La démocratie est aujourd'hui une aspiration pour des centaines de millions de personnes, comme elle est un droit de naissance pour des millions d'autres à travers le monde. Mais de quelle démocratie parlons-nous ? Sa signification est-elle inchangée depuis sa création dans la Grèce antique ?
Examinant ses différentes manifestations et montrant comment la démocratie a changé au cours de sa longue vie, depuis les temps anciens jusqu'à nos jours, Paul Carteldge offre une réflexion d'une fécondité exceptionnelle. Comment le « pouvoir du peuple » des Athéniens a-t-il émergé en premier lieu ? Et en quoi la version athénienne de la démocratie différait-elle des nombreuses autres formes qui se sont développées ensuite ? Après un âge d'or au IVe siècle av. J.-C., il y a eu une longue et lente dégradation de la conception et de la pratique grecques originales de la démocratie. De l'Antiquité tardive à la Renaissance, la démocratie a été éclipsée par d'autres formes de gouvernement, tant en théorie qu'en pratique. Mais ce n'était en aucun cas la fin de l'histoire : la démocratie devait finalement connaître une nouvelle floraison. D'abord ravivée dans l'Angleterre du XVIIe siècle, elle devait renaître dans le climat révolutionnaire de l'Amérique du Nord et de la France à la fin du XVIIIe siècle - et n'a cessé de se reconstituer et de se réinventer depuis, jusqu'à la contradiction la plus récente de la « démocratie illibérale ».
«Les victoires démocratiques restent toujours imparfaites et provisoires, et c'est leur force que de rappeler combien l'histoire est incertaine, l'humanité fragile.»Vincent DuclertFace à tant d'impuissance pour agir et penser aujourd'hui face à l'antisémitisme, il n'est pas vain de rappeler à la France, à l'Europe, le meilleur de ce qu'elles ont été dans le passé, afin de demeurer capables encore d'édifier des sociétés démocratiques. Ces récits de combats héroïques réinsufflent à la raison démocratique un supplément d'âme. Il ne suffit pas d'invoquer la démocratie pour la défendre. On doit «croire» en elle et trouver, dans cette croyance de raison, le courage de se battre pour elle.En 1910, Charles Péguy écrit dans Notre jeunesse que l'affaire Dreyfus «ne finira jamais». Plus elle est finie, explique-t-il, «plus elle prouve».
Une fissure s'est ouverte, depuis une cinquantaine d'années, entre juge et démocratie représentative. La montée en puissance du premier anémie la seconde.L'emprise du juge sur la démocratie revêt deux aspects distincts : le droit se construit désormais en dehors de la loi, voire contre elle ; la pénalisation de la vie publique est croissante. Ces deux aspects sont liés car ils conduisent tous deux à la dégradation de la figure du Représentant : le premier en restreignant toujours davantage son champ d'action ; le second en en faisant un perpétuel suspect.Le mal qui ronge aujourd'hui la démocratie paraît se situer beaucoup plus là - c'est-à-dire dans l'abaissement du Représentant, dans le rétrécissement de la souveraineté du peuple, dans la rétraction de l'autorité publique - que dans les réactions allergiques que provoque cet affaiblissement de l'État : abstention, populisme, illibéralisme.Cet ascendant croissant du pouvoir juridictionnel sur les autres a-t-il amené davantage de rigueur et de transparence dans le fonctionnement démocratique ? Il se découvre chaque jour un peu plus qu'il n'a fait que remplacer le caprice du prince par le caprice du juge. D'où la question : que faire pour restaurer une juste séparation des pouvoirs ?
«Par quelle aberration peut-on penser que la politique consiste à désigner des ennemis alors qu'elle est la définition d'un partage : ce que nous avons en commun, nous individus, à l'intérieur d'une société et comment nous devons l'organiser ?»
