Celui qui a poignardé Salman Rushdie le 12 août 2022 à New York n'était pas né en 1989, lorsque l'ayatollah Khomeiny lançait une fatwa condamnant à mort l'auteur des Versets sataniques. Que s'est-il passé d'irrévocable avec ce roman pour que trente-trois ans plus tard, l'acharnement continue ? Pourquoi un écrivain est-il devenu le bouc émissaire de la confrontation identitaire entre L'islam et l'Occident ? La réplique ici est de donner à lire une oeuvre qui va plus loin que le blasphème.
En 1909, Freud est invité à la Clark University, aux États-Unis, pour présenter une discipline nouvelle : la psychanalyse. Devant un public d'intellectuels, il en retrace la genèse, la méthode et les principales découvertes : la mise au jour de l'inconscient, le processus du refoulement, l' interprétation des rêves, l'existence de la sexualité infantile... Introduction essentielle à la théorie freudienne, ces cinq leçons témoignent de l'ampleur des énigmes que Freud s'est efforcé d'élucider.
Contrairement à ce que l'on affirme trop souvent, les contes de fées ne traumatisent pas les jeunes lecteurs. Ils répondent de façon précise et irréfutable à leurs angoisses, en les informant des épreuves à venir et des efforts à accomplir.
Tel est en effet le postulat de ce livre majeur où Bruno Bettelheim nous éclaire sur la fonction thérapeuthique de ces contes pour l'enfant et l'adolescent jusqu'à la puberté.
Grâce à cet ouvrage, illustré d'exemples tirés d'un patrimoine sans âge, des "Mille et une nuits" aux frères Grimm, de "Cendrillon" à "Blanche-Neige" et à la "Belle au bois dormant", nous n'avons plus, nous parents, le même regard sur ces contes de fées qui offrent à nos enfants une chance de se comprendre mieux au sein du monde complexe qu'ils vont devoir affronter.
Dans ces conférences où Freud prouve une fois de plus son talent à exposer ses idées, nous sommes guidés au coeur de la révolution ps ychanalytique : le moi n'est pas maître chez lui. Rien d'obscur ou de désincarné ici, mais le mouvement même de la psychanalyse, les phénomènes qu'elle prend en compte (rêves, lapsus, symptômes), les problèmes majeurs qu'elle aborde (interprétation des rêves ou théorie de la névrose), et les notions qu'elle a forgées (libido, transfert, inconscient, etc.).
«J'ai donc entrepris aujourd'hui, dans ma quatre-vingt-troisième année, de raconter le mythe de ma vie.» C'est au printemps 1957, quatre ans avant sa mort, que C.G. Jung éprouva le besoin de raconter à sa collaboratrice, Mme Aniela Jaffé, ce qu'il considérait comme l'essentiel de son existence et, rédigeant lui-même les passages les plus importants, la chargea de coordonner le tout. Un des grands fondateurs de la psychanalyse se fait le témoin de lui-même.«Ma vie est l'histoire d'un inconscient qui a accompli sa propre réalisation.» Souvenirs, rêves et pensées est l'auto-analyse d'un des grands rêveurs de l'humanité qui s'explique en même temps sur l'au-delà, les mythes, les symboles, l'inconscient collectif et, jamais plus clairement qu'ici, sur la religion.
L'un des traits marquants de notre époque est incontestablement la prise de conscience d'elle-même opérée par la femme. Toutefois, ce processus aboutit trop souvent à des impasses, faute de prémisses psychologiques satisfaisantes, autrement dit, de réalisme fondé sur le discernement qu'offre la psychologie des profondeurs.
Marie-Louise von Franz, collaboratrice de C. G. Jung durant trente ans, auteur notamment de La Légende du Graal et de Rêves d'hier et d'aujourd'hui (Albin Michel), s'est donc attachée à mettre en lumière les facettes variées de l'âme féminine en puisant dans ce réservoir de symboles de l'âme collective que sont les contes de fées. Son expérience de femme et de thérapeute à l'écoute de l'inconscient lui a permis d'en dégager de riches enseignements.
En 1914, Freud projette une grande théorie des névroses. L'ouvrage, non achevé, est connu sous le titre de "Métapsychologie". Il paraîtra en 1924. Il comporte quatre essais célèbres : "Pulsions et destins des pulsions", "Le refoulement", "L'inconscient", "Deuil et mélancolie", ainsi qu'un "Complément métapsychologique à la théorie du rêve". Lui est adjoint une "Vue d'ensemble des névroses de transfert".
