Composé de quelques milliers de personnes en France, le milieu autonome rassemble des groupes aux pratiques diverses et aux influences idéologiques hétérogènes, dont les « zadistes » et le « black-bloc » ne sont que les fractions les plus médiatisées. Parfois désigné sous les catégories d'« ultragauche » ou de « mouvance anarcho-autonome », fédéré autour d'une critique anticapitaliste et antiétatique, ce microcosme politique reste, en dépit d'une visibilité accrue dans les mouvements sociaux, difficilement accessible. Qui sont ces activistes ? Que pensent-ils ? Comment se sont constituées leurs dispositions à l'action contestataire ? Quels sont leurs parcours et leurs motivations ?
À partir d'une vingtaine de récits de vie, cet ouvrage invite le lecteur à se plonger dans un jeu de piste qui, depuis la petite enfance des militants jusqu'à aujourd'hui, cherche à comprendre la genèse de leurs révoltes, les formes de leur socialisation politique et les ressorts de leurs engagements, pour répondre à une question à la fois simple et ambitieuse : comment devient-on révolutionnaire ?
Se dessinent ainsi, au fil des pages, des propriétés, des expériences et des trajectoires communes qui donnent à voir, loin des fantasmes que suscite le lexique de la radicalité, la fabrique des militants autonomes. Car on ne conteste l'ordre social ni par hasard ni sous le coup d'une illumination politique. Ici comme ailleurs, les individus agissent autant qu'ils sont agis. Et c'est précisément ce qui les pousse à agir dont ce livre entend rendre compte.
" Il faut changer de société ", dit-on souvent et on a bien raison, car celle où nous vivons est souvent irrespirable. Mais, pour y parvenir, il faut peut-être d'abord s'efforcer de changer la notion même de société. Et d'abord distinguer deux définitions du social. La première, devenue dominante dans la sociologie, présente le social comme l'ombre projetée par la société sur d'autres activités, par exemple l'économie, le droit, la science, etc. La seconde préfère considérer le social comme l'association nouvelle entre des êtres surprenants qui viennent briser la certitude confortable d'appartenir au même monde commun. Dans ce deuxième sens, le social se modifie constamment. Pour le suivre, il faut d'autres méthodes d'enquête, d'autres exigences, d'autres terrains.
C'est à retracer le social comme association que s'attache depuis trente ans ce qu'on a appelé la sociologie de " l'acteur-réseau " et que Bruno Latour présente dans ce livre. Sa proposition est simple : entre la société et la sociologie, il faut choisir. De la même manière que la notion de " nature " rend la politique impossible, il faut maintenant se faire à l'idée que la notion de société, à son tour, est devenue l'ennemie de toute pensée du politique. Ce n'est pas une raison pour se décourager mais l'occasion de refaire de la sociologie.
Le spectre de la modernisation hante la planète. On compare les sociétés en fonction de leur plus ou moins grand degré de modernisation ; on s'interroge sur ses vertus, ses dangers, son degré d'universalité ou son obsolescence. Or, chose étrange, on manque d'une description anthropologique de ceux qui se désignent comme étant à l'origine de ce mouvement. Que nous est-il donc arrivé ? De quoi pouvons-nous hériter ? Comment bien nous présenter face aux autres cultures ?
L'auteur a mis au point un dispositif d'enquête pour repérer les valeurs multiples et contradictoires auxquelles tiennent ceux qui se disent modernes. Pour suivre le fil de l'expérience, il faut accepter qu'il y ait plusieurs régimes de vérité, plusieurs modes d'existence, plusieurs types de raison dont l'enquêteur dressera avec soin les conditions de félicité et d'infélicité. En procédant ainsi, on revisite tous les domaines dont l'ensemble forme le coeur de notre vie collective : les sciences, les techniques, mais aussi le droit, la religion, la politique et, bien sûr, l'économie, la plus étrange et la plus ethnocentrique des productions.
Ce livre est un premier « rapport d'enquête ». L'anthropologie philosophique qu'il esquisse donne à la comparaison des cultures une autre base que celle d'un front universel de modernisation. Il complique l'image que les Modernes ont d'eux-mêmes, mais aussi celle que les autres peuvent avoir sur eux. L'enjeu n'est pas mince au moment où les crises écologiques obligent les sociétés à repenser ce qu'elles ont en commun.
