Notre propos est de dénoncer le cours pervers d'une politique aveugle qui nous conduit aux désastres.
Il est d'énoncer une voie politique de salut public.
Il est d'annoncer une nouvelle espérance.
Stéphane Hessel - Edgar Morin
L'irruption sur la scène publique, culturelle et politique de l'affirmation homosexuelle a entraîné, au cours des dernières années et à l'échelle internationale, une prolifération de discours sur la définition même de l'homosexualité, et soulevé tout un ensemble de problèmes théoriques, sociologiques, philosophiques : qu'est-ce qu'un homosexuel aujourd'hui ? qu'est-ce qu'une identité ? qu'est-ce qu'une mobilisation politique ?
Didier Eribon propose ici une série de réflexions qui se déploient selon trois axes. D'abord une analyse de l'expérience vécue, dans laquelle il s'efforce de ressaisir comment une place infériorisée est assignée aux homosexuels dans la société et comment leur subjectivité s'en trouve marquée. Il s'efforce ensuite de restituer quelques étapes cruciales de la constitution de l'identité gay moderne au XIXe siècle, à la fois dans la littérature et dans la culture populaire. Il étudie alors comment le procès d'Oscar Wilde mit un terme provisoire à l'émergence de cette prise de parole, et comment il en alimenta par la suite les résurgences (chez Gide et Proust notamment). Enfin, il s'attache à commenter les textes de Michel Foucault sur toutes ces questions en s'interrogeant sur ce que peut être une « culture gay » aujourd'hui.
Comment les gays peuvent-ils reformuler eux-mêmes leurs propres personnalités, dans un geste toujours recommencé d'écart par rapport aux normes ? Telle est finalement la préoccupation autour de laquelle s'articulent les trois parties de ce livre, Philosophe et historien des idées, Didier Eribon est l'auteur d'une célèbre biographie de Michel Foucault (Flammarion, 1989), qui a été traduite en dix-sept langues et fait référence dans le monde entier, Il a poursuivi ce travail avec Michel Foucault et ses contemporains (Fayard, 1994). Il a publié également une étude sur Georges Dumézil (Faut-il brûler Dumézil ?, Flammarion, 1992) et trois livres d'entretiens (avec Georges Dumézil, Claude Lévi Strauss et Ernst Gombrich).
Le sentiment de « malaise dans la civilisation » n'est pas nouveau, mais il a retrouvé aujourd'hui en Europe une intensité sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. La saturation de l'espace public par des discours économiques et identitaires est le symptôme d'une crise dont les causes profondes sont institutionnelles. La Loi, la démocratie, l'État, et tous les cadres juridiques auxquels nous continuons de nous référer, sont bousculés par la résurgence du vieux rêve occidental d'une harmonie fondée sur le calcul. Réactivé d'abord par le taylorisme et la planification soviétique, ce projet scientiste prend aujourd'hui la forme d'une gouvernance par les nombres, qui se déploie sous l'égide de la « globalisation ». La raison du pouvoir n'est plus recherchée dans une instance souveraine transcendant la société, mais dans des normes inhérentes à son bon fonctionnement. Prospère sur ces bases un nouvel idéal normatif, qui vise la réalisation efficace d'objectifs mesurables plutôt que l'obéissance à des lois justes. Porté par la révolution numérique, ce nouvel imaginaire institutionnel est celui d'une société où la loi cède la place au programme et la réglementation à la régulation. Mais dès lors que leur sécurité n'est pas garantie par une loi s'appliquant également à tous, les hommes n'ont plus d'autre issue que de faire allégeance à plus fort qu'eux. Radicalisant l'aspiration à un pouvoir impersonnel, qui caractérisait déjà l'affirmation du règne de la loi, la gouvernance par les nombres donne ainsi paradoxalement le jour à un monde dominé par les liens d'allégeance.
Pour Elias, les individus sont liés les uns aux autres par des liens de dépendance réciproque qui constituent la société même. C'est sous l'effet de cette imbrication que les comportements se sont modifiés au cours des siècles. L'idée moderne de l'individu - cet idéal du moi qui veut exister par lui-même -n'est apparue en Occident qu'au terme d'un long processus, qui est indissociable de la domination des forces de la nature par les hommes et de la différenciation progressive des fonctions sociales.
