Filtrer
Rayons
- Littérature
- Jeunesse
- Bandes dessinées / Comics / Mangas
- Policier & Thriller
- Romance
- Fantasy & Science-fiction
- Vie pratique & Loisirs
- Tourisme & Voyages
- Arts et spectacles
- Religion & Esotérisme
- Entreprise, économie & droit
Prix
Gallimard
-
Le dernier souffle : Accompagner la fin de vie
Claude Grange, Régis Debray
- GALLIMARD
- Temoins
- 2 Mars 2023
- 9782073021168
«Au Docteur Grange,Le dernier HOMME que j'aurai rencontré dans ma vie.Je suis arrivé dans son hôpital déjà serein, mais peut-être encore troublé. Dès les premiers mots, il a su me rappeler les termes - ou plutôt le terme - de la condition humaine, avec assez de délicatesse pour que je retrouve immédiatement ma joie de vivre, si courte que l'on puisse en fixer l'échéance.Obtenir des malades qu'ils meurent joyeux parce que confiants n'est pas donné à tout le monde. Demandez-lui le secret, il le possède.»Pierre Sanguinetti
-
Préférence nationale : Leçon d'histoire à l'usage des contemporains
Gérard Noiriel
- GALLIMARD
- Tracts
- 14 Mars 2024
- 9782073074829
La loi «Asile et immigration», votée le 19 décembre 2023 et en partie censurée par le Conseil constitutionnel, a placé au centre du débat une nouvelle polémique sur la «préférence nationale» - et rappelé que la majorité de nos concitoyens pensent qu'il est normal que celles et ceux qu'ils ont élus défendent en priorité leurs intérêts. Le «problème» de l'immigration s'est imposé dès les débuts de la IIIe République et il a ressurgi à chaque fois que notre société a été en crise. L'histoire montre que la fuite en avant dans une politique de plus en plus répressive à l'égard des migrants, menée au nom de la «préférence nationale», met en péril à la fois les valeurs humanistes de notre République et les principes démocratiques de l'État de droit. Après avoir mis en lumière ces leçons de l'histoire, Gérard Noiriel propose quelques pistes pour s'opposer plus efficacement au risque de dérive xénophobe du corps social.
-
Le noeud démocratique : Aux origines de la crise néolibérale
Marcel Gauchet
- GALLIMARD
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 10 Octobre 2024
- 9782073085313
Le désenchantement du monde n'avait pas livré tous ses secrets. Il comportait une suite que l'on n'attendait pas. On le croyait achevé. Il n'en était rien. Il est allé silencieusement à son terme au cours des quatre ou cinq dernières décennies. La sortie de la structuration religieuse des sociétés a libéré cette fois toutes ses potentialités en engendrant un «nouveau monde» déconcertant. L'étrange crise de la démocratie qui affecte le monde occidental en est un des aspects les plus troublants. Elle est l'opposé exact de la crise totalitaire qui a ravagé le premier XX? siècle. Celle-ci avait pour moteur l'aspiration à détruire la démocratie dite «bourgeoise» pour lui substituer des régimes supérieurs. La crise actuelle, à l'inverse, touche une démocratie dont les principes sont plébiscités, mais dont le fonctionnement n'en suscite pas moins une immense frustration et des fractures profondes au sein des peuples. Cette «crise de la réussite», comme il y eut un «vertige du succès» stalinien, est liée, montre Marcel Gauchet, à une lecture trompeuse de la nouvelle structuration collective née de l'effacement complet de l'empreinte sacrale. Elle induit une vision réductrice de la nature de la démocratie, aveugle au noeud qui tient ses éléments ensemble. Il faut la dire «néolibérale», dans un sens qui va bien au-delà de l'économie, même si elle consacre le règne de l'économie, puisqu'elle concerne tous les domaines de l'existence collective et en propose même un modèle global. Mais à l'exemple de l'expérience totalitaire en son temps, cette expérience qui en prend le contrepied a la vertu de mettre en lumière des conditions jusqu'alors mal identifiables de la bonne marche de nos régimes. C'est en fonction de ses enseignements que devra se repenser la démocratie de l'avenir.