La démocratie représentative s'impose dans son principe en même temps qu'elle se fragilise dans son fonctionnement. Si la démocratie peut être banalement définie comme la mise en oeuvre de la souveraineté du peuple, le contenu même de cette dernière semble en effet aujourd'hui se dissiper. Progression de la mondialisation économique, accélération de la construction européenne, croissance du rôle du droit, montée en puissance des instances de régulation non élues, rôle plus actif du Conseil constitutionnel:de multiples évolutions convergent pour ébranler les objets et les modes d'expression acquis de la volonté générale.Le but de cet ouvrage est d'éclairer ces questions présentes en les resituant dans une histoire longue et élargie du problème de la souveraineté du peuple. Car les interrogations sur le sens et les formes adéquates de cette souveraineté ne datent pas d'aujourd'hui. Si elle apparaît depuis plus de deux siècles comme l'incontournable principe organisateur de tout ordre politique moderne, l'impératif que traduit cette évidence fondatrice a toujours été aussi ardent qu'imprécis.À distance des démissions ou des simplifications contemporaines, Pierre Rosanvallon entend montrer que le projet d'une souveraineté plus active du peuple reste toujours pertinent et qu'il peut dorénavant être compris en des termes qui renforcent la liberté au lieu de la menacer.
Depuis l'avènement de la démocratie en France, peut-être en raison d'une faiblesse de représentativité des élus, la vie politique est marquée par la recherche récurrente d'hommes providentiels, capables de gouverner avec une légitimité supérieure à celle du Parlement. Cet imaginaire du Grand Homme, qui fait implicitement allusion aux fondements mystiques du pouvoir monarchique, a forgé l'esprit constitutif des institutions de la Ve République. Force est de constater pourtant qu'un tel dispositif a fini par aggraver la dépossession à laquelle il promettait de mettre un terme. Depuis plusieurs décennies, la crise de la représentation des couches majoritaires de la société se fait ressentir à nouveau, n'offrant pour alternative qu'un retour à un pouvoir autoritaire, de facture populiste, consacrant l'impuissance et la démagogie. Est-ce à dire que la France soit condamnée à vivre une polarisation de sa vie politique, oscillant sans cesse entre élitisme et populisme ? Cet essai propose les ressources conceptuelles permettant de sortir d'une telle impasse en détaillant les moyens d'une mise en pratique renouvelée, plus démocratique, de notre monarchie républicaine.
Radicaliser la démocratie.
La démocratie est devenue prisonnière du principe de représentation et le marché lui impose désormais ses lois. Pourtant, malgré la montée des populismes et la défiance à l'égard des élus, l'idée démocratique vit dans les quartiers, les villes, les écoles, les entreprises, portée par des collectifs de citoyens qui prennent en charge directement les questions qui les préoccupent.
Ces expériences manifestent une forme nouvelle de démocratie qui n'a pas encore trouvé son nom. S'agit-il de démocratie participative, d'opinion ou du public ? On pourrait plus justement l'appeler démocratie continue. Telle est la proposition de Dominique Rousseau, qui défend ici les principes et les implications d'une profonde réforme institutionnelle prenant acte du caractère vivant et concret de l'exercice de la démocratie.
La notion de démocratie, doctrine politique selon laquelle la souveraineté doit appartenir à l'ensemble des citoyens, est si bien enracinée dans la culture européenne et par voie de conséquence, nord-américaine, qu'elle est généralement considérée comme un concept purement occidental ; ainsi, la démocratie serait une valeur que l'Occident aurait pour mission de faire prévaloir et d'introduire dans des pays qui en auraient été jusque-là privés. Mais des difficultés inattendues, d'ordre militaire et politique, rencontrées par la coalition menée par les États-Unis durant la deuxième après-guerre irakienne ont soulevé une vague de scepticisme sur les possibilités de faire adopter dans le pays, dans des délais relativement courts, un gouvernement démocratique.
Cependant, ce serait une erreur d'en tirer une conclusion trop rapide et de prétendre que la tentative "d'exporter" la démocratie ne pourrait qu'être vouée à l'échec. Le malentendu vient sans doute du fait que la notion de démocratie est parfois réduite à l'idée du suffrage universel ; en fait, l'expérience montre bien que dans des régimes totalitaires, les élections se ramènent souvent à une mascarade.
L'originalité de la pensée d'Amartya Sen, économiste et humaniste, est de démontrer la complexité du problème de la démocratie. N'existe-t-il pas des racines globales, communes à toutes les formes de sociétés, et la démocratie n'est elle pas plutôt une valeur universelle ? Par de multiples exemples, Amartya Sen montre que le soutien à la cause du pluralisme, de la diversité et de la liberté peut se retrouver dans l'histoire de nombreux peuples : en Inde, en Chine, au Japon, en Corée, en Iran, en Turquie, et dans de nombreuses régions d'Afrique. Cette hérédité globale est une raison suffisante pour mettre en doute la thèse selon laquelle la démocratie serait un concept purement occidental.