En cas d'amour : que faire ? Axe autour duquel tourne toute vie : aimer, être aimé. Avec toutes ses déclinaisons : reconnaissance, peur d'être abandonné, mesure de la jalousie, désir de possession, envie, délivrance, haine, détachement, paix.
L'événement de l'amour est au coeur de ce livre. Depuis les histoires imaginaires que l'on se forge quand on est amoureux jusqu'au désir de vengeance de celui qui est quitté en passant par la jalousie, la fascination, la fusion amoureuse, la relation fraternelle, la dispute, le livre explore différentes figures de la passion et des blessures de l'attente amoureuse.
On y rencontre l'écoute attentive et les désarrois d'une psychanalyste recueillant dans la chambre des secrets les mots de ceux qui viennent déposer là leur espérance.
S'inquiétant de voir la psychothérapie de plus en plus altérée pour des raisons d'ordre économique, et appauvrie par des formations allégées, Irvin Yalom a voulu s'adresser aux nouvelles générations de thérapeutes et de patients. Dans cet ouvrage, construit en une sorte d'inventaire libre et généreux, il aborde les thèmes propres à la thérapie existentielle. En s'appuyant sur son expérience et ses talents de conteur, il y explore les différentes approches et pratiques présentes dans toute thérapie, offrant à ses lecteurs un enseignement précieux, une plongée au coeur de l'entreprise thérapeutique, sa complexité et ses incertitudes.Un demi-siècle de savoir-faire : à la fois manifeste psychanalytique et interpellation philosophique, florilège d'anecdotes vécues et confession essentielle, ce livre, traversé de bienveillance éclairée, continue de nous habiter en secret, de nous faire exister. Dominique Mathieu-Nazaire, Télérama.Traduit de l'anglais (États-Unis) par Anne Damour.
Le phénomène d'« assignation identitaire » monte en puissance depuis une vingtaine d'années dans la société tout entière, comme en témoignent l'évolution de la notion de genre et les métamorphoses de l'idée de race. Que s'est-il donc passé pour que les engagements émancipateurs d'autrefois, les luttes anticoloniales et féministes notamment, opèrent un tel repli sur soi ? Parallèlement, la notion d'identité nationale a fait retour dans le discours de l'extrême droite française, habités par la terreur du « grand remplacement » de soi par une altérité diabolisée. Chacun de ces discours valorise ce que les identitaires de l'autre bord récusent : l'identité blanche, masculine, virile, colonialiste, occidentale. Identité contre identité, donc.
Pour échapper à cet enfer de l'essentialisation de la différence et de l'universel, Élisabeth Roudinesco propose quelques pistes de réflexion.
Élisabeth Roudinesco
À l'instar de Freud, Jung a toujours considéré le rêve comme la « voie royale d'accès à l'inconscient ». Mais, héritier de la tradition néoplatonicienne, de la théologie mystique et de la philosophie romantique allemande, il envisage l'inconscient d'une manière différente : le rêve ne demande pas à être décrypté pour faire venir au jour son sens caché ; selon la formule du Talmud, il est son propre commentaire - et son interprétation consiste à en découvrir le sens interne. Les rêves invitent ainsi à un travail de comparaison avec des motifs folkloriques, mythologiques ou religieux, des formations symboliques telles que les révèlent l'ethnologie et l'anthropologie.Dans ce séminaire de 1928-1930, à partir de multiples exemples soumis à la discussion avec les participants, dans un style direct et remarquablement vivant, Jung formule sa théorie du rêve.
Toute mère est sauvage. Sauvage en tant qu'elle fait serment, inconsciemment, de garder toujours en elle son enfant. De garder inaltéré le lien qui l'unit à lui. Ce serment se perpétue, secrètement, de mères en filles et en fils. L'enfant doit rompre ce serment pour devenir lui-même, accéder à sa vérité, à son désir. Cet essai expose au grand jour le versant noir de la maternité. Il cherche à cerner, à travers des séances de psychanalyse ou des oeuvres littéraires, ce noyau inconscient de la transmission maternelle et ses conséquences sur le psychisme humain.