Les lecteurs pourront participer à l'enquête grâce à un site Internet. Ils y trouveront l'apparat critique qui complète le livre, mais aussi l'occasion de comprendre autrement les arguments ou même de participer à leur transformation. Les lecteurs deviendront co-producteurs de la version finale de l'ouvrage.
Des décennies de casse sans relâche : les dernières crises sanitaire et économique en montrent l'ampleur et les dangers. Mais qui veut la peau du service public ? Pourquoi, et au détriment de qui ?
Qui sont les commanditaires et les exécuteurs du massacre en cours au nom de la modernisation ? Quels sont leurs certitudes, leur langage, leurs bonheurs et leurs tourments ? Comment s'en tirent les agents du service public quand leurs métiers deviennent missions impossibles ? Comment s'en sortent les usagers quand l'hôpital est managérialisé, quand les transports publics sont dégradés ?
Ce livre raconte les services publics : ceux qui ont fait vivre des villages et ceux qui ont enrichi des entreprises, les guichets où on dit « non » et ceux qui donnent accès à des droits. Il combat les fausses évidences qui dévalorisent pour mieux détruire - les fonctionnaires trop nombreux, privilégiés, paresseux. Il mène l'enquête pour dévoiler les motifs des crimes et leurs modes opératoires, des projets de réforme à leurs applications.
On entre dans les Ehpad, aux côtés des résidents et du personnel soignant, on pousse la porte des urgences, on se glisse dans les files d'attente de la CAF ; on s'aventure dans les grandes écoles, on s'infiltre dans les clubs des élites, au gré de récits et d'images qui présentent les recherches universitaires les plus récentes.
Dans les sociétés occidentales hyperformatées, l'idée même du conflit n'a plus de place. Les conceptions de la vie commune tendent vers l'intolérance à toute opposition. Le minoritaire doit se soumettre à la majorité et, de plus en plus, contestataires et dissidents semblent relever de l'« anormal ».
Dans cet essai iconoclaste, Miguel Benasayag et Angélique del Rey explorent les racines et les effets délétères de cette idéologie. Analysant les différentes dimensions du conflit - entre nations, dans la société ou au sein même de l'individu -, les auteurs mettent à jour les ressorts profonds de la dérive conservatrice des sociétés postmodernes. Ils démontent aussi bien les illusions de la « tolérance zéro » que celles de la « paix universelle » : nier les conflits nés de la multiplicité, ceux dont la reconnaissance fait société, c'est mettre en danger la vie. Le refoulement du conflit ne peut conduire qu'à la violence généralisée, et l'enjeu auquel nous sommes tous confrontés est bien celui de l'assomption du conflit, « père de toutes choses » selon Héraclite.
Paris s'embourgeoise. Les richesses et les pouvoirs s'y concentrent. Si tous les Franciliens ne peuvent habiter dans la capitale, résider à Paris ne peut être réservé aux seules familles fortunées sans redoubler symboliquement les inégalités. La diversité du peuplement de la capitale en fait, toujours, un lieu d'expression des différences sociales et des cultures du monde. Cette Sociologie de Paris entend restituer cette richesse et donner les clefs de lecture d'une vie foisonnante, mais menacée.
À l'automne 2009, une étudiante allemande fait part à Bruno Latour de son désarroi devant les disputes qui font rage avant le sommet de Copenhague sur le climat. Il lui signale l'existence d'un enseignement qui porte sur les liens multiformes entre les sciences, la politique et la nature. Pour diverses raisons, l'étudiante ne peut pas suivre le cours, que le professeur lui résume en six lettres. Au ?l de l'actualité que l'étudiante suit de son côté en tenant son « journal de bord », elle découvre peu à peu comment se repérer dans ces imbroglios créés par le développement même des sciences et des techniques.
D'Archimède àAvatar, c'est l'occasion pour le lecteur d'un époustou?ant galop dans le domaine des « humanités scienti?ques » : si la nature est entrée en politique, il faut bien que les sciences et les techniques fassent partie de ce qu'on appelait autrefois les « humanités ». Bruno Latour, dans ce véritable plaidoyer pour la « culture scienti?que », montre qu'il est impossible d'aborder les crises écologiques sans comprendre le caractère collectif et concret de l'acte de penser et de prouver. D'où le passage du cogito, cher à Descartes, à ce cogitamus, parce que « c'est grâce au fait que nous sommes nombreux, soutenus, institués, instrumentés que nous accédons au vrai ».