L'individu et la société ne sont donc pas deux entités distinctes, et la dépendance croissante des États les uns à l'égard des autres place les hommes dans un processus d'intégration au niveau planétaire. La création des Nations unies et de la Banque mondiale en a été l'une des premières expressions. Le développement d'une nouvelle éthique universelle et, surtout, les progrès d'une conscience d'appartenance à l'humanité tout entière en sont des signes évidents.
Qu'est-ce qu'un vampire ? Alors qu'on imagine volontiers un Dracula se nourrissant du sang des vivants, le sociologue Arnaud Esquerre donne à voir un tout autre visage, beaucoup plus complexe, de ces êtres entre la mort et la vie. On apprend ainsi qu'ils ont un lieu et une date de naissance : en Europe, au XVIII e siècle. Ils commencent alors à peupler les discours, qu'on soutienne ou nie leur existence. Au fil du temps, les vampires vont désigner aussi bien une variété de chauve-souris qu'un personnage à succès de la littérature (de Lord Byron à Bram Stoker) ; une catégorie médicale cherchant à rendre compte des cas de nécrophilie ; ou, pour Karl Marx, les capitalistes ; ou encore les protagonistes d'un film comique comme dans Le Bal des vampires.
Nous sommes ainsi mis sur la trace des vampires, les suivant dans des sources aussi diverses qu'inattendues, des archives médicales à la série True Blood, en passant par les écrits de naturalistes. Cette enquête décrit la destinée d'un mot inven[1]té et utilisé sinon pour résoudre, du moins pour affronter, une contradiction commune à tous les êtres humains : comment vit-on avec le fait de mourir ?
« Qui augmente sa connaissance augmente son ignorance » disait Friedrich Schlegel.
« Je vis de plus en plus avec la conscience et le sentiment de la présence de l'inconnu dans le connu, de l'énigme dans le banal, du mystère en toute chose et, notamment, des avancées d'une nouvelle ignorance dans chaque avancée de la connaissance » nous dit Edgar Morin.
Ainsi a-t-il entrepris dans ce livre de patrouiller dans les territoires nouveaux de la connaissance, où se révèle un trio inséparable : connaissance ignorance mystère.
A ses yeux, le mystère ne dévalue nullement la connaissance qui y conduit. Il nous rend conscient des puissances occultes qui nous commandent et nous possèdent, tels des Daimon intérieurs et extérieurs à nous. Mais, surtout, il stimule et fortifie le sentiment poétique de l'existence.
Demeurer fidèle à la singularité et à la richesse de l'expérience humaine en y introduisant le plus de raison possible, telle est la tâche première de la philosophie. De livre en livre, depuis près de trente ans, Francis Wolff s'attelle sereinement à élaborer une philosophie au sens classique du terme, ni une simple exégèse des Classiques ni la déconstruction des systèmes. Une philosophie qui englobe une métaphysique, une théorie de la connaissance, une définition de l'être humain et toutes leurs conséquences morales, politiques et esthétiques.
Dans ce dialogue passionnant, amical et sans concession avec André Comte-Sponville, Francis Wolff invite à une traversée de son oeuvre dans un style accessible et allègre. Il montre les liens qui unissent sa vision du monde à son esthétique (l'universalité de la musique, des images et des récits), en passant par l'anthropologie (l'homme, « animal dialogique »), l'éthique (l'existence de la liberté et l'objectivité du bien) et la politique (de la démocratie au cosmopolitisme).
Donnant corps à une philosophie généreuse et résolument contemporaine, le livre dévoile un autoportrait attachant ainsi qu'un itinéraire familial singulier croisant une des grandes tragédies du siècle dernier.
Le couple est une danse. Les amants évoluent ensemble et le tempo qui berce leur mouvement est scandé de crises et, souvent, d'insatisfactions. Aujourd'hui, on attend tout, parfois trop, du couple. Pourtant, la vie à deux n'est pas un conte de fées, l'amour ne suffit pas à garantir le bonheur ni l'épanouissement que l'on recherche.