En effet, l'on entend par démocratie, non seulement l'exercice du droit de vote, mais aussi la discussion libre et responsable des thèmes politiques concernant les collectivités, ses racines sont repérables en dehors de la Grèce antique et de l'Occident en général : par exemple dans l'histoire de l'Inde antique, de l'Afrique, de l'Asie orientale et de l'Asie du Sud-Est.
Dans les deux extraits recueillis dans ce livre, Amartya Sen, prix Nobel d'économie en 1998, illustre par des exemples concrets l'existence des traditions démocratiques séculaires dans des pays actuellement opprimés par des pays totalitaires, et il nous invite à ne pas commettre à l'avenir un pêché "d'impérialisme culturel" : l'appropriation indélébile de l'idée de démocratie. A partir de cette idée, il nous suggère en revanche d'explorer et de développer justement ces aspects qui sont des valeurs partagées par tous les hommes à différents moments de leur histoire.
Deux textes, deux mises en gardes urgents : l'IA va-t-elle dynamiter la politique ?
Pour Laurent Alexandre les effets de l'irrésistible progression de l'IA vont tout bouleverser.
À l'origine on pensait qu'Internet deviendrait le principal outil de la promotion de la démocratie, au contraire le web est devenu un outil majeur de désinformation et de contrôle policier, allié des régimes les plus autoritaires. Le pouvoir est désormais tout entier dans une poignée de mains : Washington et ses GAFA, le parti communiste chinois et ses BATX.
Le capitalisme cognitif c'est-à-dire l'économie de la connaissance, de l'IA et du big data va modifier radicalement la hiérarchie des nations. L'Europe est en péril, la France ne réagit pas, le politique est coupable !
Jean François Copé, dans un second texte, répond aux inquiétudes et anathèmes de Laurent Alexandre. La politique doit devenir plus importante que jamais pour réguler notre pouvoir démiurgique sur la nature et nous-même et donc décider de l'avenir de l'Humanité. Des initiatives précises sont à prendre à tous les niveaux : manipulations génétiques, sélection embryonnaire, IA, la fusion neurone transistor... Il faut sauver la politique pour sauver l'homme.
Je vais te buter , je vais venir chez toi avec plusieurs armes dans un sac et tu vas y goûter. La violence contre les élus explose. Menaces de morts et de viols contre les femmes, agressions physiques, raids haineux sur les réseaux sociaux , atteintes aux biens ; dégradation des permanences, incendies de voiture. Rien ne semble arrêter ce déferlement. L'auteur, lui-même élu ,dresse dans cet essai percutant, non seulement un constat mais propose toute une pédagogie de la déescalade de la violence et de l'apprentissage du débat ; on peut avoir des adversaires en politique mais pas des ennemis dont on pourrait souhaiter la mort .
Sommes nous toujours en démocratie ? La question est récurrente et suscite des réponses souvent contradictoires. Formellement, pour la plupart des pays économiquement développés dont la France, on peut répondre oui. Liberté d'association, d'information, votations...sont inscrites dans notre constitution et les séquences électorales rythment notre vie politique. De plus les dictatures à l'ancienne reculent dans le monde. Mais qu'en est-il de la démocratie réelle, vivante, participative, de ce fameux « pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple» ? L'objet de ce livre est d'analyser l'état actuel de notre démocratie en France et de proposer des solutions pour construire un nouvel âge démocratique. Après avoir dans la première partie déconstruit quatorze principales idées reçues sur la démocratie, véhiculées par la pensée et les médias dominants, nous formulons dans la seconde partie treize propositions susceptibles de ré-enchanter notre démocratie.
Réalité englobante qui commande représentations, modes de pensée et relation à soi et aux autres, la démocratie reste difficile à saisir comme phénomène et comme problème philosophique. Dans le cadre d'une sacralisation et d'une auto-célébration indissociables de sa mise en place historique, elle est confrontée au risque d'une banalisation qui en occulte la complexité. Puisant aux sources de la philosophie politique moderne et contemporaine, il s'agit donc de mettre la démocratie en perspective pour réfléchir aux valeurs qui la fondent et aux grands mécanismes qui en rendent l'exercice légitime pour dégager, ensuite, le type de société et d'humanité qu'elle implique.