Le rapport ambivalent que nous entretenons à l'égard du possible est révélateur des difficultés à transformer en profondeur la société. Exalté par le capitalisme sous la forme du potentiel, confondu avec le désirable par ceux qui lui opposent des alternatives, le « possible » n'est, pour la plupart, qu'une chimère, quand il n'est pas le paravent de la destinée. Face à la délimitation et à la préemption des possibles qu'opère tout pouvoir, nous ne pourrons rouvrir l'horizon qu'en portant un autre regard sur les possibilités latentes qu'enferme le réel.
Ni prophétie, ni programme, prévision calculée ou utopie de papier, la perspective du possible proposée dans cet ouvrage entend dénaturaliser l'avenir en prenant au sérieux les potentialités du présent. Haud Guéguen et Laurent Jeanpierre renouvellent ainsi une tradition de pensée qui, puisant dans les oeuvres de Marx et de Weber, inspire la sociologie et la théorie critique depuis leurs origines. Ils montrent sa fécondité pour cartographier les possibles avec rigueur et penser stratégiquement la question de leur actualisation.
Le dernier siècle a séparé et souvent opposé l'utopie, les sciences de la société, la critique sociale et l'émancipation, pourtant unies chez les socialistes révolutionnaires. Il s'agit de les rassembler à nouveau pour restaurer les conditions de l'espérance. Tel pourrait bien être, aujourd'hui, l'antidote à la fois savant et politique à l'impuissance de la critique et des gauches.
Comment penser l'ébranlement qu'a suscité le passage, aux XIXe et XXe siècles, d'un monde d'empires, gouvernant par la différence ethnique et religieuse, à un système d'États-nations, imposant une uniformisation culturelle et une conception exclusive de la citoyenneté ? Question fondamentale à laquelle ce livre apporte une réponse originale, en montrant qu'un tel processus a nourri des logiques souvent présentées comme contradictoires, mais en réalité synergiques : la mondialisation, l'universalisation de l'État-nation et la généralisation de consciences identitaristes. Le basculement d'un type de domination à un autre sous-tend nombre de conflits contemporains et de retours de flamme nationalistes.
La forme du pouvoir d'État qui émerge de cette séquence est abstraite et bureaucratique, englobant l'ensemble de la société. Sa domination s'exerce à travers des styles politiques, discursifs, vestimentaires, artistiques, à travers l'invention d'une tradition, d'un passé national mythique. Elle se concrétise à la croisée de la coercition et de l'hégémonie. Les sociétés politiques se présentent comme des feuilletés temporels, où coexistent de manière singulière des rapports de pouvoir et des figures imaginaires inscrites dans l'histoire longue.
Fourmillant d'observations concrètes, L'Énergie de l'État propose une critique novatrice de la domination contemporaine et de sa bêtise identitaire. Tout en mettant au jour les structures, les logiques communes, elle rend justice à la spécificité de chaque État. Un essai théorique majeur qui vient à point nommé, alors que le monde travestit son passé et doute de son avenir.
Pour quelles raisons notre prénom dit-il autant de choses sur nous-même et sur les personnes qui nous l'ont donné ? Comment est-il choisi et utilisé ? Comment l'empire de la mode a-t-il remplacé l'emprise de la parenté ? Pourquoi les Kenza de maintenant seront-elles, demain, les Mauricette d'aujourd'hui ?
En deux siècles, le prénom est devenu un support personnel d'identité : le prénom de l'état civil est de plus en plus perçu comme exprimant le moi profond. En même temps, la ronde des prénoms obéit à la mode. Certains prénoms sont propres à une époque ou à une classe sociale : Apolline et Hippolyte n'ont pas les mêmes parents que Cynthia et Sofiane. À l'échelle d'une société, les prénoms permettent d'étudier l'affaiblissement des identités religieuses, la dilution de caractéristiques liées à la migration ou certaines formes de ségrégation. À l'échelle de petits groupes, leurs usages quotidiens permettent de saisir la répartition du pouvoir dans la famille ou dans le monde du travail.
Classique de l'initiation à la sociologie, ce livre propose au lecteur les clés intellectuelles qui lui permettront de saisir à la fois la spécificité de la sociologie - non comme somme de connaissances ou d'outils, mais comme point de vue ou regard particulier - et ce que ce regard peut impliquer pour qui en vient à l'adopter.
