Lire Halfon, c'est l'assurance de n'avoir aucune certitude, prendre plaisir à se laisser surprendre, à voir le sujet du livre nous échapper, tirer un fil sans savoir ce qu'il y aura au bout.... Une oeuvre singulière, qui plonge ses racines dans l'histoire familiale et mondiale. A découvrir absolument!
Cet été 1959, ils étaient les rois du music hall. Septembre arriva, et il n'en subsistait que le souvenir. L'auteur de « Le dimanche des mères » distille illusions et réminiscences qui charment et trompent, pour notre plus grand plaisir !
Elle a fuit. Fuit les lignes horizontales et verticales désespérément hostiles et froides. Fuit la peur irrationnelle provoquée par cette architecture urbaine poncée de toute aspérité. Fuit son influence métronomique sur les comportements humains. Elle a rencontré. Rencontré les espaces ronds et sauvages. Rencontré les aspérités et l’âpreté. S'enforestant et s'encabanant, elle a découvert la réalité dénuée de tout sens conceptuel. La réalité pure. Et la peur. La vraie peur qui n'est que l'écho de la plus belle des libertés. Des mots simples. Des phrases courtes. Une expérience remarquable !
Une expression de la détresse, de la violence et de l'indicible beauté de l'ignorance dans une société dont nul n'est censé méconnaître les codes... Jamais nos yeux, pourtant sachants, n'auront été aveuglés par de telles ténèbres... Impressionnant ! Envoûtant !
La frontière est mince entre le choc collectif de l'horreur et le choc individuel de la trahison. Perdu sur cette ligne de crête, le narrateur manque a tout instant de basculé d'un côté où de l'autre, cherchant sa place, creusant au plus profond de lui pour dénoué ce nœud gordien qui lui enserre la gorge. Fusse l'amont ? fusse l'aval ? Sur la crête, l'ami scrute... Tiffany Tavernier nous plonge dans un cauchemar éveillé... Addictif !
L'oreille des initiés est sensible à l'amphibolie, particulièrement en ce Ier siècle où la mort est à craindre de chaque main qui se tend. Ces orateurs nous rappellent que les mots qui nous sauvent de la tyrannie sont aussi ceux qui nous condamnent et précipitent notre chute. Ce roman flamboyant à l'insoutenable tension atteind le SUBLIME !
C'est un coup de coeur monumental pour ce roman d'une immense sensibilité, d'une grande finesse, dont chaque événement, chaque personnage éclaire les conséquences de la capitalisation du vide. Le néant rampe, insidieux, esclave de la douleur et se rend face à la force et à la beauté du rêve !
Oh joie ! Le nouvel album de Cécilia Heikkila est là ! Il est beau, il est tendre comme un pain au lait, il est en rimes... Et en plus il y a une recette de crêpes à la fin ! Que demander de plus ! Bonheur douillet à partir de 4 ans
Un conte magnifique, illustré avec finesse, accompagné d'un texte qui nous ensorcelle et qu'Andersen aurait pu écrire... Nous sommes envoûtés !
Quelle claque ! Quel souffle ! Camila Sosa Villada pousse jusqu'au vertige la volonté de vivre, d'être, d'aimer, malgré les injonctions à la virilité, la violence, la prostitution. Un texte passionnant sur la condition des personnes trans en Argentine, mais aussi la naissance d'une plume d'une puissance littéraire infinie.
Virtuose et limpide, un texte gigogne qui interroge les frontières de l'autofiction et de la création, dans un aller et retour brillant entre l'histoire familiale et la vie Joseph Conrad. Réflexions sur l'exil, la langue, la filiation et les parentés littéraires : un père étranger croise de nombreux thèmes sans jamais se laisser enfermer. Bravo !
A rebours des discours de crise, Belinda Cannone propose un essai optimiste pour redonner de l'épaisseur à l'amour, en donnant une relecture éclairante de nos mythes fondateurs, de notre histoire du couple, de l'engagement et du désir. Libérateur !
On connaissait le Cognetti des champs : voilà le Cognetti des villes ! A la fois flâneur et lecteur magnifique, Cognetti passe de quartier en quartier, cherchant la petite bête comme la grande Histoire, et nous réapprend - autant qu'il nous réenchante - New-York. Sublime !
Porté par un souffle romanesque et une juste indignation contre la condition féminine du XVIIe siècle, les Graciées vous emmène dans le grand nord norvégien, où la rudesse des éléments n'a d'égale que la sévérité des hommes. Inspiré de faits réels, il nous conte l'histoire d'un village vidé de sa gente masculine suite à une terrible tempête, et où les femmes doivent apprendre à pêcher au pied levé, déclenchant la fureur des autorités religieuses, qui n'y voient que sorcellerie et influence de la culture sami. Un grand roman polaire !