Un pacte inconscient, des règles implicites, des mythes familiaux et des fantômes scellent les partenaires à leur insu. Les remises en question sont inévitables. Mais c'est à ce prix que le couple évolue : il se nourrit de ses propres crises.
A travers des histoires de couples au bord de la rupture venus le consulter, Serge Hefez, thérapeute conjugal et familial, raconte et explique ce pas de deux qui confronte, entrechoque et fait valser un homme et une femme, deux hommes ou deux femmes, avec ou sans enfants. Il dévoile les coulisses et les enjeux de la vie à deux.
Ce livre est un plaidoyer pour le couple. Ni moralisateur, ni attaché à la tradition, il montre comment, lorsque deux personnes prennent le risque de transformer une relation, cette relation possède à son tour le pouvoir de les transformer.
Montres, agendas, horaires: le temps semble être une contrainte à laquelle nul ne peut échapper. Notre conscience du temps est si intériorisée que nous avons du mal à imaginer que des groupes humains aient pu vivre sans calendrier. Nous avons le sentiment que " le temps passe ", alors qu'en réalité ce sentiment de passage concerne notre vie elle-même, ou les transformations de la nature ou celles de la société. Le temps n'existe pas en soi, affirme Norbert Elias, ce n'est ni une donnée objective, comme le soutenait Newton, ni une structure a priori de l'esprit humain, comme le soutenait Kant. Le temps est avant tout un symbole social, résultat d'un long processus d'apprentissage. Il a fallu des millénaires pour que la notion de temps en vienne à représenter une synthèse de très haut niveau. Quelles unités de référence les hommes ont-ils pris comme repères temporelsoe Dans quel but ont-ils eu besoin de déterminer le tempsoe Comment la conscience du temps a-t-elle fini par devenir une seconde natureoe Dans cette vaste exploration de l'expérience du temps au cours des âges, Norbert Elias nous invite à réfléchir sur un aspect fondamental du " processus de civilisation ".
En 1972, un jeune philosophe alors âgé de vingt-cinq ans publiait un livre au titre retentissant : Le Désir homosexuel. Ecrit sous l'influence de Gilles Deleuze, et profondément marqué par le bouillonnement politique et intellectuel qui a suivi en France la révolte de mai 68, l'ouvrage s'inscrivait aussi dans le sillage des émeutes homosexuelles de Stonewall, à New York en 1969, et de la naissance, aux États-Unis, d'un mouvement gay et lesbien qui se pensait comme subversif et voulait révolutionner la société.
Ce livre est vite devenu un classique dans le monde entier, et notamment aux Etats-Unis où il a trouvé récemment une nouvelle jeunesse lorsque les penseurs de la Queer Theory ont revendiqué son héritage.
Près de trente ans après sa parution, le livre de Guy Hocquenghem a bien quelque chose à nous dire, à la fois parce qu'il nous aide à comprendre le regain que vient de connaître ce qu'il appelait la "paranoïa anti-homosexuelle", et parce qu'il incite ceux qui portent les revendications gays et lesbiennes sur la scène publique à s'interroger sur l'évolution actuelle qui tend à la normalisation et à l'intégration.
Guy Hocquenghem est mort du sida en 1988.
Un refus de la numérisation généralisée et d'une tendance à l'automatisation biologique, psychologique, sociale et technologique que l'essayiste dénonce comme une automatisation des esprits. Il souhaite opposer à ce qu'il nomme un neuropouvoir une néopolitique, où les technologies automatiques seraient au service de l'esprit critique des individus.