-
La liberté est l'engagement américain par excellence, mais, comme le soutient Timothy Snyder, nous avons tant perdu de vue ce qu'elle signifie que cela nous conduit à une crise. Trop d'entre nous considèrent la liberté comme l'absence de pouvoir de l'État : nous pensons que nous sommes libres si nous pouvons faire et dire ce que nous voulons, et nous passer de l'autorité du gouvernement. Mais la véritable liberté n'est pas tant sa provenance, son fondement, que sa destination, sa visée - la liberté de prospérer, de prendre des risques pour l'avenir que nous choisissons en travaillant ensemble. La liberté est la valeur qui rend toutes les autres possibles. De la liberté nous emmène dans un voyage intellectuel passionnant. S'appuyant sur les travaux de philosophes et de dissidents politiques tels qu'Edith Stein, Simone Weil, Vaclav Havel, Leszek Kolakowski, Henry David Thoreau, et sur des conversations avec des penseurs contemporains comme Tony Judt à une époque d'exceptionnalisme américain, Timothy Snyder identifie les pratiques et les attitudes - les habitudes de pensée - qui nous permettront de concevoir un mode de gouvernement dans lequel nous et les générations futures pourrons nous épanouir en reconnaissant l'importance des traditions (défendues par la droite), mais aussi le rôle des institutions (domaine de la gauche). Intime mais ambitieux, ce livre contribue à forger un nouveau consensus ancré dans une politique d'abondance, de générosité et de grâce.
-
Figures du Palestinien : Identité des origines, identité de devenir
Elias Sanbar
- GALLIMARD
- Nrf Essais
- 21 Octobre 2004
- 9782070759361
Peuple expulsé de sa terre en 1948, les Palestiniens, sans jamais oublier ou négliger leur histoire, se définissaient d'abord par leur géographie si particulière, celle de la Terre sainte. Trois figures retracent leur identité de devenir.Gens de la Terre sainte : du temps de l'Empire ottoman, les Palestiniens, plus encore qu'Arabes occupés, se définissent par le pays où coexistent communautés et religions et dont les paysages sont marqués par les fusions des lieux de culte et de pèlerinages des monothéismes.Arabes de Palestine : du temps du Mandat britannique, lorsque se bâtit le «Foyer» sioniste qui prétend appuyer ses droits sur une antériorité des Juifs sur les Arabes, au point que la «montée» vers la Palestine est un retour et non une venue, les Palestiniens, pris dans la double tourmente des colonialismes britannique et juif, deviennent, malgré résistance et révoltes, graduellement des étrangers sur leur propre terre.L'Absent ou le Palestinien invisible : après l'expulsion de 1948, alors que le nouvel État d'Israël gère les biens des expulsés comme «biens des absents» et qu'il efface ou modifie méthodiquement, au fil des années toponymie et topographie, les Palestiniens, parqués par villages entiers dans les camps de réfugiés, cultivent la mémoire des lieux et nourrissent l'idée du retour.Après des siècles de présence chez lui, le peuple palestinien réclame un État, puisque la communauté et le droit international ont érigé l'État-nation en seule forme possible, pour un peuple, de présence libre et souveraine sur sa terre.
-
Chronos : L'Occident aux prises avec le Temps
François Hartog
- GALLIMARD
- Bibliotheque Des Histoires
- 1 Octobre 2020
- 9782072893070
«Omniprésent et inéluctable, tel est Chronos. Mais il est d'abord celui qu'on ne peut saisir. L'Insaisissable, mais, tout autant et du même coup, celui que les humains n'ont jamais renoncé à maîtriser. Innombrables ont été les stratégies déployées pour y parvenir, ou le croire, qu'on aille de l'Antiquité à nos jours, en passant par le fameux paradoxe d'Augustin : aussi longtemps que personne ne lui demande ce qu'est le temps, il le sait ; sitôt qu'on lui pose la question, il ne sait plus.Ce livre est un essai sur l'ordre des temps et les époques du temps. À l'instar de Buffon reconnaissant les «Époques» de la Nature, on peut distinguer des époques du temps. Ainsi va-t-on des manières grecques d'appréhender Chronos jusqu'aux graves incertitudes contemporaines, avec un long arrêt sur le temps des chrétiens, conçu et mis en place par l'Église naissante : un présent pris entre l'Incarnation et le Jugement dernier. Ainsi s'engage la marche du temps occidental.On suit comment l'emprise du temps chrétien s'est diffusée et imposée, avant qu'elle ne reflue de la montée en puissance du temps moderne, porté par le progrès et en marche rapide vers le futur.Aujourd'hui, l'avenir s'est obscurci et un temps inédit a surgi, vite désigné comme l'Anthropocène, soit le nom d'une nouvelle ère géologique où c'est l'espèce humaine qui est devenue la force principale : une force géologique. Que deviennent alors les anciennes façons de saisir Chronos, quelles nouvelles stratégies faudrait-il formuler pour faire face à ce futur incommensurable et menaçant, alors même que nous nous trouvons encore plus ou moins enserrés dans le temps évanescent et contraignant de ce que j'ai appelé le présentisme ?»François Hartog
-
Il était une fois la Terre
Pierrick Graviou, Erik Orsenna, Serge Bloch
- Gallimard Loisirs
- Albums Beaux Livres
- 5 Octobre 2023
- 9782742465521
«Il était une fois la Terre, bien avant la Terre... Car pour bien comprendre l'extraordinaire histoire de notre planète, il faut remonter aux origines de l'Univers, à la source de la matière. Cette matière qui constitue notre sous-sol, l'eau, l'air, les plantes, les animaux, mais également le papier de ce livre, ses deux auteurs, ses lectrices et ses lecteurs. Il était une fois... Voici donc une belle histoire, la mère de toutes les histoires. Attachez vos ceintures ! Le voyage que nous vous proposons va vous conduire loin, très loin, de l'infiniment grand à l'infiniment petit, de l'infiniment vieux à l'infiniment jeune...» En 50 chapitres courts, Pierrick Graviou et Erik Orsenna offrent au lecteur une histoire de la Terre, de ses roches, de ses premiers occupants, de leur évolution, et enfin de l'humanité.