Alors que, 70 ans après sa mort, les textes de Freud tombent dans le domaine public, les éditions du Seuil ont entrepris de retraduire les plus grands d'entre eux. Sous la direction de Jean-Pierre Lefebvre, ces nouvelles traductions, par leur parti-pris de lisibilité, s'adressent à l'honnête homme et non aux seuls psychanalystes. Livre monument qui n'a d'équivalent dans l'histoire de la pensée occidentale que Le Capital de Marx, L'Origine des espèces de Darwin ou La Phénoménologie de l'esprit de Hegel, L'Interprétation du rêve est LE livre de Freud.
Il connut huit éditions successives entre 1900 et 1930, chacune enrichie des lectures qu'en firent les interlocuteurs de Freud. Somme théorique, consacré à un phénomène psychique universel, il ouvrit la voie à des pratiques thérapeutiques fondées sur la parole échangée avec les patients. Ainsi naquit la psychanalyse. La présente édition s'imposera à n'en pas douter comme l'édition de référence, tant la traduction française aujourd'hui disponible (aux PUF) est décriée pour son peu de lisibilité.
« Tous les humains, même les plus normaux, sont capables de rêver. » (S. Freud).
Publié en 1901, Sur le rêve offre une synthèse vivante de la monumentale Interprétation des rêves, qui est au coeur de la méthode psychanalytique. En une dizaine de courts chapitres, décryptant plusieurs rêves dont les siens, Freud propose une typologie des rêves, explique leur fonctionnement et le rôle qu'y jouent le désir, la censure et le refoulement. Ce faisant, il aborde divers thèmes comme les rêves des enfants, la créativité du rêve ou la part d'érotisme que recèlent nos rêves, sans oublier d'initier son lecteur à l'art délicat d'interpréter les symboles oniriques.
Dans ce livre, Jung explique lui-même les grands principes de sa doctrine et évoque quelques rencontres marquantes. En annexe, un entretien avec Ernest Jones qui précise en particulier les points qui séparent la pensée freudienne orthodoxe des vues propres à l'école jungienne.
« Cela ne cesse de me faire une impression singulière de voir que les histoires de malades que j'écris se lisent comme des nouvelles ».
La psychanalyse repose, à ses débuts, sur cinq cas célèbres : Dora, Le Petit Hans, L'Homme aux rats, Le Président Schreber, et L'Homme aux loups. Une jeune fille manipulée et abusée par son père, un garçon pris de panique à la vue des chevaux, un jeune homme obsédé par un horrible supplice chinois, un respectable magistrat se disant persécuté par Dieu, un Russe bipolaire aux étranges hallucinations... Chacun incarne une notion clé : l'hystérie, la phobie, l'obsession, la castration, la paranoïa. Freud les a regroupés dans ce livre publié d'abord en 1935 chez Denoël et qui, depuis lors, a marqué, charmé et inspiré des générations de thérapeutes et d'étudiants grâce à sa puissance narrative.
Cette oeuvre est une des plus importantes de Carl Gustav Jung (1875-1961). Concise, allant à l'essentiel, elle se situe au centre même de la pensée du savant qui, avec Freud, puis par-delà Freud, oriente la vie psychologique et mentale de l'humanité dans des voies nouvelles. Son sujet est la clé de la vie intérieure. Tout le monde nouveau des profondeurs humaines, exploré par Jung, est axé sur un dialogue, ou plus précisément une " dialectique entre le Moi et l'inconscient ", dont le Moi a émergé. C.G. Jung montre combien le jeu dynamique entre le Moi et l'inconscient constitue le flux et le reflux fondamental de la vie et combien l'inconscient peut receler de messages essentiels. Aider les êtres à s'y retrouver, et ainsi à se construire eux-mêmes, n'est pas seulement une révolution humaine et médicale. C'est l'aventure qu'à travers toutes les autres l'être recherche depuis toujours.
En septembre 1918, le Ve Congrès international de psychanalyse est consacré aux névroses de guerre. Parmi les intervenants, Sandor Ferenczi et Karl Abraham. Ce qu'ils disent des traumatismes psychiques est si important que Freud, qui signe l'introduction aux Actes de ce colloque, éprouve le besoin d'en reparler longuement deux ans plus tard, en 1920, dans "Au-delà du principe de plaisir"... Un livre pour les historiens travaillant sur la guerre et les sorties de guerre, mais aussi les psychiatres, psychanalystes, psychologues, travailleurs sociaux et humanitaires qui accueillent, écoutent, aident et soignent les militaires et les civils confrontés aux nouvelles formes de violences de guerre.