En commentant l'actualité européenne à partir des seules sciences politiques, économiques ou juridiques, le risque est grand de réduire l'histoire de l'Union européenne à ce qu'est l'UE aujourd'hui. Cette approche court le risque d'une lecture téléologique et déterministe du processus d'intégration et, de surcroît, elle rabat l'histoire controversée de la construction européenne sur le seul discours hégémonique actuel. Or, à la naissance du projet communautaire, trois grands courants idéologiques s'affrontent dans leur vision du «?bon gouvernement?» de l'Europe?: personnalistes, fédéralistes et ordolibéraux ont tous élaboré une définition singulière de la démocratie?- communautaire pour les uns, populaire pour les autres, «?de marché?» pour les derniers. De cette synthèse impossible est née la crise politique qui agite l'Europe depuis une dizaine d'années. Ces tensions - qui font à la fois la richesse et la complexité du modèle démocratique communautaire - ne se comprennent qu'à la lumière des discours concurrentiels qui ont sédimenté le modèle politique actuel. La généalogie «?française?», c'est-à-dire personnaliste et communautaire, de la construction européenne est abordée dans la première partie de l'ouvrage. Étudiée dans la deuxième partie, la généalogie «?italienne?», hamiltonienne et populaire, porte le premier discours défendant une intégration par le «?peuple européen?». La généalogie ordolibérale et conservatrice de la construction européenne occupe la troisième partie de l'ouvrage. À partir des notions de «?constitution économique européenne?», de «?marché institutionnel?» et d'«?économie sociale de marché?», elle aborde le rapport complexe que la théorie ordolibérale entretient avec la démocratie.
« L'Alsace n'existe plus » a dit François Hollande, interpellé par deux jeunes Alsaciens, suite à un conseil des ministres franco-allemand à Metz.
« Il faut bien donner l'illusion qu'il s'agit d'une vraie réforme », a dit de son côté avec candeur à propos de la loi sur la réforme territoriale, dont elle était l'initiatrice, Marlyse Lebranchu, sa ministre de la Décentralisation et de la Fonction publique.
La désinvolture de tels propos dans la bouche des plus hauts responsables de l'État démontre que cette loi - qui a notamment marié de force l'Alsace à la Lorraine et à la Champagne-Ardenne - est une parfaite illustration des maux dont souffre la démocratie française : mépris du citoyen, bricolages législatifs, démission des partis, dénis démocratiques...
À partir de la réalité politique et sociale alsacienne et en se référant à quelques grands théoriciens de la démocratie (Montesquieu, Pierre Mendès France, Jürgen Habermas...), Pierre Kretz, qui n'est membre d'aucun parti, analyse ici en toute liberté les mécanismes du délabrement des processus démocratiques français.
Après Le Nouveau malaise alsacien, qui a connu un vif succès et a contribué à alimenter un débat dont les citoyens ont été privés, le présent ouvrage se propose d'approfondir la réflexion engagée, avec toute la clarté, l'humour et l'ironie qui lui sont propres.
Le mouvement des gilets jaunes est tout sauf anecdotique. Tenter de l'expliquer en se focalisant sur la sociologie des participants ou en évoquant la montée des populismes et le rejet des élites n'est guère probant.
Luc Rouban voit dans ce mouvement le symptôme d'une profonde mutation du rapport au politique. En épluchant minutieusement sondages, enquêtes, baromètres ainsi que les remontées du grand débat national, il met au jour les sources cachées de cette mutation, ce qu'il appelle la matière noire de la démocratie.
Alors que l'offre politique est devenue un produit comme un autre et qu'une part croissante de la population se sent privée d'autonomie et subit les effets de la mondialisation, la lutte des classes a changé de visage, les notions de représentativité et d'universalité n'ont plus cours.
À un débat démocratique centré sur la poursuite de l'intérêt général à long terme s'oppose désormais une vie politique réduite à un échange de court terme entre un citoyen-client et un élu-fournisseur. Le choc frontal entre ces deux visions difficilement réconciliables (et dans lesquelles, paradoxalement, gilets jaunes et macronisme se rejoignent) crée de lourdes menaces sur la démocratie.
