La démocratie est aujourd'hui une aspiration pour des centaines de millions de personnes, comme elle est un droit de naissance pour des millions d'autres à travers le monde. Mais de quelle démocratie parlons-nous ? Sa signification est-elle inchangée depuis sa création dans la Grèce antique ?
Examinant ses différentes manifestations et montrant comment la démocratie a changé au cours de sa longue vie, depuis les temps anciens jusqu'à nos jours, Paul Carteldge offre une réflexion d'une fécondité exceptionnelle. Comment le « pouvoir du peuple » des Athéniens a-t-il émergé en premier lieu ? Et en quoi la version athénienne de la démocratie différait-elle des nombreuses autres formes qui se sont développées ensuite ? Après un âge d'or au IVe siècle av. J.-C., il y a eu une longue et lente dégradation de la conception et de la pratique grecques originales de la démocratie. De l'Antiquité tardive à la Renaissance, la démocratie a été éclipsée par d'autres formes de gouvernement, tant en théorie qu'en pratique. Mais ce n'était en aucun cas la fin de l'histoire : la démocratie devait finalement connaître une nouvelle floraison. D'abord ravivée dans l'Angleterre du XVIIe siècle, elle devait renaître dans le climat révolutionnaire de l'Amérique du Nord et de la France à la fin du XVIIIe siècle - et n'a cessé de se reconstituer et de se réinventer depuis, jusqu'à la contradiction la plus récente de la « démocratie illibérale ».
Importance des minorités pour faire société, émancipation des femmes, critique de la propriété privée et de la domination sous toutes ses formes - Emma Goldman, grande figure du féminisme mondial et de l'anarchisme international, nous rappelle dans ce recueil qu'on ne doit pas transiger, jamais, avec l'égalité et la liberté.
La «révolution sexuelle» amorcée depuis mai 68 a mené à d'indéniables avancées sociales. A la suite d'un combat axé principalement autour des questions d'avortement et de contraception, nous sommes passé·es à la lutte visant la possibilité de jouir et de désirer.
Sauf qu'en investissant ce sujet, le capitalisme a transformé progressivement cette possibilité en injonction. En cherchant à optimiser et rationaliser le fonctionnement des corps et du désir, sommes-nous passé·es d'une libération sexuelle à une nouvelle aliénation sexuelle ?
Face à cette pression constante vécue notamment par les femmes et les minorités de genre, aimer sans désirer constituerait peut-être moins un problème à régler qu'une porte de sortie.
Qu'est-ce que le fascisme ? Cette question ne cesse de se poser aux historiens avec la même force qu'aux contemporains de Mussolini. Fut-il un mouvement réactionnaire, conservateur ou révolutionnaire ? Se situait-il à gauche ou à droite ? Autre question cruciale : quelle place y occupa le Duce, et peut-on réduire le fascisme à un simple « mussolinisme » ?
Le présent ouvrage apporte des réponses à ces questions tout en jetant sur le fascisme un regard nouveau et rare chez les historiens français. Réaffirmant avec force le caractère totalitaire du régime, il replace son idéologie dans sa nature révolutionnaire qui le rattache à la pensée anthropologique des Lumières et notamment de Rousseau, à la Révolution française et au socialisme. Si les fascistes cherchèrent à détruire par la violence la modernité libérale de leur temps, ce ne fut pas au nom d'un âge d'or révolu et dans une démarche passéiste, mais bien avec la volonté farouche de construire une société et un homme nouveaux.
L'histoire que l'auteur raconte avec brio des origines à sa fin, apparaît in fine comme celle d'une révolution avortée.
En 1894, Élisée Reclus est invité, à la suite des attentats qui ont frappé Paris, à défendre l'anarchisme. Avec une concision lumineuse, le géographe de renom en éclaire les principes et l'inscrit dans une longue tradition de contestation. Son « optimisme de la santé », théorisé par François Bégaudeau dans une préface inédite, le conduit à concevoir progrès scientifique et progrès de l'humanité comme agissant de concert pour l'émancipation de l'individu. La liberté de penser qui se répand fait ainsi de tout un chacun un anarchiste « sans le savoir ».