Pratique sociale très répandue dont la définition reste pourtant délicate, la corruption est devenue tardivement un objet d'étude pour les sociologues, les anthropologues, les économistes et les juristes.
Quels sont les effets, positifs ou négatifs, de cet échange inégal entre des protagonistes privés et/ou publics ? Et peut-on déterminer les causes socioculturelles ou institutionnelles à l'origine de ces comportements ? Quels sont les avantages recherchés par les acteurs ? Comment le public réagit-il face à la médiatisation des affaires de corruption ? Enfin, quels sont les instruments déployés à l'échelle internationale pour lutter contre ces agissements ?
Les réponses théoriques et empiriques des sciences sociales à ces interrogations éclairent un sujet auquel les citoyens à la recherche d'informations fiables portent une attention croissante.
Attention, livre important pour celles et ceux qui questionnent l'incapacité des politiques et des experts à répondre aux défis de notre époque troublée. Et qui s'interrogent sur la façon dont les citoyen(ne)s peuvent construire des alternatives. Ce questionnement est en effet à l'origine, dans les États-Unis d'après guerre, du concept d'empowerment, désignant le « pouvoir d'agir » des individus et des collectifs. Ce concept a connu depuis un succès planétaire dans le monde anglophone. Mais il n'a percé que plus récemment dans les autres espaces culturels, dans les milieux du travail social comme dans la littérature du management.
D'où l'utilité de ce livre qui synthétise la foisonnante littérature anglophone sur la notion d'empowerment. Il retrace sa genèse, l'histoire de ses multiples variantes et celle des pratiques sociales qu'elles ont nourries. Des mouvements féministes du Nord et du Sud jusqu'aux programmes de la Banque mondiale et de l'ONU, la notion est utilisée aussi bien dans une perspective radicale d'émancipation que pour conforter les visions néolibérales ou social-libérales. Défendant résolument sa version émancipatrice, les auteures en expliquent les limites, mais aussi son importance pour éclairer les débats contemporains sur la démocratie.
Aujourd'hui, la question raciale vient apporter un démenti aux discours qui se réclament de l'universalisme républicain ; mais elle ne permet pas davantage de représenter la société exclusivement en termes de classes. À l'ombre des émeutes urbaines de l'automne 2005, c'est la représentation d'une France racialisée qui depuis s'est imposée dans le débat public. On n'ignorait pas le racisme ; on découvre combien les discriminations raciales, dans l'emploi, le logement et à l'école, face à la police et à la justice, structurent des inégalités sociales. En retour, se font jour des identifications ainsi que des tensions dans le langage politique de la race, naguère encore interdit de cité. Faut-il donc parler de races, ou pas ? Comment nommer ces réalités sans stigmatiser les groupes qu'elles désignent ? Doit-on se réjouir que les discriminations raciales soient enfin révélées, ou bien se méfier d'un consensus trompeur qui occulterait des inégalités économiques ? D'ailleurs, en a-t-on vraiment fini avec le déni du racisme ?
Les études réunies dans ce livre composent un éloge de la complexité, autour d'un engagement problématisé : comment articuler, plutôt que d'opposer, question sociale et question raciale ? Une nouvelle préface vient confirmer les déplacements repérés trois ans plus tôt : l'émergence d'une « question raciale » - et plus seulement « raciste » - ou « immigrée », qui croise la « question sociale » sans s'y réduire, interroge désormais l'ensemble des paradigmes qui sous-tendent les représentations de la société française.
Près d'un demi-siècle après la fin de son empire, la France demeure hantée par son passé colonial. Pourquoi une telle situation, alors que les autres sociétés postcoloniales en Occident travaillent à assumer leur histoire outre-mer ? Pour répondre à cette question, Pascal Blanchard, Nicolas Bancel et Sandrine Lemaire ont décidé d'ausculter les prolongements contemporains de ce passé à travers les différentes expressions de la fracture coloniale qui traverse aujourd'hui la société française. Ils ont réuni, dans cette perspective, les contributions originales de spécialistes de diverses disciplines, qui interrogent les mille manières dont les héritages coloniaux font aujourd'hui sentir leurs effets : relations intercommunautaires, ghettoïsation des banlieues, difficultés et blocages de l'intégration, manipulation des mémoires, conception de l'histoire nationale, politique étrangère, action humanitaire, place des Dom-Tom dans l'imaginaire national ou débats sur la laïcité et l'islam de France... Les auteurs montrent que la situation contemporaine n'est pas une reproduction à l'identique du " temps des colonies " : elle est faite de métissages et de croisements entre des pratiques issues de la colonisation et des enjeux contemporains. Pour la première fois, un ouvrage accessible traite de la société française comme société postcoloniale et ouvre des pistes de réflexion neuves.
