que nous souhaitons établir les uns avec les autres.
Les dénonciations d'inconduites sexuelles, qui se multiplient dans les universités américaines, ont à juste titre de quoi nous inquiéter, qu'il s'agisse d'allégations de viol, d'agressions sexuelles ou de faveurs obtenues par la contrainte. Mais sont aussi condamnées les fréquentations entre professeurs et étudiants adultes, de même que les « avances non désirées », et tout geste ambigu que l'on s'empresse de signaler comme contribuant à un « climat hostile ». Or ces dénonciations sont pour plusieurs administrées à même les universités plutôt que par un système de justice reconnu. Elles mènent souvent à des accusations, à des procès irréguliers et à des ententes chèrement payées dans lesquelles s'engagent, pour acheter la paix et ne pas compromettre leur réputation, les universités elles-mêmes. Celles et ceux qui se risquent à sortir du silence pour critiquer les excès bureaucratiques, comme cela a été le cas de Laura Kipnis, font à leur tour l'objet de mises en garde, de plaintes, de poursuites, voire de congédiements. Études interrompues, carrières brisées, méfiance généralisée, luttes sans quartier : tel est le régime du sexe polémique auquel les établissements américains du haut savoir sont actuellement soumis. Comment en est-on arrivé là ? Comment en sortir ? Dans ce portrait au vitriol du monde universitaire, Laura Kipnis médite ces questions. Faute d'avoir compris les avancées du féminisme, qui devait favoriser l'autonomie et la liberté, les étudiants, professeurs et administrations s'empêtrent dans le maquis défraîchi de la féminité victimaire et du pouvoir prétendument inébranlable des hommes de tout acabit. Et l'on voit ainsi la paranoïa s'emparer de l'université.
Aucun initié Écossais n'ignore que le parcours initiatique au R.E.A.A. est constitué de trente-trois degrés.
Désormais convaincu que la légende de la mort d'Hiram ne s'arrête pas là, après avoir franchi les trois premières phases en Loge symbolique, que sont l'Apprentissage, le Compagnonnage et la Maîtrise, voilà que le Maître Écossais est en mesure de poursuivre son chemin dans les « Hauts grades », qui constituent un véritable cycle de perfectionnement de l'Être.
Avec ce quatrième opus qui vient s'ajouter à la trilogie des trois premiers degrés symboliques, Lucien Millo entreprend maintenant l'étude approfondie du premier des Hauts grades.
Au-delà de la légende qui pose la question « Mais quelle est la suite de l'histoire ? », établissant clairement que l'on ne peut en rester là, l'ouvrage s'évertue à démontrer les valeurs contenues dans le Rituel du 4e degré du R.E.A.A.
Évoquant tour à tour les textes fondamentaux constitutifs du Rite, le changement de dimension spirituelle, l'exégèse des grands thèmes contenus dans le Rituel du 4e degré et l'étude des grands préceptes tels que le devoir, le secret ou encore la justice, Lucien Millo propose au lecteur d'aller à la découverte de sa propre lumière intérieure via la pensée Écossiste.
Les secrets du 4e degré de l'Écossisme permet à l'initié, devenu Maître Secret, de savoir envisager les grands mystères de cette étape si importante et d'en saisir les enseignements essentiels sur le plan du savoir mais aussi de l'intelligence de l'Esprit.