Le livre le plus célèbre de Freud, cinq conférences prononcées par Freud en 1909, lors de son voyage aux Etats-Unis, devant un public de non-spécialistes.
On y trouve un récit simple et vivant des origines de la psychanalyse inventée par l'hystérique Anna O., mais aussi une introduction aux problèmes centraux : la sexualité infantile, l'interprétation des rêves, le complexe d'OEdipe. Freud conclut sur la nature des névroses et le refuge dans la maladie. Les Cinq leçons sur la psychanalyse sont suivies de Contribution à l'histoire du mouvement psychanalytique, où Freud retrace les débuts difficiles de la psychanalyse et les résistances qu'elle rencontra.
Contrairement à ce que l'on affirme trop souvent, les contes de fées ne traumatisent pas les jeunes lecteurs. Ils répondent de façon précise et irréfutable à leurs angoisses, en les informant des épreuves à venir et des efforts à accomplir.
Tel est en effet le postulat de ce livre majeur où Bruno Bettelheim nous éclaire sur la fonction thérapeuthique de ces contes pour l'enfant et l'adolescent jusqu'à la puberté.
Grâce à cet ouvrage, illustré d'exemples tirés d'un patrimoine sans âge, des "Mille et une nuits" aux frères Grimm, de "Cendrillon" à "Blanche-Neige" et à la "Belle au bois dormant", nous n'avons plus, nous parents, le même regard sur ces contes de fées qui offrent à nos enfants une chance de se comprendre mieux au sein du monde complexe qu'ils vont devoir affronter.
Autrichien de nationalité, né en Moravie en 1856, est mort à Londres en 1939. Après des études de médecine à l'Université de Vienne et un stage à Paris, auprès de Charcot, il s'installe à Vienne comme spécialiste des maladies nerveuses. C'est là qu'il mettra au point la méthode psychanalytique.Son Introduction à la psychanalyse apporte au lecteur la somme la plus complète et la synthèse la plus accessible des idées freudiennes, dont l'importance ne fait que s'accroître dans le monde moderne.
Ce livre veut célébrer l'intelligence du rêve.
Anne Dufourmantelle, pour cela, s'interroge sur toutes les dimensions du rêve, mais également du fantasme et du corps amoureux dans ce qu'ils révèlent de notre désir.Le rêve ferme la boucle d'un certain temps de notre vie pour en ouvrir un autre. Il est le signe que quelque chose a eu lieu. Ni seulement présage, ni uniquement valeur de refoulement ayant échappé aux becs de la censure, il est une représentation de quelque chose qui est au bord de basculer.
Comme pour les créateurs que leur oeuvre précède, il est signe d'un accomplissement, parfois dramatique, parfois merveilleux, ou simplement inquiétant, de quelque chose qui commence d'exister (mais continue de nous échapper), et peut venir ainsi se faire présent à nous-mêmes. Le rêve ne dit pas ce qui va arriver, il nous autorise à penser du temps autre. Le rêve est ce qui rend possible la conscience et non l'inverse.L'auteur rapproche également le rêve de la figure symbolique de l'ange, messager de la parole, comme l'est le rêve de notre plus intime et secrète identité.
L'Intelligence du Rêve est plus vaste que le moi qui l'abrite, et c'est en lui faisant hospitalité que nous devenons des inventeurs et des explorateurs.Viendra de paraître (4 janvier 2012) : . et toujours disponible (2011)
«J'ai donc entrepris aujourd'hui, dans ma quatre-vingt-troisième année, de raconter le mythe de ma vie.» C'est au printemps 1957, quatre ans avant sa mort, que C.G. Jung éprouva le besoin de raconter à sa collaboratrice, Mme Aniela Jaffé, ce qu'il considérait comme l'essentiel de son existence et, rédigeant lui-même les passages les plus importants, la chargea de coordonner le tout. Un des grands fondateurs de la psychanalyse se fait le témoin de lui-même.«Ma vie est l'histoire d'un inconscient qui a accompli sa propre réalisation.» Souvenirs, rêves et pensées est l'auto-analyse d'un des grands rêveurs de l'humanité qui s'explique en même temps sur l'au-delà, les mythes, les symboles, l'inconscient collectif et, jamais plus clairement qu'ici, sur la religion.
« Logique du fantasme », l'expression revient tout du long du Séminaire comme un leitmotiv. Cependant, nulle leçon ne lui est consacrée, ni même un développement un peu soutenu. Est-ce à dire que la logique du fantasme joue ici le rôle d'une Arlésienne nouvelle manière ? Non, si l'on veut bien admettre que cette logique est le point de convergence des propos de Lacan, ce que j'ai voulu indiquer en intitulant le tout dernier chapitre « L'axiome du fantasme ».
