Déporté du ghetto de Theresienstadt au camp d'extermination de Treblinka, où il a rejoint le petit millier d'«esclaves travailleurs», Richard Glazar relate son quotidien, puis son évasion. Rescapé, il est l'un des grands témoins des procès de Treblinka - doté d'un sens du détail, de la nuance et de l'exactitude hors du commun, estiment les historiens. Claude Lanzmann le considère comme l'un des personnages les plus importants de "Shoah". À la fois poignant, palpitant et d'une absolue dignité, ce récit demeurera l'un des témoignages les plus puissants sur le quotidien et l'horreur des camps de la mort.
Comment la découverte fortuite du LSD par un chimiste suisse du laboratoire Sandoz, Albert Hofmann, en avril 1943, suscita dans les années 1943-1970 une exploitation en masse de cet hallucinogène prometteur, utilisé d'abord comme médicament capable de soigner les maladies mentales, puis comme "sérum de vérité" par la CIA avec l'aide des nazis pour faire parler les prétendus ennemis des États- Unis et imposer à toute une génération d'Américains une manipulation mentale d'ampleur. Une enquête menée comme un thriller d'espionnage par l'auteur de Les Infiltrés et de L'Extase totale.
Dominer le monde, exploiter ses ressources, en planifier le cours... Le projet culturel de notre modernité semble parvenu à son point d'aboutissement : la science, la technique, l'économie, l'organisation sociale et politique ont rendu les êtres et les choses disponibles de manière permanente et illimitée.
Mais alors que toutes les expériences et les richesses potentielles de l'existence gisent à notre portée, elles se dérobent soudain à nous. Le monde se referme mystérieusement ; il devient illisible et muet. Le désastre écologique montre que la conquête de notre environnement façonne un milieu hostile. Le surgissement de crises erratiques révèle l'inanité d'une volonté de contrôle débouchant sur un chaos généralisé. Et, à mesure que les promesses d'épanouissement se muent en injonctions de réussite et nos désirs en cycles infinis de frustrations, la maîtrise de nos propres vies nous échappe.
S'il en est ainsi, suggère Hartmut Rosa, c'est que le fait de disposer à notre guise de la nature, des personnes et de la beauté qui nous entourent nous prive de toute résonance avec elles. Telle est la contradiction fondamentale dans laquelle nous nous débattons. Pour la résoudre, cet essai ne nous engage pas à nous réfugier dans une posture contemplative, mais à réinventer notre relation au monde.
La crise environnementale et énergétique a débuté quand le feu et le travail humain ont fusionné. Depuis la préhistoire jusqu'à l'anthropocène, des premiers gaspillages des ressources de surface (extinctions d'espèces dues à la chasse, feux de forêt, etc.) jusqu'à celui des ressources souterraines (charbon, lignite, pétrole), Peter Sloterdijk raconte nos rapports économiques avec le feu et esquisse des solutions inspirées de la pensée de Bruno Latour pour tenter d'arrêter la "catastrophe".
Subjugué par son professeur de philologie, le jeune Roland devient son ami. Mais certains comportements du professeur, avec sa propre femme comme avec lui, commencent à l'intriguer. Bientôt remué par une mer de sensations confuses, de sentiments ébauchés qu'il tente de cerner, Roland cherche à percer le secret de son maître... Chef-d'oeuvre de Zweig, «La Confusion des sentiments» est le grand roman de l'ambivalence, de la haine et de l'amour, de la passion refoulée. Traduction inédite, avec une préface de la romancière et psychanalyste Sarah Chiche.
Harro et Libertas Schulze-Boysen, couple d'espions allemands infiltrés dans l'administration du Reich et à la solde de l'Union soviétique, furent à l'origine de l'Orchestre rouge de Berlin, le mouvement de résistance à Hitler. Ils furent exécutés par les nazis en 1942. Leur histoire est racontée par Norman Ohler, auteur du best-seller "L'extase totale. Le IIIe Reich, les Allemands et la drogue".
Non, tout n'a pas encore été dit, écrit, montré sur Auschwitz...
Dans Maus, Art Spiegelman avait mis en images des scènes de la vie quotidienne dans les camps, osant ainsi quelque chose de nouveau. C'est également ce qu'a réalisé Dietmar Reinhard : Mon objectif était le suivant : mon roman graphique devait montrer ce qu'était Auschwitz, sous tous ses aspects.