-
Amateur d'art : Alias Caracalla 1946-1977
Daniel Cordier
- GALLIMARD
- Temoins
- 25 Janvier 2024
- 9782073015167
Daniel Cordier a eu plusieurs vies. Alias Caracalla se poursuit donc après la guerre. L'ancien secrétaire de Jean Moulin se tourne vers l'art. Il commence une collection avec des oeuvres de De Staël ou Hartung, puis ouvre des galeries à Paris, New York et Francfort, où il expose Dubuffet, Rauschenberg et la fine fleur des surréalistes. Il voyage aussi et nous fait vivre deux séjours mouvementés dans l'Union soviétique des débuts de la déstalinisation. Sur un dernier coup d'éclat, il ferme sa galerie parisienne et se lance dans deux tours du monde pour écrire une histoire universelle de l'art avec Stéphane Hessel. Mû par un besoin d'engagement et d'action toujours aussi présent, il envisage de reprendre les armes pour défendre la République contre les factieux de l'Algérie française, et mêle expositions provocatrices et militantisme pour l'art contemporain jusqu'à se trouver enrôlé dans la création du Centre Beaubourg. Des pages inédites et illustrées de la vie de Daniel Cordier, fidèle à lui-même : combatif, passionné, sincère et drôle.
-
« Je ne suis pas marchand d'art, je suis galeriste » avait coutume de répéter Leo Castelli. Il a régné sur l'art contemporain international pendant plus de quarante ans, au point d'en changer toutes les règles. Après avoir vécu dans de grandes villes d'Europe (Trieste, Vienne, Milan, Budapest, Bucarest et Paris), aux prises avec les convulsions historiques du siècle, ce grand bourgeois dilettante rejoint les États-Unis en 1941, où il ouvre sa propre galerie à New York, en 1957, à l'âge de cinquante ans. Fasciné par les artistes, ses « héros », il découvre les grands Américains des sixties (Jasper Johns, Robert Rauschenberg, Frank Stella, Roy Lichtenstein, Andy Warhol, James Rosenquist), et les mouvements esthétiques (le Pop Art, l'art minimal, l'art conceptuel), qu'il insère dans le cours de l'histoire de l'art. Organisée à l'européenne et gérée à l'américaine, la galerie Castelli invente la première forme de globalisation du marché de l'art et devient une institution incontournable.
En quelques années, le galeriste transforme le statut de l'artiste aux États-Unis, assurant à l'art américain, pendant près de quatre décennies, une absolue hégémonie sur la scène internationale. Les consécrations à la Biennale de Venise pour Robert Rauschenberg en 1964, et Jasper Johns en 1988, sont de nouveaux coups de maître pour Castelli, jusqu'à ce que le marché de l'art américain s'emballe dans la fièvre de la montée des prix. Pourtant, derrière la personnalité d'un personnage érudit, affable et médiatique, se cache une histoire beaucoup plus complexe et mystérieuse qu'il ne le laissait paraître.
Grâce à de nombreux entretiens réalisés dans le monde entier et à des documents d'archives inédits, Annie Cohen-Solal, biographe de Sartre et auteur de « Un jour ils auront des peintres », nous transporte d'Italie en Hongrie, en Roumanie, en France et aux États-Unis, pour raconter la passionnante trajectoire du galeriste, découvrant que sa fonction ressemblait étrangement à celle de ses propres ancêtres, et de ces agents qui travaillaient auprès des Médicis, dans la Toscane de la Renaissance.