C'est ainsi qu'il commence en croisant audacieusement le groupe mathématique de Klein avec le cogito cartésien, modifié de manière à délivrer l'alternative « Ou je ne suis pas, ou je ne pense pas ». D'où Lacan trouve occasion à résumer en quatre temps le cours d'une analyse.
Autre croisement mathématico-psychanalytique : l'acte sexuel éclairé à partir du Nombre d'or. Il s'ensuit qu' « il n'y a pas d'acte sexuel », amorce de ce dit devenu pont-aux-ânes : « il n'y a pas de rapport sexuel ».
On trouvera aussi l'invention d'une « valeur de jouissance », inspirée par Marx, et on aura la surprise de voir le grand Autre, « lieu de la parole », nouvellement défini comme « le corps », lieu primordial de l'écriture.
Bien d'autres vues et constructions saisissantes attendent le lecteur s'il veut bien suivre dans ses méandres, piétinements, revirements, et aussi avancées et fulgurances, une pensée obstinée et profondément honnête, qui, lorsqu'elle rencontre telle pierre d'achoppement, ne la contourne jamais, mais s'emploie à en faire une pierre angulaire.
Jacques-Alain Miller
Le 21 décembre 1914, Freud écrit qu'il prépare « une théorie de la névrose avec des chapitres sur les destins de pulsions, le refoulement et l'inconscient ». Il commence en mars 1915 à composer ces trois essais qu'il présente, dans la lettre du 1er avril à Lou Andreas-Salomé, comme « une sorte de synthèse psychologique de ses conceptions antérieures ».
Avant que d'être psychanalyste, Lacan a été psychiatre. On n'aurait pas republié ses premiers écrits s'ils n'invitaient à une lecture après coup. Que nous apprennent-ils de la formation du futur analyste ?
Sa clinique est enracinée dans l'unicité du cas. Celui-ci n'est jamais choisi que pour sa « singularité ». Il faut qu'il présente un « caractère original », une « atypicité ». On pourrait y reconnaître une orientation vers le « un par un » qu'impose la pratique analytique.
La singularité du cas se retrouve au niveau du détail clinique, serré avec un souci de précision poussé à l'extrême de la minutie. Lacan fera état plus tard de son goût pour « la fidélité à l'enveloppe formelle du symptôme ».
Trois autres traits font traces de l'avenir. C'est l'usage du mot de structure pour désigner l'organisation d'une entité formant un tout, et détachée de la notion de développement. C'est l'importance accordée à l'analyse des écrits des malades. Et de là, la connexion établie du symptôme à la création littéraire.
Le déboulonnage des statues au nom de la lutte contre le racisme déconcerte. La violence avec laquelle la détestation des hommes s'affiche au coeur du combat féministe interroge. Que s'est-il donc passé pour que les engagements émancipateurs d'autrefois, les luttes anticoloniales et féministes notamment, opèrent un tel repli sur soi ?
Le phénomène d'« assignation identitaire » monte en puissance depuis une vingtaine d'années, au point d'impliquer la société tout entière. En témoignent l'évolution de la notion de genre et les métamorphoses de l'idée de race. Dans les deux cas, des instruments de pensée d'une formidable richesse - issus des oeuvres de Sartre, Beauvoir, Lacan, Césaire, Said, Fanon, Foucault, Deleuze ou Derrida - ont été réinterprétés jusqu'à l'outrance afin de conforter les idéaux d'un nouveau conformisme dont on trouve la trace autant chez certains adeptes du transgenrisme queer que du côté des Indigènes de la République et autres mouvements immergés dans la quête d'une politique racisée.
Mais parallèlement, la notion d'identité nationale a fait retour dans le discours des polémistes de l'extrême droite française, habités par la terreur du « grand remplacement » de soi par une altérité diabolisée : le migrant, le musulman, mai 68, etc. Ce discours valorise ce que les identitaires de l'autre bord récusent : l'identité blanche, masculine, virile, colonialiste, occidentale.
Identité contre identité, donc.
Un point commun entre toutes ces dérives : l'essentialisation de la différence et de l'universel. Élisabeth Roudinesco propose, en conclusion, quelques pistes pour échapper à cet enfer.