En adéquation avec le vocabulaire froid de la bureaucratie nazie, Dietmar Reinhard dessine ses personnages de manière dépouillée, d'un trait fin et régulier. Chaque détail est très précis : les insignes à tête de mort sur les uniformes, les fissures dans les murs, les noeuds dans les barbelés. Sur les visages, chaque ride, même la plus subtile, est visible. Les couleurs pâles traduisent le monde glacial qu'était Auschwitz, même en été.
Le texte, à l'image du dessin, est ciselé, sobre... sans concession.L'auteur (dessinateur et scénariste) Premier roman graphique de Dietmar Reinhard, il réalise ici le scénario, le dessin et les couleurs. Il a d'abord travaillé aux Pays-Bas et en Allemagne pour des agences de publicité et en tant qu'illustrateur indépendant dans le domaine éditorial. Son travail se concentre sur l'illustration conceptuelle, le portrait et une certaine forme de caricature, notamment des grands dirigeants internationaux. Il a travaillé pour des publications telles que Stern, Zeit Magazin, Transatlantik, etc. Il vit aujourd'hui à Francfort.
Il a reçu plusieurs prix pour ses illustrations (New York, 2013, 2014 ; classé parmi les 100 meilleurs illustrateurs en 2012 et 2016, etc.).
Journaliste et biographe, Olivier Mannoni a dirigé la publication des oeuvres complètes de Günter Grass et de Manès Sperber. Avec plus de 250 ouvrages au compteur en 40 ans de parcours, il est à la fois un bourreau de travail, un passionné, et un des meilleurs traducteurs littéraires actuels. Tombé tout jeune amoureux de la langue allemande, il a été amené à travailler sur des textes hétéroclites, mais restera dans l'histoire pour avoir osé se confronter avec Mein Kampf. Il vient de sortir Traduire Hitler, un brillant essai publié aux éditions Héloïse d'Ormesson.
La religion a le pouvoir d'apaiser nos angoisses face à la fragilité de notre existence en offrant l'idée de la possibilité d'une vie après la mort. Pour Freud, c'est un cadeau empoisonné : une illusion. Alors, comment combattre cette peur sans tomber dans l'illusion de la religion ?
Un livre flamboyant à partir du gris, apparemment la couleur de l'indifférence, du neutre, de la tiédeur, mais qui contient en réalité presque toute l'histoire de la pensée, de l'art et du monde.
La religion, dans les temps archaïques, c'est un rituel et un sacrifice. Mais depuis l'Antiquité, ce sont des procédés littéraires plus ou moins élaborés, le plus souvent poétiques, qui rapportent les actions, paroles et pensées des dieux. Pourquoi avons-nous fait parler les dieux ? D'où vient notre besoin de textes religieux ? Comment intériorisons-nous le divin ?
Byung-Chul Han développe une réflexion personnelle et singulière sur la relation qu'il entretient avec la nature - il jardine et s'adonne à la botanique chez lui, près de Berlin - et une pensée critique sur la relation que l'homme entretient avec la terre au XXIe siècle.
Ouvrage illustré noir et blanc (planches de botanique).
" L'histoire ne connaît ni oscillations ni scrupules. Elle s'écoule vers son but, lourde et imperturbable." Lors des purges staliniennes des années trente, Roubachov, un ancien responsable du régime soviétique, se retrouve dans les geôles de Staline. Au fil des interrogatoires effroyables avec un de ses anciens adjoints, ce cadre fidèle au Parti est pris au piège d'une idéologie barbare et intransigeante dont il a été l'un des instigateurs.
Car dans un État communiste - chaque citoyen le sait - l'individu est zéro, et le Parti est l'infini. À présent, Roubachov doit faire un choix : obéir aux ordres ou suivre sa raison au péril de sa vie.
Ce chef-d'oeuvre de la littérature du xxe siècle brosse un portrait incisif et sans fard de la conscience de l'homme sous un régime totalitaire. Plus de soixante-dix ans après sa première publication en France, Le Zéro et l'Infini est enfin traduit d'après le manuscrit original, retrouvé en 2015.
Cette nouvelle édition d'un des plus grands textes sur la violence politique marque un événement littéraire majeur.