Qu´est-ce que le genre ? Comment les identités sexuelles et les rapports entre hommes et femmes sont-ils construits, et comment se transforment-ils ? Quel rôle jouent, dans ces processus, la politique et les mobilisations collectives, l´économique et le social, mais aussi le langage et l´inconscient ? Historienne mondialement reconnue, Joan W. Scott a imposé l´idée selon laquelle le genre ne constitue pas seulement un domaine d´investigation : c´est un instrument critique destiné à transformer la réflexion dans tous les secteurs. Pour elle, il se situe au coeur de toute relation de pouvoir et traverse l´ensemble des dynamiques à l´oeuvre dans la société. Ce volume réunit les grands essais de Joan W. Scott sur le genre publiés entre 1986 et 2011. Ces textes renouvellent ainsi l´analyse de questions aussi diverses que le sécularisme, la laïcité, la démocratie, la représentation de l´État et de l´identité nationale, ou encore celle du marxisme et des classes sociales. À l´heure où les études sur le genre se multiplient, Joan W. Scott s´interroge sur l´avenir du féminisme. Elle s´inquiète de la manière dont cette catégorie est si souvent vidée de ses implications radicales. Et montre comment elle peut continuer à nous inciter à penser autrement.
" Entre sa correspondance éprise d'une liberté exubérante et contradictoire, et ses romans et contes ciselant ses regrets d'autres siècles, l'ennui et la sottise de l'esprit bourgeois, Flaubert, ermite et mondain, apparaît comme l'un des colosses de son temps. Il n'aime pas le port mais la haute mer. Ses hautes vagues, ses creux et ses houles. L'acteur-auteur y nage et s'y noie, par les champs et par les grèves bretonnes, dans les boues et les gouffres des chantiers d'Haussmann, dans les bordels du Caire et les jupons des courtisanes de la rue Saint-Honoré, dans les silences orageux partagés avec sa mère, son jardinier ou son chien, dans le secret de ses amours londoniens avec miss Herbert, ou celui, très officiel et ô combien tempétueux, avec Louise Collet...
Mystique et queutard, gourmand et ascétique, il cerne le sujet invisible, le rien, cet autre univers qui, comme la terre, se tient en l'air sans être soutenu, le silence de la littérature . J'enquête, mes mots ricochent sur les siens, l'onde s'écarte en cercles de plus en plus grands, puis disparaît à l'horizon, lui qui recule à mesure que l'on s'avance. "
Dans une époque de plus en plus bruyante, alors que la technique et les biens matériels ne cessent d'étendre leur emprise, c'est certainement une gageure que de vouloir écrire un livre consacré au silence. Pourtant, le monde émet tant de bruits que la recherche de quelques gouttes de silence n'en devient que plus nécessaire.
Pour le cardinal Robert Sarah, à force de repousser le divin, l'homme moderne se retrouve dans un grand silence, une épreuve angoissante et oppressante. Le cardinal veut rappeler que la vie est une relation silencieuse entre le plus intime de l'homme et Dieu. Le silence est indispensable pour l'écoute de la musique de Dieu : la prière naît du silence et y revient sans cesse plus profondément.
Dans cet entretien avec Nicolas Diat, le cardinal s'interroge : les hommes qui ne connaissent pas le silence peuvent-ils jamais atteindre la vérité, la beauté et l'amour ? La réponse est sans appel : tout ce qui est grand et créateur est formé de silence. Dieu est silence.
Après le succès international de Dieu ou rien, traduit dans quatorze langues, le cardinal Robert Sarah entreprend de redonner au silence ses lettres de noblesse.
LE TEXTE EST SUIVI D'UN ENTRETIEN EXCEPTIONNEL AVEC DOM DYSMAS DE LASSUS, PRIEUR À LA GRANDE CHARTREUSE ET MINISTRE GÉNÉRAL DE L'ORDRE DES CHARTREUX Né en juin 1945, le cardinal Robert Sarah est une des figures les plus importantes du monde catholique d'aujourd'hui - il est le numéro trois du Vatican.
Spécialiste reconnu de l'Église, écrivain, Nicolas Diat est l'auteur d'un livre de référence sur le pontificat de Benoît XVI, L'Homme qui ne voulait pas être pape (Albin Michel, 2014).
Le cardinal Robert Sarah et Nicolas Diat ont publié chez Fayard en 2015 un premier livre, Dieu ou rien. Entretien sur la foi.
Né en mars 1956, dom Dysmas de Lassus est prieur au monastère de la Grande Chartreuse, et ministre général de l'ordre des Chartreux, fondé par saint Bruno en 1084.