Que le rêve soit la « voie royale d'accès à l'inconscient », voilà un point de la psychanalyse sur lequel Jung n'aura jamais transigé. En tant qu'héritier de la tradition néo-platonicienne, de la théologie mystique et de la philosophie romantique allemande, Jung envisage en effet l'inconscient d'une manière radicalement différente de celle de Freud. Car le rêve n'est pas pour lui le « gardien du sommeil » ; il ne demande pas à être décrypté pour en faire venir au jour le sens caché : selon la formule du Talmud, le rêve est d'après Jung son propre commentaire - et son interprétation consiste à en découvrir le sens interne. D'où le travail de comparaison avec des motifs mythologiques ou religieux, avec des formations symboliques telles que les révèlent l'ethnologie et l'anthropologie.
Dans ce séminaire (1928-1930), Jung ne se contente pas de faire la théorie du rêve. À partir de multiples exemples concrets soumis à la discussion avec ses élèves, il nous livre ici, dans un style direct et remarquablement vivant, à la fois sa méthode et sa pratique de la lecture symbolique des rêves, mettant ainsi son immense culture à notre portée.
Toute mère est sauvage. Sauvage en tant qu'elle fait serment, inconsciemment, de garder toujours en elle son enfant. De garder inaltéré le lien qui l'unit à son enfant dans cet espace matriciel à laquelle elle-même, petite, fut livrée. Ce serment se perpétue ainsi, secrètement, de mères en filles et en fils, jusqu'à l'étouffement et parfois même le meurtre, si de la différence ne vient pas en ouvrir le cercle, et briser l'enchantement. C'est ce serment, que doit rompre l'enfant pour devenir lui-même, accéder à sa vérité, son désir. Le risque qu'il affronte, pour pouvoir aimer, c'est d'abandonner la mère à la mélancolie et de traverser la peur d'être lui-même abandonné.
Comment des individus exposés avec une violence particulière à cette sauvagerie s'en sortent-ils oe Pourquoi la parole et l'écoute psychanalytique peuvent elles ouvrir un nouvel espace de vie chez ces êtres menacés d'ensevelissement oe Née à Paris en 1964, philosophe et psychanalyste, Anne Dufourmantelle enseigne la philosophie à l'Ecole d'Architecture UP6 La Villette.Elle est l'auteur de La vocation prophétique de la philosophie (Ed.du Cerf).
Traduction inédite et introduction de Jean-Pierre Lefebvre.Alors que, 70 ans après sa mort, les textes de Freud tombent dans le domaine public, les éditions du Seuil ont entrepris de retraduire les plus grands d'entre eux.
En novembre 2019, Paul Preciado s'exprime devant 3500 psychanalystes lors des journées internationales de l'Ecole de la Cause Freudienne à Paris. Devant la profession qui l'a diagnostiqué « malade mental » et « dysphorique du genre », il s'appuie sur Kafka et son Rapport pour une académie, dans lequel un singe parlant discourt devant une assemblée de scientifiques. Loin de toute émancipation, le singe parlant de Kafka explique que son apprentissage du langage ne fut qu'un passage d'une cage à une autre : des barreaux de fer à la subjectivité humaine.
Depuis sa cage de « mutant », il ne s'agit pas pour Preciado de parler de l'homophobie ou la transphobie des pères fondateurs de la psychanalyse, mais de montrer la complicité de celle-ci avec une idéologie de la différence sexuelle datant de l'ère coloniale, aujourd'hui rendue obsolète par les moyens dont nous disposons pour influer sur nos corps et notre façon de procréer.
Surtout, le philosophe lance un appel à la transformation des discours et des pratiques psychologiques et psychanalytiques : dans les années à venir, nous devrons élaborer collectivement une épistémologie capable de rendre compte de la multiplicité des vivants, sans réduire le corps à sa force reproductive hétérosexuelle, et qui ne légitime pas la violence hétéro-patriarcale et coloniale.
La conférence provoque un séisme dans l'auditoire et depuis les associations psychanalytiques se déchirent. Filmé par des smartphones, le discours est mis en ligne et des fragments sont retranscrits, traduits et publiés sur internet sans souci d'exactitude. Afin d'élargir le débat, il importait de publier ce texte dans son intégralité.