Depuis les années 1980, de nombreux travaux sociologiques ont été consacrés aux prix, en les considérant comme des faits sociaux. Les objets à partir desquels ils ont été étudiés sont multiples : marchés financiers, produits de la grande distribution, oeuvres d'art, biens vendus sur les marchés aux puces, bouteilles de vin ou encore médicaments.
Cet ouvrage propose une première synthèse de la riche littérature sociologique sur le sujet. À partir d'une typologie originale, distinguant les prix autorégulés, administrés, composés et négociés, il analyse les mécanismes de détermination de ces prix dans des situations empiriques très variées. Dans cette perspective, les prix ne résultent pas uniquement de la libre rencontre de l'offre et de la demande, ils sont aussi fixés sur la base de critères politiques, moraux ou sociaux.
Ce livre montre que les prix peuvent constituer un analyseur des marchés et plus généralement des mutations historiques de l'économie.
Un matin de septembre 1920, à New York, un anarchiste italien du nom de Mario Buda gare à l'angle de Wall Street un véhicule bourré d'explosifs. Il a inventé la première voiture piégée. Cet événement fondateur est le point de départ d'un récit qui nous mène jusqu'à l'Irak contemporain, en passant par les attentats sionistes contre les Britanniques en Palestine en 1947, par les attentats de l'IRA en Grande-Bretagne et ceux des Tigres tamouls au Sri Lanka.
Arme furtive, spectaculaire, bon marché, simple d'utilisation, aveuglément meurtrière, sûre et anonyme, la voiture piégée s'impose notamment comme l'arme idéale pour des groupuscules marginaux auxquels elle fournit une force de frappe sans rapport avec leur poids politique. Autant de caractéristiques qui font de ce « bombardier du pauvre » la base fondamentale du terrorisme moderne, « une arme intrinsèquement fasciste qui assure à ceux qui l'emploient un bain de sang de victimes innocentes ».
"cher monsieur, je me permets de vous écrire pour vous remercier.
j'ai terminé votre enquête 80 % au bac. c'est un livre qui m'a à la fois ému (j'ai souvent eu les larmes aux yeux) et mis en colère (contre moi-même). c'est incroyable à quel point les vies que vous avez décrites ressemblent à la mienne... "" c'est ainsi que débute la correspondance électronique entre le sociologue stéphane beaud auteur de 80 % au bac... et après ? et younes amrani l'un des lecteurs de son livre, un jeune homme de 28 ans, qui travaille comme emploi-jeune à la bibliothèque municipale d'une ville de la banlieue lyonnaise.
cette correspondance, qui va durer plus d'une année, constitue un document exceptionnel sur les espoirs et les souffrances intimes des jeunes d'origine maghrébine. les confidences de younes en disent long sur le sentiment de non-reconnaissance et parfois d'abandon moral dont il souffre au quotidien. a travers ce dialogue amical surgissent peu à peu les différents aspects de l'histoire personnelle et familiale de younes et les contradictions sociales qui le traversent.
ce témoignage peut ainsi aider à combattre la vision stéréotypée et réductrice du "jeune de banlieue " . il fait émerger, à travers la figure de son principal protagoniste, des traits essentiels de la personnalité sociale de nombreux jeunes de cité : un esprit de révolte, l'envie de comprendre le monde social, le goût pour la politique, le sens de l'analyse. bref, tout un "potentiel" pour réinstaller la gauche dans les cités.
assailli par une pléthore d'informations, l'homme moderne a du mal à saisir le lien entre son expérience intime et les bouleversements de l'histoire ou les contradictions qui déchirent les institutions.
dans cet ouvrage classique, charles wright mills plaide pour une conception non positiviste et non technocratique des sciences sociales, permettant aux citoyens de tirer parti de l'information et d'exploiter leurs capacités rationnelles en toute lucidité. critiquant avec un humour ravageur aussi bien le jargon de la " suprême-théorie ", dédaigneuse du concret, que le positivisme myope d'un " empirisme abstrait " qui s'arrête au ras des faits, l'auteur explicite l'approche sociologique de l'histoire et de la diversité humaine.