Dans ce recueil qui regarde aussi bien du côté de la fiction que du nature writing, Rick Bass prouve une fois de plus qu'il est un observateur zélé de l'Amérique Rurale, doublé d'un fin connaisseur de la psychologie humaine. Utilisant les objets - Sapin de Noël, Pick-Up, ramure d'Elan - comme des révélateurs de ses personnages, il se saisit d'instants en apparence triviaux pour faire jaillir, au détour d'une page, l'émotion et l'existentiel. Superbe !
Érotique et enchanteur, une véritable ode à l'alter ego féminin dans toute sa diversité, sa complexité, sa sensualité. Hongrois naturalisé Canadien, Stephen Vizinczey a connu ses premiers émois pendant la seconde guerre mondiale, avant de traverser l'océan, et nous propose ici une autobiographie en creux, structurée en autant de chapitres que de femmes qu'il a connues, et qui témoigne des variations du sentiment à travers le temps et l'espace. Certainement un des plus beau texte sur l'amour !
En 85 vignettes éblouissantes de beauté, Aharon Appelfeld brosse un portrait de groupe de la Bourgeoisie Juive, le temps d'un été 38, sur la Rive du Pruth. Donnant voix à tous et toutes sans jamais prendre parti, il observe, enfant éveillé et émerveillé, les manières d'être au monde, l'infinie palette de couleurs de la condition humaine et de la judéité. Un roman testament sur le souvenir, les parents et le pouvoir de l'écriture. Une bouffée d'air frais avant l'orage.
Excellente introduction à la pensée de Françoise Héritier, La différence des sexes est une conférence claire, synthétique, accessible dès l'adolescence, pour tous ceux qui cherchent des réponses scientifiques sur le genre et les rapports hommes/femmes dans les cultures du monde entier.
Le mot le plus GROS... Mais sans gros mots : ce mignon tapir sait y faire, il s'appelle Petit Robert ! Une histoire charmante et drôle, commentée par un duo d'oies charismatiques. Nous sommes fans !
Au lendemain d'un grand conflit ayant annihilé les concepts de nation et de religion, les Hommes reviennent aux théories des Lumières, à celles de Thomas More, et autres penseurs de l'Antiquité. L'humanité est gouvernée par Sept Ruches, autant de maisons représentant les nouvelles nations et groupes idéologiques. Dans ce contexte, Mycroft Canner est sur le point de mettre au jour une conspiration mettant à mal le fragile équilibre entre les Ruches... Et c'est sans compter ce jeune garçon capable de donner vie aux objets inanimés : que faire de lui, sachant que ses pouvoirs peuvent être qualifiés de divins..? Assurément un grand roman, dans la veine d'Hypérion, provocateur et diablement agréable à lire !
Toujours aussi virtuose, ce volume adopte un rythme beaucoup plus soutenu que le premier. Une suite en bonne et due forme, qui répond aux nombreuses zones d'ombres posées par Trop semblable à l'éclair, et qui laisse présager des suites encore plus passionnantes ! Ada Palmer montre une société mondiale à la fois très complexe et très crédible, qui ne cesse de nous interroger sur la possibilité d'une société future où les hommes ne seraient fnalement restés que des hommes.
Le mystère du transfert au Val d'Aoste est enfin éclairci ! Ce n'est pas clair ? Alors il n'y a plus qu'à lire cet épisode noir et lumineux de la saga italienne de Rocco Schiavone !
Un faux-polar métaphysique, qui nous plonge dans les profondeurs de la jungle et des politiques indigénistes. Fin connaisseur des enjeux et des spiritualités des premières nations, Joca Reiners Terron nous démontre qu'à défaut de bulldozers, les bonnes intentions se chargent de paver l'enfer amazonien. Un roman addictif, qui s'amuse à semer le doute dans les esprits cartésiens.
Entre Majorque, l'Afrique du Sud et l'Angleterre, une « autobiographie vivante », partielle et partiale, dans laquelle on pioche comme dans une boîte de chocolats. En assumant l'aspect lacunaire du récit de soi, la dramaturge anglaise réenchante le souvenir, et nous rappelle que chaque porte de la mémoire peut cacher la poésie et le signifiant qui nous aident à avancer. Un immense coup de cœur des Passagers, justement récompensé par le prix Fémina !