Communisme ou barbarie, l'alternative est à nouveau sous nos yeux, peut-être même l'est-elle pour la première fois à ce degré d'acuité. Cette fois c'est la planète elle-même qui nous somme. Ou plutôt la planète telle que nous nous la rendons à nous-mêmes inhabitables. Sur ce front-là, on ne tergiverse pas, on ne négocie pas, on n'atermoie pas. Le changement climatique est en marche et, pour la première fois, la Covid-19 nous a fait apercevoir que nous n'aurions pas seulement à en souffrir les canicules, les épisodes météorologiques extrêmes ou les pieds dans l'eau, mais également la libération de virus dont celui qui nous met presque à genoux en ce moment est sans doute l'un des plus "bénins" .
Posée l'urgence de la situation, c'est l'urgence de penser la situation qui est posée avec elle. Mais peut-être "penser" n'est-il pas le mot le plus approprié quand il s'agit de donner le plus de chances à la bonne branche de la bifurcation. "Imaginer" pourrait être meilleur. Car la politique, dès lors qu'elle n'a pas pour seule ambition de reconduire l'ordre des choses à l'identique, au moment même où elle fait face à l'obligation impérieuse de faire advenir du radicalement différent, la politique, donc, est affaire d'imagination, au sens littéral du mot : d'offrir des images.
Ou des figures. Aller vers un avenir suppose de s'en être donné des figures. C'est ce que ce livre s'essaye à faire, à partir d'une position de principes fondamentaux, dont le premier énonce qu'une société communiste a pour devoir de relever les individus de la précarité, de les libérer de l'angoisse des lendemains dans laquelle le marché capitaliste, qui détient toutes les données de leur reproduction matérielle, les plonge inévitablement - et l'effrayante crise sociale qui s'annonce à la suite de la crise sanitaire se chargera d'en donner l'illustration.
L'instrument de cette libération s'appelle "la garantie économique générale" . Elle est directement inspirée des travaux de Bernard Friot sur le "salaire à vie" . Et se pose très explicitement la question d'un nouveau mode de production, c'est-à-dire des nouveaux rapports sociaux propres à soutenir une division du travail développée en ses multiples échelles : du local au global.
Sous cette condition, tous les rapports sociaux peuvent être repensés - et en l'occurrence les rapports du capitalisme abolis : rapport salarial, rapports de propriété privée des moyens de production, rapports financiers. C'est ici qu'aident les figures : à donner des images de ces perspectives constamment renvoyées au registre de "l'utopie". Là où les figurations progressent, les disqualifications par l'utopie s'effacent.
Mais ça n'est pas tout d'avoir des figures : il faut aussi imaginer les trajectoires politiques qui permettent de les rejoindre. Au moins en poser les données fondamentales : le type de résistance que la bourgeoisie opposera à la disparition de son monde, le type de dynamique politique que cette résistance appellera, le type de bloc social à constituer pour prévaloir, notamment les alliances à passer entre luttes anticapitalistes et luttes antiracistes, enfin la manière dont se redéploie la question internationaliste.
Le peuple n'a que trois moyens de s'en sortir : « Les deux premiers, c'est le cabaret et l'église, la débauche du corps ou la débauche de l'esprit ; le troisième, c'est la révolution sociale. » Dieu et l'État est le texte fondateur de la pensée socialiste libertaire de Mikhaïl Bakounine. Sa critique violente à l'égard de toute autorité se révèle toujours aussi inspirante.
«Les victoires démocratiques restent toujours imparfaites et provisoires, et c'est leur force que de rappeler combien l'histoire est incertaine, l'humanité fragile.»Vincent DuclertFace à tant d'impuissance pour agir et penser aujourd'hui face à l'antisémitisme, il n'est pas vain de rappeler à la France, à l'Europe, le meilleur de ce qu'elles ont été dans le passé, afin de demeurer capables encore d'édifier des sociétés démocratiques. Ces récits de combats héroïques réinsufflent à la raison démocratique un supplément d'âme. Il ne suffit pas d'invoquer la démocratie pour la défendre. On doit «croire» en elle et trouver, dans cette croyance de raison, le courage de se battre pour elle.En 1910, Charles Péguy écrit dans Notre jeunesse que l'affaire Dreyfus «ne finira jamais». Plus elle est finie, explique-t-il, «plus elle prouve».