Entré à la Grande Chartreuse à l'âge de vingt ans, il en fut maître des novices pendant de nombreuses années. Selon la tradition, le prieur ne sort jamais du désert de la Chartreuse.
Durant des décennies, il a été d'usage d'associer libéralisme économique et libéralisme politique, économie de marché et démocratie. Mais l'évolution du capitalisme, entre accroissement vertigineux des inégalités et emballement des politiques identitaires, contredit chaque jour un peu plus cette vision optimiste.
Contrairement à une idée reçue, l'État apparaît comme un enjeu central pour les néolibéraux, en ce qu'il permet une réorientation des politiques publiques en faveur des plus riches et que, naguère régulateur, il est désormais devenu l'instrument même de la dérégulation économique. Servira-t-il aussi d'ultime rempart répressif à l'oligarchie face aux troubles que sa politique aura causés ?
Retour inquiet d'un quinquagénaire sur l'échec de sa génération, élevée dans l'idée du progrès à venir et aujourd'hui confrontée à une crise protéiforme, cet essai montre comment la généralisation à tous les champs de l'activité humaine de ce qui est présenté comme la « rationalité économique » est à l'origine de l'instabilité actuelle. Mais aussi qu'à rebours de ce que les tenants du néolibéralisme aimeraient faire croire, le coeur du problème demeure politique plus qu'économique. Ce qui ouvre un espace à l'action.
Gilles Dorronsoro est professeur de science politique à l'université Panthéon-Sorbonne. Il a notamment codirigé avec Olivier Grojean, Identités et politique : De la différenciation culturelle au conflit, Paris, Presses de Sciences-po, 2014.
Aux quatre coins du monde, la barbarie qui s'abat sur les femmes est terrifi ante et nécessite à tout prix d'être combattue. Mais elle ne doit en aucun cas nous empêcher de regarder l'autre mouvement d'émancipation et de progrès que celles-ci connaissent. En Occident, les femmes ont acquis une position sans précédent. Contrairement aux discours rebattus, c'est plutôt chez les hommes que le bât blesse. Échec scolaire, retrait du marché du travail, célibat. De plus en plus, les symptômes de leur malaise s'accumulent. Dans un monde où la réussite dépend des diplômes et des compétences interpersonnelles, leur sort ne fait qu'empirer... mais jusqu'où ?
Les garçons sont-ils victimes d'une « féminisation » du monde ? Ou bien nostalgiques d'un privilège mâle injuste et révolu ? C'est à ces questions que tente de répondre Laetitia Strauch-Bonart dans cet essai informé et à contre-courant. Mêlant sociologie quantitative, économie et neurosciences, elle nous invite à explorer la « catastrophe silencieuse » à laquelle nous assistons, passifs.
Et si, nous pousse-t-elle à concéder, les hommes non seulement n'étaient plus le « premier sexe », mais sur le point de devenir obsolètes ?
Laetitia Strauch-Bonart est essayiste, chroniqueuse au Point et rédactrice en chef de la revue Phébé.
Un jour de juin 2014, un homme s'assoit par terre au milieu des migrants qui ont fui les guerres, les dictatures et les persécutions. Il les écoute, prenant la mesure de la situation humanitaire de la "jungle" de Calais. Il s'agit de Pascal Brice, diplomate, petit-fils de réfugiés. En prenant la tête de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) en 2012, il trouve une administration à bout de souffle, qui a vu les demandes doubler en cinq ans, quand l'attend encore une crise de l'asile en Europe d'une ampleur sans précédent.
Alors, il décide de tout faire pour améliorer le sort de ces personnes meurtries par la violence de l'exil, en les aidant à surmonter les obstacles qui se dressent devant eux avant de pouvoir obtenir la protection de la France. De Lampedusa à Calais, de Lesbos à Munich, d'Agadez à Valence avec l'Aquarius, en passant par Beyrouth et Paris, Pascal Brice nous fait découvrir les destins des migrants, les visages de celles et ceux qui les accompagnent, les conflits qui bouleversent le monde, l'atmosphère des campements, loin des clichés.