-
Pour les nazis, la «culture» était à l'origine la simple transcription de la nature : on révérait les arbres et les cours d'eau, on s'accouplait, se nourrissait et se battait comme tous les autres animaux, on défendait sa horde et elle seule. La dénaturation est intervenue quand les Sémites se sont installés en Grèce, quand l'évangélisation a introduit le judéo-christianisme, puis quand la Révolution française a parachevé ces constructions idéologiques absurdes que sont l'égalité, la compassion ou l'abstraction du droit. Pour sauver la race nordique-germanique, il fallait opérer une «révolution culturelle», retrouver le mode d'être des Anciens et faire à nouveau coïncider culture et nature. C'est en refondant ainsi le droit et la morale que l'homme germanique a cru pouvoir agir conformément à ce que commandait sa survie. Grâce à la révision générale des normes et à la réécriture de l'histoire de l'Occident, il devenait licite, moral et prescrit de frapper et de tuer.
-
Le culte des saints musulmans : Des débuts de l'islam à nos jours
Catherine Mayeur-Jaouen
- GALLIMARD
- Bibliotheque Des Histoires
- 5 Septembre 2024
- 9782072984884
Souvent considéré comme marginal, le culte des saints musulmans est aujourd'hui un sujet brûlant qui écrit l'histoire religieuse de l'islam sous un nouvel angle. Né dans le riche terreau de l'Antiquité tardive, lié au culte des morts et au processus d'islamisation, ce culte puise dans la mémoire des prophètes antéislamiques, du djihad et de la vénération du Prophète et de ses descendants. Tout un ensemble de croyances et de pratiques adressées aux saints et à des lieux sacrés apparaît en pleine lumière au IXe siècle. Visites pieuses et pèlerinages aux sanctuaires réclament une intercession ici-bas et dans l'au-delà, aux hommes de Dieu et à de rares femmes. Du Maroc à l'Indonésie, le culte des saints s'ancre aussi dans celui des ancêtres et dans la fréquentation de lieux sacrés en affirmant une identité désormais musulmane qui participe à la compétition entre chiisme et sunnisme. Le phénomène encouragé par les dynasties successives devient massif au XIIe-XIIIe siècle, avec l'essor des confréries soufies, le culte du Prophète, et de nouvelles vagues d'islamisation. Il domine le paysage dévotionnel musulman jusqu'aux attaques du wahhabisme au XVIIIe siècle, puis jusqu'à celles du réformisme et enfin du salafisme actuel. Au XXe siècle, les États indépendants privent confréries et descendants saints de leur pouvoir pour déplacer le culte vers celui des héros et des martyrs. D'impressionnants renouveaux s'affirment à la fin du XXe siècle, avant de nouvelles ruptures au XXIe siècle, imposées par l'urbanisation, les migrations, Internet et le règne de l'image, la mondialisation et la sécularisation.
-
Devant l'ampleur et le caractère inédit des crimes nazis - qu'ils soient collectifs ou individuels -, les historiens butent sur leur causalité profonde, qui reste obscure. Ces comportements monstrueux s'appuient pourtant sur des fondements normatifs et un argumentaire juridique qu'il faut prendre au sérieux. C'est ce que fait ici Johann Chapoutot dans un travail de grande ampleur qui analyse comment les philosophes, juristes, historiens, médecins ont élaboré les théories qui faisaient de la race le fondement du droit et de la loi du sang la loi de la nature qui justifiait tout : la procréation, l'extermination, la domination.
Une profonde intimité avec une immense littérature publique ou privée - correspondances, journaux intimes -, avec la science et le cinéma du temps, rend sensible la manière dont les acteurs se sont approprié ces normes qui donnent un sens et une justification à leurs manières d'agir. Comment tuer un enfant au bord de la fosse peut relever de la bravoure militaire face à l'ennemi biologique. Si le métier d'historien consiste à comprendre et non à juger, ou à mieux comprendre pour mieux juger, ce livre jette une lumière neuve et originale sur le phénomène nazi.