En 1925, la princesse Marie Bonaparte se rend à Vienne pour consulter le Pr Sigmund Freud. Cette rencontre sera «le plus grand événement de ma vie», note l'arrière-petite-nièce de Napoléon Ier, princesse de Grèce et de Danemark.Durant quatorze années, ils échangeront près de neuf cents lettres jusqu'à la mort du fondateur de la psychanalyse, en 1939. Conservé à la bibliothèque du Congrès à Washington, cet ensemble de lettres est le dernier grand corpus de correspondance freudienne encore inédit.Passionnante de bout en bout, foisonnant d'informations sur l'introduction de la psychanalyse en France, cette correspondance raconte un monde appelé à disparaître au coeur duquel deux protagonistes des plus étonnants évoluent. Car entre la princesse venue pour soigner sa dépression et l'un des savants les plus influents de son siècle, une amitié naît, qui dépasse bientôt le cadre de l'analyse. Leurs échanges donnent à voir un Freud tour à tour séduit, amusé, parfois lassé de cette patiente qui n'a de cesse de vouloir vivre pleinement sa vie amoureuse et questionne les conceptions freudiennes sur la femme à une époque où la quête du plaisir féminin reste profondément subversive.«La dernière des Bonaparte», comme elle aimait à se qualifier, loin d'être la disciple dévote que l'on a parfois décrite, témoigne au fil des pages d'une liberté de pensée audacieuse. Quels que soient leurs désaccords, Freud verra en elle une élève loyale. De fait, elle ne le trahira jamais et mettra sa fortune au service de la Société psychanalytique de Paris (SPP), qu'elle contribua à créer et, avec l'aide de nombreux soutiens, se portera à son secours pour l'aider à quitter l'Autriche nazie en 1938.
Élisabeth Roudinesco et Michel Plon Dictionnaire de la psychanalyse Riche de plus de six cents entrées, ouvrage de référence pour les professionnels et les étudiants comme pour le grand public, ce volume est le premier dictionnaire international qui traite de la psychanalyse sous tous ses aspects avec une approche à la fois historique, théorique et pratique : concepts, acteurs (théoriciens, praticiens, cas cliniques, intellectuels et artistes liés à son histoire), écoles et courants, maladies, techniques de cure, autres thérapies psychiques, histoire par pays, etc.
De très nombreux renvois, une bibliographie à chaque entrée, une chronologie de l'histoire de la psychanalyse dans le monde depuis ses origines et un index complètent cet impressionnant corpus, qui a été entièrement revu et mis à jour pour cette édition.
Nouvelle édition.
« La question cruciale pour le genre humain me semble être de savoir si et dans quelle mesure l''évolution de sa civilisation parviendra à venir à bout des perturbations de la vie collective par l''agressivité des hommes et leur pulsion d''autodestruction. Sous ce rapport, peut-être que précisément l''époque actuelle mérite un intérêt particulier. Les hommes sont arrivés maintenant à un tel degré de maîtrise des forces de la nature qu''avec l''aide de celles-ci il leur est facile de s''exterminer les uns les autres jusqu''au dernier. Ils le savent, d''où une bonne part de leur inquiétude actuelle, de leur malheur, de leur angoisse. Il faut dès lors espérer que l''autre des deux "puissances célestes", l''éros éternel, fera un effort pour l''emporter dans le combat contre son non moins immortel adversaire. Mais qui peut prédire le succès et l''issue ? » - Sigmund Freud
La psychanalyse semble aujourd'hui être passée corps et biens dans le camp de la réaction. Outre les sorties médiatiques contre les bandes de jeunes qui ne reconnaissent plus d'autorité, le « féminisme différenciateur » ou encore une « épidémie de transgenres », c'est l'histoire révolutionnaire qui est dénigrée :
Mai 1968, qualifié de « régression annale », et la Révolution française réduite à une simple affaire oedipienne.
Contre cette entreprise de réification, qui touche la discipline psychanalytique ellemême, ce livre entend redonner leur place aux acteurs et actrices de l'histoire populaire de la psychanalyse qui ont soutenu et accompagné les mouvements révolutionnaires de leur temps en cherchant à mettre la clinique au coeur de la cité. On y découvre un Freud enthousiaste à l'annonce de la révolution de 1917, qui encourage les expériences menées par Vera Schmidt et d'autres dans la Russie bolchevique. On suit la trajectoire de Marie Langer, de la Vienne rouge à l'Argentine, qui tente de concilier son engagement féministe et marxiste avec sa pratique analytique et les contraintes de l'exil... Et celle de François Tosquelles, de la guerre d'Espagne à l'hôpital de Saint-Alban où sa rencontre avec Jean Oury symbolise celle de deux générations :
Les analystes des années 1920-30 et ceux des années 1960 qui, en France, se retrouvent au sein de la clinique de La Borde.
Que se passerait-il si la psychanalyse prenait en compte l'activité de travail des patient-e-s dans la cure ? Et à quoi ressemblerait le monde si nous envisagions les malheurs qui nous touchent, nous blessent et parfois nous tuent comme consubstantiels aux rapports de production des services et des biens ? Telles sont les questions auxquelles se confronte Lise Gaignard, à partir de sa pratique de psychanalyste et le récit de cas cliniques qu'elle a rencontrés. Interrogeant l'occultation systématique du travail par les psychanalystes, l'auteure défend au contraire l'hypothèse d'une double inscription du travail dans la cure psychanalytique : dans les activités de travail des patient-e-s mais aussi dans la pratique même des psychanalystes.