Riche de plus de six cents entrées, ouvrage de référence pour les professionnels et les étudiants comme pour le grand public, cet ouvrage est le premier dictionnaire international qui traite de la psychanalyse sous tous ses aspects avec une approche à la fois historique, théorique et pratique : concepts, acteurs (théoriciens, praticiens, cas cliniques, intellectuels et artistes liés à son histoire), écoles et courants, maladies, techniques de cure, autres thérapies psychiques, histoire par pays, etc.
De très nombreux renvois, une bibliographie à chaque entrée, une chronologie de l'histoire de la psychanalyse dans le monde depuis ses origines et un index complètent cet impressionnant corpus, qui a été entièrement revu et mis à jour pour cette édition.
L'amour qu'une mère donne à son enfant est-il quantifiable ? Pourquoi une mère devrait-elle être " suffisamment " bonne ? Trop d'amour est-il nuisible ? Trois textes du célèbre pédiatre et psychanalyste anglais - " La préoccupation maternelle primaire " (1956), " La mère ordinaire normalement dévouée " (1966) et " La capacité d'être seul " (1958) - pour évoquer la curieuse folie qui prend toute mère enceinte lorsqu'elle fusionne avec son bébé ; la nécessité, pour que l'enfant devienne autonome, de le frustrer ; et les bienfaits qu'il peut retirer d'un peu de solitude.
La majeure partie de l'oeuvre de Donald W. Winnicott (1896-1971) est publiée aux Éditions Payot, et notamment Le bébé et sa mère, Conseils aux parents, Déprivation et délinquance, L'enfant et la guerre, ou encore Agressivité, culpabilité et réparation.
Sommes-nous faits pour le bonheur ? À lire cet essai de 1929 que Freud intitula d'abord Le Bonheur et la civilisation, puis Le Malheur dans la civilisation, avant de s'en tenir à Malaise dans la civilisation, on peut en douter, notre existence étant plutôt caractérisée, selon lui, par la violence, la souffrance et l'insatisfaction. Utilisant la théorie des pulsions élaborée dix ans plus tôt dans Au-delà du principe de plaisir (PBP n° 761), Freud explique pourquoi l'agressivité, l'hostilité et la cruauté sont inhérentes au genre humain, il dégage ce qui les relie au plaisir et à l'amour, et il montre à quelles conditions la culture permet de contrôler les pulsions de mort. Un livre terriblement actuel sur la violence dans notre société, mais aussi sur l'égoïsme et l'altruisme, le sentiment de culpabilité et la conscience morale, la possibilité même de liberté individuelle.
La solitude nous angoisse, et pourtant nous avons tous besoin d'être seuls pour nous ressourcer. C'est l'un des paradoxes de l'être humain. Winnicott est le premier psychanalyste à s'être penché sur cette question. Dans La capacité d'être seul (1958), il montre comment le petit enfant , pour mûrir affectivement, fait l'expérience de la solitude bien que sa mère soit à ses côtés. Dans De la communication et de la non-communication (1963), il souligne l'importance de respecter le besoin d'isolement des patients pour leur permettre de revivre l'expérience infantile d'une solitude accompagnée et apaisante. Par son empathie et sa sollicitude, Winnicott est sans conteste le psychanalyste le plus actuel. Ce livre, qui replace au premier plan le rôle du corps, montre aussi que le bien-être mental peut passer par une simple présence physique.
Assoiffés d'amour, nous vivons tous dans l'idée romantique qu'il va nous tomber dessus sans crier gare. Mais parce que nous cherchons l'amour comme une marchandise, parce que nous sommes aussi impatients que consuméristes, nous passons à côté de l'art même d'aimer. Erich Fromm nous montre que l'amour est un art qui s'apprend. Aimer c'est prendre conscience de sa place dans la société, c'est comprendre qu'en se tournant vers l'autre, on explore ses propres ressources ; c'est aussi, paradoxalement, réaliser que c'est en s'aimant soi-même qu'on se rend libre.
Accessible, profondément humaniste, L'Art d'aimer est un ouvrage majeur, un classique indispensable.