-
Tôkyô-Bohème : Au fil des rencontres (1970-2024)
Philippe Pons
- GALLIMARD
- Temoins
- 5 Septembre 2024
- 9782073056511
Philippe Pons est correspondant du Monde au Japon depuis 1976. C'est à partir de son expérience personnelle qu'il fait revivre le Tôkyô des plaisirs et des jours, de l'érotisme et de l'esthétisme. Nous suivons cette visite au fil de l'évocation des angles morts du Tôkyô prospère, d'incursions dans le «sous-bois social» des trappes de la ville où bivouaque une humanité blessée et de quelques figures noctambules. Vagabondages à travers les cinq dernières décennies, en croisant souvenirs, histoire sociale et réflexions rêveuses, l'auteur esquisse un «Tôkyô de l'envers», facette négligée de cette ville comme l'est la doublure d'un vêtement. «Envers» qui n'est pas plus vrai que l'«endroit» mais permet d'entrevoir une société polymorphe avec ses fissures, ses malaises, ses détresses comme son imaginaire et ses petits bonheurs. Une entrée par une porte dérobée dans l'histoire d'un Tôkyô qui échappe au discours sur une «âme japonaise» supposée aussi impénétrable qu'ineffable, sorte d'allégorie de l'altérité saisie dans ce journal de bord non daté, scandé de touches affectives pour les êtres et les lieux auxquels l'auteur est lié depuis un demi-siècle.
-
Composition française ; retour sur une enfance bretonne
Mona Ozouf
- GALLIMARD
- Blanche
- 19 Mars 2009
- 9782070124640
La France a toujours vécu d'une tension entre l'esprit national et le génie des pays qui la composent, entre l'universel et le particulier. Mona Ozouf se souvient l'avoir ressentie et intériorisée au cours d'une enfance bretonne. Dans un territoire exigu et clos, entre école, église et maison, il fallait vivre avec trois lots de croyances disparates, souvent antagonistes. À la maison, tout parlait de l'appartenance à la Bretagne. L'école, elle, au nom de l'universelle patrie des droits de l'homme, professait l'indifférence aux identités locales. Quant à l'église, la foi qu'elle enseignait contredisait celle de l'école comme celle de la maison.
En faisant revivre ces croyances désaccordées, Mona Ozouf retrouve des questions qui n'ont rien perdu de leur acuité. Pourquoi la France s'est-elle montrée aussi rétive à accepter une pluralité toujours ressentie comme une menace ? Faut-il nécessairement opposer un républicanisme passionnément attaché à l'universel et des particularismes invariablement jugés rétrogrades ? À quelles conditions combiner les attachements particuliers et l'exigence de l'universel ? En d'autres termes, comment vivre heureusement la « composition française » ?
-
Départager l'humanité : Humains, humanismes, inhumains
François Hartog
- GALLIMARD
- Bibliotheque Des Histoires
- 14 Novembre 2024
- 9782073015112
Créer, disent les grands textes fondateurs, c'est partager et départager : entre des mortels et des immortels, entre des humains et des bêtes, entre un Dieu éternel et des êtres éphémères, entre un corps périssable et une âme immortelle... Ce geste premier lance toute l'enquête. Scruter les façons dont ces partages ont été repris, transformés, contestés, rejetés au cours des siècles : tel est son objet. Ce sont donc autant de figures historiques de l'homme qui sont, un chapitre après l'autre, interrogées : l'anthrôpos grec, l'homo humanus romain, l'homo christianus, puis l'homme des humanistes, celui aussi qui fait sien le «je suis homme et rien d'humain ne m'est étranger», avant que la proclamation «l'homme est un Dieu pour l'homme», elle-même bientôt suivie par l'annonce de «la mort de l'homme», ne débouche sur la récusation d'un «propre» de l'homme et de tous les dualismes qui, au cours des siècles, ont jalonné son histoire. Humains, humanismes, inhumains : le sous-titre précise encore le cadre historique. En se conjuguant et en s'opposant, les trois termes font système. Les humanismes, en s'attachant à départager l'humain de l'inhumain, ont recherché des voies pour que les humains, au moins certains d'entre eux, le soient plus ou mieux. Ce qui ne les a pas toujours empêchés, il s'en faut, d'être aveugles à l'inhumain. Aujourd'hui, c'est l'humanitaire qui, face à l'inhumain, revendique d'agir au nom d'un propre de l'homme : sa dignité. Parcourir ce grand arc qui mène de la formation d'anthrôpos à sa dissolution n'implique ni que ce chemin fût tracé d'avance ni qu'il doive déboucher sur une quelconque apocalypse. En revanche, c'est montrer comment le moment présent, celui d'une désorientation généralisée, s'inscrit dans une histoire longue. Et, du même coup, aider à le mieux comprendre.