Il nous rappelle combien il reste nécessaire et possible d'agir en ces temps de doutes sur notre capacité à accueillir. Le récit inédit d'une aventure humaine autant que d'un combat pour que la France et l'Europe soient pleinement un refuge.
Qu'ont à nous dire les petites filles aux prénoms tirés de l'Évangile, aux boucles d'oreille arrachées, aux lendemains sans avenir, qui fuient Mossoul dans les bras de leurs parents pour échapper aux djihadistes ? Que, cette fois, c'en est fini des chrétiens à l'endroit même où est né le christianisme.Que, pendant des siècles, ils ont survécu en vain comme otages de la domination musulmane, mais aussi du colonialisme européen. Que la mondialisation a brisé leur résistance. Que nous venons de les sacrifier à la guerre impériale de l'Amérique contre l'islam, à la guerre civile qui dévore sunnites et chiites. Que leur catastrophe est la nôtre, car avec eux sont anéantis notre plus ancienne mémoire, notre seul espoir de médiation entre l'Occident et l'Orient.Et que nos croisades revanchardes comme nos lamentations humanitaires leur sont amères car, jusque dans leur agonie, nous continuons à les instrumentaliser dans la négation de notre dette de civilisation à leur égard. Irak, Syrie, Égypte, Israël, Palestine, Liban, Jordanie, Turquie, Arménie : ce livre éclaire l'actualité à travers vingt siècles d'histoire et permet de comprendre pourquoi cette tragédie signe notre suicide moral.J.-F.C.Chroniqueur depuis trente ans des chrétiens d'Orient, Jean-François Colosimo continue ici après Dieu est américain, l'Apocalypse russe, le Paradoxe persan, son enquête sur les métamorphoses de Dieu en politique, publiée aux éditions Fayard.
Les comptes à rebours s'égrènent : menaces écologiques, explosion démographique avec les migrations qui en découlent et paraîssent immaîtrisables ; révolution numérique qui bouleverse l'organisation des sociétés et l'économie mondiale. Dans un contexte de désordre géopolitique. Hubert Védrine dresse un état des lieux lucide du temps présent : les Occidentaux ont perdu le monopole de la conduite des affaires d'un monde semi-chaotique, sans gouvernance globale et agité de soubresauts constants.
Quelles sont les lignes de conflit à venir ? Comment les prévenir ? L'Union européenne et la France seront-elles à la hauteur de cette nouvelle donne géopolitique ? Pour répondre à ces questions, le détour par une analyse clairvoyante des bouleversements à l'oeuvre, de la conjonction de crises qu'ils provoquent et des scénarios de sortie possibles s'impose. C'est ce que propose Hubert Védrine dans ce nouvel essai, suivi de ses interventions publiques majeures entre 2013 et 2018.
Après Face à l'hyperpuissance, Le Temps des chimères et Dans la mêlée mondiale, il met au jour, en responsable expérimenté, les contradictions et les enjeux de notre époque pour que nous prenions conscience des urgences.
Alors que l'astrologie est très répandue sous la forme populaire des horoscopes, mais aussi des consultations astrologiques, nous savons peu de choses sur elle. Pourtant les questions ne manquent pas : les astrologues sont-ils des «charlatans » qui s'autodésignent « astrologues » ? Peuvent-ils être comparés à des thérapeutes ou à des poètes ? Les horoscopes sont-ils rédigés de la même manière depuis la Renaissance, voire depuis l'Antiquité ?
L'enquête menée propose de conduire le lecteur au coeur de la consultation astrologique : que s'y passe-t-il précisément ? Cette expérience peut-elle être rapprochée de la sorcellerie ou de la voyance ? Enfin, pourquoi tant de personnes ont-elles recours à l'astrologie au début du XXIe siècle en France ?
À toutes ces interrogations, les réponses apportées par l'étude sociologique d'Arnaud Esquerre sont souvent inattendues et invitent à s'interroger, plus largement, sur le rapport entre temps et langage.