enfin, il explore le rapport des sciences sociales aux valeurs et leur contribution à la dynamique de la démocratie, qui implique que toutes les personnes affectées par une décision humaine aient leur mot à dire dans cette décision. l'ouvrage est complété par un appendice destiné aux étudiants et aux jeunes chercheurs, " le métier d'intellectuel ", oú l'auteur offre à la fois une méthode concrète et une éthique de la recherche.
par la clarté et la vigueur de son argumentation, l'imagination sociologique est non seulement une introduction à la sociologie qui n'a pas pris une ride, mais aussi un plaidoyer pour la vertu libératrice d'un savoir critique et responsable.
L'armée française distribue des portions sans porc à ses soldats musulmans. Un couple de lesbiennes demande et obtient, auprès d'un tribunal français, l'autorité parentale conjointe sur leurs filles. Des prostituées indiennes manifestent à Mumbai, brandissant des pancartes demandant « Pourquoi cette discrimination ? ». Autant d'actes, institutionnels ou subtils, dont l'enjeu est la reconnaissance de l'autre, donnée, octroyée, arrachée, refusée. La reconnaissance est aujourd'hui un concept central du débat politique. Mais dans quelle mesure celle-ci peut-elle s'intégrer à une réflexion normative sur la justice sociale ? C'est à cette question que répond la philosophe américaine Nancy Fraser, qui établit une distinction entre ce qu'elle appelle une politique de reconnaissance et une politique de redistribution. La première insiste sur l'égal respect dû à tous les membres d'une société, la seconde sur une redistribution équitable des biens et des ressources. Pour l'auteure, les conflits entre ces deux orientations sont politiquement paralysants et théoriquement insatisfaisants. En affirmant qu'une démocratie radicale consiste à reconnaître le caractère multiculturel et sexué des sociétés modernes sans figer les identités des différents groupes ni renoncer à l'engagement historique de la gauche en faveur de l'égalité économique et sociale, elle vise à la réconciliation de la gauche culturelle et de la gauche sociale. Pour cette raison, cet ouvrage de philosophie politique est, à bien des égards, un livre politique.
La Ville est la retraduction, à partir de la nouvelle édition allemande, de l'un des textes les plus célèbres du fondateur de la sociologie allemande. Weber y défend une thèse forte : au même titre que le capitalisme et l'État moderne, la ville, ou plus exactement la « ville-commune » (la ville lieu de production artisanale, industrielle et marchande, mais aussi la ville autogouvernée par ses « bourgeois-citoyens ») constitue la troisième grande contribution fondamentale de l'Occident à l'histoire mondiale.
Certains voient en Erving Goffman (1922-1982) le plus grand sociologue de la seconde moitié du XXe siècle, alors que d'autres estiment que ses analyses ne sont que le reflet d'un point de vue limité. Ce livre propose une présentation synthétique de sa sociologie. Il décrit la trajectoire personnelle de l'auteur, explore les différentes métaphores qu'il a utilisées pour comprendre les interactions, et s'attache à reconstituer la généalogie intellectuelle de l'oeuvre. Enfin, il discute les multiples critiques qu'elle a suscitées.
Cet ouvrage s'inscrit dans le foisonnement de la sociologie du genre et des études gaies et lesbiennes. Il propose une synthèse des recherches en sciences sociales sur l'homosexualité en France et dans le monde. Nourri des apports de la réflexion théorique et de la critique historique, il donne à voir la diversité des figures de la dissidence sexuelle selon les périodes, les milieux sociaux et les aires culturelles, et la façon dont celle-ci interroge les constructions contemporaines de l'hétérosexualité.
Ce « Repères » dresse un état des lieux des recherches dans un domaine en pleine expansion.
L'étude sociologique du fait littéraire explore les médiations entre les oeuvres et les conditions sociales de leur production. Ces médiations sont abordées sous trois angles : les conditions matérielles de production des oeuvres et le mode de fonctionnement du champ littéraire ; la sociologie des oeuvres, des représentations qu'elles véhiculent aux modalités de leur production par leurs auteurs ; les conditions de leur réception et de leur appropriation, ainsi que les usages qui en sont faits.