Les élections présidentielles de 2017 ont connu une fois de plus la victoire du « vote utile ». Depuis au moins 2002, ce vote domine largement les élections nationales. En réalité, le vote utile contribue à la domination sans partage du libéralisme, qui ne satisfait pas l'électorat et crée amertume et désillusion. Il convient donc de conduire la critique générale de la manière souterraine par laquelle s'est imposé un vote qui n'est pas conforme à ce qu'on peut espérer de la démocratie. C'est sur cette dernière qu'il faudra faire porter ensuite notre réflexion pour mettre en évidence les conditions possibles d'un renouveau démocratique, qui soit capable de répondre au désarroi et au désinvestissement politique des populations. Il en va en effet de l'avenir de notre société, qui est secouée par des crises multiples (économique, migratoire, écologique, etc.), dont celle de la politique n'est pas la moindre, à une époque où le fascisme renaît en Europe, en réponse à la violence sociale des réformes libérales, véritables destructions des protections collectives. Tout n'est pas perdu, parce qu'il existe en France comme ailleurs une aspiration démocratique forte, c'est-à-dire la volonté d'être acteur de son histoire et d'échapper au destin tracé d'avance que nous promettent les libéraux - la concurrence effrénée, les inégalités galopantes, la misère de masse au nom d'une conception dévoyée de la modernité et de la liberté.
Les chiffres record de l'abstention et le mouvement des gilets jaunes témoignent d'un fossé toujours plus profond entre l'élite et le peuple, les gouvernants et les gouvernés. Qu'elle soit ou non légitime, cette crise de confiance peut ruiner la démocratie. Comment rétablir le lien entre les électeurs et les élus étant entendu que la démocratie directe, sans délégation de pouvoir, serait vouée à un échec dramatique.
Avocat, familier des procès d'Assises, Paul Le Fèvre s'inspire de son expérience des jurys populaires. Instauré en 1791, le jury est choisi par tirage au sort suivant des procédures très strictes. Il a rempli très honorablement son office depuis plus de deux siècles : pacifier les rapports sociaux ou, au moins, canaliser leurs débordements. Ses décisions peuvent être imparfaites mais aucune décision judiciaire ne l'est, y compris celles rendues exclusivement par des magistrats.
Pourquoi ne pas étendre le tirage au sort à la vie politique ?
Selon Paul Le Fèvre, l'expérience des jurys populaires réfute les objections selon lesquelles les « gens » ne sauraient appréhender un domaine complexe qu'ils ne maîtrisent pas. Le fonctionnement des jurys montre aussi qu'il n'y nulle propension de ces mêmes « gens » à céder aux excès ou aux illusions de l'émotion populaire.
L'introduction du tirage au sort comme mode de désignation des représentants du peuple aux côtés (et non à la place) du mode classique de l'élection contribuera à réconcilier deux mondes qui se servent depuis trop longtemps de boucs émissaires réciproques. Elus et gens ordinaires seront désormais tous à bord du même bateau et responsables ensemble de son cap.
La démocratie semble, dans son principe, la façon la plus séduisante d'organiser le pouvoir dans une société. Le peuple se gouverne lui-même ou par ses représentants et chacun, étant à la fois gouverné et gouvernant, apprend à tenir compte de l'intérêt général aussi bien que de ses intérêts individuels. Aujourd'hui, tout semble différent. Au doute, né il y a une dizaine d'années avec la « crise de la représentation » et l'épuisement du modèle productiviste, entre autres, a laissé place la défiance et aux revendications la colère. Certes, les aspirations démocratiques, exprimées à travers le monde, n'ont jamais été aussi fortes, mais outre qu'elles sont durement réprimées par les pouvoirs en place, elles cohabitent avec une montée de la demande autoritaire que révèle notamment le succès électoral des partis dits « populistes ». Les « vieilles » démocraties, les mobilisations et les inquiétudes populaires s'expriment sur fond d'affaiblissement, perçu ou réel, du monde occidental. Tout se passe comme si le modèle, longtemps attractif, incarné par l'Europe et les États-Unis, était devenu un repoussoir, faute de tenir ses promesses.
Ce livre, dirigé par Jean-Vincent Holeindre, fait le point sur ce qu'est la démocratie aujourd'hui. Après un premier ouvrage sur le sujet il y a dix ans, il fait appel à de nombreux spécialistes pour redéfinir ce que ce système politique est devenu après les multiples crises qu'il a rencontrées ces dernières années.