« Ce qu'on a oublié de faire une fois, on l'oubliera encore bien d'autres fois. » Oublier un nom, casser un bibelot familier, se tromper de clefs, commettre un lapsus, tous ces petits accidents ordinaires doivent s'interpréter comme des manifestations de l'inconscient. En effet celui-ci travaille sans cesse, infatigablement. Freud a montré comment le rêve était la voie royale d'accès à l'inconscient. Il dessine dans cet ouvrage de 1901 d'autres chemins vers cette part qui échappe à notre contrôle et qui, par ses manifestations, traduit nos désirs. Traduction entièrement révisée par Olivier Mannoni
En 1914, Freud projette une grande théorie des névroses. L'ouvrage, non achevé, est connu sous le titre de "Métapsychologie". Il paraîtra en 1924. Il comporte quatre essais célèbres : "Pulsions et destins des pulsions", "Le refoulement", "L'inconscient", "Deuil et mélancolie", ainsi qu'un "Complément métapsychologique à la théorie du rêve". Lui est adjoint une "Vue d'ensemble des névroses de transfert".
« Tous les humains, même les plus normaux, sont capables de rêver. » (S. Freud).
Publié en 1901, Sur le rêve offre une synthèse vivante de la monumentale Interprétation des rêves, qui est au coeur de la méthode psychanalytique. En une dizaine de courts chapitres, décryptant plusieurs rêves dont les siens, Freud propose une typologie des rêves, explique leur fonctionnement et le rôle qu'y jouent le désir, la censure et le refoulement. Ce faisant, il aborde divers thèmes comme les rêves des enfants, la créativité du rêve ou la part d'érotisme que recèlent nos rêves, sans oublier d'initier son lecteur à l'art délicat d'interpréter les symboles oniriques.
"Un jour, les frères chassés se sont réunis, ont tué et mangé le père, ce qui a mis fin à l'existence de la harde paternelle." Freud résume ainsi le grand "mythe scientifique" qu'il a construit pour expliquer la naissance de l'humanité. S'appuyant sur un matériel anthropologique, linguistique, clinique, il cherche à comprendre ici la psychologie collective à l'aide de la psychanalyse. Le primitif, l'enfant et le névrosé sont les sujets de l'interprétation psychanalytique, qui devient, par la virtuosité de Freud, une théorie générale de l'humanité. Traduction entièrement révisée par Olivier Mannoni.
Ce wagon plombé qui fera « voler en éclat l'ordre du monde », c'est bien sûr le récit du fameux retour de Lénine en Russie, fin mars-début avril 2017, raconté ici par Zweig à la fois comme « un passionnant roman d'espionnage » et comme l'un des moments clés de l'histoire mondiale. Ce récit est suivi de « Voyage en Russie », où Zweig relate son voyage de 1928. Pour lui, la Russie est d'une importance cruciale - moins politique et plus littéraire que, par exemple, chez Walter Benjamin, qui, exactement au même moment, séjourne à Moscou (voir son Journal de Moscou).
Le livre comprend également « La plus belle tombe du monde » (sur Tolstoï, pages figurant notamment dans Le Monde d'hier), ainsi que « Sur Maxim Gorki » (1931), inédit en français.
« Cela ne cesse de me faire une impression singulière de voir que les histoires de malades que j'écris se lisent comme des nouvelles ».
La psychanalyse repose, à ses débuts, sur cinq cas célèbres : Dora, Le Petit Hans, L'Homme aux rats, Le Président Schreber, et L'Homme aux loups. Une jeune fille manipulée et abusée par son père, un garçon pris de panique à la vue des chevaux, un jeune homme obsédé par un horrible supplice chinois, un respectable magistrat se disant persécuté par Dieu, un Russe bipolaire aux étranges hallucinations... Chacun incarne une notion clé : l'hystérie, la phobie, l'obsession, la castration, la paranoïa. Freud les a regroupés dans ce livre publié d'abord en 1935 chez Denoël et qui, depuis lors, a marqué, charmé et inspiré des générations de thérapeutes et d'étudiants grâce à sa puissance narrative.
Février 33, un livre d'histoire pas comme les autres, revient sur les événements qui se sont déroulés pendant le mois de février 1933 en Allemagne. Hitler a été nommé à la chancellerie le 30 janvier, et les jours qui suivent vont décider du destin de l'Allemagne et de l'Europe tout entière. Nous savons aujourd'hui de quelle manière ces quelques jours ont changé la face du monde, mais Uwe Wittstock a choisi de les évoquer en se plaçant à la hauteur des personnes qui les ont vécus dans l'ignorance de ce qui allait suivre. Jour après jour, dans une dramaturgie bien maîtrisée, l'auteur restitue l'ambiance de tout un pays, en racontant ces quelques semaines qui ont fait basculer la démocratie de Weimar dans le IIIème Reich.