« Nous sommes des révoltés de toutes les heures, des hommes vraiment sans dieu, sans maître et sans patrie, les ennemis irréconciliables de tout despotisme, moral ou matériel, individuel ou collectif, c'est-à-dire des lois et des dictatures (y compris celle du prolétariat), et les amants passionnés de la culture de soi-même. » Dans ces textes, Fernand Pelloutier (1867-1901), secrétaire de la Fédération nationale des Bourses du travail, appelle les anarchistes à rejoindre les rangs du mouvement syndicaliste, pour favoriser l'auto-organisation du prolétariat et construire la grève générale expropriatrice, qui doit conduire au renversement du capitalisme, à l'abolition de l'État et à l'avènement d'un socialisme fédéraliste. Préface de Guillaume Goutte.
Cela fait plus d'un siècle que le Libertaire (de Louise Michel) et le Monde Libertaire tirent à vue sur tous les intolérables. Cela fait plus d'un siècle qu'ils dénoncent, décortiquent, expliquent et passent la révolte au tamis de l'espoir d'une révolution sociale. Vous n'allez pas y croire. Mais, dans ce livre, ces incroyables anarchistes et leurs foutues idées de liberté, d'égalité, d'autogestion, d'entraide et leur rage de les mettre en application tout de suite, ici et maintenant, ne cessent d'y briller en lettres de feu. Du feu de l'actualité. Le message est clair. À partir d'un passé (glorieux), un autre présent nous appartient pour construire ... un autre futur. Increvables anarchistes !
Fragile plaquette publiée en 1894, ce texte est celui d'un jeune André Suarès. Le verbe de feu, porteur d'une oeuvre qui s'avèrera féconde d'intensité, y dévore déjà les pages.
La condamnation à mort de l'anarchiste Auguste Vaillant est à l'origine de cet essai magistral sur la loi des hommes, fruit pourri d'un système qui se mord la queue. Misérables et puissants voient leurs coeurs et leurs âmes sollicités : pour le bien de tous, l'amour doit y surgir des ténèbres. C'est d'une prose sévère et incarnée, délicieusement furieuse, que l'écrivain abjure une société fondée sur la violence et le con?it. Un cri qu'il convient de relayer.
Devenu un classique depuis sa première édition dans la « Petite collection Maspero » en 1970, ce livre propose un choix raisonné de textes politiques et théoriques des grands noms de l'anarchisme. En les replaçant en perspective, Daniel Guérin a retracé l'aventure d'un mouvement politique et intellectuel dont la force de contestation n'a jamais faibli depuis sa naissance au XIXe siècle. Il offre un panorama complet, sur deux siècles, de la pensée anarchiste, en restitue la richesse, fait revivre les controverses qui l'animent. Daniel Guérin entend ainsi combattre le discrédit dont fut victime l'anarchisme, souvent réduit par ses détracteurs à une idéologie individualiste « réfractaire à toute forme d'organisation ».
La première partie de cette anthologie présente le travail théorique des anarchistes du XIXe siècle à travers des textes de Stirner, Proudhon, Bakounine, Guillaume et Kropotkine. La seconde, plus historique, dresse le portrait des grandes figures du mouvement à la fin du XIXe siècle et au XXe siècle : Malatesta, Henry, Pelloutier, Voline, Makhno, Durruti. Elle met en lumière le rôle intellectuel et politique des anarchistes pendant la révolution russe et la guerre d'Espagne.