-
Histoire intime de la Ve République Tome 2 : la belle époque
Franz-Olivier Giesbert
- GALLIMARD
- Blanche
- 20 Octobre 2022
- 9782072969294
C'était le bon temps. Quand la France contemporaine nous accable, il suffit, pour aller mieux, de se ramentevoir celle des années 1970, rythmées par les films de Sautet, les chansons de Dalida, Nino Ferrer, Alain Bashung. Sous le signe - très masculin - de Pompidou, Giscard, Mitterrand, Barre, Rocard, Sartre et Mao, elles furent à la fois insouciantes, bourgeoises et révolutionnaires. Pour écrire cette trilogie, j'ai épluché plus de cinquante ans d'archives personnelles. Ce qui m'a permis de confronter mes regards d'hier et d'aujourd'hui, ceux des acteurs de l'époque aussi, avec mes souvenirs les plus personnels comme avec les grands évènements historiques, dans un mouvement de va-et-vient permanent. Très vite, je me suis rendu compte que ce travail permettrait d'éclairer la question qui nous étreint tous, plus ou moins : que nous est-il arrivé ? Pendant la décennie 1970, sujet de ce deuxième tome, la France a continué de progresser, dans la foulée du «Sursaut» gaullien que je vous ai raconté dans le précédent volume. Portée par une croissance économique incroyable, c'est la Belle Époque de la V?. Mais après avoir été frappée par deux chocs pétroliers très violents, elle a peiné à relever les défis qui se posaient : l'urgence écologique, le début de la désindustrialisation et du chômage, l'immigration, la perte de l'autorité, des repères... Tous les germes étaient à l'oeuvre, à bas bruit, au cours de ces années-là, peut-être moins radieuses qu'elles ne le semblent aujourd'hui, la nostalgie aidant.
-
La nuit ukrainienne : Une histoire intime de la révolution
Marci Shore
- GALLIMARD
- La Suite Des Temps
- 12 Septembre 2024
- 9782073069856
Historienne américaine spécialiste de la mémoire du XX&ssup ;iècle en Europe de l'Est, Marci Shore raconte le destin de l'Ukraine depuis les empires des Habsbourg et russe, en passant par les deux guerres mondiales, l'époque sovietique, jusqu'au point culminant qu'est la révolution de Maïdan de 2013- 2014, à laquelle succédera la première invasion russe, prélude à la guerre à grande échelle d-aujourd'hui. L'originalité de cet ouvrage - initialement paru aux Yale University Press fin 2017 et dont l'actualité renouvelée depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022 nous vaut un nouvel avant-propos - vient de ce récit suivant le fil des différents témoins, acteurs de cette révolution : bilingues, multilingues, russophones, ukrainophones, Polonais, catholiques, orthodoxes, juifs, dont le principal, Jurko Prokhasko, est un uniate de Galicie, patriote ukrainien à la fois dénué de nationalisme exclusif et tourné vers l'Europe et les valeurs libérales. Marci Shore écoute les Ukrainiens en temps de révolution et de guerre, et montre une Ukraine diverse, intéressante, et éprise de liberté.
-
Une femme à Berlin ; journal 20 avril-22 juin 1945
Anonyme
- GALLIMARD
- Ecoutez Lire
- 3 Septembre 2009
- 9782070123964
La jeune Berlinoise qui a rédigé ce journal, du 20 avril 1945 - les Soviétiques sont aux portes - jusqu'au 22 juin, a voulu rester anonyme, lors de la première publication du livre en 1954, et après. À la lecture de son témoignage, on comprend pourquoi. Sur un ton d'objectivité presque froide, ou alors sarcastique, toujours précis, parfois poignant, parfois comique, c'est la vie quotidienne dans un immeuble quasi en ruine, habité par des femmes de tout âge et des hommes qui se cachent : une vie misérable, dans la peur, le froid, la saleté et la faim, scandée par les bombardements d'abord, sous une occupation brutale ensuite. S'ajoutent alors les viols, la honte et la banalisation de l'effroi...
-
Montaillou, village occitan de 1294 à 1324
Emmanuel Le Roy Ladurie
- GALLIMARD
- Bibliotheque Des Histoires
- 23 Avril 1982
- 9782070209514
En 1320, Jacques Fournier, évêque de Pamiers, plus tard pape d'Avignon, enquête comme inquisiteur sur un village de haute Ariège à 1 300 mètres d'altitude : Montaillou, 250 habitants, petite communauté occitane et pyrénéenne de montagnards et de bergers.