Le prisme choisi est celui des écrivains, journalistes et intellectuels, et les protagonistes du livre de Wittstock s'appellent donc Thomas, Heinrich, Klaus et Erika Mann, Bertolt Brecht, Erich Maria Remarque, Alfred Doblin. Ou encore Carl Zuckmayer, Else Lasker-Schüler ou Gottfried Benn. Chacun des protagonistes est introduit avec concision, par un rappel de son rôle public et de sa situation personnelle. Et Wittstock nous raconte comment chacun d'entre eux, dès le 1er février, se demande s'il est sur une liste, en tant que juif, communiste, homosexuel ou intellectuel engagé. Car l'étau se resserre très vite, et ce même avant l'incendie du Reichstag pendant la nuit du 27 au 28 février qui sonnera le glas des dernières libertés individuelles : la SA intimide tous ceux qui ne rentrent pas dans le rang, empêche les manifestations culturelles ou les premières dans les théâtres du pays autant que les réunions politiques. L'Académie des arts devient un autre enjeu symbolique, car il faut faire partir le « gauchiste » Heinrich Mann. Son frère Thomas est en tournée en Europe, pour sa conférence sur Wagner, et décide de ne pas rentrer. Klaus et Erika, empêtrés dans des histoires d'amour impossibles mais portés par le succès de leur cabaret satirique à Munich, veulent d'abord lutter de l'intérieur. D'autres, comme le poète Gottfried Benn croient que le nouveau régime leur apportera enfin la reconnaissance tant désirée. Mais tous seront pris dans la violence du nouveau régime. Les lois d'exception et le résultat des élections du 5 mars mettent un terme à cette période de transition que Wittstock raconte comme un roman à rebondissements.
Traduit de l'allemand par Olivier Mannoni
Zweig aimait Freud ; Freud appréciait Zweig. L'auteur de «La Confusion des sentiments» lui rendit hommage en 1932 avec ce portrait saisissant qui célèbre la puissance de l'esprit.
Dans ce livre, où chaque page représente un âge, se trouve tout ce que l'on apprend au cours d'une vie, de 0 à 99 ans.
?Un ouvrage destiné à toute la famille, à feuilleter dans un sens comme dans l'autre, pour apprendre à grandir et réapprendre à s'émerveiller.
Budapest, les 28 et 29 septembre 1918. Le Ve Congrès international de psychanalyse est consacré au problème des névroses de guerre. Parmi les communications, celle de Sandor Ferenczi et celle de Karl Abraham. Elles seront reprises en 1919 dans un petit recueil comprenant, en outre, un texte du psychiatre Ernst Simmel et une introduction de Freud.
C'est ce texte introductif, la contribution de Karl Abraham et celle de Ferenczi que nous publions ici, en leur adjoignant un autre texte de Ferenczi datant de 1916 : " Deux types de névrose de guerre ". Ce qu'ils disent sur les névroses traumatiques, que les auteurs, qui avaient servi en tant que médecins pendant la guerre, ont observées in situ, est suffisamment important pour que Freud ait éprouvé le besoin d'en reparler longuement en 1920 dans Au-delà du principe de plaisir (PBP n° 761).
Nul doute que ce livre intéressera les historiens qui aujourd'hui travaillent sur la guerre et les sorties de guerre, mais aussi les psychiatres, psychanalystes, travailleurs sociaux et humanitaires qui accueillent, écoutent, aident et soignent des réfugiés en nombre toujours plus élevé.
Mourir pour ses idées, se suicider politiquement, devenir un martyre, c'est être un vaincu de l'Histoire, et c'est ce que fit le jeune philosophe révolutionnaire Adam Lux le 4 novembre 1793, jour où il fut guillotiné pour avoir écrit et publié un éloge de Charlotte Corday. Zweig a écrit en 1928 sur cet homme qui mourut dans l'adoration politique d'une femme un texte étonnant, traversé par trois thèmes : la déception en politique ; l'engagement politique des intellectuels ; et l'art de se tromper politiquement.
Quiproquos amoureux, complexité des sentiments à l'âge où s'éveille le désir : les deux nouvellles qui composent ce recueil, "Une histoire au crépuscule" (1911), sorte de marivaudage gothique, et "Petite nouvelle d'été" (1906), qui évoquera certainement quelque chose aux lecteurs de «La Pornographie» de Gombrowicz, parlent de cruauté, d'aveuglement et d'emprise. Brillant et psychanalytique, Zweig y montre qu'aimer et être aimé coïncident beaucoup plus rarement qu'on le croit...