« L'anarchisme, tel le ferment de la pensée, nourrit aujourd'hui tous les domaines de l'activité humaine. La science, les arts, les lettres, le théâtre, le combat pour l'égalité économique, chaque lutte individuelle ou collective contre le désordre ambiant, en somme, est éclairée par la lumière spirituelle de l'anarchisme. C'est la philosophie de la souveraineté de l'individu. C'est la théorie de l'harmonie sociale. C'est une vague de vérité vivante et puissante qui déferle sur le monde et inaugurera une aube nouvelle ».
Dans ces textes, Emma Goldman (1869-1940), active militante et éditrice de la revue Mother Earth, livre sa définition de l'anarchisme : une philosophie révolutionnaire conciliant les intérêts de l'individu et ceux de la société.
À échéances régulières, la question de la dette publique revient coloniser l'espace public. Faire la preuve incessante du crédit de l'État auprès des marchés financiers constitue un droit d'entrée dans le champ des propositions politiques. Mais des alternatives ont existé au cours desquelles la puissance publique gouvernait la finance, plutôt que l'inverse, et organisait l'allocation du crédit et de la monnaie.
À rebours de ceux qui voient la dette comme une loi d'airain quasi naturelle, ce livre reconstitue la généalogie détaillée de ce choix stratégique d'enfermement du financement du Trésor dans les marchés de capitaux. Il montre ainsi à quel point l'ordre de la dette est organisé par des hommes politiques, des hauts fonctionnaires et des banquiers, de gauche comme de droite, transformant l'État en un acteur de marché comme les autres, qui crée et vend ses produits de dette, construisant par là sa propre prison.
Cet abrégé du livre I du Capital de Karl Marx, rédigé en 1878, est un objet de curiosité, comme peuvent l'être certains livres. Il paraît à un moment charnière de l'histoire du mouvement ouvrier, où à la fois s'élabore un socle commun d'une critique du monde capitaliste et s'opère une fracture sur la question de l'organisation. Destiné à un large public, écrit dans un style débarrassé de l'appareil scientifique qui rend parfois ardue l'oeuvre originale, l'Abrégé du Capital fut considéré par Marx à l'époque comme « un très bon résumé populaire de sa théorie de la plus-value ». Cet opuscule, élaboré en prison, nous renvoie aussi à la vie tourmentée de son rédacteur, Carlo Cafiero, militant anarchiste exclusivement dévoué à ses idéaux, dont le parcours est retracé dans la préface de Mathieu Léonard. En appendice, la correspondance entre Cafiero et Marx. Et celle d'Engels avec Cafiero. 4e tirage depuis 2008. Nouvelle édition revue et augmentée.
Nos leaders d'opinion ont une théorie pour expliquer les comportements de certains de nos concitoyens, qui exaltent la sagesse des foules - et, cela va de soi, sont racistes, sexistes et homophobes. Ces égarés, assurent-ils, agissent sous l'emprise d'une doctrine rétrograde, le « populisme » ; et leurs adeptes sont des bourrins incultes qui ont une dent contre leurs congénères instruits. Le populisme est en guerre contre la pensée moderne et le progrès. Il est complice de la diffusion du mal, pour ne pas dire qu'il est le mal lui-même.
La façon dont nos progressistes autoproclamés mésusent et abusent désormais du mot « populisme » prouve qu'ils se sont résolument tournés contre leur héritage démocratique. La démocratie pose un problème, expliquent-ils, parce qu'elle permet au peuple de faire fi de l'autorité des experts.
Le paysage politique est cul par-dessus tête, mais le combat reste le même : le vrai sujet, ce sont les privilèges des élites, et le populisme est peut-être le remède permettant de nous en délivrer.
« Être anarchiste c'est nier l'autorité et rejeter son corollaire économique : l'exploitation. Et cela dans tous les domaines où s'exerce l'activité humaine. L'anarchiste veut vivre sans dieux ni maîtres ; sans patrons ni directeurs ; alégal, sans lois comme sans préjugés ; amoral, sans obligations comme sans morale collective. » E. Armand (1872-1962), théoricien de l'individualisme anarchiste, expose, dans ce recueil de textes, son rejet de la domination sous toutes ses formes et sa volonté de faire de l'individu libre le pilier d'une société nouvelle, juste et égalitaire.