Simple épisode de la lutte contre le catharisme ? Mais la conscience ethnologique et policière de l'enquêteur est telle que, Maigret avant la lettre, il finit par déterrer tous les secrets du village, petits ou grands. Et Dieu sait s'il y en a ! Rien n'échappe à cet évêque fureteur, ni la vie intime et ambulatoire du berger Maury, ni les nombreux amours du truculent curé de la paroisse, mouchard paillard et cathare, ni les passions romantiques de la châtelaine Béatrice de Planissoles.
Mais ce sont aussi les drames et la vie quotidienne de Montaillou, opprimé par un clergé dominateur et par le clan tyrannique des Clergue, qui forment la trame de cette étude à la fois monographique et globale ; l'enfance et la mort, la culture et la famille, les luttes des mafias paysannes, l'obsession du salut et la magie, l'irréligion et l'hérésie rustiques, la morale et le crime, le folklore, les mythes et les revenants.
Utilisant cet extraordinaire document qu'est le " registre d'Inquisition " de Jacques Fournier, sorte de roman vrai du petit peuple du xtve siècle, ce Montaillou ressuscite, dans l'esprit des méthodes historiques et ethnographiques les plus actuelles, la réalité cathare et occitane d'il y a six cent cinquante ans, avec la fraîcheur et le tremblement du vécu.
-
La cité des druides : Bâtisseurs de l'ancienne Gaule
Jean-Louis Brunaux
- GALLIMARD
- L'esprit De La Cite
- 4 Avril 2024
- 9782070141036
Ils étaient les Socrate et les Aristote de l'ancienne Gaule, savants, théologiens, guides politiques mais aussi penseurs de l'action, qui oeuvraient dans tous les domaines : l'astronomie, les mathématiques, l'éducation, la religion, les arts et surtout la politique. Les druides n'aspiraient pas à exercer le pouvoir, qu'ils n'ont cessé cependant d'éclairer de leur science : c'est sous leur égide que les peuples de la Gaule apprennent à se gouverner en se dotant d'assemblées qui régissent les affaires de chaque cité, et d'un conseil «national» annuel qui arbitre les conflits politiques et les disputes territoriales. Mal connus, méconnus, absents de notre canon historique, les druides sont pourtant nos ancêtres. Pour les retrouver, cet ouvrage fait appel aux rares écrits qui les révèlent, aux philosophes qui les ont croisés, aux traces que les archéologues continuent d'exhumer, aux oeuvres d'art, monnaie, outils, pharmacopée... Au fil des pages se dessine ainsi, par touches successives, le portrait inédit d'une «nation» en formation qui projette déjà, de loin, certains caractères originaux d'une France à venir.
-
Le sabbat des sorcières
Carlo Ginzburg
- GALLIMARD
- Bibliotheque Des Histoires
- 3 Novembre 1992
- 9782070727414
Du XIV? au XVII? siècle, dans toute l'Europe, des femmes et des hommes accusés de sorcellerie ont raconté s'être rendus au sabbat : là, de nuit, en présence du diable, on se livrait à des festins, à des orgies, à l'anthropophagie, à la profanation des rites chrétiens.D'où vient le sabbat ? Les accusés se sont-ils laissé extorquer, souvent sous la torture, le récit que leurs juges attendaient d'eux ? Selon Carlo Ginzburg, pas toujours. Dans quelques cas, l'écart entre les questions des juges et les réponses des accusés laisse affleurer des éléments liés à une couche plus profonde. Partant de ces anomalies, appuyé sur un immense matériel documentaire, il a entrepris de retrouver et de recomposer les pièces dispersées de cette histoire nocturne. L'enquête conjugue plusieurs approches auxquelles correspondent autant d'hypothèses : une approche historique qui, des lépreux aux juifs, aux hérétiques et aux sorciers, dessine à la fin du Moyen Âge la place du complot ourdi en son sein par les ennemis de la chrétienté ; une approche morphologique, qui rassemble les éléments disjoints d'une très ancienne culture à fond chamanique, largement attestée dans le monde eurasiatique ; une dernière hypothèse, plus ambitieuse encore, lie l'identification de formes générales de l'expérience essentielle de la mort et de l'au-delà et les structures élémentaires du récit.Un programme immense, mais aussi une rigoureuse leçon de méthode qui veut, à chaque moment, rappeler les exigences, les limites et les possibilités du métier d'historien.