Cet ouvrage cherche à cerner les moyens pour assurer la prévention de la radicalisation, d'où qu'elle vienne. Fruit d'un colloque organisé par l'association CEDEC (Chrétiens pour une Église Dégagée de l'École Confessionnelle), il affirme d'abord haut et fort que la loi, celle de la République, n'a pas à se soumettre aux aspirations d'une communauté étiquetée « religieuse » (ou d'un autre groupe convictionnel). Seuls des citoyens élus, représentants de la nation, ont la responsabilité de l'exprimer.
"L omniprésence de ""démocratie"" est l un des faits les plus significatifs de notre ère. De nos jours, la démocratie est le nom du Bien en politique. Ce n était pas le cas pendant la majeure partie de l histoire humaine où le mot évoquait un Mal politique absolu. On lui reprochait les principaux défauts des régimes politiques auxquels on l oppose actuellement. À rebours du mythe récent selon lequel la démocratie est une ""valeur"" occidentale, le fait est que s il y a une constante historique de la pensée politique occidentale, c est bien la haine de la démocratie."
Ce volume apporte des contributions à l'étude des radicalités politiques, de la démocratie libérale et de l'engagement des intellectuels en politique, tels que Charles Fourier, Louis Aragon, Francis Delaisi, Emmanuel Mounier, Michel Foucault ou les intellectuels maoïstes. Il se clôt sur la reprise d'un article important de Jean Baudouin, datant de 1997, où il précise sa conception du politique.
Avec le soutien de l'IDPSP, EA 4640, université Rennes 1 et de l'université d'Angers.
Il serait vain de chercher l'origine de la notion de démocratie, comme d'en proposer une seule définition, voire d'essayer d'en sérier toutes les manifestations. Sous ce terme se dessinent en réalité différentes formes d'exercice du pouvoir et donc de souveraineté du peuple, dont certaines sont plus persistantes, même si elles sont souvent renouvelées.
Ainsi en est-il de la démocratie représentative, de la démocratie directe et de la démocratie participative.
La première, qui constitue le modèle d'une conception universaliste, est souvent dite en crise, la deuxième est désirée mais peu appliquée, et la troisième, présentée comme un substitut ou un complément des deux autres, prendrait mieux en compte la diversité des citoyens.
Nonobstant les débats, souvent d'ordre politique, sur les formes de la démocratie, il semble aujourd'hui que la notion les rassemble finalement toutes, dès lors qu'elles peuvent légitimer les institutions, les pouvoirs et les normes.
Mais encore convient-il de s'assurer que la concurrence des formes n'affaiblisse pas la démocratie tout entière.
La démocratie, un organisme vivant ? Une approche originale qui se propose d'en analyser les mécanismes et les dysfonctionnements.
Diplômé de sciences politiques, Frédéric Bischoff défend une approche humaniste et non dogmatique des grands enjeux actuels.
Ce livre développe une théorie sociale de la démocratie. Il le fait en s'appuyant sur la tradition philosophique du pragmatisme américain, intégrée par la théorie critique et le tocquevilleanisme. Il se propose de montrer que la théorie démocratique contemporaine a largement négligé un aspect essentiel de son concept clé, à savoir celui de la dimension sociale qui constituent la démocratie en tant que forme de société. Une forme de société qui se fonde sur une ontologie sociale complexe, faite d'habitudes, schèmes d'interaction, et formes d'organisation qui lui sont propres et qui, seules, donnent tout son sens à la démocratie en tant que régime politique.
Pour ce faire, le livre défend l'idée que le concept de démocratie doit être entendu comme l'un des concepts majeurs de la théorie normative, et non seulement de la théorie du gouvernement, comme un concept qui vise à décrire un état désirable des rapports entre hommes et femmes, en tant que citoyens, mais aussi en tant qu'individus participant à la vie sociale dans ses institutions principales: le lieu de travail, la famille, l'espace public. Ainsi comprise, une théorie sociale de la démocratie met l'accent sur les conditions normatives qui favoriseront la démocratisation des marchés, des entreprises, des associations, des églises, des bureaucraties et d'autres institutions sociales. Ce faisant, ce livre nous aide à mieux comprendre la signification, la portée et l'étendue de ce projet démocratique qui définit le noyau de la vision émancipatrice qui caractérise le monde moderne: un projet qui se propose d'instaurer une société fondée sur le principe de coopération entre individus libres et égaux. L'idée de démocratie, dès lors, n'acquiert sa signification politique que par rapport à cette vision primordiale d'une forme de société qui n'a pas d'équivalent dans toute l'histoire humaine.