Les neurosciences cherchent à mettre en relation le psychisme avec le fonctionnement cérébral et s'intéressent aux processus inconscients. Dans ce cadre, on ne peut ignorer le travail précurseur de Freud.
Comment reformuler le concept de refoulement à la lumière de ce que l'on sait sur la mémoire ?
Que disent les neurosciences sur la construction du moi ?
Le concept de psychose élaboré par Freud, et développé par l'école lacanienne, est-il encore pertinent pour aborder les maladies neurodéveloppementales, comme la schizophrénie et l'autisme, quand les progrès de l'imagerie cérébrale et de la génétique montrent que des troubles affectant certains réseaux neuronaux sont à l'oeuvre ?
Cette confrontation nécessaire permet de mesurer le champ des connaissances ouvert par Freud, mais aussi de remettre à jour certains concepts fondateurs.
Lorsque, après s'être séparé de freud sur le statut du religieux et du mythe dans la psychanalyse, jung a peu à peu établi sa conception d'une réalité de l'âme, puis, comme il le dira dans psychologie et alchimie, de la réalité d'un monde propre à cette âme, il ne reviendra plus jamais sur cette conquête décisive où se jouait pour lui, semble-t-il, un élément déterminant de vérité.
Encore faut-il s'entendre sur ce qu'on appelle le religieux : loin d'en faire un irrationalisme devant lequel on s'inclinerait - contresens répandu mais qu'il est urgent aujourd'hui de dissiper enfin-, jung l'a toujours conçu selon la leçon de son étymologie latine, c'est-à-dire une attitude et une volonté très soigneuses de prise en considération, d'examen, d'évaluation. en bref, il s'agit pour lui, précisément, d'une démarche rationnelle qui, loin de nous incliner à nous laisser emporter par le sacré, tend au contraire à le mettre à distance, à s'expliquer avec lui et, en bout de course, à en rendre raison.
Tout le travail d'une psychologie pratique est alors un travail de différenciation, où l'homme se recouvre dans son intégrité : l'individuation, telle qu'elle était déjà annoncée dans les sept sermons aux morts, n'est rien d'autre que ce processus où l'âme se découvre dans son entièreté, c'est-à-dire dans sa vérité singulière, vérité qui ne s'exprime que sous la puissance du symbole.
De ce rapport de jung au religieux, la vie symbolique traitait déjà, dans le domaine particulier du christianisme et de ses hétérodoxies.
En attendant les essais sur la symbolique de l'esprit qui viendront en clore le cycle, le présent volume est surtout centré sur l'accès que nous avons à la vie de cette âme, sur les étapes successives du processus d'individuation, sur la fonction d'ordre psychique qui s'y révèle et qui garantit à la fois qu'elle organise les relations du moi et du soi, du conscient et de l'inconscient.
D'une certaine façon, tout homme est comme l'objet d'un autre sujet que lui-même.
C'est cet autre sujet qu'il doit pouvoir considérer dans sa pleine lumière, et en le reconnaissant, le mettre du même coup en rapport avec sa subjectivité initiale. l'inconscient lui-même, selon jung, est rempli " d'étincelles " comme autant de conscience qui réclame à advenir, et ces étincelles " correspondent aux particules lumineuses prisonnières dans la physis obscure, dont la réunion était la préoccupation essentielle du gnosticisme et du manichéisme " (mysterium conjunctionis).
On croit bien souvent connaître les concepts freudiens sans avoir lu Freud. Pourtant, cette pensée exigeante s'oppose à toute compréhension succincte.
Quelle est la signification initiale des textes de Freud ? Qu'a-t-il réellement « dit » ? Le retour à la lettre du texte freudien s'impose comme une évidence. Freud à la lettre a l'ambition de proposer une lecture de Freud au plus près de sa pensée. Expliquer Freud par Freud, éclairer son oeuvre par elle-même, tel est le principe directeur qui guide cette collection.
La collection présente des textes courts et fondateurs de la pensée freudienne. Pour chaque ouvrage, le lecteur retrouvera systématiquement : le texte traduit ; le commentaire paragraphe par paragraphe ; la genèse du concept ; une contextualisation du texte au sein de l'oeuvre de Freud ; une explication des concepts ; une bibliographie autour du concept ; un glossaire. Un tel travail s'accompagne nécessairement d'une attention fine portée à la traduction du texte original allemand.
Après deux premiers ouvrages consacrés respectivement au Narcissisme et à la Sexualtité féminine, la collection se poursuit avec ce troisième titre.