-
Histoire intime de la Ve République Tome 1 : le sursaut
Franz-Olivier Giesbert
- GALLIMARD
- Blanche
- 4 Novembre 2021
- 9782072966811
Si je me suis attelé à ce vaste projet - une histoire intime de la V? République en trois époques -, c'était pour essayer de comprendre comment notre cher et vieux pays a pu, en quelques décennies, s'affaisser à ce point, dans un mélange de déni, masochisme et contentement de soi, sur fond de crise existentielle. La décadence n'est jamais écrite. Quand le général de Gaulle a pris le pouvoir en 1958, la France était quasiment par terre, à cause, entre autres, de la guerre d'Algérie et de l'effondrement des «élites». Prophétique, machiavélique et prosaïque, il l'a remise debout en à peine un an, sans négliger les plus infimes détails, ni lésiner sur les roueries et les mensonges. Le personnage que je dépeins est bien plus complexe que celui de la légende. Pourquoi une histoire «intime» ? Parce que l'histoire est toujours écrite par ceux qui l'ont faite ou vécue, et que j'ai voulu ajouter, en m'appuyant sur mes notes de l'époque, mon regard d'alors en le confrontant à celui d'aujourd'hui, dans un va-et-vient permanent. «Intime» encore parce que ce retour sur un passé récent entend inclure aussi le regard que portaient naguère les contemporains sur l'odyssée gaulliste qu'ils étaient en train de vivre : je cherche à décrire un monde et une manière d'être français dont le souvenir commence à s'éteindre. Dans ce premier tome, c'est le stupéfiant redressement du pays par le Général que je raconte, jusqu'à la chute du grand homme, après onze ans de pouvoir. Puisse ce récit personnel permettre de tirer, pour aujourd'hui, les leçons d'une résurrection française qui, sur le moment, semblait impossible. F.-O. G.
-
Ce volume contient notamment : Carnet «méthodologie historique» - Critique historique et critique du témoignage - Écrits et photographies de guerre 1914-1918 - Réflexions d'un historien sur les fausses nouvelles de la guerre - Mémoire collective, tradition et coutume - Pour une histoire comparée des sociétés européennes - La Féodalité européenne [inédit] - Introduction aux Caractères originaux de l'histoire rurale française - L'erreur collective de la «Grande Peur»... - Problèmes d'Europe - Que demander à l'histoire ? - Réflexions pour un lecteur curieux de méthode - L'Étrange Défaite - Comment et pourquoi travaille un historien [inédit] - Apologie pour l'histoire ou Métier d'historien - Textes inédits du Cercle d'études de Montpellier - Conférences sur la Grande-Bretagne - Écrits clandestins (1943-1944) - «Testament» - Regards sur Marc Bloch : Georges Altman, Georges Bratianu, Raymond Aron, Henri Brunschvig, Bronislaw Geremek - «Vie et Oeuvre» illustré.
-
Terres de sang ; l'Europe entre Hitler et Staline
Timothy Snyder
- GALLIMARD
- Bibliotheque Des Histoires
- 5 Mai 2022
- 9782072994357
«Au début du XXI? siècle, alors que je concevais ce livre», nous dit Timothy Snyder dans cette postface inédite rédigée à la veille de la guerre en Ukraine, «il n'existait d'expressions familières que pour deux politiques de carnage : l'Holocauste et la Grande Terreur soviétique. Personne ou presque n'avait remarqué que dans les deux cas, les fosses de la mort étaient dispersées sur les mêmes territoires». C'est par ces mots que Timothy Snyder complète le récit de la catastrophe au cours de laquelle, entre 1933 et 1945, 14 millions de civils, ont été tués par l'Allemagne nazie et l'Union soviétique stalinienne. Tous l'ont été sur un même territoire, que l'auteur appelle les «terres de sang» et qui s'étend de la Pologne centrale à la Russie occidentale en passant par l'Ukraine, la Biélorussie et les pays Baltes. Plus de la moitié d'entre eux sont morts de faim. Deux des plus grands massacres de l'histoire ayant précédé l'Holocauste - les famines préméditées par Staline, principalement en Ukraine, au début des années 1930, qui ont fait plus de 4 millions de morts, et l'affamement par Hitler de quelque 3 millions et demi de prisonniers de guerre soviétiques, au début des années 1940 - ont été perpétrés ainsi. Les victimes des deux régimes ont laissé de nombreuses traces. Tombées après la guerre de l'autre côté du Rideau de fer, elles sont restées dans l'oubli pendant plus de soixante ans et ne sont revenues au jour qu'à la faveur de la chute du communisme. Timothy Snyder redonne humanité et dignité à ces millions de morts privés de sépultures et les rappelle au souvenir des vivants.