La tragédie humaine à laquelle est associée l'histoire du communisme est-elle la conséquence de circonstances malheureuses ou d'une politique délibérée? Ce débat, récurrent depuis l'apparition du premier régime communiste en Russie, ne peut être tranché que si l'on prend en considération la dimension mondiale du système.
Quelles que soient la géographie, l'histoire, la culture des pays où le communisme a triomphé, les mêmes méthodes ont abouti aux mêmes résultats. Ce ne sont pas les circonstances qui ont scellé le sort des peuples concernés, mais l'application d'une politique identique, quelles que soient les particularités nationales. Rien ne ressemble davantage à une victime russe qu'une victime chinoise, cubaine, coréenne ou roumaine...
La guerre civile permanente que les régimes communistes ont menée contre leur popuation, pour imposer leur dogme, explique l'hécatombe sans précédent qui en a résulté. C'est en toute conscience que des centaines de millions d'autres êtres humains ont été surveillés, exploités, endoctrinés, asservis.
L'histoire mondiale du communisme, vue du côté des victimes, montre à quel point les utopistes parvenus au pouvoir n'ont pas davantage cherché à en finir avec les inégalités qu'à construire la société idéale promise: c'est à l'humanité de l'homme qu'ils s'en sont pris.
Edition revue et actualisée.
Voici le premier récit complet de la plus grande aventure politique du XXe siècle : celle qui a porté les plus folles espérances et qui a conduit à la plus terrible catastrophe humaine de tous les temps, par sa durée et son ampleur. Le communisme n'a pas seulement régné sur une trentaine de pays et régi la vie de plus d'un tiers de l'humanité, il a également occupé la plupart des esprits pendant des décennies, aux quatre coins du monde. Nulle autre idéologie, nul autre système politique n'a connu dans l'histoire une si foudroyante expansion.
Comment expliquer ce succès, à quoi correspond-il, de quelle manière le communisme a-t-il triomphé, pourquoi a-t-il partout échoué, pour quelles raisons tant de vies humaines ont-elles été sacrifiées en son nom ? Seule une histoire mondiale de cette épopée permet de répondre à ces questions, de comprendre à la fois ce siècle communiste et l'héritage qu'il nous a laissé.
D'octobre 1917 à la Révolution industrielle chinoise, de la collectivisation des campagnes à l'industrialisation menée à marche forcée, de la pénurie généralisée à la culture bâillonnée, de l'enfermement des peuples aux camps de concentration, tous les aspects de la réalité communiste sont ici racontés, analysés, mis en perspective.
Edition revue et actualisée.
May Picqueray (1898-1983) n'a loupé aucun des grands rendez-vous de l'histoire du XXe siècle. Dès 1921, elle envoie un colis piégé à l'ambassadeur des États-Unis à Paris, pour protester contre la condamnation à mort de Sacco et Vanzetti. En novembre 1922, elle est mandatée par la Fédération des métaux de la CGTU au congrès de l'Internationale syndicale rouge, à Moscou. Elle monte sur la table pour dénoncer un congrès en train de se goberger pendant que les ouvriers russes crèvent de faim, chante Le Triomphe de l'anarchie en fin de repas et refuse de serrer la main de Trotski, à qui elle est pourtant venue demander la libération des anarchistes. Pendant la guerre, elle fabrique des faux papiers. Puis elle s'investit dans les mobilisations du Larzac, de Creys-Malville, oeuvre en faveur des objecteurs de conscience. Rien ne prédisposait cette petite Bretonne ayant commencé à travailler à l'âge de 11 ans, devenue correctrice du Canard enchaîné, à côtoyer Sébastien Faure, Nestor Makhno, Emma Goldman, Alexandre Berkman, Marius Jacob... Ce livre d'une réfractaire à toutes les injustices est de ceux qui incitent à ne pas désespérer de l'espèce humaine.