Que vais-je devenir ? Serai-je heureux en amour ? Dans mon travail ? Quand et comment vais-je mourir ? Que réserve l'avenir à ceux que j'aime ? À mon pays ? À l'humanité ? À la planète ?
À toutes ces questions, les hommes ont longtemps cherché - et cherchent encore - les réponses dans des techniques à l'efficacité incertaine - les astres, les cartes, les lignes de la main, le hasard. Aujourd'hui, dans un monde de plus en plus interdépendant, des machines ultra-performantes semblent à la veille d'être vraiment capables de prédire notre destin. En anticipant nos comportements dans bien des domaines, elles menacent d'instaurer une dictature de la prédiction, au profit de quelques puissances. Car le savoir sur l'avenir a toujours été un instrument de pouvoir.
Pour ma part, je ne veux pas croire que notre liberté sera ainsi définitivement perdue. Il me paraît au contraire possible de prévoir son propre avenir. Non pour s'y soumettre, mais pour décider du cours de sa vie. Pour être à l'avant-garde de soi même.
Je vous livre ici ma méthode, faite de raison et d'intuition, pour vous aider à déchiffrer ce que sera votre destin, notre destin.
Voici le chemin d'un homme Voici la pensée qui s'est formée au cours de ce cheminement et qui a produit une oeuvre majeure.
Ce parcours fut continu, accompli dans une curiosité jamais assouvie, un questionnement permanent, un lien inséparable entre la vie et l'oeuvre, une lente gestation de la pensée complexe, mais il fut discontinu dans les recommencements et les renaissances qui ont scandé sa vie tous les dix ans.
Ce livre d'entretiens accordés par Edgar Morin à Djénane Kareh Tager montre l'unité d'une oeuvre à travers sa diversité, l'unité d'une vie à travers ses vicissitudes.
Dans Mon chemin, c'est l'homme qui parle, sans dissimuler ses émotions ni ses passions. Il nous dit sa propre expérience de la vie, de l'amour , de la poésie, de la vieillesse, de la mort.
Edgar Morin est né à Paris en 1921, d'une famille de nationalité italienne, d'ascendance judéo-espagnole. Son adolescence est marquée par la montée en puissance du nazisme, les procès staliniens de Moscou, la marche somnanbulique vers la guerre.
A 20 ans, sous l'Occupation, il entre à la fois au parti communiste et dans la résistance gaulliste. Après la guerre, c'est une vie qui se poursuit dans la résistance au stalinisme, à la guerre d'Algérie, à toutes les barbaries.
Djénane Kareh Tager est journaliste.
La guerre en Irak a mis brutalement en lumière notre extraordinaire dépendance au pétrole. et notre extraordinaire incapacité à imaginer des voies qui n'utiliseraient pas cette ressource limitée. D'autres innovations technologiques aujourd'hui suivent un modèle analogue, nous enfermant dans des rails techniques, nous privant de tout choix, construisant une civilisation de la puissance. et de la fragilité. Comment en sommes-nous arrivés là ? Le « progrès technique » n'est-il pas une illusion qui nous empêcherait de voir la pluralité des lendemains possibles, et donc nous priverait d'une dimension essentielle de la liberté humaine : la possibilité même de choisir ? Car les techniques ne sont pas neutres : elles façonnent la société.
Optimiste, Alain Gras montre ici que d'autres choix, collectifs, sont pensables - et par là même possibles. A l'aide de nombreux exemples, il propose une passionnante relecture de l'histoire des techniques et redonne toute sa place à la diversité des sociétés et des cultures. Briser la porte de la prison imaginaire dans laquelle nous nous sommes enfermés, comprendre que le progressisme technologique est devenu la figure centrale du nihilisme contemporain, voilà l'objet de cet ouvrage.
Alain Gras est professeur de sociologie et d'anthropologie des techniques à la Sorbonne (Paris I). Ce livre est la synthèse des travaux qu'il mène depuis plus de vingt ans sur le progrès technique.
Quatre dialogues autour du mariage et du couple dans lesquels les deux intellectuels français partagent leur expérience sur différents aspects comme la rencontre, la fidélité ou encore les différences entre hommes et femmes.