Sans le soutien des partis communistes du monde entier, la multitude des intellectuels qui ont cru en l'utopie, la complaisance des responsables politiques occidentaux à l'égard des dirigeants totalitaires, l'aide apportée aux économies socialistes par des capitalistes cupides, les régimes communistes n'auraient sans doute pas duré si longtemps. Bien des souffrances auraient pu être épargnées.
Il est désormais établi que l'espoir s'est mué en tragédie, ce qui rend ce passé si douloureux et si persistante la volonté de l'oublier. Les responsabilités sont multiples et planétaires: regarder ces vérités en face, sans honte mais sans concession, est un préalable à la compréhension de notre époque, héritière directe de ce sièce d'engagements.
Après Les Bourreux et Les Victimes, Thierry Wolton clôt avec Les Complices sa monumentale Histoire mondiale du communisme. Fidèle à sa méthode, il brosse un grand récit ponctué de témoignages, d'anecdotes, d'analyses qui complètent sa réflexion. La chronique de cette aventure humaine, qui a façonné le visage de notre nouveau siècle, donne la clef de lecture profonde de notre présent.
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Veracruz, vers 1900. Un groupe d'anarchistes italiens, fuyant la misère et la répression, débarque au Mexique pour y fonder une commune agricole. Parmi eux, un prestidigitateur, une poétesse, un boxeur, une prostituée et même un curé.
Mais, face à un gouvernement corrompu et des propriétaires terriens voraces, les apprentis paysans voient leur rêve d'une vie nouvelle vaciller. Pris dans la tourmente d'une révolution qui s'annonce, ils devront choisir leur camp.
Quatre-vingts ans plus tard, hanté par de vieux démons, Lucio Doria, le cadet de la bande, entreprend un retour rédempteur à Naples.
Humour et tragédie se conjuguent dans ce roman de Paco Ignacio Taibo II qui nous plonge au coeur des espoirs brisés des luttes révolutionnaires du XXe siècle.
Une fissure s'est ouverte, depuis une cinquantaine d'années, entre juge et démocratie représentative. La montée en puissance du premier anémie la seconde.L'emprise du juge sur la démocratie revêt deux aspects distincts : le droit se construit désormais en dehors de la loi, voire contre elle ; la pénalisation de la vie publique est croissante. Ces deux aspects sont liés car ils conduisent tous deux à la dégradation de la figure du Représentant : le premier en restreignant toujours davantage son champ d'action ; le second en en faisant un perpétuel suspect.Le mal qui ronge aujourd'hui la démocratie paraît se situer beaucoup plus là - c'est-à-dire dans l'abaissement du Représentant, dans le rétrécissement de la souveraineté du peuple, dans la rétraction de l'autorité publique - que dans les réactions allergiques que provoque cet affaiblissement de l'État : abstention, populisme, illibéralisme.Cet ascendant croissant du pouvoir juridictionnel sur les autres a-t-il amené davantage de rigueur et de transparence dans le fonctionnement démocratique ? Il se découvre chaque jour un peu plus qu'il n'a fait que remplacer le caprice du prince par le caprice du juge. D'où la question : que faire pour restaurer une juste séparation des pouvoirs ?
Nos régimes sont dits démocratiques parce qu'ils sont consacrés par les urnes. Mais nous ne sommes pas gouvernés démocratiquement, car l'action des gouvernements n'obéit pas à des règles clairement établies.
À l'âge d'une présidentialisation caractérisée par la concentration des pouvoirs dans les mains de l'exécutif, le problème n'est plus seulement celui de la « crise de la représentation ». Il est devenu celui du mal-gouvernement, dont il est urgent de comprendre les mécanismes pour instaurer un nouveau progrès démocratique.
Ce livre propose d'ordonner les aspirations qui s'expriment aujourd'hui dans de nombreux secteurs de la société civile et dans le monde militant autour de ces questions en distinguant les qualités requises des gouvernants et les règles organisatrices de la relation entre gouvernés et gouvernants. Réunies, celles-ci forment les principes d'une démocratie d'exercice comme bon gouvernement.